Ne pas laisser de

Locution verbale - français

ne pas laisser de \nə pa lɛ.se də\ (se conjugue → voir la conjugaison de laisser)

1. (Désuet) (Soutenu) Ne pas cesser de, ne pas manquer de.
   • Eh quoi ! mon Père, lui répartis-je, est-ce là l’hérésie des Jansénistes, de nier qu’à chaque fois qu’on fait un péché, il vient un remords troubler la conscience, malgré lequel on ne laisse pas de franchir le saut et de passer outre ? — (Blaise Pascal, Les Provinciales, quatrième lettre)
   • Le voyageur qui ne connaît point encore l’Espagne, et qui n’a point eu le temps d’acquérir la sublime insouciance castillane, la flema castellana, quelque incrédule qu’il soit d’ailleurs, ne laisse pas de recevoir une certaine impression de tous ces récits. — (Prosper Mérimée, Lettres d’Espagne, 1832, réédition Éditions Complexe, 1989, page 82)
   • Non, Anthime ne se dérobait pas à ce devoir ; toutefois il ne laissait pas d’en redouter les conséquences. — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
   • Les notabilités ne laissaient pas d’admirer ce dispositif, qui leur remettait en mémoire les trucs les plus fameux du théâtre de Clermont. — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 169)
   • Un homme comme lui, à ce point dans la dévotion qu’il avait failli entrer dans les Ordres, sans qu'il laissât pour cela d’être père de famille, d'une famille de cinq enfants avec une femme mourante sur les bras. — (Marcel Jouhandeau, Chaminadour, Gallimard, 1941 et 1953, collection Le Livre de Poche, page 137)

Note : La locution s'est aussi écrite ne pas laisser que de.

C’est une aventure qui ne laisse pas que d’avoir un air singulier. — (Marivaux, La Surprise de l’amour, Acte III)

Cela ne laisse pas que d’être gracieux. — (Marivaux, Le jeu de l’amour et du hasard, Acte III)

Cette fois sa visite ne laissa pas que de m’embarrasser. — (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy ; réédition Le Livre de Poche, 1967, page 204)

Il ne laissait pas cependant que de placer soigneusement les miches brûlantes sur un lit de thym à quoi la chaleur faisait rendre une odeur exquise. — (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 224)