
Faut-il écrire « le covid-19 » ou « la covid-19 » ? Quel est le genre d’un acronyme, de surcroit lorsqu’il est écrit en anglais ? Nous vous expliquons tout dans cet article. Bonne lecture !
On écrit « le covid-19 » ou « la covid-19 » ?
L’Office québécois de la langue française explique dès le début de l’année 2020 que « COVID-19 est de genre féminin, car dans la forme longue du terme français, maladie à coronavirus 2019, le mot de base est maladie. »
Dans un avis rendu le 7 mai 2020, l’Académie française se range à ce raisonnement et confirme qu’il faut bien écrire « la covid-19 » au féminin. En effet, la gardienne de la langue française explique que « les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation ». En bref, on prend le genre du nom qui désigne le sujet de l’acronyme.
Exemples :
La S.N.C.F. est féminin car dans « Société nationale des chemins de fer français », « société » est féminin.
La R.A.T.P. est féminin car dans « Régie autonome des transports parisiens », « régie » est féminin.
Le C.I.O. est masculin car dans « Comité international olympique », « comité » est masculin.
La covid-19 est féminin car on traduit « corona virus disease » par « maladie provoquée par le corona virus » où « maladie » est féminin.
Cependant, si la traduction de « disease » la plus courante est bien « maladie », on peut également la traduire par « le mal » qui lui est masculin.
Alors que le mot « covid-19 » est le terme officiel retenu par l’Organisation mondiale de la santé au mois de février 2020, l’usage a rapidement préféré « le covid-19 » du fait que nous parlons du corona virus, le mot « virus » étant masculin. On retrouve ainsi plusieurs exemples de l’usage au masculin dans la presse :
Alors que la deuxième vague progresse toujours en France et en Europe, l’annonce de résultats, certes provisoires, sur l’efficacité à 90 % du vaccin de Pfizer contre le Covid-19, laisse entrevoir des espoirs.
Le Parisien, Covid-19 : Ségolène Royal demande la réouverture des commerces, 10 novembre 2020
Les tentatives pour parvenir à créer un vaccin efficace contre le Covid-19 n’ont pas toutes le même succès.
Le Point, Covid-19 : le Brésil suspend ses essais de vaccin chinois après un « incident grave », 10 novembre 2020
Le géant pharmaceutique Sanofi s’est lancé très rapidement dans la recherche d’un vaccin contre le Covid-19. Il faut rappeler qu’au moment de l’épidémie de SRAS, le groupe avait déjà mené des travaux pour tenter de venir à bout du Sars-CoV-1 mais avait fini par renoncer quand l’épidémie s’était éteinte.
France Culture, Vaccin contre le Covid-19 : au coeur des recherches de Sanofi, 10 novembre 2020
D’autres se rangent à l’avis de l’Académie française et écrivent « la covid-19 » :
Certains se disent que l’organisation du vote ne correspond plus à nos modes de vie. La Covid a bon dos, il s’agirait en fait de lutter contre l’abstention en modernisant les scrutins.
RTL.fr, Coronavirus : la Covid-19, un bon prétexte pour moderniser les élections ?, 10 novembre 2020
En raison du contexte sanitaire dû à la Covid-19, des aménagements sont mis en place dans les lycées pour les élèves de terminale, qui passeront leur bac en 2021, et ceux actuellement inscrits en première.
Le Figaro, Les règles du bac 2021 sont modifiées à cause de la Covid-19, 9 novembre 2020
Selon les derniers chiffres de l’ARS PACA, une personne sur cinq est positive à la Covid-19 dans la région.
France Bleu, Coronavirus : les Alpes-Maritimes vont accueillir des malades du Vaucluse et des Hautes-Alpes, 9 novembre 2020
Au-délà de la question du genre, on retrouve différentes orthographes du mot : « covid-19 », « Covid-19 », « COVID-19 » (Office québécois de la langue française) ou « covid 19 » (Académie française). Il semble qu’il n’y ait pas une forme particulière considérée comme juste, vous pouvez donc utiliser celle qui vous sied le mieux !
Comment l’Académie française a-t-elle rendu son avis du 7 mai ?
La décision de l’Académie française, bien que l’argumentation peut être considérée comme convaincante d’un point de vue grammatical, a été contestée par de nombreuses personnes. Même l’académicien Jean-Christophe Rufin trouve « ridicule » de mettre « covid-19 » au féminin. Pour Danièle Sallenave, les mots anglais n’ayant pas de genre, il devrait être possible de dire à la fois « le covid-19 » ou « la covid-19 ».
L’émission Soft Power de France Culture, le premier novembre 2020, a par ailleurs dévoilé les coulisses surprenantes de cette prise de décision.
Dans cette émission, on y apprend notamment qu’Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie, a rendu cet avis toute seule. Il n’y a en effet pas eu de séance de réflexion sur le sujet, du fait du confinement des académiciens. Selon Hélène Carrère d’Encausse, « l’usage momentané » n’est pas un critère à prendre en compte. L’Académie française est chargée de décréter le bon usage, par-delà les modes. Circulez, il n’y a rien à voir !
N’hésitez pas à partager en commentaire vos réflexions sur le sujet et à partager cet article.
Le covid , en référence au virus .
Dire la covid fait mal aux oreilles !
C. Grunig
Je suis entièrement d’accord avec Cosette
Tout à fait d’accord: c’est un virus, le virus COVID-19. On dit aussi le coronavirus, pas la coronavirus.
Pas du tout, énormissime confusation, la Covid-19 n’est pas un virus c’est une maladie virale liée à un certain virus, le SARS-CoV-2 de la famille des coronavirus. En confondant les choses et en suivant cet exemple on pourrait désormais de dire LE tuberculose parce que c’est le bacille de Koch qui en est responsable, LE mononucléose car c’est le virus d’Epstein-Barr et pourquoi pas LE syphillis car c’est un tréponème pâlichon 😉
Carabin
Je suis d’accord ! Mes yeux et mes oreilles saignent avec « la covid » -_-‘
L’usage des termes finira par s’imposer dans la langue…
Hélas, même le gallicisme « réaliser » continue à circuler allègrement, alors que le sens « se rendre compte » est oublié !
Celà fait plus de 20 ans que le terme » jeune pousse » a été forgé par moi-même (ancien Secrétaire général de la Commission spécialisée de Terminologie et de Néologie du Minefi) et accueilli par l’Académie française, mais avec la liberté d’expression, les présentateurs à la TV continuent d’employer le terme « start-up », par snobisme ou par paresse…
Je préfère dire le Covid-19, car pour moi c’est le virus trouvé en 2019…
Merci pour votre commentaire, très pertinent !
À bientôt,
Nicolas.
Pas d’accord, pas pertinent du tout, c’est l’exemple même de la confondaison entre LE virus et LA maladie.
« Je préfère dire le Covid 19, car pour moi c’est le virus trouvé en 2019 » selon un des commentateurs.
K rabbin
je pense » dire la covid-19″ est assez lourd et sonne mal à l’oreille, que de dire le covid-19 me paraît bien dit, en tout cas, nous attendons la décision des académiciens, ils pourront mieux nous édifier.
Bsr,
Est ce que ils ont pas encore tranché?
Merci
Tout à fait d’accord avec l’interprétation de « mal » et non « maladie » (qui pourrait être considéré comme un calque de traduction) citée plus haut.
En suivant le raisonnement de Madame le secrétaire perpétuel de l’Académie, ne devrait-on pas parler d’UNE « week-end » (un mot que je m’interdis d’employer – pourquoi les franglistes lui ont-ils collé un trait d’union, d’ailleurs ?) alors qu’il suffirait de suivre les francophones d’Amérique avec leur « fin de semaine » ou encore les hispanophones et leur « fin de semana » ?
Je comprends le choix et l’argumentaire de l’Office québécois de la langue française. C’est un organisme sérieux à l’autorité solidement établie. Je n’ai ni les compétences ni la moindre prétention de contester celle-ci. J’en consomme plutôt sagement les avis.
Toutefois, la présente explication me laisse perplexe, quand je pense au sort réservé au mot « weekend ». En français, il est clairement masculin, malgré ses deux composantes (anglaises) « ultra féminines » traduites en français. En effet, « week » et « end » se traduisent respectivement par « semaine » (une) ; et par « fin » (une). Pourtant, on dit bien « un weekend ».
Je pense que si des locuteurs francophones (natifs de surcroît) ont privilégié le masculin au féminin, c’est probablement la preuve que ce n’est pas nécessairement un scandale linguistique que de dire « le covid-19 ». Pourquoi ne pas couper la poire en deux par l’adoption d’une sorte d’égalité (ou d’équité) des genres ? Dès lors, ranger le terme « covid-19 » au rayon des épicènes, à l’instar du mot « après-midi » (un/une), serait plus salutaire qu’un procès au-delà du sanitaire.
En effet, très bel exemple que celui de weekend, mais qui n’est cependant pas un acronyme.
Merci pour votre contribution très utile,
Nicolas.
Je suis d’accord avec vous, Nicolas. Le mot weekend n’est pas un acronyme (pourtant il lui faut un genre en français). De même, « covid » n’est pas français. Comment donc justifier le choix du féminin via la traduction (maladie à coronavirus) tandis que le terme en débat (covid-19) conserve le statut d’emprunt intégral ?
Autant confier la tâche à nos terminologues et néologistes à l’instar de NGUYÊN DUY TÂN afin d’adopter l’acronyme français équivalent. Ainsi, la question sur le genre serait mieux abordée en amont.
En attendant que l’avis de l’Office québécois face l’unanimité, la compétition entre les deux genres (entretenue par des voix, plus ou moins, autorisées) se poursuit pour la plus grande confusion des locuteurs que nous sommes. N’en parlons pas des apprenants qui étudient le français comme langue étrangère.
Merci pour ce grand débat, pour ainsi dire, je suis un apprenant de la langue française.
En suivant l’intégralité du débat, je pense que tout à été déjà dit, mais je veux me laisser à croire que toute la façon de dire n’est pas encore épuisé.
Dans ce cas, j’estime que la conclusion des académiciens français, ainsi que que de l’avis de l’office québécois nous éclaireront grandement.
Merci
Les maladies infectieuses sont toutes, ou presque toutes, gonzéssifiées XX donc : la tuberculose, la vérole, la pneumonie, la prostatite, la pyélonéphrite etc., et vous allez me répondre: et le tétanos, et le choléra alors ? et je vous répondrai à mon tour qu’ils ne s’agit pas de maladies virales ( bacille tétanique, vibrion cholérique) et toc ! car toutes les maladies virales, ou presque toutes, sont aussi des gonzesses: la rougeole, la rubéole, la grippe, la varicelle… j’en passe et des meilleures, et y’en aura bien un qui va me sortir LE zona, eh bien c’est l’exception qui confirme la règle évidemment ! Je trouve LA Covid 19 très moche, pas euphonique du tout, mais dire LE Covid 19 c’est se planter en confondant LE virus (coronavirus, et plus précisément Sars-CoV-2) et LA maladie ( la couille vide 19).
Carabin.
Bernard Pivot avait déjà précisé qu’il convient de dire « la Covid19″.
J’ai aussi entendu Léa Salamé dire volontairement » le Covid » pour ne pas donner un nom féminin à un fléau, c’est déroger à la règle par féminisme, ça renforce mon envie de dire « la » et je m’amuse à reprendre ceux celles qui disent « le » …
avec mes meilleurs souhaits..
Voilà ! comme vous dîtes l’efficacité du vaccin,. laisse entrevoir des spoirs.
Bonjour,
Sans entrer dans le débat du féminisme, avec lequel je ne vois pas le rapport, je trouve que nos chères académies linguistiques ne jouent pas leur rôle correctement.
Nous assener ce débat stérile en ajoutant du flou dans le fait de nommer un mal, empêche quelque peu sa guérison, psychologiquement parlant.
De plus, quitte à vouloir appliquer à ce mot le féminin du mot français « maladie », autant le traduire entièrement en français : je propose donc macov 19 (Maladie à coronavirus 2019).
Bonjour,
Le français connaît certaines exceptions et des évolutions.
Modestement, une proposition : Quand nous parlons du virus dire le COVID19, si c’est de la pandémie la COVID19.
Pas plus simple. Qu’en pensez-vous ?
Cordialement.
Pour compléter l’exemple du « weekend » on a aussi le football « la balle au pied », le side-car « la voiture sur le coté » etc. En fait, il est de regle que tous les mots empruntés à l’anglais prennent le genre masculin en français à l’exception de ceux qui ont la même racine latine ou une terminaison spécifique du féminin (-tion, té ). La décision unilaterale de l’académie française me parait incompréhensible et illogique ; Ce n’est pas parce-que la traduction d’un mot étranger est d’un tel genre que le mot en repris en français obtient ce genre.
Prenons un exemple de l’allemand où les genres sont encore conservés contrairement à l’anglais. Das Blockhaus (la maison-cube) obtient le genre masculin en français à défaut de neutre en français.
Si on veut conserver le genre du mot anglais « Covid » il faut alors regarder le genre de « disease »
Ce mot vient de l’ancien français « desaise » comme le mot « malaise » qui tous deux sont du genre masculin.
Le mot « aise » a d’ailleurs longtemps hésité entre les deux genres.