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Veiller

Définitions de « veiller »

Trésor de la Langue Française informatisé

VEILLER, verbe

A. − Empl. intrans.
1. Vieilli. [Corresp. à veillée A] Assister à une veillée; passer la soirée en compagnie. Veillé chez les ***; lecture, causerie et parties de dames (Amiel, Journal, 1866, p. 250).
2. Être en état de veille, ne pas être endormi. La douleur aiguë à son flanc, il doutait maintenant s'il l'avait vraiment éprouvée; il ne comprenait plus où commençait, où s'arrêtait son rêve, ni si maintenant il veillait, ni s'il avait rêvé tout à l'heure (Gide, Caves, 1914, p. 702).
3. Ne pas dormir volontairement pendant le temps consacré normalement au sommeil. Veiller tard, jusqu'à minuit, jusqu'au matin, toute la nuit; veiller pour attendre qqn, pour lire, pour travailler; veiller pour rester auprès/près d'un malade, d'un mort; veiller au chevet de qqn. Adolescent, il tirait un vif sentiment d'orgueil à veiller quand tous dormaient; il attendait l'ange qui vient visiter celui qui a résisté le plus longtemps au sommeil (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 120).
P. métaph. Au fond du sanctuaire À peine on aperçoit la tremblante lumière De la lampe qui brûle auprès des saints autels. Seule elle luit encor, quand l'univers sommeille: Emblème consolant de la bonté qui veille Pour recueillir ici les soupirs des mortels (Lamart., Médit., 1820, p. 196).
[Le suj. désigne une lumière] Bougie qui veille. Une petite lampe électrique veillait, sur la table de nuit (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 194).
4. Être de garde, en particulier, la nuit. Un réseau de barbelés encerclait la conférence. Des postes américains veillaient au-dehors et au-dedans et ne laissaient entrer, ni sortir, personne (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 77).V. vedette I A ex. de Hugo.
P. métaph. Sur les pitons aigus veillent en sentinelles d'étranges petites villes, dont les maisons-forteresses (...) se ramassent dans une étroite enceinte (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 343).
5. Être en éveil, être vigilant. Les chevaux faillirent s'emballer. Heureusement que le cocher veillait, et put les retenir à temps (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 149).
P. métaph. Sa présence d'esprit, sa vertu, veillaient dans le péril le plus extrême (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 133).
B. − Empl. trans.
1. Empl. trans. dir.
a) Vieilli. Surveiller.
α) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Il a de mauvais desseins, il faut le veiller de près (Ac.1835, 1878).[L'alpiniste aveugle] a le pied montagnard, puis son fils est là qui le veille, lui place les talons (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 187).
β) [Le compl. d'obj. désigne une chose] Jean-Louis, va-t'en veiller la bécane, garçon. Vois-tu que le type saute dessus et file derrière notre dos (Bernanos, Crime, 1935, p. 749).
MAR. Veiller les icebergs. Maintenant on veille l'horizon, et la première terre qui paraîtra tout à l'heure sera une terre bretonne (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 150).Veillant les éperons sous-marins, nous nous sommes engagés dans les couloirs étroits et sinueux dont les crêtes semblaient atteindre le ciel (Charcot, Mer Groëland, 1929, p. 62).
b)
α) Passer la nuit auprès d'un malade pour le surveiller, pour s'occuper de lui. Le médecin sortit. Il faudra veiller Jacques pendant cette nuit, mère Colas. S'il vous disait qu'il étouffe, vous lui feriez boire de ce que j'ai mis dans un verre sur la table (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 132).Moi qui l'ai veillé, toutes les nuits à l'époque de sa congestion pulmonaire (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 164).
β) Passer la nuit au chevet d'un mort. Le commandant (...) fait porter son corps à l'église (...). Toute la nuit, à tour de rôle, nous l'avons veillé. Moi, de dix heures à minuit (Arland, Ordre, 1929, p. 197).
P. métaph. Entr'ouverts ces cercueils ornés de fleurs mouillées Une lampe y demeure et veille mes noyées (Genet, Poèmes, 1948, p. 54).
c) Veiller que + subj.Synon. vieilli de veiller à ce que (infra 2 b).Veillez que chose pareille ne recommence pas (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Nos Angl., 1885, p. 53).Prends garde et veille que le char Qui porte mon enfant n'échappe à ton regard (Moréas, Iphigénie à Aulis, 1903, p. 150).
2. Empl. trans. indir.
a) Veiller à qqc./qqn.Prendre soin de quelque chose/quelqu'un, s'en occuper attentivement.
α) Rare. [Le compl. d'obj. désigne une chose concr.] Des domestiques (...) versaient les vins, veillaient au pain et aux carafes (Zola, Curée, 1872, p. 340).Femmes qui vivent au logis, font la soupe, veillent aux hardes (Mille, Barnavaux, 1908, p. 238).
Veiller au grain. V. grain II A.
β) [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Veiller au bonheur, à la conservation, à la défense, à l'éducation, à l'exécution, aux intérêts, au maintien, au salut, à la sécurité, à la sûreté de qqn/qqc. Quel délice ce m'est de me souvenir de ma vie chez toi, de ces quelques jours (...) où j'ai cessé de me contraindre, de me dissimuler, de veiller à mes paroles, de me faire une attitude! (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 272).
HIST. Veillons au salut de l'empire. [Chant patriotique sous la Révolution]
γ) Rare. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Je jure de veiller avec soin aux fidèles dont la direction m'est confiée (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 360).
b) Veiller à ce que + subj.Faire en sorte que, prendre garde que. Il faut (...) protéger la reproduction naturelle [des poissons] (...) en veillant à ce que les espèces ne soient ni pêchées, ni troublées, au moment du frai (Code pêche fluv., 1875, p. 136).
c) Veiller à + inf.Faire en sorte que, prendre garde à. Un pré marécageux où il faut veiller à ne pas s'enfoncer (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 226).Dieu sait si les nazis veillaient à empêcher toutes relations entre Français et Allemandes (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 197).
d) Veiller sur qqc./qqn.Surveiller attentivement quelque chose/ quelqu'un, en prendre soin.
α) [Le compl. d'obj. désigne une chose concr.] Veiller sur le linge. Il se pratiquait des lectures gratuites à l'étalage des libraires par les jeunes gens affamés de littérature et dénués d'argent. Les commis chargés de veiller sur les livres exposés laissaient charitablement les pauvres gens tournant les pages (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 293).[Les] adultes (...) apprennent au petit à veiller sur sa pelle lorsqu'on le mène au jardin public (Jeux et sports, 1967, p. 129).
P. métaph. L'étroit passage entre les Corbières et la mer, sorte de Thermopyles sur lesquelles veillait le château de Salses (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 353).
β) [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Veiller sur le bonheur, la conduite, les jours, le sommeil, la vie de qqn. Si l'homme ne veille pas sur les desirs de son ame, et sur sa priere même, il peut encore augmenter son infortune, parce que les desirs de l'homme sont puissants (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p. 72).Il faut que tu veilles sur ta santé cérébrale pour qu'elle ne soit plus troublée par le moindre malaise (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 285).
P. métaph. Une de ces lampes antiques et pâles qui veillent au milieu de la nuit sur le sommeil ou la volupté (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 411).
γ) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Veiller sur ses enfants. Matrena Pétrovna erre, dans la maison, de la cave au grenier, veillant sur l'époux comme une chienne de garde, prête à mordre, à se jeter au-devant du danger, à recevoir les coups, à mourir pour son maître (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 22).
Prononc. et Orth.: [vεje], [ve-], (il) veille [vεj], [vε:j]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. ca 1120 veillier « être en état de veille; ne pas dormir pendant le temps destiné au sommeil » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, 101, 8); 2. 1176-84 villier (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 3202); 3. 1210 « rester constamment en éveil pour intervenir en cas de besoin » (Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, éd. O. Schulz-Gora, 6101). B. Trans. 1. 1340 « tenir quelqu'un dans l'état de veille » (Gilles le Muisit, Li Lamentations ds Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 63) − 1573 [éd.], J. A. de Baif ds Gdf. Compl.; 2. a) 1409 « passer la nuit au chevet d'un mort » Avoir... veliet le corps de le ditte feue (3 août, Exéc. test. de Maigne Esquiequelme, VeDestamquierque, A. Tournai, ibid.); b) 1465 « passer la nuit auprès d'un malade, pour l'assister en cas de besoin » (Exéc. test. Grard Le Crich, A. Tournai, ibid.: Pour avoir veillié ledit deffunct durant sa malladie); 3. ca 1590 [éd.] « exercer une surveillance sur quelque chose ou sur quelqu'un » (Montaigne, Essais, I, 23, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 111); 4. 1794 « (d'une source lumineuse) rester allumée auprès de quelqu'un, constituant ainsi une sorte de présence » (Chénier, Élégies, p. 53: C'est moi, près de son lit, qui fis veiller les feux Pour garder mes amours, pour éclairer nos jeux). C. Trans. indir. 1. veiller à a) 1538 + subst. « s'occuper activement de quelque chose, y donner tous ses soins » (Est.); b) 1538 « prendre garde à » (ibid.); c) 1549 veiller à faire qqc. (ibid.); mil. xviiies. veiller à ce que + subj. (Montesquieu, Esprit des Lois, XV, XVII, éd. J. Brethe de la Gressaye, t. 2, p. 232); 2. 1553 veiller sur qqn, qqc. (La Bible, s.l., impr. J. Gérard, Nomb. 31, 30). D. Subst. 1536 ung... veiller nocturne (R. de Collerye, Le Blason des Dames ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 127). E. 1690 « passer la veillée avec des parents, des amis, pour se distraire » (Fur.: On va ce soir veiller chez un tel, on y jouëra, on y dansera). Du lat. class. vigilare « veiller, être éveillé, être sur ses gardes, attentif », dér. de vigil « éveillé, vigilant, attentif », comme subst. « garde de nuit, veilleur ». E est dér. de veille* étymol. I; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 3 756. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 501, b) 6 119; xxes.: a) 5 816, b) 4 500.
DÉR.
Veilloir, subst. masc.a) Région. Lieu où se déroule une veillée. Les vieilles riaient dans le veilloir, arrêtant le mouvement de leurs pauvres mains tremblantes, qui tricotaient des bas ou filaient de l'étoupe (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 17).b) Technol. Table où travaillent les bourreliers, les cordonniers, les selliers. (Dict. xixeet xxes.). [vεjwa:ʀ]. 1resattest. a) 1680 « table sur laquelle le bourrelier place ses outils et ses matériaux » (Rich.), b) 1881 région. « cave dans laquelle les femmes veillent ensemble en travaillant » (Menière, Gloss. du pat. ang.), 1893 id. « lieu où l'on se réunit pour faire la veillée » (Martellière, Gloss. Vendômois); a dér. de veiller étymol. A, suff. -oir*, cette table étant ainsi appelée parce que les ouvriers se rangent autour pour travailler le soir à la chandelle (v. FEW t. 14, p. 438b, note 10); b mot du centre de la France, dér. de veiller étymol. E au sens de « faire la veillée », suff. -oir*.

Wiktionnaire

Verbe - français

veiller \vɛ.je\ intransitif ou transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. S’abstenir de dormir pendant le temps destiné au sommeil.
    • Mal éclairée d’un quinquet nu, la famille veillait autour du poêle triangulaire. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Alors qu’elle avait l’habitude de se coucher avec les poules, avec lui elle aimait veiller jusqu’à point d’heure pour ne pas gaspiller ces précieux moments pendant lesquels elle pouvait profiter encore et encore de sa vie. — (Frank Saraky et Lora Saltiel, Seul dans un champ de maïs : d’un risque à l’autre, Publibook, 2007, page 220)
  2. (Absolument) Ne pas dormir.
    • Or le bar était vide. Léon, à son comptoir dormassait, en chandail, tandis que sa chienne, près de lui, sur une chaise, veillait. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Evans, plus rompu aux voyages, ronflait ; tous les gens de la maison étaient endormis ; je veillais seul au milieu d’un silence solennel […] — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Plon & Cie, Paris, 1883, page 94)
  3. Être de garde la nuit.
    • On traversa là salle des gardes. Autrefois douze hommes, levés sur les terres de la comté, veillaient incessamment dans cette salle. — (Alexandre Dumas, Les Deux Diane, 1847, chapitre 1)
    • Pourtant cette nuit-là, on avait mal dormi : la génisse aux Mortiers vêlait et le Camille y avait veillé jusqu’au petit jour. — (Jean Rogissart, Mervale, Éditions Denoël, Paris, 1937, page 19)
  4. (Figuré) Prendre garde ; appliquer ses soins, son attention à quelque chose.
    • À la tombée de la nuit, six hommes de garde envoyés par le caïd sont venus s’accroupir autour de notre petit campement pour veiller à notre sécurité. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 49)
    • […], et la sœur de la Moussotte, consciente de ses devoirs, veillait à ce que tous ceux qui étaient venus ne manquassent de rien. — (Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Dans le tohu-bohu de la sacristie m’échoyait l’honneur d’aider le prêtre à se vêtir des ornements. Je présentais l’amict, l’aube, l’étole. Je veillais à la pose de la chasuble. — (Yanny Hureaux, Bille de chêne: Une enfance forestière, Jean-Claude Lattès, 1996)
    • Pendant trois ans, c'est un homme à l’enthousiasme éteint, mort à Lomé, qui veillera sans états d’âme sur le retrait de la France d'Afrique : […]. — (Stephen Smith et Antoine Glaser, Comment la France a perdu l’Afrique, Éditions Autrement/Calmann-Lévy, 2005, partie 2, § 1)
  5. (Canada) Sortir ; faire la fête.
    • On n’hésite pas à faire des kilomètres pour aller veiller chez un voisin. — (Gabriel Dussault, 1983)
  6. (Transitif) Garder pendant la nuit.
    • Veiller un malade. — Il est plus mal, il faut que quelqu’un le veille.
  7. (Religion) Passer la nuit auprès d’un mort et, particulièrement, passer la nuit en prières auprès d’un mort.
    • Des prêtres, des religieux veillent le mort.
  8. (Fauconnerie) Empêcher de dormir, en parlant d’un oiseau, afin de le dresser ensuite plus aisément.
    • Veiller un oiseau.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

VEILLER (vè-llé, ll mouillées, et non vè-yé) v. n.
  • 1S'abstenir de dormir pendant le temps destiné au sommeil. Veiller très tard. Toute la nature sommeille ; Mais non, j'ai tort, je m'aperçoi Que, dans ce beau lit où je veille, Mes puces veillent avec moi, Sarrasin, dans RICHELET. Je ne saurais veiller sans en être fort incommodée, Maintenon, Lett. à d'Aubigné, 5 août 1685. Mme du Deffant, après avoir veillé toute la nuit chez elle-même ou chez Mme de Luxembourg, qui veillait comme elle, donnait tout le jour au sommeil, Marmontel, Mém. VIII. Il faut que les hommes veillent sans relâche pour saisir les circonstances de ces mouvements inaltérables [des corps célestes], et pour connaître la nature, qui ne se repose jamais, Bailly, Hist. astr. Disc. prél. p. 2. Et ne veillez-vous qu'au bal ? - Un peu aussi pour le pharaon, un peu dans les petits soupers donnés à Mme la vicomtesse, Genlis, Théât. d'éduc. Dangers du monde, I, 3.

    Fig. Veille, ma lampe, veille encore ; Je lis les vers de Dufresnoi, Béranger, Ma lampe.

    Substantivement. En vain par le veiller on acquiert du savoir, Régnier, Sat. IV.

  • 2Ne point dormir, être dans l'état de veille. Ne sens-je pas bien que je veille ? Ne suis-je pas dans mon bon sens ? Molière, Amph. I, 2. Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ? Boileau, Sat. VI. Lorsque l'âme a la perception ou le sentiment réfléchi de la suite de ses modifications, elle veille, Bonnet, Causes prem. VI, 24.

    Veillé-je ? sorte d'interrogation qu'on se fait à soi-même pour s'assurer que l'on veille en effet, et que ce qu'on voit, ce qu'on entend est réel. Elle me fuit ! veillé-je ? ou n'est-ce point un songe ? Racine, Iphig. II, 7.

  • 3Être de garde. Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre, Est sujet à ses lois [de la mort] ; Et la garde qui veille aux barrières du Louvre, N'en défend pas nos rois, Malherbe, VI, 18. Une chose qui caractérise encore le despote, c'est la faiblesse ; plus il veut qu'on dépende, plus il dépend lui-même ; sa garde, qui veille pour lui, veille aussi contre lui, Condillac, Hist. anc. Lois, ch. 4.
  • 4 Fig. Prendre garde, appliquer son attention à quelque chose. La reine d'Angleterre veillait sans relâche sur sa conscience, Bossuet, Reine d'Anglet. Le prince, par son campement, avait mis en sûreté non-seulement toute notre frontière et toutes nos places, mais encore tous nos soldats ; il veille, et c'est assez, Bossuet, Louis de Bourbon. Ces pieux fainéants… Veillaient à bien dîner, Boileau, Lutr. I. Depuis six mois entiers j'ai cru que, nuit et jour, Ardente, elle veillait au soin de mon amour, Racine, Bajaz. IV, 4. Ils conjuraient ce Dieu de veiller sur vos jours, Racine, Esth. III, 4. Les lois veillent sur les crimes connus ; et la religion, sur les crimes secrets, Voltaire, Pol. et lég. S'il est utile d'entret. le peuple dans la superst. Ces deux partis [whig et tory] veillent l'un sur l'autre, ils s'empêchent mutuellement de violer le dépôt sacré des lois, Voltaire, Princ. de Babylone, 8. Dans tous les États du monde la police veille avec le plus grand soin sur ceux qui instruisent, qui enseignent, qui dogmatisent ; elle ne permet ces sortes de fonctions qu'à gens autorisés, Rousseau, Lett. de la Mont. 5.
  • 5 Terme de marine. Se dit de l'état d'un rocher dont la partie supérieure se découvre à mer basse,

    Veille au grain ! voy. GRAIN, n° 23.

  • 6 V. a. Passer la nuit auprès de quelqu'un pour le soigner. Elle le veilla tout le temps de sa maladie, elle reçut son dernier soupir, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 177, dans POUGENS.

    Veiller un mort, passer la nuit auprès d'un mort.

    Terme de fauconnerie. Veiller un oiseau, empêcher un oiseau de dormir, afin de le dresser ensuite plus aisément.

    Fig. Veiller quelqu'un, surveiller sa conduite. Je ne pouvais douter que je ne fusse veillé à l'œil, Mirabeau, Lett. orig. t. I, p. 380. Ils le veillèrent si bien qu'ils surprirent des lettres écrites à des partisans du roi, Anquetil, Ligue, III, p. 273.

    PROVERBE

    Jeunesse qui veille et vieillesse qui dort, c'est signe de mort.

HISTORIQUE

XIIe s. …On songe bien en villant ; Aussi de voir [vrai] com de mencoigne Sont li penser comme li songe, Chrestien de Troyes, dans HOLLAND, p. 266. Mil eschargaite [sentinelles] les gaitent en voillant, Ronc. p. 111. Et souspirer et veiller sans dormir, Couci, x. En salmes e oreisuns tute la nuit veilla, Th. le mart. 162. Tuit cil ki desirent faire ce ke al munde atient, font alsi com voilier ; et tuit cil ki quierent lo deventrier [intérieur] repaus et par pense fuient la noise del munde, font alsi com dormir, Job, p. 479.

XIIIe s. Sainte Eglise se plaint ; ce n'est mie mervelle ; Cascuns de guerroier contre li s'aparelle ; Si fil sont endormi ; n'est nul qui por li velle ; Elle est en grant peril, Rutebeuf, 233. Quant Flores dort et ses cuers [son cœur] velle, Fl. et Bl. 1485.

XIVe s. Les gardes des cités doivent celui [Dieu] doubter, sans la garde duquel l'en veille pour noient, J. de Vignay, Eschès, f° 74.

XVIe s. …le triste veiller m'est pire que la mort, Et le songe m'est vie heureuse et favorable, Desportes, Imitation de l'Arioste. Il n'y en a point qui me veillent [surveillent] de si prez, Montaigne, I, 108. Assez veille qui bien fait, Cotgrave

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Étymologie de « veiller »

Wallon, veuy ; bourguig. vaillé ; provenç. velhar ; espagn. velar ; ital. vigliar ; du latin, vigilare, qui vient de vigil, éveillé ; comparez le goth. vakan, allem. wachen, veiller.

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Du latin vigilare. - lui-même dérivé du latin classique: vigil (éveillé)
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Phonétique du mot « veiller »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
veiller vɛje

Fréquence d'apparition du mot « veiller » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « veiller »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « veiller »

  • Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas cette société des sans-papiers, des expulsions, des soupçons à l’égard des immigrés, pas cette société où l’on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité sociale, pas cette société où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner, si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance.
    Stéphane Hessel — Indignez-vous !
  • La comète de l’amour ne frôle notre coeur qu’une fois par éternité. Il faut veiller pour la voir. Il faut attendre longtemps, longtemps, longtemps.
    Christian Bobin — Une Petite Robe de fête
  • Nul ne peut veiller sur sa solitude, s'il ne sait se rendre odieux.
    Emil Michel Cioran
  • Mieux vaut étudier que jeûner tout un jour et veiller toute une nuit pour méditer en vain.
    Confucius
  • Tout citoyen peut veiller sur son voisin ! N'hésitez pas à prendre des nouvelles de vos proches et de vos voisins, notamment de ceux plus fragiles. En cas de malaise, d'état de confusion inhabituel, appelez votre médecin ou le 15.
    Saint-Agrève : les conseils pour mieux supporter la chaleur - La Commère 43
  • Il est de la responsabilité de tous de veiller à ce que les nouveaux moyens de diffusion de l'information se traduisent par un enrichissement, et non un appauvrissement du patrimoine culturel mondial.
    Pierre Joliot — La Recherche passionnément
  • Nous payons des impôts pour rétribuer des fonctionnaires chargés de veiller à ce que nous payions bien nos impôts afin de rétribuer d’autres fonctionnaires.
    Anonyme
  • Les cheveux longs, oui, à condition de veiller à les garder en parfaite santé. Exit les fourches et les longues masses de cheveux lisses ou broussailleux peu désirables. Désormais, on assouplit nos ondulations avec des mousses adaptées ou on lisse nos cheveux en appliquant des huiles hydratantes à souhait (huiles d’argan, de coco et de jojoba). 
    Marie France, magazine féminin — 24 coiffures qu’on porte toutes et que les hommes détestent
  • "L’objectif est de surveiller la population des cistudes, et veiller à ce qu’elles se multiplient", explique la jeune femme. Sur 51 individus capturés cette année, 39 n’étaient pas marquées, ce qui témoigne d’une bonne reproduction de cette espèce menacée.
    midilibre.fr — Agde : une tortue menacée se cache à la réserve naturelle du Bagnas - midilibre.fr
  • Pour cela, il vous est demandé de veiller à respecter avec rigueur les règles de distanciation et les modalités d'inscriptions aux diverses représentations proposées tout au long de cet été.Modalités d'inscriptions :Places limitées,Réservation obligatoire, soit au guichet de l'office de tourisme soit en ligne via le site de la ville,Entrée contrôlée,Présentation obligatoire du justificatif de réservation,Se présenter sur le site à l'heure indiquée sur le billet,Port du masque conseillé,Respecter 1 mètre de distance entre individu
    frequence-sud.fr — Les concerts gratuits du mois d'août à Istres - Istres - Frequence-sud.fr
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Traductions du mot « veiller »

Langue Traduction
Anglais watch
Espagnol velar
Italien orologio
Allemand sehen
Chinois
Arabe راقب
Portugais ver
Russe смотреть
Japonais 見る
Basque zaintza
Corse fighjà
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Synonymes de « veiller »

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Veiller

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