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Onomatopée

Variantes Singulier Pluriel
Féminin onomatopée onomatopées

Définitions de « onomatopée »

Trésor de la Langue Française informatisé

ONOMATOPÉE, subst. fém.

A. − Création de mots par imitation de sons évoquant l'être ou la chose que l'on veut nommer. Le génie que je suppose pénètre par l'onomatopée dans la nuit de la formation des langues (Senancour,Rêveries, 1799, p.216):
1. ... si l'on remonte à l'état primitif de toutes les langues, que trouvera-t-on à leur origine? Quelques cris plus ou moins articulés, que nous avons appellé interjections, quelques mots la plupart monosyllabes, formés le plus souvent par onomatopée et servant de noms, voilà ce que nous y voyons. Destutt de Tr.,Idéol. 2, 1803, p.117.
B. − P. méton. Mot ainsi formé. L'idée de rouge se fixa sur la crête de coq, puis sur le coq et enfin sur le chant du coq que rendait l'onomatopée coquelicot ou coquericot (Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p.192):
2. Quant aux onomatopées authentiques (celles du type glou-glou, tic-tac, etc.), non seulement elles sont peu nombreuses, mais leur choix est déjà en quelque mesure arbitraire, puisqu'elles ne sont que l'imitation approximative et déjà à demi conventionnelle de certains bruits... Sauss.1916, p.102.
P. ext. Cri, son, groupement de sons, accompagnant habituellement certains gestes ou exprimant une sensation, certains sentiments, et grammaticalement proches de l'interjection. Le roi jouait avec son fils, (...), il lui disait de ces folles et vagues paroles, jolies onomatopées que savent créer les mères et les nourrices (Balzac, Confid. Ruggieri, 1837, p.312).Impossible de rapporter même de loin, le texte de ces propos hachés, sans fil juxtaposés, entrelardés, imbriqués, farcis de monosyllabes, d'onomatopées, de sifflements de la respiration (Arnoux,Algorithme, 1948, p.127).
Prononc. et Orth.: [ɔnɔmatɔpe]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1585 «formation de mots imitant un son ou un bruit» (P. Thevenin ds G. Du Bartas, La Sepmaine, 87 cité par H. Vaganay ds Rom. Forsch. t.32, p.115: mot inventé par onomatopee); 2. 1665 onomatopeie «le mot imitatif lui-même» (E. Pasquier, Recherches de la France, p.671: des mots [...] que les Grecs appellent Onomatopeies); 1768 onomatopée (Diderot, Salon de 1767, p.258). Empr. au b. lat. onomatopoeia, et celui-ci au gr. ο ν ο μ α τ ο π ο ι ́ α «création de mots; en partic.: création de mots par imitation de sons», comp. des élém. ο ̓ ν ο μ α τ ο- , tiré de ο ν ο μ α, -α τ ο ς «nom», et -π ο ι ́ α» (-pée*). Fréq. abs. littér.: 40.
DÉR.
Onomatopéique, adj.Qui est relatif à l'onomatopée; qui en présente les caractères. Exclamation onomatopéique; mot d'origine, de formation onomatopéique. C'est-à-dire (...) des imitations ou des reproductions plus ou moins exactes de bruits, de cris existant dans la nature (...) ces imitations, tout onomatopéiques qu'elles soient, ne sont qu'approximatives (Grammont,Vers fr., 1937, p.203). [ɔnɔmatɔpeik]. 1resattest. 1785 onomatopique (P. A. de Piis, Harmonie imitative de la lang. fr., p.73 ds Fonds Barbier: mots onomatopiques), 1826 onomatopéique (A. Balbi, Introd. à l'Atlas ethnographique du globe, p.15); de onomatopée, suff. -ique*.
BBG.Buhler (K.). L'Onomat. et la fonction représentative du lang. J. de psychol. normale et pathol. 1933, t.30, pp.101-119. _ Fresnault-Deruelle (P.). Aux frontières de la lang.: qq. réflexions sur les onomat. ds la bande dessinée. Cah. Lexicol. 1971, no18, pp.79-88. _ Miot (B.). Dict. des onomat. Paris, 1968, 130 p. _ Pohl (J.). Six Esquisses. Fr. mod. 1967, t.35, pp.13-15. _ Reynvoet (J.-P.). Contribution à l'ét. de l'onomat. brute. Trav. Ling. Gand. 1969, no1, pp.99-128.

Article lié : Le guide complet des onomatopées

Wiktionnaire

Nom commun - français

onomatopée \ɔ.nɔ.ma.tɔ.pe\ féminin

  1. (Grammaire) Formation d’un mot dont la prononciation imite un son.
    • Nous ne nous sommes pas contentés de classer les mots par grandes familles : afin qu'on s'assurât mieux de l'étendue & de la vérité de nos principes sur les mots formés par onomatopée, sur ceux qui se sont chargés d'initiales, sur les aspirations que remplacent les consonnes, nous avons mis à la tête de chaque lettre & par grandes masses :
      1°. Les mots formés par l'imitation des sons. […].
      — (Monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne considéré dans les Origines latines ou Dictionnaire étymologique de la Langue latine, par M. Court de Gébelin, partie 2, à Paris : chez l'auteur, chez Valleyre l'aîné, chez Saugrin & chez Sorin, 1780, p. X)
    • Max Müller s'élève contre cette théorie, attendu, dit-il, « que dans les langues connues jusqu'ici l’onomatopée n'a jamais donné de racines ». Il existe des mots formés par onomatopée ; or, ces mots sont incapables de devenir des radicaux, d'engendrer des mots nouveaux, ils sont stériles. — (Jean Jaurès, Œuvres philosophiques, Cours de philosophie: la bienveillance dans les jugements, éd. Vent Terral, 2005, publié et annoté par Jòrdi Blanc, 15e leçon, p. 245)
    • Connaissant ma curiosité des choses du ciel, Moravagine a établi, à mon usage, un dictionnaire des deux cent mille principales significations de l'unique mot de la langue martienne, ce mot étant une onomatopée : le crissement d'un bouchon de cristal émerisé [...]. — (Blaise Cendrars, Moravagine, Grasset, Les Cahiers Rouges, 1986, p. 210)
  2. Mot imitatif lui-même, formé grâce à ce procédé, ou tournure expressive à base de syllabes dépourvues de sens. — Voir interjection.
    • Même Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan ne sont pas exemptes de ces vulgarités . Il n 'y a pas un seul « choubidou » dans toute l’œuvre de Billie Holiday. Bien chantée, l’onomatopée jazzistique peut être un langage d'une force et d'une étrangeté extraordinaire. — (Marc-Edouard Nabe, Alain Zannini: roman, Éditions du Rocher, 2002, p. 48)
    • Créant par elles même un impact visuel, les onomatopées sont omniprésentes dans les mangas qui offrent une « bande son » très riche.— (Joëlle Nouhet-Roseman, Les mangas pour jeunes filles, figures du sexuel à l’adolescence, 2013)
    • C’est en particulier le cas dans les comic strips, auxquelles Serge Gainsbourg rend hommage en 1968 en chantant Comic Strip, que Brigitte Bardot ponctue d’onomatopées.— (Francis Laffargue, Mettre de l’ordre dans les mots : antonymes, holonymes, homonymes, hyperonymes, hyponymes, interjections, méronymes, néologismes, onomatopées, paronymes, polysémie, synonymes…, avril 2016, p.58)
    • Le chanteur utilise de nombreuses onomatopées et syllabes sans significations lexicales, les textes ne comportant souvent que peu de mots véritables (parfois il s’agit de réciter des poèmes alambiqués et ésotériques), et par ailleurs il sollicite une débauche de bruits de bouche, de cris, voire parfois d’une sorte de « yodl » indien (cri se terminant par de rapides vibratos), sur fond de rythme lancinant et répétitif.— (Régis Meyran Les aventuriers du son, Sciences Humaines, 21 août 2017)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ONOMATOPÉE. n. f.
T. de Grammaire. Formation d'un mot dont le son imite la chose qu'il signifie. Les mots Trictrac, glouglou, coucou, cliquetis sont formés par onomatopée. Il se dit aussi des Mots imitatifs eux-mêmes. Dictionnaire des onomatopées françaises.

Littré (1872-1877)

ONOMATOPÉE (o-no-ma-to-pée) s. f.
  • Terme de grammaire. Formation d'un mot dont le son est imitatif de la chose qu'il signifie. Cuculus se prononçait comme nous dirions coucoulous, d'où vient le mot français coucou ; et ces mots, dans l'une et l'autre langue, n'ont été formés que par onomatopée, c'est-à-dire imitation du son, pour marquer le chant de cet oiseau, Rollin, Traité des Ét. I, 3. L'onomatopée est une figure par laquelle un mot imite le son naturel de ce qu'il signifie ; on réduit sous cette figure les mots formés par imitation du son, comme le glouglou de la bouteille, le cliquetis, c'est-à-dire le bruit que font les boucliers, les épées et les autres armes, en se choquant, Dumarsais, Trop. II, 19. Un enchaînement de petites onomatopées analogues aux idées qu'on a, et dont on est fortement occupé, Diderot, Salon de 1767, Œuvr. t. XIV, p. 474, dans POUGENS.

    Il se dit des mots imitatifs eux-mêmes. Dictionnaire des onomatopées françaises.

    En un sens plus large, on applique quelquefois aujourd'hui le nom d'onomatopée aux cris qui naturellement accompagnent certains gestes.

REMARQUE

L'onomatopée diffère de l'harmonie imitative, en ce que l'une appartient à un mot, et l'autre à une phrase : glouglou est une onomatopée ; l'essieu crie et se rompt est de l'harmonie imitative.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ONOMATOPÉE, s. f. (Gramm. art étymologiq.) ce mot est grec, ὀνοματοποιΐα, comme pour dire τοῦ ὀνόματος, ποίησις, nominis creatio, création, formation ou génération du mot. « Cette figure n’est point un trope, dit M. du Marsais, puisque le mot se prend dans le sens propre ; mais j’ai cru qu’il n’étoit pas inutile de la remarquer ici », dans son livre des tropes, part. II. art. xix. Il me semble au contraire qu’il étoit très-inutile au-moins de remarquer, en parlant des tropes, une chose que l’on avoue n’être pas un trope ; & ce savant grammairien devoit d’autant moins se permettre cette licence, qu’il regardoit cet ouvrage comme partie d’un traité complet de Grammaire, où il auroit trouvé la vraie place de l’onomatopée. J’ajoute que je ne la regarde pas même comme une figure ; c’est simplement le nom de l’une des causes de la génération matérielle des mots expressifs des objets sensibles, & cette cause est l’imitation plus ou moins exacte de ce qui constitue la nature des êtres nommés.

C’est une vérité de fait assez connue, que par sa nature l’homme est porté à l’imitation ; & ce n’est même qu’en vertu de cette heureuse disposition que la tradition des usages nationnaux des langues se conserve & passe de générations en générations. Si l’on a donc à imposer un nom à un objet nouvellement découvert, & que cet objet agisse sur le sens de l’ouïe d’une maniere qui puisse le distinguer des autres ; comme l’ouïe a un rapport immédiat avec l’organe de la voix, l’homme sans réflexion, sans comparaison explicite donne naturellement à cet objet sensible un nom dont les élémens concourent de façon qu’ils répetent à-peu-près le bruit que fait l’objet lui-même. Voilà ce que c’est que l’onomatopée ; & c’est, comme on le voit avec raison, que Wachter, dans son Glossaire germanique, præf. ad Germ. §. VII. l’appelle vox repercussa naturæ, l’écho de la nature.

Cette source de mots est naturelle ; & la preuve en est que les enfans se portent généralement & d’eux-mêmes à désigner les choses bruyantes par l’imitation du bruit qu’elles font : ajoutez que la plûpart de ces choses ont des noms radicalement semblables dans les langues les plus éloignées les unes des autres, soit par les tems, soit par les lieux ou par le génie caractéristique.

C’est sur-tout dans le genre animal que l’on en rencontre le plus. Ainsi les Grecs appellent le cri naturel des brebis βληχάομαι, les Latins balare, les Allemands bleken, les François bêler, & l’on retrouve partout l’articulation qui caractérise ce cri qui est . Pareillement on a imaginé les mots analogues & semblables ὀλολύζω, ululare, heulen, hurler ; κρώζω, crocire, croasser ; μυκάω, mugire, mugir ou meugler, &c.

Le coucou est un oiseau connu qui prononce exactement ce nom même ; & les Grecs l’appelloient κόκκυξ, les Latins cuculus, qu’ils prononçoient coucoulous ; les Allemands le nomment guguk, en prononçant gougouk ; c’est la nature par-tout.

Upupa ou bubo en latin, βύας en grec, bubo en espagnol, puhacz en polonois, owle en anglois, uhu en allemand, hibou en françois, sont autant de mots tirés évidemment du cri lugubre de cet oiseau nocturne qui, comme le dit Pline, lib. X. cap. xij, est moins un chant qu’un gémissement, nec cantu aliquo vocalis, sed gemitu.

L’onomatopée ne s’est pas renfermée seulement dans le regne animal. Tintement, tinnitus, tintinnabulum sont des mots dont le radical commun tin imite exactement le son clair, aigu & durable, que l’on entend diminuer progressivement quand on a frappé quelque vase de métal.

Le glouglou d’une bouteille, le cliquetis des armes, les éclats du tonnerre sont autant de mots imitatifs des différens bruits qu’ils expriment.

Le trictrac est ainsi nommé du bruit que font alternativement les joueurs avec les dez, ou de celui qu’ils font en abattant deux dames, comme ils le peuvent à chaque coup de dez ; autrefois on disoit tictac.

L’imitation qui sert de guide à l’onomatopée se fait encore remarquer d’une autre maniere dans la génération de plusieurs mots ; c’est en proportionnant, pour ainsi dire, les élémens du mot à la nature de l’idée que l’on veut exprimer. Pour faire entendre ma pensée, rappellons-nous ici la division simple & naturelle des élémens de la voix en sons & articulations, ou, si l’on veut, en voyelles & consonnes.

Le son ou la voyelle n’exige, pour se faire entendre, que la simple ouverture de la bouche ; qu’elle soit disposée d’une maniere ou d’une autre, cette disposition n’apporte aucun obstacle à l’émission du son, elle diversifie seulement le canal, afin de diversifier l’impression que l’air sonore doit faire sur l’organe de l’ouïe ; le moule change, mais le passage demeure libre, & la matiere du son coule sans embarras, sans obstacle. Or voilà vraissemblablement l’origine du nom danois aa, qui signifie fleuve ; ce nom générique est devenu ensuite le nom propre de trois rivieres dans les Pays-bas, de trois en Suisse, & de cinq en Westphalie : les voyelles coulent sans obstacle comme les fleuves.

Le tems coule de même ; & de là, par une raison pareille, l’adverbe grec ἀεί, semper, toujours, perpétuellement ; l’allemand ie en est synonyme, & présente une image semblable.

L’interjection latine eia, semblable à la greque εἶα, paroît tenir à la même source, sus, allez sans vous arrêter, coulez comme un fleuve, &c.

Les articulations ou les consonnes sont labiales, linguales ou gutturales : les linguales sont dentales, sifflantes, liquides ou mouillées, voyez Lettres ; & le mouvement de la langue est plus sensible ou vers sa pointe, ou vers son milieu qui s’éleve, ou vers la racine dans la région de la gorge. Ce ne peut être que dans ce méchanisme & d’après la combinaison des effets qu’il peut produire, que l’on peut trouver l’explication de l’analogie que l’on remarque dans les langues entre plusieurs noms des choses que l’on peut classifier sous quelque aspect commun.

« Par exemple, dit M. le président de Brosses, pourquoi la fermeté & la fixité sont-elles le plus souvent désignées par le caractere st ? Pourquoi le caractere st est-il lui-même l’interjection dont on se sert pour faire rester quelqu’un dans un état d’immobilité » ?

Στήλη), colonne ; στερεὸς, solide, immobile ; στεῖρα, stérile, qui demeure constamment sans fruit ; στηρίζω, j’affermis, je soutiens ; voilà des exemples grecs : en voici de latins, stare, stips, stupere, stupidus, stamen, stagnum (eau dormante), stellæ (étoiles fixes), strenuus, &c. en françois, stable, état, (autrefois estat de status), estime, consistence, juste (in jure stans), &c.

« Pourquoi le creux & l’excavation sont ils marqués par se ? σκάλλω, σκάπτω, fouir, σκάφη, esquif ; scutum, scaturire, scabies, scyphus, sculpere, scrobs, scrutari ; écuelle (anciennement escuelle), scarifier, scabreux, sculpture ».

Ecrire (autrefois escrire) vient de scribere ; & l’on sait qu’anciennement on écrivoit avec une sorte de poinçon qui gravoit les letrres sur la cire, dont les tablettes étoient enduites, & les Grecs, par la même analogie, appelloient cet instrument σκάριφος.

« Leibnitz a si bien fait attention à ces singularités, qu’il les remarque comme des faits constans : il en donne plusieurs exemples dans sa langue. Mais quelle en pourroit être la cause ? Celle que j’entrevois ne paroîtra peut-être satisfaisante ; savoir que les dents étant la plus immobile des parties organiques de la voix, la plus ferme des lettres dentales, le t été machinalement employé pour désigner la fixité ; comme pour désigner le creux & la cavité, on emploie le k ou le c qui s’opere vers la gorge le plus creux & le plus cave des organes de la voix. Quant à la lettre s, qui se joint volontiers aux autres articulations, elle est ici, ainsi qu’elle est souvent ailleurs comme un augmentatif plus marqué, tendant à rendre la peinture plus forte ».

D’où lui vient cette propriété ? c’est que la nature de cette articulation consistant à intercepter le son sans arrêter entierement l’air, elle opere une sorte de sifflement qui peut être continué & prendre une certaine durée. Ainsi, dans le cas où elle est suivie de t, il semble que le mouvement explosif du sifflement soit arrêté subitement par la nouvelle articulation, ce qui peint en effet la fixité ; & dans le cas où il s’agit de sc, le mouvement de sibilation paroît designer l’action qui tend à creuser & à pénétrer profondément, comme on le sent par l’articulation r, qui tient à la racine de la langue.

« N, la plus liquide de toutes les lettres, est la lettre caractéristique de ce qui agit sur le liquide : no, ναῦς, navis, navigium, νέφος, nubes, nuage, &c.

» De même fl, composé de l’articulation labiale & sifflante f & de la liquide l, est affecté au fluide, soit ignée, soit aquatique, soit aërien, dont il peint assez bien le mouvement ; flamma, fluo, flatus, fluctus, &c. φλόξ, flamme ; φλέψ, veine où coule le sang ; φλεγέθων, fleuve brûlant d’enfer, &c. ou à ce qui peut tenir du liquide par sa mobilité ; fly en anglois, mouche & voler, flight, fuir, &c.

» Leibnitz remarque que si l’s y est jointe, sw est dissipare, dilatare ; sl, est dilabi vel labi cùm recessu : il en cite plusieurs exemples dans sa langue, auxquels on peut joindre en anglois slide, slink, slip, &c.

» On peint la rudesse des choses extérieures par l’articulation r, la plus rude de toutes ; il n’en faut point d’autre preuve que les mots de cette espece : rude, âpre, âcre, roc, rompre, racler, irriter, &c.

» Si la rudesse est jointe à la cavité, on joint les deux caractéristiques, scabrosus. Si la rudesse est jointe à l’échappement, on a joint de même deux caractéristiques propres : frangere, briser, breche, phur ou phour, c’est à-dire frangere. On voit par ces exemples que l’articulation labiale, qui peint toujours la mobilité, la peint rude par frangere, & douce par fluere

» La même inflexion r détermine le nom des choses qui vont d’un mouvement vîte, accompagné d’une certaine force ; rapide, ravir, rouler, racler, rainure, raie, rota, rheda, ruere, &c. Aussi sert-elle souvent aux noms des rivieres dont le cours est violent ; Rhin, Rhône, Heridanus, Garonne, Rha (le Volga), Araxes, &c.

» Valor ejus, dit Heuselius en parlant de cette lettre, erit egressus rapidus & vehemens, tremulans & strepidans ; hinc etiam affert affectum vehementem rapidumque. C’est la seule observation raisonnable qu’il y ait dans le système absurde que cet auteur s’est formé sur les propriétés chimériques qu’il attribue à chaque lettre… ».

Toutes ces remarques, & mille autres que l’on pourroit faire & justifier par des exemples sans nombre, nous montrent bien que la nature agit primitivement sur le langage humain, indépendamment de tout ce que la réflexion, la convention ou le caprice y peuvent ensuite ajouter ; & nous pouvons établir comme un principe, qu’il y a de certains mouvemens des organes appropriés à désigner une certaine classe de choses de même espece ou de même qualité. Déterminés par différentes circonstances, les hommes envisagent les choses sous divers aspects : c’est le principe de la différence de leurs idiomes ; fenestra exprimoit chez les Latins le passage de la lumiere ; ventana en Espagne désigne le passage des vents ; janella en langue portugaise, marque une petite porte ; croisée en françois, indique une ouverture coupée par une croix. Partout c’est la même chose, envisagée ici par son principal usage, là par ses inconvéniens, ailleurs par une relation accidentelle, chez nous par sa forme. Mais la chose une fois vûe, l’homme, sans convention, sans s’en appercevoir, forme machinalement ses mots les plus semblables qu’il peut aux objets signifiés. C’est à peu-près la conclusion de M. le président des Brosses, qui continue ainsi :

« Publius Nigidius, ancien grammairien latin (il étoit contemporain de Cicéron), poussoit peut-être ce système trop loin lorsqu’il vouloit l’appliquer, par exemple, aux pronoms personnels, & qu’il remarquoit que dans les mots ego & nos le mouvement organique se fait avec un retour intérieur sur soi-même, au lieu que dans les mots tu & vos l’inflexion se porte au-dehors vers la personne à qui on s’adresse ; mais il est du moins certain qu’il rencontre juste dans la reflexion générale qui suit : Nomina verbaque non positu fortuito, sed quâdam vi & ratione naturæ facta esse P. Nigidius in grammaticis commentariis docet, rem sanè in philosophiæ dissertationibus celebrem. Quæri enim solitum apud Philosophos φύσει τὰ ὀνόματα sint ἢ θέσει, naturâ nomina sint an impositione. In eamrem multa argumenta dicit, cur videri possint verba naturalia magis quâm arbitraria. … Nam sicuti cùm adnuimus & abnuimus, motus quidem ille vel capitis vel oculorum à naturà rei quam significat non abhorret ; ita in vocibus quasi gestus quidam oris & spiritûs naturalis est. Eadem ratio est in græcis quoque vocibus quam esse in nostris animadvertimus. A Gell. lib. X. cap. jv.

» Qu’on ne s’étonne donc pas de trouver des termes de figure & de signification semblables dans les langues de peuples fort différens les uns des autres, qui ne paroissent avoir jamais eu de communication ensemble ». Toutes les nations sont inspirées par le même maître, & d’ailleurs tous les idiomes descendent d’une même langue primitive, voyez Langue. C’est assez pour établir des radicaux communs à toutes les langues postérieures, mais ce n’est pas assez pour en conclure une liaison immédiate. Ces radicaux prouvent que les mêmes objets ont été vûs sous les mêmes aspects, & nommés par des hommes semblablement organisés ; mais la même maniere de construire est ce qui prouve l’affinité la plus immédiate, sur-tout quand elle se trouve réunie avec la similitude des mots radicaux. (B. E. R. M.)

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Étymologie de « onomatopée »

Ὀνοματοποιῖα, de ὄνομα, nom, et ποιεῖν, faire.

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(1585) Via le latin onomatopoeia, du grec ancien ὀνοματοποιία, onomatopoiía, dérivé de ὀνοματοποιέω (« forger des noms »).
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Phonétique du mot « onomatopée »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
onomatopée ɔ̃ɔmatɔpe

Citations contenant le mot « onomatopée »

  • La rue Honhon, située à gauche après l’entrée de la rue de Lille en venant de la gare, fait plutôt penser par sa sonorité doublée à un grognement, à une onomatopée comme : « hé ! hé ! », « hi ! hi ! », « oh ! oh ! ». La Voix du Nord, Qui se cache derrière l’énigmatique rue Honhon à Valenciennes?
  • Personnellement, j'adore les onomatopées, ces drôles de termes dont l'ambition est "de suggérer par imitation phonétique la chose dénommée", selon la définition du Petit Robert. Au demeurant, d'après un sondage très sérieux réalisé auprès d'un échantillon représentatif des 10 personnes que j'ai croisées depuis ce matin, je ne suis pas le seul. Aïe, areu areu, cric-crac, glagla, pschitt, prout, pouf... autour de moi, ce lexique particulier déclenche des sourires, renvoie à l'enfance et donne une furieuse envie de jouer avec la langue.  LExpress.fr, Ode aux onomatopées - L'Express
  • Aujourd’hui, amis des mots, je vous parle de ces mots rigolos et pas toujours répertoriés dans les dictionnaires : les onomatopées. L’onomatopée, du grec "onoma" (le mot) et "poïa"(fabrication), est selon Larousse.fr "le processus permettant la création de mots dont le signifiant [le son du mot en lui-même] est étroitement lié à la perception acoustique des sons". RTL.fr, Crac, boum, hue : petite histoire des onomatopées
  • Stage proposé par JM Family Production. Qu’est ce que la bande dessinée, son vocabulaire, etc. ? Les techniques anciennes de la bande dessinée telles que la table lumineuse, l’encrage, etc. Matériel fourni, les photos seront prises pendant l’événement. Jour 1 : contexte de Hergé à Franck Miller, introduction du vocabulaire (case, bulle, phylactère, etc.), réaliser/copier une onomatopée en lien avec une Bande dessinée. Jour 2 : exécution comme un professionnel de l’onomatopée, Première esquisse des émotions de son héros. Jour 3 : première esquisse des émotions de son héros, exécution comme un professionnel des différentes expressions du héros. , Stage d ete : la bande dessinee : Stage, atelier Art plastique a Toul
  • C’était dans les années 1960. Brigitte Bardot et Serge Gainsbourg s’échangeaient des «CLIP! CRAP! des BANG! des VLOP et des ZIP! SHEBAM! POW! BLOP! WIZZZZZ!». Comme Jacques Dutronc avant eux, qui chantait: «Moi j’ai un piège à fille, un piège tabou / Un joujou extra qui fait crac boum hu.» L’invitation galante était entendue, laissant peu de place à l’ambiguë. Près de soixante ans après ces titres univoques, les onomatopées sont toujours d’actualité pour parler de ce qui ne se dit pas. Et bien plus encore. Le Figaro.fr, Ces onomatopées que vous prononcez au quotidien
  • « C’est la quinzième carte des naufrages que je réalise. Je suis plongeur et ce qui m’a toujours plu dans la plongée, ce sont les épaves. Plonger sur un site où vous découvrez une épave, c’est fantastique. Quand on est inventeur de l’épave, c’est-à-dire, que vous êtes le premier à la trouver, le sentiment est encore plus fort ». Il poursuit avec une onomatopée et le geste mimant des battements de cœur qui accélèrent, puis il rit aux éclats. Mais ce qu’il aime avant tout, c’est connaître l’histoire de l’épave. « Un naufrage, c’est souvent un malheur. Ça a un peu piqué les yeux du propriétaire du bateau. Et puis il y a des disparus, des victimes. J’ai épluché les journaux de l’époque aux archives de Quimper. De 1870 à 1939. Au bout du bout, ça fait un paquet de bateaux », raconte-t-il. Bruno Jonin a trouvé récemment des relèvements de 1904 d’une nouvelle épave et va bientôt aller plonger aux Glénan, pour essayer de la trouver. Le Telegramme, Bruno Jonin, le Bigouden chasseur d’épaves - Pont-l'Abbé - Le Télégramme
  • À l’occasion de son dossier spécial sur la parole, du 28 janvier au 10 février, La Croix s’interroge sur les onomatopées, ces drôles de « mots-bruits ». La Croix, Comment naissent les onomatopées ?
  • La rue Honhon, située à gauche après l’entrée de la rue de Lille en venant de la gare, fait plutôt penser par sa sonorité doublée à un grognement, à une onomatopée comme : « hé ! hé ! », « hi ! hi ! », « oh ! oh ! ». La Voix du Nord, Qui se cache derrière l’énigmatique rue Honhon à Valenciennes?
  • Personnellement, j'adore les onomatopées, ces drôles de termes dont l'ambition est "de suggérer par imitation phonétique la chose dénommée", selon la définition du Petit Robert. LExpress.fr, Ode aux onomatopées - L'Express
  • L’onomatopée, du grec "onoma" (le mot) et "poïa"(fabrication), est selon Larousse. RTL.fr, Crac, boum, hue : petite histoire des onomatopées
  • Jour 2 : exécution comme un professionnel de l’onomatopée, Première esquisse des émotions de son héros. , Stage d ete : la bande dessinee : Stage, atelier Art plastique a Toul
  • Près de soixante ans après ces titres univoques, les onomatopées sont toujours d’actualité pour parler de ce qui ne se dit pas. Le Figaro.fr, Ces onomatopées que vous prononcez au quotidien

Traductions du mot « onomatopée »

Langue Traduction
Anglais onomatopoeia
Espagnol onomatopeya
Italien onomatopeia
Allemand lautmalerei
Chinois 拟声词
Arabe المحاكاة الصوتية
Portugais onomatopéia
Russe звукоподражание
Japonais オノマトペ
Basque onomatopeiak
Corse onomatopee
Source : Google Translate API

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Nombre de points du mot onomatopée au scrabble : 13 points

Onomatopée

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