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Arquebuse

Variantes Singulier Pluriel
Féminin arquebuse arquebuses

Définitions de « arquebuse »

Trésor de la Langue Française informatisé

ARQUEBUSE, subst. fém.

A.− ARM. (hist.). Arme portative, de taille et de poids variables, dont le projectile était à l'origine propulsé par un système analogue à celui de l'arbalète, puis par l'explosion d'une charge de poudre allumée au moyen d'une mèche ou par une roue dentée frottant sur de la pyrite :
1. ... voilà mes croquants en marche − imaginez, i-ma-gi-nez, vous dis-je! − armés de fleurets, d'arquebuses, de machines à rouet, que sais-je? de rapières et de colichemardes, grand-père en tête, vers le chef-lieu : la vengeance poursuivant le crime. Malraux, La Condition humaine,1933, p. 199.
2. Dans la chaîne féodale, après le trébuchet et l'arquebuse, les techniques militaires s'enrichissent finalement des armes à feu. Traité de sociol.,t. 2, 1968, p. 130.
SYNT. 1. Témoignant du perfectionnement de l'arme. Arquebuses à croc (Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 39) ,,Grosse et lourde arquebuse qu'on tirait en l'appuyant sur un instrument appelé Fourchette : cette arme servait surtout pour tirer de derrière les murailles d'une place.`` (Ac. 1835); arquebuse à mèche (Balzac, La Peau de chagrin, 1831, p. 21); − à rouet ,,Arquebuse légère qui était employée dans la guerre de campagne, et que portèrent d'abord les arquebusiers à cheval.`` (Ac. 1835); − rayée (J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 286) ,,Arquebuse dont le canon est rayé en dedans.`` (Ac. 1835); − à serpentin (Chesn. 1857); − à vent ,,Arquebuse chargée avec de l'air comprimé.`` (Besch. 1845); − butière ,,Arquebuse à rouet employée pour le tir à la cible, même après l'adoption du fusil à silex.`` (Littré). 2. Autres. Balle d'arquebuse; la mèche de son arquebuse; le rouet de l'arquebuse; à une portée d'arquebuse; ajuster son arquebuse; amorcer l'arquebuse; armer son arquebuse; porter l'arquebuse en travers de l'arçon; jeu de l'arquebuse ,,Divertissement de bourgeois qui s'assemblent à de certains jours pour tirer de l'arquebuse ou plutôt du fusil : on le dit aussi du lieu où ils s'assemblent.`` (Ac. 1835).
Spéc. [Dans les compagnies bourgeoises] Les arquebuses de la garde bourgeoise (Sardou, Patrie,1869, I, tabl. 1, 1, p. 4);tir à l'arquebuse (G. Sand, Les Beaux Messieurs du Bois-Doré,t. 1,1858, p. 8);les chevaliers de l'arquebuse (Lar. 19e);les rois de l'arquebuse (Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950, p. 265).
Rem. En arg. on relève les expr. ,,faire péter l'arquebuse, travailler énergiquement, s'en faire péter l'arquebuse, manger plus qu'à satiété`` (Esn. 1966).
B.− Eau d'arquebuse ou absol. arquebuse au xxes.
1. PHARM. Eau vulnéraire appelée d'abord eau d'arquebusade*, utilisée dans le traitement des blessures faites par les coups de feu :
3. Déjà, elle ne perdait plus une seconde. Elle envoya le Barthaut à sa sœur, de l'autre côté des étangs, mit dans un panier de l'onguent vulnéraire, de l'eau d'arquebuse, du linge, et partit avec la Fanchon, sans même prendre le temps de changer ses souliers plats. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 229.
2. P. ext. Liqueur alcoolisée composée de plantes aromatiques encore en usage dans certaines provinces. Les vingt-huit herbes qu'il faut pour fabriquer l'eau d'arquebuse (Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Pavillon des amourettes,1930, p. 17);frères maristes qui « fabriquent de l'eau d'arquebuse » (Huysmans, À rebours,1884, p. 286):
4. ... et des pipelettes du quartier qui sirotaient debout leur crème de cassis ou sifflaient leur arquebuse, vulnéraires alcoolisés, ... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 311.
5. Je dis à la mère Moreau de nous servir également un doigt d'arquebuse. Cette distillation pharmaceutique était diaboliquement pailletée d'or et avait un arrière-goût de camphre. Cendrars, Bourlinguer,1948p. 312.
Rem. Le sens n'est pas mentionné ds les dict. de l'Ac. et les dict. gén., mais est attesté ds Mont. 1967 et Ac. Gastr. 1962. Il figure gén. sous la vedette arquebusade.
PRONONC. ET ORTH. : [aʀkəby:z]. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit arquebûse pour souligner la durée longue de la dernière syllabe. Ac. Compl. 1842 mentionne encore l'anc. forme arquebouse.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− 1452 a. fribourgeois hakenbuchs masc. « arme à feu que l'on faisait partir à l'aide d'une mèche ou d'un rouet se bandant avec une clé » (Missival, la, 350, Arch. Fribourg ds Pat. Suisse rom. I, s.v. arquebuse : Dues hakenbuchsen peisent i quintal) − 1579 id. hagkenbuchs masc. (Büchi, Freiburger Akten zur Geschichte der Burgunderkriege [1474-81], Freiburger Geschichtsblätter, 16, 1, 141 ds Tappolet, II, p. 73). II.− A. 1. 1475 hacquebusie (La Fons, Artillerie de Lille, 27 ds Barb. Misc., t. 8, no1); 1475 haquebusche (Id., ibid.); 1478 haquebusse (Id., ibid.); 2. 1478 harquebuche (Garnier, Artillerie de Dijon, 34 ibid.); 1478 arquebuche (Compt de l'artillerie, A. mun. Dijon, II, aff. milit. ds Gdf. Compl.); B. 1. a) 1475 haquebuse (Lettre du Comte de Chimay, in G. Chastellain, Œuvr., éd. Kervyn, VIII, 266 ds Barb. loc. cit.); b) 1475 arquebuse (La Fons, Artillerie de Lille, 27, Gay t. 1, p. 73, ibid. : Au meme, pour une arquebuse de fer, 4 1. 16 s.); Trév. 1771 note : ,,On ne s'en sert plus aujourd'hui``; 2. a) 1470 hacquebute (Wavrin, Anch. Cron. d'Anglet., I, 314, Soc. de l'Hist. de Fr. ds Gdf.); cf. Du Fail, Contes d'Eutrapel, 22 éd. Courbet, II, 31-32 ds Hug. : Dedans et en la grand' fenestre sur la cheminee, trois hacquebutes [c'est pitié, il faut à ceste heure dire harquebuses]; b) 1521 harquebute (Négoc. France-Autriche, II, 506 ds Barb. loc. cit.) − xvies. ds Hug.; 3. 1481 haquebouthe (L. de La Trémoille, Arch. d'un serviteur de Louis XI, 131, ibid.), attest. isolée; C. 1. a) 1530 hacquebuz (Jean de Serre, Venue de la royne Alienor, Poés. fr. des xveet xvies., XI, 247 ds Gdf.), attest. isolée; b) 1552 harquebuz (Négoc. du Levant, II, 227 ds Barb. loc. cit.); seulement au xvies., Hug.; 2. a) 1527 hacquebouze (Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, ch. 64 ds Hug.), seulement au xvies.; b) 1534 arquebouze (Rabelais, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, I, p. 136). I (Fribourg) empr. à l'all. Hakenbüchse, de même sens, (m. h. all. Hakenbühse, Lexer30), composé de l'all. Haken « crochet » (racine indo-européenne *keg-, *kek- « cheville, crochet », Kluge20; IEW, I, 537) et Büchse « arme à feu » (lat. buxis, gr. π υ ξ ι ́ ς, v. boîte). II (Flandre, Bourgogne) empr. au néerl. haakbus, Gallas (m. néerl. haecbus(se), hakebus(se), Verdam), de même orig. que l'all. A 1 est un empr. direct; A 2 a été altéré sous l'influence de arc; altération de même orig. en harque-, arque pour B 1 b, B 2 b, C 1 b, C 2 b; les finales en -buse (B 1 a et b) représentent des altérations par attraction de buse*, nom d'oiseau (cf. faucon, émerillon, termes d'artillerie); les finales en -bute (B 2 a et b), et en boute (B 3) sont des altérations par attraction de buter* et bouter*, mots appartenant à la même sphère sémantique; v. aussi Behrens D., p. 48; Wind, p. 124; Valkh., p. 157; Gesch., p. 142. L'ital. archibugio (xves., Lorenzo di Medici ds Batt.) est empr. − soit à l'all. ou au néerl. (Migl.-Duro) − soit, plus prob. au m. fr. (DEI; Devoto); il a à son tour influencé les formes fr. au xvies., d'où C dont 1 a subi l'infl. de la lang. écrite, 2 de la lang. parlée. À rapprocher de haquebuse, arquebuse, le liég. hake « grande arquebuse » (Haust) empr. à l'all. Haken.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 106.
BBG. − Ac.-Gastr. 1962. − Bach.-Dez. 1882. − Barb. Misc. 8 1928-32, pp. 371-381. − Baudr. Chasses 1834. − Behrens D. 1923, pp. 48-49. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Burn. 1970. − Chesn. 1857. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Jal 1848. − Lammens 1890, pp. 25-27. − Leloir 1961. − Lep. 1948. − Mellot (J.). « Sagesse d'un Louis Racine je t'envie... ». Vie Lang. 1969, no212, p. 645. − Mont. 1967. − Pope 1961 [1952] § 57. − Wind 1928, p. 124.

Wiktionnaire

Nom commun - français

arquebuse \aʁ.kə.byz\ féminin

  1. (Armement) Ancienne arme à feu qu’on faisait partir au moyen d’une mèche.
    • Come je les veis esbranler pour tirer sur nous, je couchay mon arquebuse en jouë, visay droit à un des trois chefs, & de ce coup il en tomba deux par terre, & un de leurs compagnons qui fut blessé, qui quelque temps apres en mourut. — (Samuel de Champlain, Les voyages du Sieur de Champlain, Xaintongeois, capitaine ordinaire pour le Roy, en la marine, 1613)
    • Ce qu’il voit encore, ce sont des soudards qui, […], criblent de coups d’arquebuse un oiseau de bois fiché à la pointe d’un mai. — (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
    • J’ai dix arquebuses dans cette chambre, reprit Charles IX, avec lesquelles je touche un écu d’or à cent cinquante pas. Voulez-vous en essayer une ? — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre III)
  2. (Boisson) Boisson alcoolisée préparée par macération et distillation de plantes.
    • Selon certaines sources l’arquebuse ne serait plus commercialisée. — (site Web www.atontour.com)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ARQUEBUSE. n. f.
Ancienne arme à feu qu'on faisait partir au moyen d'une mèche. Arquebuse à croc. Voyez CROC. Arquebuse à rouet. Voyez ROUET.

Littré (1872-1877)

ARQUEBUSE (ar-ke-bu-z') s. f.
  • Ancienne arme à feu, qu'on faisait partir à l'aide d'une mèche ou d'un rouet se bandant avec une clef. Au temps de Louis XIV, l'arquebuse lançait une once sept huitièmes de plomb avec autant de poudre.

    Arquebuse à croc, grosse arquebuse que l'on appuyait sur un croc pour tirer.

    Jeu de l'arquebuse, exercice de tir ; lieu où se réunissent les arquebusiers.

HISTORIQUE

XVe s. Nostre queue estoit defendue de trois cens Allemans, qui avoient moult largement de coulevrines, et leur portoit on beaucoup de haquebutes à cheval, et ceux là faisoient bien retirer les Estradiots, Commines, VIII, 7.

XVIe s. Le mari avec sa arquebuse, et elle avec des pierres, se defendoient, Marguerite de Navarre, Nouv. LXVII. L'un fait tuer en trahison son ennemi d'un coup de pistole ou harquebuze, Lanoue, 248. Il fist desmonter environ 70 harquebuzes à croq de dessus leurs chevalets et les fist porter par ses gardes, Carloix, VI, 15. Et chacun une harquebuze à croc sans fourchette, Satir. mén. p. 13. Ils n'estoient que trente, l'espée à la main et l'arquebuë au fourreau, D'Aubigné, Hist. I, 289. L'arquebouse à la main gauche et l'espée à la droite, D'Aubigné, ib. III, 14. Il fut blessé d'un coup d'arquebute tout au travers du col, Paré, Introd. 24. Les harquebuses à croc, que l'on ne peut bien tirer si elles ne sont liées et accrochées sur du bois - le mot general [des armes à feu des gens de pied] harquebuse, mot tiré des Italiens à cause du trou par lequel le feu du bassinet entre avant dans le canon, car les Italiens nomment un trou buzio : et se nomme arc à cause qu'on en use maintenant comme…, Paré, IX, Préf. Et luy fut tiré plusieurs coups, tant d'artillerie que d'arbouze, Du Bellay, M. 38. De ceste heure là [1521] furent inventées les harbouzes qu'on tiroit sur une fourchette, Du Bellay, M. 55. Amour a faict de mon cœur une bute, Et Guerre m'a navré de haquebute, Marot, I, 329. Exepté qu'à tous faisoit laisser leurs piques, espées, lances et haquebutes, Rabelais, I, 44.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ARQUEBUSE. Ajoutez : - REM. L'arquebuse à croc ou crochet date du milieu du quinzième siècle ; elle est intermédiaire entre les armes portatives et les bouches à feu ; elle porte sur le canon un croc qui servait à la maintenir sur un chevalet au moment du tir ; le feu était mis à l'aide d'une mèche.

L'arquebuse à mèche date du commencement du seizième siècle ; elle est souvent désignée sous le simple nom d'arquebuse ; elle est garnie d'un bassinet, dans lequel est la poudre d'amorce, d'un couvre-bassinet et d'un serpentin qui porte une mèche allumée, qu'un mécanisme particulier permet, à l'aide d'une détente, de faire tomber sur la poudre contenue dans le bassinet.

L'arquebuse à rouet, arquebuse garnie d'une platine à rouet (voy. PLATINE).

L'arquebuse butière, arquebuse à rouet employée pour le tir à la cible, même après l'adoption du fusil à silex.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ARQUEBUSE, s. f. (Art milit.) arme à feu de la longueur d’un fusil ou d’un mousquet : c’est la plus ancienne des armes à feu, montée sur un fût ou long bâton. Ce mot vient de l’Italien acrobusio ou arco abuso ; arco signifie arc, & busio, trou : l’ouverture par où le feu se communique à la poudre dans les arquebuses qui ont succédé aux arcs des anciens, a donné lieu à cette dénomination.

L’arquebuse, selon Hanzelet, doit avoir quarante calibres de long, & porter une balle d’une once & sept huitiemes, avec autant de poudre. Le pere Daniel prétend que cette arme commença au plûtôt à être en usage sous la fin du regne de Louis XII. parce que Fabrice Colonne, dans les dialogues de Machiavel sur l’art de la guerre, ouvrage écrit à peu près dans le même tems, en parle comme d’une invention toute nouvelle : L’arquebuse, dit-il, qui est un bâton inventé de nouveau, comme vous savez, est bien nécessaire pour le tems qui court. L’auteur de la discipline militaire, attribué au seigneur de Langis, en parle de même : La harquebuse, dit-il, trouvée de peu d’ans ençà, est très-bonne. Il écrivoit sous le regne de François I. Cette arme avoit beaucoup de rapport à nos mousquetons d’aujourd’hui pour le fût & le canon, mais elle étoit à roüet.

Des arquebuses vinrent les pistolets ou pistolets à roüet, dont le canon n’avoit qu’un pié de long : c’étoient les arquebuses en petit.

Les arquebuses & les pistolets à roüet sont aujourd’hui des armes fort inconnues : l’on n’en trouve guere que dans les arsenaux & dans les cabinets d’armes, où l’on en a conservé par curiosité.

Le roüet qui donnoit le mouvement à tous les ressorts de ces armes, étoit une petite roue solide d’acier qu’on appliquoit contre la platine de l’arquebuse ou du pistolet : elle avoit un essieu qui la perçoit dans son centre. Au bout intérieur de l’essieu qui entroit dans la platine, étoit attachée une chaînette qui s’entortilloit autour de cet essieu quand on la faisoit tourner, & bandoit le ressort auquel elle tenoit. Pour bander le ressort on se servoit d’une clé, où l’on inséroit le bout extérieur de l’essieu. En tournant cette clé de gauche à droite, on faisoit tourner le roüet ; & par ce mouvement une petite coulisse de cuivre qui couvroit le bassinet de l’amorce, se retiroit de dessus le bassinet : par le même mouvement, le chien armé d’une pierre de mine, comme le chien du fusil l’est d’une pierre à fusil, étoit en état d’être lâché dès que l’on tireroit avec le doigt la détente comme dans les pistolets ordinaires ; alors le chien tombant sur le roüet d’acier, faisoit feu & le donnoit à l’amorce. On voit par cet exposé que nos pistolets d’aujourd’hui sont beaucoup plus simples, & d’un usage plus aisé que les pistolets à roüet. Hist. de la Mil. Franç. par le pere Daniel.

Lorsque l’arquebuse étoit en usage, on appelloit arquebusiers les soldats qui en étoient armés. Il y avoit des arquebusiers à pié & à cheval. On tire encore en plusieurs villes de France le prix de l’arquebuse pour le plaisir & l’amusement des bourgeois. On l’appelle ainsi, parce que l’établissement de ces prix avoit eu pour objet d’exercer les bourgeois des villes à se servir de cette arme avec adresse dans des tems où la garde de la plûpart des villes leur étoit confiée. Ces prix subsistent encore dans plusieurs villes, & quoique l’on s’y serve de fusils, ils retiennent leur ancien nom de prix de l’arquebuse. (Q)

Arquebuse à croc, est une arme que l’on trouve encore dans la plûpart des vieux châteaux : elle ressemble assez à un canon de fusil, & elle est soûtenue par un croc de fer qui tient à son canon, lequel est soûtenu par une espece de pié qu’on nomme chevalet. On s’en servoit beaucoup autrefois pour garnir les creneaux & les meurtrieres. On dit que la premiere fois qu’on ait vû de ces arquebuses, ce fut dans l’armée impériale de Bourbon, qui chassa Bonnivet de l’état de Milan. Elles étoient si massives & si pesantes, qu’il falloit deux hommes pour les porter. On ne s’en sert guere aujourd’hui, si ce n’est dans quelques vieilles forteresses, & en France dans quelques garnisons. Le calibre de l’arquebuse à croc est plus gros que celui du fusil, & bien moindre que celui du canon. On charge cette arme de la même maniere que le canon, & l’on y met le feu avec une meche. Sa portée est plus grande que celle du fusil. (Q)

Arquebuse ou Fusil à vent, (Physiq.) machine servant à pousser des balles avec une grande violence en n’employant que la force de l’air. Cette espece d’arme chargée d’air, a un effet qui ne le cede guere à celui des fusils ordinaires : mais en la déchargeant elle rend beaucoup moins de bruit. C’est apparemment ce qui a donné occasion aux histoires ou à la fable de la poudre blanche. Voyez Poudre à canon.

En effet, si ces histoires ont quelque réalité, on doit sans doute les entendre dans le sens figuré du fusil à vent, qui est capable de porter un coup assez meurtrier sans faire un bruit considérable : car comme le bruit d’un fusil ne vient point de la couleur de la poudre, mais qu’il est une suite nécessaire de l’explosion subite dont elle est capable, on doit croire que toute matiere qui se dilatera avec la même vîtesse, qu’elle soit noire ou blanche, éclatera de même.

Voici la description de l’arquebuse ou fusil à vent, donnée par M. Musschenbroek. On a conçu ce fusil comme partagé par le milieu, tant pour être plus clair, que pour mieux indiquer les parties qui le composent. AK, (fig. 14. Pneum.) représente le canon, dans lequel il y a une balle proche de K ; ce canon est entouré d’un autre canon ou conduit CDRE, de plus gros calibre que le précédent, & dans lequel l’air est pressé & gardé. MN est une pompe, dans laquelle coule le piston S ; la pompe est située dans la couche ou crosse du fusil : c’est avec cette pompe qu’on presse l’air dans le canon extérieur ECDR ; l’air y est introduit par la soûpape P près de la base de la pompe, mais l’air quand il est condensé, la tient fermée. Proche de L se trouve une autre soûpape, laquelle ouvre & ferme le trou ou la lumiere qui est au fond du canon S, & qui est de même diametre que le calibre du canon. Cette soûpape est toûjours poussée en-bas par un ressort spiral. La queue de cette soûpape traverse une petite boîte garnie de cuir gras, qui ne donne aucun passage à l’air ; & après s’être recourbée, elle se jette en-dehors du fusil proche de O dans une cannelure, de sorte qu’on peut la mouvoir en-dedans & en-arriere par le moyen de la clé du fusil, à laquelle elle est attachée. Lorsqu’on tire la queue en-arriere, la soûpape s’ouvre & laisse échapper l’air, qui sort alors par la lumiere située au fond du gros canon, & va frapper la balle, qui n’en reçoit guere moins de vîtesse que si elle étoit poussée par la poudre dont on charge un fusil ordinaire. Comme la clé ouvre & ferme la soûpape L fort brusquement, il ne s’échappe du canon que peu d’air à la fois ; de sorte que lorsque le fusil se trouve bien chargé d’air, on peut tirer plusieurs fois à l’aide de ce même air, avant qu’on soit obligé de recharger le fusil.

Lorsque l’extrémité de l’arquebuse n’a point la forme d’une crosse de fusil, alors la machine a plûtôt la forme d’une canne que d’un fusil, & on l’appelle en ce cas canne à vent.

La soûpape ne demeurant ouverte qu’un instant, il ne s’échappe à chaque fois, comme on vient de le dire, qu’autant d’air qu’il en faut pour faire partir une balle. On place les autres dans un petit canal ou réservoir que l’on tourne par le moyen d’un robinet, pour les placer successivement dans la direction du petit canon, ou pour les déplacer si on ne veut pas tirer. Au reste il faut remarquer que les dernieres balles sont poussées plus foiblement, parce que le ressort de l’air diminue à mesure que ce qu’il en sort lui laisse plus de place pour s’étendre : néanmoins communément le huitieme coup perce encore une planche de chêne épaisse de six lignes, & placée à la distance de 20 à 25 pas. De plus, l’air & la balle en sortant font peu de bruit, sur-tout si le lieu où l’on est, n’est point fermé : ce n’est qu’un souffle violent qu’on entend à peine à 30 ou 40 pas. La raison de cela est, que ni la balle, ni l’air qui la pousse, ne frappent jamais l’air extérieur avec autant de violence & de promptitude qu’une charge de poudre enflammée, dont l’explosion se fait toûjours avec une vîtesse extreme. Le fusil à vent se fait pourtant plus entendre dans un lieu fermé, que dans un endroit découvert, parce qu’alors la masse d’air qui est frappée, étant appuyée & contenue par des murailles ou autrement, fait une plus grande résistance. Au reste ces instrumens sont plus curieux qu’utiles. La difficulté de les construire, celle de les entretenir long-tems en bon état, les rend nécessairement plus chers, & d’un service moins commode & moins sûr que les fusils ordinaires. Le seul avantage qu’on y pourroit trouver, c’est-à-dire celui de frapper sans être entendu, pourroit devenir dangereux dans la société, & c’est une précaution fort sage de restraindre le plus qu’il est possible l’usage de ces sortes d’instrumens. De plus, ils n’ont point la même force que les armes à feu, & c’est une chose fort rare que les soûpapes retiennent l’air assez constamment pour garder long-tems l’arquebuse chargée. Voyez leç. de Physiq. exp. de M. l’abbé Nollet. (O)

On trouve la construction de cette espece d’arme, dans les élémens d’Artillerie de David Rivaut, précepteur du roi Louis XIII : elle a été inventée par un nommé Marin, bourgeois de Lisieux, & présentée au roi Henry IV. ce qu’il est à propos de remarquer, dit M. Blondel dans son livre de l’art de jetter les bombes, afin de desabuser ceux qui ont crû qu’on en devoit le secret à des ouvriers d’Hollande, qui en ont débité depuis. On peut encore observer qu’on en trouve la description dans la plûpart des traités de Physique, entre autres dans les leçons de Physique de M. l’abbé Nollet, pag. 233. tom. III. (Q)

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Étymologie de « arquebuse »

Wallon, harkîbuse ; bourguig. auquebutte ; ital. archibuso, arcobugio ; espagn. arcabuz ; bas-lat. arcus busus. On tire ce mot de l'italien, de arco, arc, et de bugio, trou, comme qui dirait arc à trou. L'Arioste, au chant IX du Roland furieux, donne il est vrai le nom de ferro bugio, fer creux, à l'arquebuse. Mais si le nom ancien en français est haquebute, il est probable que le mot italien est une altération de ce mot français, altération qui ensuite a chassé le mot français de notre propre langue. Haquebute vient de l'allemand Hakenbüchse, flamand haak-bus, qui signifie arquebuse à croc, de Haken, croc, et de Büchse, canon d'arme à feu. Pour Haken, voy. HACHE ; quant à Büchse, c'est une altération du mot latin pyxis, dont une altération non moins grande a fourni notre mot boîte (voy. BOÎTE).

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : D'après M. Dozy, au mot arcabuz, le français arquebuse vient directement non pas de l'allem. Hackenbüchse, mais de l'ancien flamand haeckbuyse (KILIAN, Etymologicum teutonicae linguae, I, 209, édit. van Hasselt).

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De l’allemand Hakenbüchse composé de Haken (« crochet ») et de Büchse (« arme à feu »).
La boisson, appelée anciennement « eau d'arquebuse », était censée guérir les blessures faites par les coups d'arquebuses et les armes à feu.
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Phonétique du mot « arquebuse »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
arquebuse arkœbyz

Évolution historique de l’usage du mot « arquebuse »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « arquebuse »

  • Il existait, vers la place de la Pavigne, une tour où les Romanais pouvaient montrer leur adresse en tirant à l’arc ou à l’arbalète et plus tard à l’arquebuse sur un oiseau de bois appelé “papegay”.
    Romans-sur-Isère/Histoires romanaises. Le Jeu de l’arquebuse ou Tir du papegay
  • L’arquebuse a été en usage essentiellement entre 1460 et 1660. En raison de son poids, qui varie entre 5 et 9 kilogrammes, l’arme nécessite la prise d’appui sur une fourche, nommée fourquin. La mise à feu est faite par un « serpentin » en fer fixé sur le côté du...
    L’arquebuse, l’arme qui deviendra parfois objet de décoration
  • On s’en doute, le nom de ce tout nouveau restaurant ne fait pas référence au fusil médiéval qui faisait de gros trous dans les gens. Ici, on ressort non seulement indemne, mais en bonne santé morale. Le chef, Jérôme, tenait à rendre hommage à son papy viticulteur et à ce digestif délicieusement vintage, issu de l’eau vulnéraire, médicament notamment destiné à soigner les blessures par… arquebuse.
    Tribune de Lyon — Lyon 2e. L'Arquebuse, le nouveau bistrot moderne de la rue Neuve - Tribune de Lyon
  • compagniedelarquebuse
    Unidivers — Rencontre avec la Compagnie de l’Arquebuse de Corbeil Hotel de l’Arquebuse Corbeil-Essonnes samedi 17 septembre 2022
  • Il existait, vers la place de la Pavigne, une tour où les Romanais pouvaient montrer leur adresse en tirant à l’arc ou à l’arbalète et plus tard à l’arquebuse sur un oiseau de bois appelé “papegay”.
    Romans-sur-Isère/Histoires romanaises. Le Jeu de l’arquebuse ou Tir du papegay
  • L’arquebuse a été en usage essentiellement entre 1460 et 1660.
    L’arquebuse, l’arme qui deviendra parfois objet de décoration
  • arquebuse.
    Tribune de Lyon — Lyon 2e. L'Arquebuse, le nouveau bistrot moderne de la rue Neuve - Tribune de Lyon
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  • Le tout, bien entendu, ponctué par les fameux coups d’arquebuse.
    JHM — Les Arquebusiers ont frappé un grand coup - JHM

Traductions du mot « arquebuse »

Langue Traduction
Anglais harquebus
Espagnol arcabuz
Italien archibugio
Allemand arquebus
Chinois arquebus
Arabe القربينة بندقية قديمة الطراز
Portugais arcabuz
Russe аркебуза
Japonais 火縄銃
Basque arquebus
Corse arquebus
Source : Google Translate API

Synonymes de « arquebuse »

Source : synonymes de arquebuse sur lebonsynonyme.fr

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Arquebuse

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