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Voilà

Définitions de « voilà »

Trésor de la Langue Française informatisé

VOILÀ, verbe et prép.

I. − Verbe. [Verbe défectif réduit à la forme unipersonnelle du prés. de l'ind. de l'aspect inaccompli]
Rem. ,,On ne peut se contenter de dire que [voilà] (...) est un présentatif car c'est là une qualification qui ne dit rien de la nature du signe, tout comme celle de démonstratif ou de possessif. Le terme de factif [qui marque l'expression d'un fait], lui aussi, fait allusion à une fonction, non à une structure, il est de peu d'utilité. L'examen de la syntaxe de voici-voilà nous place devant une évidence: c'est en tout point celle de la langue dénommée verbe`` (G. Moignet ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 7 no1 1969, p. 195).
A. − [Présente une pers. ou une chose relativement éloignées du locuteur et, plus gén., une pers. ou une chose, proche ou éloignée, que le locuteur veut désigner]
1. [Suivi d'un subst. ou d'un pron. (autre qu'un pron. pers. ou un pron. nég.)] « Voilà donc, » m'écriai-je d'une voix altérée, « cette fille qui devait m'être attachée jusqu'au tombeau! (...) » (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 150).Des cheminées d'usines, des maisons clairsemées et blanches qui se resserrent tout de suite et deviennent nombreuses,voilà la gare, nous descendons (Colette, Cl. école, 1900, p. 180).
Rem. L'oppos. entre voici et voilà tend à s'estomper: voilà, empl. deux fois plus que voici, est empl. même quand ce qui est désigné semble proche du locuteur. Dans l'oppos. voici/voilà, voilà apparaît comme la forme non marquée, c'est-à-dire utilisable dans tous les cas.
Que voilà. [Dans une phrase exclam.; quand le nom est qualifié par un adj. appréc.; voilà peut passer derrière ce nom] Que voilà de beaux fruits! les beaux fruits que voilà! Ah que voilà bien mon affaire! Dit-elle avec transport (Florian, Fables, 1792, p. 188).La jolie petite fille que voilà! (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 92).
[Le subst. est déterminé par une prop. sub. rel.] Voilà cet imbécile, à qui j'ai pourtant fait la partie belle, et qui n'a su ni me jeter dans un couvent ni me conquérir à sa philanthropie (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 191).Et puis avant qu'on soit assis à table, voilà un enfant qui crie: « Les vaches ont sauté la clôture » (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 172).
[Précédé d'un pron. atone] Me voilà; les voilà. Eh! vous voilà! bon jour, dit-elle: Que faites-vous ici seule sur un chemin ? (Florian, Fables, 1792, p. 36).Les voilà! les voilà! par les rues, les ruelles, les impasses, les places, les carrefours, encombrés de voitures et de passans; les voilà! les voilà! par la boue, les pavés, les immondices, les bornes, les ruisseaux, les filles de joie, les voilà! Comme ils folâtrent nos deux hommes! Les voilà! (Borel, Champavert, 1833, p. 215).
[Pour annoncer la venue, l'arrivée de qqn] Eh! eh! moi, je suis parti de Lyon avec deux doubles louis que m'avait donnés ma grand-mère, je suis venu à pied à Paris et me voilà (Balzac, Début vie, 1842, p. 431).Célestin revint avec les premières notes de: Maréchal, nous voilà... Il alla à la radio, la ferma (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 62).
[Le subst. est annoncé par un pron. atone pléonastique] J'ai quelque part une vieille mère; (...) y a à peu près quatorze ans que je n'ai reçu de ses nouvelles (...) La v'là sa lettre (Dumas père, Napoléon, 1831, v, 17etabl., 1, p. 113).
En voilà. Voilà de cela. Tu en veux? En voilà. − « Du pain! »« Tiens! en voilà! » dit le père Roque, en lâchant son coup de fusil (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 174).
En voilà pour. En voilà pour dix francs; en voilà pour un an. Des millions d'ennemis s'abattent ainsi, sur chaque cité, comme des nuages de sauterelles. En voilà pour quinze ans (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 190).
[Pour exprimer la surprise, la stupeur] En voilà des façons; en voilà des manières; en voilà d'une autre (vieilli). En voilà d'une bonne! (...) Ça ne me regarde pas, peut-être? (...) Savez-vous bien que vous chassez sur mes terres? (...) vous avez l'air de viser ma future (Dumas père, Chasse et amour, 1825, 14, p. 55).Mais en voilà bien d'une autre. Bombard ne va-t-il pas s'imaginer que la fameuse lettre est venue de ces jeunes gens (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 98).En voilà un olibrius! (Salacrou, Terre ronde, 1938, i, 1, p. 133).
En voilà assez! Ça suffit comme ça! Il ne faut pas en rajouter. V. assez ex. 39.
Fam. En veux-tu, en voilà; en voici, en voilà. À foison, à satiété, beaucoup, en abondance. Un médecin y t'en foutrait pour quinze francs de drogue et puis de la diète, en veux-tu en voilà (Giono, Colline, 1929, p. 104).
2. [Présente un fait proche du moment où l'on parle, dans le passé ou dans l'avenir] Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient (...). Voilà le souvenir enivrant qui voltige Dans l'air troublé (Baudel., Fl. du Mal, 1861, p. 78).
B. − [P. oppos. à voici; rappelle ce dont il vient d'être question]
1. [Introd. un développement nouveau]
a) Voilà que. [Suivi d'une complét.; situe un fait dans une succession, une chaîne] Voilà que Romain va arriver, ce grand fou; je l'entends d'ici (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 97).Et voilà que se retrouve le mot oublié ou réprouvé, l'âme (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 5).
En partic. [Présente un événement qui survient d'une manière brusque, inattendue] Flûte! voilà que se crève brusquement le journal trempé de pluie, tout s'éparpille (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1392).
b) [Présente une prop. indép. après une pause ou deux points] Je vais vous expliquer (et il hésitait toujours, avec un sourire doux et intimidé). Eh bien, voilà, je vais vous expliquer: c'est que je ne sais pas comment vous mettre au commencement (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 165).
c) [Dans le dialogue, marque l'embarras, l'hésitation] Bon. Eh bien, voilà! (Un silence.) Voilà! (Un silence.) (...) Bon. Bon, bon. Voilà. Tout est bien (Sartre, Mains sales, 1948, 3e tabl., 4, p. 107).
2. [Introd. un commentaire]
a) [Suivi d'une prop. interr. indir.] Voilà comment la Chambre conduit le ministère, et non le ministère la Chambre (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 383).Eh bien, voilà comme vous vous en allez?... cria Lisbeth à Crevel (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 360).Voilà pourquoi je t'ai porté, fait, dorloté, soigné, aimé jusqu'à l'absurde (Cocteau, Parents, 1938, i, 4, p. 207).
b) [Suivi d'une prop. sub. rel.]
[Avec antécédent neutre] Voilà ce qui s'appelle... Voilà ce que j'appelle avoir de la conduite (Chênedollé, Journal, 1805, p. 10).
[Sans antécédent] Voilà qui est bon. Est-ce fini? Allez, messieurs, la paix soit avec vous (Musset, Lorenzaccio, 1834, ii, 4, p. 149).
c) [Suivi d'un syntagme nom. commentant ce qui précède ou annonçant ce qui va suivre] Non, Sire, elle est trop bonne femme pour être au spectacle quand je suis ici.Voilà bien les maris, disait l'Empereur en riant, toujours confiants et crédules! (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 274).Voilà le point exact où nous sommes descendus. Les chefs du peuple, au pouvoir ou dans l'opposition, se sont mis au service des idées qu'ils condamnent (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 67).
[À la fin d'une énumération pour introduire un mot récapitulatif] C'est là qu'eurent lieu les embrassades, les bons souhaits, les serrements de mains, les recommandations d'être prudent chaque fois qu'on le pourrait, enfin c'est là qu'on se sépara. Voilà la vie! (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 153).Ce qui lui fait le plus de mal, c'est qu'il ne veut pas l'avouer à personne: voilà le pire (Pagnol, Fanny, 1932, i, 1ertabl., 8, p. 25).Elle est. Et moi aussi j'ai voulu être. Je n'ai même voulu que cela; voilà le fin mot de l'histoire (Sartre, Nausée, 1938, p. 219).V. hic ex. de Maupassant et vérité 1reSection I A 2 a α ex. de Pagnol.
d) Vieilli. [Suivi d'un inf.] Voilà parler, répondit le papa Gobseck qui me tendit la main (Balzac, Gobseck, 1830, p. 402).Car voilà trop causer, Et le temps que l'on perd à lire une missive N'aura jamais valu la peine qu'on l'écrive (Verlaine, Œuvres poét. compl., Fêtes gal., Paris, Gallimard, 1962 [1869], p. 93).
e) [Dans le dialogue, comme terme final d'une réponse] On me crut, et la gendarmerie chercha en vain, pendant un mois, l'auteur de cet accident. Voilà! (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Cloch., 1886, p. 665).Il me revient aussi étrangement à l'oreille le très bref et très sec « Voilà! » avec lequel Marino parut clore la visite et rompre l'envoûtement, en martelant plus fort le talon de sa botte (Gracq, Syrtes, 1951, p. 23).
Mais voilà. Mais voilà! Vous avez une femme, voilà! (Claudel, Échange, 1954, i, p. 750).
Et voilà. Vincent avait affirmé au retour qu'il s'était acheté une conduite: et voilà! (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 234).
Voilà tout. Ainsi la terrible besogne était achevée: elle était achevée voilà tout. Elle était faite (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 151).
C. − [Le subst. ou le pron. présenté par voilà sont caractérisés par un adj., un part., une prop. sub. rel., un compl.. circ. qui décrivent un état actuel résultant de circonstances antérieures exprimées ou explicites]
1. [Avec un adj. attribut] La voilà pimpante et proprette, toujours douce, soumise, obéissante (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 8).Le voilà riche à millions (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 345).
2. [Avec un part.] Et le voilà faisant une scène à Banville, ne le trouvant pas à l'unisson de son admiration! (Goncourt, Journal, 1887, p. 633).Te voilà bien avancé! (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1543).
3. [Avec une prop. sub. rel.] Le voilà qui se met à développer ce texte avec une abondance d'idées, une richesse de vues si fines ou si profondes, un luxe de métaphores si brillantes et si pittoresques, que c'était merveille de l'entendre (Chênedollé, Journal, 1822, p. 113).
4. [Avec un compl. circ. exprimant un lieu ou une situation] Le voilà devant ce miroir, Criant, pleurant, frappant la glace (Florian, Fables, 1792, p. 81).
5. P. iron. [Pour déplorer cette situation] Me/nous ... voilà bien! Allons! bon, du monde! Ah! bien! me voilà bien! (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, i, 9, p. 15).
6. [Pour déclarer que cette situation est arrivée à son terme, à son dénouement] M'/nous ... y voilà. Nous y voilà, dit l'ancien tonnelier en jetant la lettre au feu; patience, mes petits amis (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 180).
D. − Ne voilà-t-il pas que. [Souligne la surprise provoquée par un phénomène récemment survenu ou sur le point de survenir] Et ne voilà-t-il pas que, sans me regarder, sans m'écouter, sans me répondre, il prend la taille d'une femme, se met à valser (Goncourt, Journal, 1894, p. 565).
Voilà-t-il pas que (fam.). La porte bouge comme Si on entrait.Mais non.Voilà-t-il pas, pauvre homme, Que j'ai peur de le voir rentrer, moi, maintenant! (Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 774).
II. − Prép. [Suivi d'une indication de durée]
A. − [Indique l'intervalle de temps qui s'est écoulé depuis le moment où un événement a eu lieu jusqu'au moment présent] Il y a. Synon. voici.Voilà deux nuits, sur les communaux, il y a eu un coup de lanterne (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 10).
B. − Voilà... que. [Indique qu'une situation existe depuis un point du passé jusqu'au moment présent] Il y a... que. Les Mémoires de Retz. Voilà longtemps que je n'avais goûté pareille joie (Gide, Journal, 1902, p. 124).
REM.
V'là, var. pop.Père, v'là la pluie, je sors mes oies! (Zola, Terre, 1887, p. 45).V. supra I A 1 ex. de Dumas.
Prononc. et Orth.: [vwala]. Par contraction, v'là (supra rem. ex. de Dumas, Zola). Dans ne voilà-t-il pas, épenthèse d'un t de liaison (Nyrop Phonét. 1951, p. 143). Homon. formes conjuguées de voiler1 et 2. Ac. 1694: voila; dep. 1718: voilà. Étymol. et Hist. 1. 1342 vela s'emploie pour désigner une personne ou une chose relativement éloignée (Guillaume de Machaut, Le Dit dou Lyon, éd. E. Hoepffner, t. 2, p. 208: vela celui qui vainqui la bataille); 1485 précédé d'un pron. pers. me vella (Mistére du Viel Testament, XVII, 9609, éd. J. de Rothschild, t. 2, p. 13); a) 1485 en vella « voilà de ceci » (ibid., XI, 6205, t. 1, p. 241); 1601 s'emploie pour désigner à l'attention, une personne (P. Charron, De la Sagesse, Trois Livres, p. 270: et en voylà un en sa maison qui...); 1839 exclam. pour mettre en relief (Stendhal, Chartreuse, p. 38: en voilà du nanan!); b) 1485 précédé de que (Mistére du Viel Testament, XXI, 14393, éd. J. de Rothschild, t. 2, p. 231); 1498-1515 exclam. (P. Gringore, Vie Ms. S. Loys, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 224: o que velà ung villain mot!); 1635 (G. de Scudéry, La Comédie des Comédiens, p. 36: que voilà reciter de bonne grâce!); c) 1607 voilà suivi d'un inf. pour attirer l'attention sur une action qui est en train de se dérouler (H. d'Urfé, L'Astrée, t. 1, p. 464); 2. fin xives. vela s'emploie pour désigner des choses dont il vient d'être question précédemment (Froissart, Chroniques, éd. S. Luce, t. 11, p. 59); 1478-80 velà comment (Guillaume Coquillart, Enquête, éd. M. J. Freeman, p. 104); 1580 voilà pourquoy (B. Palissy, Discours admirables, éd. A. France, p. 335); 1601 voylà tout (P. Charron, op. cit., p. 44); 1627 voila qui est bien (Ch. Sorel, Le Berger extravagant, p. 335); 1627 voila ce que c'est + subst. (Id., ibid., p. 509: voila ce que c'est que le livre de Lysandre); 1643 voila ce que c'est + inf. (A. Arnauld, De la fréquente Communion, p. 702: voila ce que c'est que d'estre devot); 1672 en voilà pour suivi d'une indication temp. (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 452); 1725 en voilà assez formule pour mettre fin à un entretien (Marivaux, La Seconde surprise de l'Amour, p. 533); 1761 n'en voilà-t-il pas assez? (J.-B. Robinet, De la Nature, p. 327); 3. 1485 s'emploie pour présenter un subst. ou un pron. caractérisé, en relation avec des circonstances déjà exprimées (Mistére du Viel Testament, IV, 26281, t. 1, p. 101); 1607 le voilà qui (H. d'Urfé, op. cit., p. 250); 1610 nous voilà bien! (Béroalde de Verville, Le Moyen de parvenir, éd. Tournon, chap. 65, p. 205); a) 1580 en corrél. avec une circonstance de temps (Montaigne, Essais, I, 49, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 296); b) 1610 en corrél. avec un adv. de lieu t'y voilà (Béroalde de Verville, op. cit., chap. 8, p. 18); 4. 1511 vela pas s'emploie pour exprimer la surprise (P. Gringore, Sottie, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 235); 1568 voila pas (R. Garnier, Antigone, 2618, éd. W. Foerster, t. 3, p. 90); 1625 ne voila pas (H. d'Urfé, La Sylvanire, p. 50); 1627 ne voila-t-il pas (Ch. Sorel, op. cit., p. 172); 5. 1757 « il y a exactement (tel laps de temps) » (R.-L. Argenson, Journal et Mémoires, p. 256). Comp. de la 2epers. de l'ind. de voir* et de la particule (cf. voici). Fréq. abs. littér.: 33 309. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 48 941, b) 58 348; xxes.: a) 49 235, b) 39 020. Bbg. Anquetil-Moignet (N.). À propos du « verbe voici-voilà ». Mél. Moignet (G.). Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1980, t. 18, no1, pp. 23-30. − Chevalier (J.-Cl.). Exercices portant sur le fonctionnement des présentatifs. Lang. fr. 1969, no1, pp. 82-92. − Cressot (M.). Présentation de l'action subite. Fr. mod. 1942, t. 10, pp. 23-25. − Gardes-Tamine (J.). Introd. à la synt. Inform. gramm. 1986, no29, pp. 34-35. − Lecointre (S.), Le Galliot (J.). À propos d'une macrostructure du syst. verbal fr. Fr. mod. 1970, t. 38, pp. 322-329. − Moignet (G.). Le Verbe voici-voilà. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1969, t. 7, no1, pp. 189-209; Syst. de la lang. fr. Paris, 1981, pp. 279-285. − Quem. DDL t. 38. − Rothenberg (M.). Les Prop. rel. à antécédent explicite introduites par des présentatifs Mél. Michéa (R.). Ét. Ling. appl. 1971, no2, pp. 110-112. − Schifko (P.). Aspekte einer strukturalen Lexicologie... Bern, 1977, 387 p. − Togeby (K.). Gramm. fr. 4. Copenhague, 1984, p. 287.

Wiktionnaire

Préposition - français

voilà \vwa.la\

  1. Indique un moment antérieur au moment de l’énonciation.
    • Bien qu’il commence déjà à être un grand garçon, il ne connaissait pas encore ses lettres, voilà quinze jours. — (Alphonse Allais, Nouveau système de pédagogie, 1895)
    • Elle a décampé, voilà quinze jours, avec ses frusques, à l’anglaise ! — (Roger Martin du Gard, Les Thibault - Le Cahier gris, chapitre 4, Éditions de la Nouvelle revue française, Paris, 1922)

Verbe - français

voilà \vwa.la\ invariable défectif

  1. Introduit une personne, une chose ou son action que l’interlocuteur peut sentir, très souvent visuellement. Quelquefois par opposition à voici qui sert à désigner une personne ou une chose qui est proche.
    • Voilà votre chapeau et voici le mien.
    • Voilà la personne que vous demandez.
    • Voilà un homme qui s’avance vers nous.
    • Vous cherchez de l’ombrage ? En voilà à une petite distance.
    • Le voilà qui arrive.
    • Voilà l’ennemi.
    • Il me semble que voilà Coelio qui s’avance de ce côté. — (Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne, 1833)
    • Ce n’est pas la peine, me dit l’étranger ; l’homme que voilà est précisément ce qu’il me faut. — (Benjamin Constant, Adolphe, 1857)
    • « En voilà-t-il un âne ! Il court tout comme un cheval. Allons, hardi, bonne chance et pas de culbute ! » — (Comtesse de Ségur, Mémoires d’un âne, 1860)
    • Voilà ce que j’ai voulu et voilà ce que j’accomplis. — (Émile Zola, Une page d’amour, Note, Georges Charpentier, Paris, 1878)
  2. S’emploie encore pour marquer un état prochain, ou même actuel, et une action qui a lieu présentement.
    • Voilà qui est fait.
    • Voilà qui va bien.
    • Voilà qu’on sonne.
    • (Familier) Voilà ce que c’est que de faire l’impertinent. Tels sont les désagréments, les traitements fâcheux auxquels on s’expose quand on fait l’impertinent.
  3. Choses qui viennent d’être dites, expliquées, détaillées, par opposition à voici qui désigne ce qu’on va dire.
    • Voilà ce qu’il m’a dit et voici ce que je lui ai répondu.
    • Voilà ce qui en est résulté.
    • Voilà ce qu’il faut considérer.
    • Voilà sa raison.
    • Voilà sa preuve, voilà tout ce que je possède.
    • Du pain et du fromage, voilà quel a été son déjeuner.
    • Voilà les services que je lui ai rendus et voici quelle a été ma récompense.
    • (répétition, familier) Voilà voilà !
  4. (Familier) Il marque ce qu’une chose a d’inopiné, de subit.
    • Comme nous étions à la promenade, voilà qu’une ondée vint à tomber.
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Étymologie de « voilà »

(1538) Grammaticalisation de l’impératif vois .
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Phonétique du mot « voilà »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
voilà vwala

Fréquence d'apparition du mot « voilà » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « voilà »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « voilà »

  • Femme nue, femme noireVêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux.Et voilà qu’au cœur de l’Été et de Midi, je te découvre Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle.Femme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTam-tam sculpté, tam-tam tendu qui grondes sous les doigts du VainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.Femme nue, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peauDélices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’ÉternelAvant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor —  Chants d’ombre
  • Facilité, dis-je, me voilà ramené droit à Eluard. En effet, des mots de cette ardente langue française, qui jamais ne fut aussi femme que lorsque c’était lui qui la couchait sur le papier, il en est peu qui lui appartiennent autant que celui-là sous la forme de l’adjectif dérivé.
    André Pieyre de Mandiargues — Préface de Capitale de la douleur
  • Il faut donc choisir de deux choses l'une : ou souffrir pour se développer, ou ne pas se développer, pour ne pas souffrir. Voilà l'alternative de la vie, voilà le dilemme de la condition terrestre.
    Théodore Jouffroy — Cours d'esthétique
  • « Tu me payes un café ? » elle a demandé, « Voilà, voilà, je me doutais, elle allait réclamer quelque chose, je m’en doutais » je l’ai de nouveau regardée du haut en bas, elle était fagotée comme l’as de pique, son chemisier pas net la boudinait, sa jupe était tout élimée, ses habits semblaient récupérés, dans une poubelle, peut-être ?
    Richard Beugné — Les confessions de Nono Crobe
  • Il l’entendit enfin, sonore, vibrante de larmes et de défi à la fois : « Me voilà sur le chemin de Damas comme saint Paul, maître Pierre ! Ne m’oubliez pas, maître Pierre ! Auberi ! Adieu ! Auberi ! » Puis la voix se perdit parmi les autres. Toutes, elles s’éloignèrent peu à peu ; ceux qui étaient restés suivaient des yeux le cortège, qui avançait sur la route pierreuse, le long des rochers.
    Zoé Oldenbourg — La Pierre angulaire
  • Femme nue, femme noireVétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beautéJ’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeuxEt voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigleFemme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’AiméeFemme noire, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rongent ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’EternelAvant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor — « Femme noire »
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Créer - voilà la grande délivrance de la souffrance, voilà ce qui rend la vie légère.
    Friedrich Nietzsche — Ainsi parlait Zarathoustra
  • « Oh ! ne parlez pas de ma peine, » dit la Duchesse ; « je vous fais cadeau de tout ce que j’ai dit jusqu’à présent. » « Voilà un cadeau qui n’est pas cher ! » pensa Alice. « Je suis bien contente qu’on ne fasse pas de cadeau d’anniversaire comme cela ! » Mais elle ne se hasarda pas à le dire tout haut.
    Lewis Carroll — Alice au pays des merveilles
  • L’être ou le néant, voilà le problème. Monter, descendre, aller, venir, tant fait l’homme qu’à la fin il disparaît. Un taxi l’emmène, un métro l’emporte, la tour n’y prend garde, ni le Panthéon. Paris n’est qu’un songe, Gabriel n’est qu’un rêve (charmant), Zazie le songe d’un rêve (ou d’un cauchemar) et toute cette histoire le songe d’un songe, le rêve d’un rêve, à peine plus qu’un délire tapé à la machine par un romancier idiot (oh ! pardon)...
    Raymond Queneau — Zazie dans le métro
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