La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « guindé »

Guindé

Définitions de « guindé »

Trésor de la Langue Française informatisé

GUINDÉ, -ÉE, part. passé et adj.

I. − Part. passé de guinder*.
II. − Emploi adj.
A. − [En parlant d'une pers. et p. méton. d'un inanimé]
1. Qui manifeste une gravité étudiée, une raideur affectée; qui manque de naturel par souci des convenances. Synon. affecté, compassé, gourmé.Air, cercle, dîner guindé; paroles guindées. Une femme grande, sèche (...), guindée, précieuse, prétentieuse (Balzac, Illus. perdues,1839, p. 181).L'attitude artificielle, superficielle, académique, guindée, du monsieur en habit de soirée, m'exaspérait (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 67).Les lettres un peu guindées écrites en 1865 par un fils étudiant à Paris : « Mon cher père, ma chère mère »... (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 131).
Emploi subst. à valeur de neutre, littér. Comportement affecté. Il n'y a rien de si difficile à atteindre que le naturel? Et tout le faux, le guindé (...) se présente comme de lui-même, et semble inné dans l'homme (Bonald, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 200).V. affecté ex. 13.
2. P. ext. Qui est dépourvu d'aisance, notamment à cause de vêtements serrés; qui est d'une gaucherie embarrassée. Synon. contraint, emprunté, gauche.Leur regard moqueur ne faisait grâce à Christophe d'aucune de ses maladresses (...). Assis à côté d'elles, sur le bord de sa chaise, rouge et guindé, (...) n'osant pas bouger, (...) se sentant observé du coin de l'œil, il perdait contenance (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 140).Le reporter qui les interroge [des explorateurs et des capitaines] au retour de leurs extravagances s'étonne de les trouver guindés et timides (Mounier, Traité caract.,1946, p. 92) :
1. Il portait un manteau noir, trop étroit et un gros chapeau melon tout neuf. Peu à l'aise, et se sentant l'objet des regards de ses élèves, il avait un maintien guindé et évitait de balancer la tête de droite à gauche. Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 90.
B. − En partic. [En parlant d'un écrivain; p. méton. de son œuvre] Qui manque de spontanéité; qui pèche par un excès de recherche, d'affectation. Synon. académique, affecté, alambiqué, ampoulé, apprêté, artificiel, corseté, fabriqué, pompeux.Style guindé. Si Mallarmé n'était pas guindé et obscur, ce serait un grand classique (Jacob, Cornet dés,1923, p. 16).J'avais écrit de façon obscure, guindée et surchargée : j'ai changé la forme, élagué, expliqué parfois, ce qui ne change rien au fond (G. Bataille, Exp. int.,1943, p. 103):
2. La prose, lorsqu'elle traduit les passages épiques, a un défaut bien grand, et visible surtout sur la scène, c'est de paraître tout à coup boursouflée, guindée et mélodramatique, tandis que le vers, plus élastique, se plie à toutes les formes ... Vigny, Lettre Lord***, 1829, p. 276.
Emploi subst. à valeur de neutre, littér. Caractère affecté d'une œuvre littéraire. V. canaille ex. 6.
Prononc. : [gε ̃de]. Fréq. abs. littér. : 146. Bbg. Quem. DDL t. 1.

Wiktionnaire

Adjectif - français

guindé \ɡɛ̃.de\

  1. Qui a l’air contraint, qui veut paraître toujours grave. — Note d’usage : S’applique surtout aux manières, aux allures.
    • Dans une atmosphère d’usages si froids et si guindés, elle avait si peu joui de la fraîcheur et de la poésie de son âge. — (George Sand [Amantine Aurore Lucile Dupin, baronne Dudevant], Valentine, 1832)
    • À beaucoup d’égards, nous préférons la piété amusante et spirituelle de Pierre Camus, l’ami de François de Sales, à la tenue raide et guindée qui est devenue plus tard la règle du clergé français et a fait de lui une sorte d’armée noire à part du monde et en guerre avec lui. — (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, collection Folio, page 118)
    • En vis-à-vis du bâtiment vétuste, l’établissement des jeunes élèves-maîtresses, guindées en leur costume sévère sous le chapeau de feutre sans élégance. Le plupart portent lorgnons. Un peu bas-bleu ! pas mal pimbêches. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Une femme à la puissante aura de pouvoir, aussi réservée et aussi imposante qu’on pouvait l’attendre d’une reine, mais également « comme il faut », du moins selon les critères andoriens. Un bonnet de nuit guindé, pour quiconque d’autre… — (Robert Jordan, Les Feux du ciel, traduit par Jean-Claude Mallé, Bragelonne, 2013, ISBN 978-2-35294-664-9)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

GUINDÉ (ghin-dé, ée) part. passé de guinder
  • 1Hissé, porté en haut à l'aide de machines. Sinon il consentait d'être en place publique Guindé la hart au col, étranglé court et net, La Fontaine, Fabl. VI, 19.

    Par extension. Dans quelque rang qu'il soit des mortels regardé, Je le [Jupiter] tiendrais fort misérable, S'il ne quittait jamais sa mine redoutable Et qu'au faîte des cieux il fût toujours guindé, Molière, Amph. Prol.

  • 2 Fig. Qui a un caractère factice d'élévation, et comme si une machine avait contribué à cette élévation. Les vers d'Horace [tragédie de Corneille] ont quelque chose de moins guindé, Corneille, Ex. de Cinna. Vous me dépeignez fort bien ce bel esprit guindé ; je ne l'aimerais pas mieux que vous ; mais je ne serais point étonnée que le comte de Guiche s'en accommodât, Sévigné, Lett. 6 avril 1672. Il était guindé dans toutes ses allures, Hamilton, Gramm. 7. Dufresne [un acteur] n'était nullement fait pour les rôles de dignité et de force ; je l'ai vu guindé dans Athalie, quand il faisait le grand prêtre, Voltaire, Lett. d'Argental, 17 janv. 1742. Elles [des dames anglaises] étaient guindées et froides, prenaient du thé, faisaient un grand bruit avec leurs éventails, ne disaient mot, ou criaient toutes à la fois pour médire de leur prochain, Voltaire, Mél. littér. Lett. à M***. Un goût factice et guindé qui n'est plus que l'ouvrage de la mode, Rousseau, Hél. VI, 5. Que d'orateurs guindés qui se disent profonds Se tourmentent sans fin pour enfanter des sons ! Gilbert, Le XVIIIe s.

    Il est toujours guindé, il a l'air contraint, il veut paraître toujours grave. Il n'a rien de vrai, ni de naturel, il est guindé, et outré en tout, Fénelon, Dial. des morts anc. Dial. 24.

  • 3 Terme de manége. Être guindé à cheval, s'y tenir raide, dans une position gênée et avec affectation.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « guindé »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
guindé gɛ̃de

Fréquence d'apparition du mot « guindé » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « guindé »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Traductions du mot « guindé »

Langue Traduction
Anglais stuffy
Espagnol cargado
Italien soffocante
Allemand stickig
Chinois
Arabe خانق
Portugais abafado
Russe душно
Japonais 息苦しい
Basque betegarria
Corse stuffy
Source : Google Translate API

Antonymes de « guindé »

Combien de points fait le mot guindé au Scrabble ?

Nombre de points du mot guindé au scrabble : 7 points

Guindé

Retour au sommaire ➦