Corbeau blanc

Locution nominale - français

corbeau blanc \kɔʁ.bo blɑ̃\ masculin

1. (Sens propre) Corbeau albinos.
   • On dit qu’on fait des corbeaux blancs, en les exposant à la fumée du souffre, lorsqu’on les a pris jeunes & dans le nid. — (Antoine Furetière, Henri Basnage de Beauval, Dictionnaire universel, contenant généralement les mots françois tant vieux que modernes, et les termes des sciences et des arts, 1701.)
   • Plusieurs animaux ont aussi leurs albinos, ajoute M. Saignes; les naturalistes ont observé des corbeaux blancs, des merles blancs, des taupes blanches; leurs yeux sont rouges, leur peau est plus pâle et leur organisation plus faible. — (Jacques Collin de Plancy,Dictionnaire infernal ou Bibliothèque Universelle sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses, qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l’enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyances merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles, 1844)
2. (Figuré) Quelque chose ou quelqu’un de rare, singulier ou curieux.
   • Une Bohémienne blonde, c’est un corbeau blanc !— (Victor Tissot, La Russie et les Russes: Indiscrétions de voyages, 1884.)
   • Cependant, en Russie même, les maîtres d’écoles, étaient des corbeaux blancs, il y a cent ans; et, quant a l’administration de la justice, c’était pour la plupart l’affaire des seigneurs […]— (Stanisław Smolka, L’Europe et la Pologne à la veille et au lendemain de son démembrement, 1915.)
   • «Un cardinal allemand est aussi rare qu’un corbeau blanc» , disait-on.— (Henri Huvelin, Cours sur l’histoire de l’Église, 1967.)
3. (En particulier) (Histoire) Surnom donné aux industriels russes qui, sous le régime tsariste, finançaient Lénine.
   • Il faut cependant savoir que, même parmi la bourgeoisie, apparaissaient parfois des « corbeaux blancs ».— (Recherches soviétiques, Numéro 7, 1957.)
   • C’est un permanent du Parti, lequel se débrouille grâce à des soutiens occultes, procurés par des « corbeaux blancs » — (Le nouvel observateur, 1977.)
   • Si elle émane de la base comme ils le souhaitent, ils auront la priorité pour subir le destin des « corbeaux blancs » chers à Lénine. En général, « la Révolution dévore ses propres enfants ».
     ( N.d.A. : Corbeaux blancs : nom donné aux industriels russes qui, sous le régime tsariste, envoyaient de l’argent à Lénine avec l’espoir qu’il leur réserverait, après la Révolution, un sort privilégié. » . — (Gabriel Taïx, Le Socialisme profané et l’éternel Mitterrand, 1981.)
4. (Ornithologie) Nom vernaculaire du percnoptère ou vautour percnoptère (Neophron percnopterus).
   • Je ne vis dans ces plaines de Karroos que des spring-booken, et des lièvres d’autant plus abondants qu’un paysan dédaigne de leur envoyer un coup de fusil; je vis encore deux espèces d’oiseaux du genre outarde et des percnoptères, les mêmes que les Hollandais nomment witte-kradi, corbeau blanc, ourigourap des Namaquois.— (Adulphe Delegorgue, Voyage dans l'Afrique Australe, 1847)
   • Il n’y a pas de corbeau blanc. Le corbeau blanc est un mythe. Ou alors un surnom de Peau-Rouge considéré. Le corbeau blanc est une idée fausse. Ce qu’on appelle « corbeau blanc » est un vautour papa. — (Alexandre Vialatte, L’oiseau du mois, 1993)
   • Terre de liberté pour la gazelle et l’oryx, la girafe et l’autruche, l’hyène et la civette, la gent ailée des corbeaux blancs, des calaos et des pintades— (Madeleine Joret, L’Afrique en flânant, de Tamanrasset à Brazzaville: sept ans en Afrique noire, à la veille de la décolonisation, de 1953 à 1960, Volume 1, 1996)
5. (Ornithologie) Nom vernaculaire de la corneille mantelée.
   • Corneille Mantelée : On nomme vulgairement ce Corbeau dans quelques contrées de la France Jacobine, Religieuse, Meunière, à cause de la disposition des couleurs grises et noires de son plumage. C’est à lui que se rapportent les dénominations de Corbeau Blanc, Corbeau Cendré, Corbeau Jaillolé qu’on donne dans nos campagnes à tous les Corbeaux qui ne sont pas entièrement noirs, soit espèces, soit variétés. — (Jean-Baptiste Bailly, Ornithologie de la Savoie ou Histoire des oiseaux qui vivent en Savoie à l’état sauvage, soit constamment, soit passagèrement, tome 2, 1853)