La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « vôtre »

Vôtre

Définitions de « vôtre »

Trésor de la Langue Française informatisé

VÔTRE, adj. poss., pron. poss. et subst.

I. − Adj. poss. de forme tonique, vieilli ou littér. [En fonction d'attribut du suj. ou du compl. d'obj. dir., avec des verbes comme être, devenir, faire, considérer comme, regarder comme] Qui est à vous, de vous, qui vous appartient, qui se rapporte à vous (au pluriel de la deuxième personne avec plusieurs possesseurs ou au pluriel de politesse ou de majesté).
A. − [Le subst. suj. ou obj. désigne une chose; marque l'appartenance, la possession de fait ou de droit ou la référence à l'interlocuteur]
1. [Le subst. désigne une chose concr.] Vous ne doutez pas que je n'aie envie 1 d'entrer dans votre papier, puisqu'il est vôtre, et 2 de gagner quelques piastres avec ma copie (Flaub., Corresp., 1867, p. 290).Le mandataire de qui? demanda Zelten.D'un pays que vous vous retirez le droit de dire vôtre, l'Allemagne (Giraudoux, Siegfried et Lim., 1922, p. 274).
2. [Le subst. désigne une chose abstr.] Quand vous êtes présent, je ne suis pas absent. Ce triomphe est vôtre, et vous en êtes l'âme (Hugo, Corresp., 1873, p. 350).
RELIG. [Le possesseur est Dieu, au plur. de majesté] Seigneur! (...) Puisque je serai votre prophète, m'accorderez-vous de conduire les hommes à mon gré? Me sera-t-il donné de prendre leurs volontés et de les faire vôtres, en les sentant miennes? (Estaunié, Empreinte, 1896, p. 343).
B. − [Le subst. désigne une ou des pers.]
1. [Marque la parenté ou des rel. soc.] À vous.
a) [Renvoie à plusieurs pers.] Ne laissez pas Jeanne [d'Arc] dans l'Église, prenez-la, interprétez-la. Elle est à tous, elle est vôtre (Barrès, Cahiers, t. 9, 1912, p. 311).
b) [Renvoie à une seule pers., au plur. de politesse] Mais je vous le redis sérieusement, irrévocablement: si je dois renoncer à l'espoir d'être vôtre un jour, la vie n'a plus de sens pour moi (Montherl., Jeunes filles, 1936, p. 1050).
2. [Dans une formule de politesse servant à conclure une lettre; renvoie le plus souvent à une seule pers., au plur. de politesse] Qui est tout à vous, qui vous est tout dévoué. Amicalement, cordialement vôtre. J'aurai probablement bientôt occasion de vous serrer la main à Bruxelles, ainsi qu'à vos honorables associés, mes amis. Bien vôtre, Victor H (Hugo, Corresp., 1865, p. 496).Je vous prie, mon cher ami, de me mettre aux pieds de MmeCharpentier et de me croire vôtre (Flaub., Corresp., 1873, p. 61).
P. plaisant., à valeur indéf. [Précédé d'un adv., en empl. qualificatif] Chirac a commencé l'année avec une seule préoccupation en tête: l'inflationque, décidément, son gouvernement ne parvient pas à juguler. Méritoire mais édifiant aveu, au moment où Giscard, impavide et « mondialistement vôtre », assurait: « Le ciel de l'économie s'éclaircit » (Le Nouvel Observateur, 5 janv. 1976, p. 22, col. 3).
C. − [Pour exprimer des valeurs affectives, notamment l'intérêt personnel porté à l'être ou à la chose en question] Hauteville-House, 31 décembre. Ce que vous recevrez en même temps que ce mot n'est pas encore le frontispice promis pour vos Misérables. Ils sont bien vôtres, car si j'ai fait le livre, vous et Auguste, l'avez mis au monde (Hugo, Corresp., 1862, p. 431).
II. − Pron. poss. Le vôtre, masc. sing., la vôtre, fém. sing., les vôtres, masc. ou fém. plur. [Précédé de l'art. déf.; renvoie à un subst. précédemment exprimé; représente plusieurs possesseurs de la 2epers. du plur. − ou un seul possesseur au plur. de politesse − auxquels le locuteur s'adresse ou écrit et dont il s'exclut; sert à marquer l'appartenance, la possession de fait ou de droit, la dépendance, la soumission, la référence à vous]
A. − [Renvoie à plusieurs possesseurs de la 2epers. du plur.]
1. [Pour exprimer l'appartenance, la possession, la référence à vous de la 2epers. du plur.; le subst. représenté désigne une chose] À vous, de vous, qui vous appartient, qui vous concerne. Oui, nous le disons sans crainte, saints et saintes de Dieu, quelle gloire est semblable à la vôtre? (...) Quelle popularité y a-t-il qui puisse se comparer à la vôtre dans le cœur des peuples chrétiens? (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p. 322).Ce consentement d'Alissa, que tu n'es pas capable de décrocher, je te l'obtiendrai par la force de notre exemple. Nous lui persuaderons qu'on ne peut célébrer notre mariage avant le vôtre (Gide, Porte étr., 1909, p. 529).
Rem. Peut prendre toutes les fonctions d'un subst. sing. ou plur., suj., attribut du suj. ou de l'obj., compl. d'obj. dir., compl. prép.
Rare. [Le subst. est suggéré par le cont.] Et là-haut, sur l'impériale, vous tous, messieurs les chasseurs de casquettes, qui étiez toujours de si bonne humeur, et qui chantiez si bien chacun la vôtre, le soir, aux étoiles, en revenant! (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 105).
2. [Pour exprimer les rel. de parenté, de vie soc., le subst. représenté désigne une ou des pers.] Nous marchons sur un terrain dangereux. Tous nos amis conspirent pour nous. Les vôtres, les miens, qui sont quelquefois les mêmes. Du moins les miens sont toujours les vôtres (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 819).
RELIG. [Pour exprimer une rel. spirituelle] Partez, amis, parents, réunis dans cette maison mortuaire pour mêler vos pleurs aux pleurs de la veuve (...). Vous ne savez pas où vous allez et où vous conduisez ce mort et sa mère. Vous les conduisez vers le Prince de la vie, vers leur Sauveur et le vôtre (Monod, Sermons, 1911, p. 157).
3. [Pour exprimer des rel. affectives, habituelles]
a) [Pour marquer l'intérêt personnel] Le salut de la France et le vôtre, gens riches, c'est que vous n'ayez pas peur du peuple, que vous alliez à lui, que vous le connaissiez (Michelet, Peuple, 1846, p. 158).
b) [Pour marquer l'habitude, la convenance, l'obligation] Nous ferons tous ici, en ce qui nous concerne, notre devoir, mes amis, faites le vôtre! (Céline, Voyage, 1932, p. 108).Est-ce que votre corporation se rendra enfin compte que le café le plus digne,le vôtre, si vous voulez,n'est finalement qu'une maison de rendez-vous (...)? (Giraudoux, Cantique des Cantiques, 1938, 1, p. 12).
B. − [Renvoie à un seul possesseur auquel le locuteur parle ou écrit, au plur. de politesse]
1. [Pour exprimer l'appartenance, la possession, la référence à vous, au plur. de politesse]
a) [Le subst. représenté désigne une chose concr.] Nous habitons la même maison, mon appartement est au-dessous du vôtre (Hermant, M. de Courpière, 1907, iv, 8, p. 31).Avant mon mariage j'ai porté moi aussi une robe à carreaux qui ressemblait un peu à la vôtre (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 43).
b) [Le subst. représenté désigne une chose ou une action abstr.] La discrétion, cette devise des ambitieux, est celle de notre Ordre, faites-en la vôtre (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 715).Mon cher Boyer d'Agen, à quoi sert, dites-vous, notre protestation, la vôtre, la mienne? Elle sauve l'honneur, le nôtre et celui de tous (Barrès, Cahiers, t. 8, 1911, p. 299).
En partic. [Pour marquer que l'interlocuteur ou le destinataire est l'aut. d'une œuvre] Je voudrais lire dans Le Rappel un grand article sur le livre de Quinet et sur le vôtre (Hugo, Corresp., 1870, p. 244).L'ambassadeur, lui dit ma mère, assure que nulle part on ne mange de bœuf froid et de soufflés comme les vôtres (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 484).[Pour marquer qu'on s'est approprié qqc. par le travail, par l'étude] Vous voyez, monsieur, que si vous ignorez parfois mes auteurs, je sais les vôtres (Flaub., Corresp., 1863, p. 78).
2. [Pour exprimer la parenté, les rel. soc.] Mon père était l'intime ami du vôtre, et c'est à vous, Oswald, à vous qu'il pensa pour mon époux (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 379).Ma femme se rappelle au bon souvenir de la vôtre (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1910, p. 129).
RELIG. [Dans une prière adressée à Dieu, pour exprimer la rel. à Dieu dans le vouvoiement de majesté] Jésus alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers... Il se mit à genoux, et fit sa prière en disant: « Mon père, éloignez de moi, s'il vous plaît, ce calice! Néanmoins, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la vôtre » (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 46).Ô mon Dieu, mon être soupire vers le vôtre! (Claudel, Gdes odes, 1910, p. 238).
3. [Pour exprimer des valeurs affectives]
[Pour marquer l'intérêt personnel porté à qqn ou à qqc.] À demain matin; quel rendez-vous? (...) Montmartre.Quelle heure?La vôtre.Huit heures.Soit (Borel, Champavert, 1833, p. 210).
[Pour marquer l'affection, la sympathie, la tendresse] Ah! vous les défendez bien les vôtres d'enfants, là, autour du poêle, au chaud, avec le ventre plein (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 118).
C. − [Renvoie par syllepse de la pers., à une autre pers. que vous]
1. [Renvoie indirectement à la 1repers. du sing., en formule de politesse, pour prendre congé de qqn, le pron. représente votre serviteur attribut de la 1repers. du sing.] Votre serviteur, monsieur.Le vôtre, monsieur le curé, répliqua Durtal, en s'éloignant (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 14).
2. [Renvoie à la 3epers. du sing., on, à valeur indéf., ou vous indéf. ou à valeur de vérité gén.; le locuteur prend à témoin le lecteur potentiel et s'adresse à lui pour le mêler au récit] Des regards peureux et baissés se détournaient de vous, ou d'âpres regards se fixaient sur les vôtres pour vous deviner et vous percer (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 371):
J'évitais les bois où, à cause des palombières, il faut s'arrêter à chaque instant, siffler, attendre que le chasseur, d'un cri, vous autorise à repartir; mais parfois un long sifflement répond au vôtre: un vol s'est abattu dans les chênes; il faut se tapir pour ne pas l'effaroucher. Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 218.
D. −
1. Expr. exclam. À la vôtre. [Le plus souvent au plur. de politesse, en formule de souhait que le bon usage n'admet qu'en réponse à un souhait précédent, p. ell. de à votre santé, pour trinquer à deux ou à plusieurs et formuler des vœux à l'adresse de l'interlocuteur] V. votre I B 1 expr., loc. adv. et verb. ex. de Simenon.P. ell. de à votre santé. [Renvoie à plusieurs possesseurs] Le mépris de la mort nous conserve tous, en ce moment, en parfaite santé... À la vôtre, mesdames, messieurs! (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 20).[Au plur. de politesse, renvoie à un seul possesseur] C'est vrai, dit Lantier, subitement calmé, prenant son verre. À la vôtre.À la vôtre, répondirent Boche et Poisson, qui trinquèrent avec lui (Zola, Assommoir, 1877, p. 607).
Fam. Je bois à la vôtre. Je bois à la vôtre, mesdames et messieurs! (Toepfer, Nouv. genev., 1839, p. 414).À la bonne vôtre! Le muletier poussa son verre plein contre celui du grand-père: « À la bonne vôtre! » Il but, s'essuya la bouche (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 273).
2. [À valeur réfl.]
[Renforcé par à vous] [Renvoie à plusieurs possesseurs] Gagner de l'argent n'est pas notre affaire, mais la vôtre, à vous les civils (Vogüé, Morts, 1899, p. 261).[Au plur. de politesse] Mais la vôtre, à vous, Monsieur, votre opinion ne se règle pas sur celle du journal... vous en avez une à vous, qui vous appartient (Scribe, Camaraderie, 1837, i, 6, p. 254).
[Renforcé par propre] Relisant la lettre de saint Augustin à Licentius, je retrouvais cette parole qui me traversait: « Que si vous êtes sourd à ma voix, le serez-vous à la vôtre propre? Prêtez l'oreille à vos propres vers: Écoutez-vous vous-même, cœur dur et insensible que vous êtes (...) » (Du Bos, Journal, 1927, p. 236).
3. [Peut être coordonné à un subst. ou un pron.] Vous êtes, pour MmeBouclier, un charmant poëte; elle sera pour vous une charmante femme. Je suis déjà de son avis et du vôtre (Hugo, Corresp., 1845, p. 621).
III. − Substantif
A. − Vx. Ce qui est à vous, ce qui vous appartient. Le vôtre, et le nôtre, chacun le sien (Ac.1935).
B. − En empl. partitif
1. Du vôtre, subst. masc. sing.
Vx. Ce qui vous appartient. Vous en serez du vôtre. Vous y laisserez tout ou partie de votre bien; vous ne serez pas récompensé à proportion de vos efforts. (Ds Littré et Lar. Lang. fr.).
Y mettre du vôtre. Y mettre ce qui vient de vous, de vos efforts, de votre participation, de votre compréhension. C'est peut-être à moi que vous trouverez le plus difficile caractère de la famille. Au fond j'en vaux un autre. Il suffit de savoir me prendre. Du reste (...), je m'améliore et si vous y mettez un peu du vôtre, nous vivrons en bonne intelligence (Renard, Poil Carotte, 1894, p. 105).
2. Des vôtres, subst. fém. plur., rare, dans la loc. faire des vôtres (plus usuel à la 3epers. faire des siennes, ils ont fait des leurs).,,Faire de vos fredaines, de vos farces habituelles. Vous faites des vôtres`` (Ac. 1835-1935).
C. − Les vôtres, subst. masc. plur.
1. Vos parents, les membres de votre famille, ceux qui vous sont chers. Vous et les vôtres; tous les vôtres. Sans qu'il soit possible de lever, pour le moment, l'arrêt rendu contre vous, on consent à fermer les yeux, si vous voulez passer quarante-huit heures dans votre ville, pour revoir les vôtres (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1197).Philippe, vous me plaisez beaucoup. L'idée de vivre quelques jours avec vous, au milieu des vôtres que je connais à peine ou même que je ne connais pas, cette idée me console et me fait chaud au cœur (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 93).
RELIG. [Dans une prière adressée à Dieu] Vos fidèles. L'évêque (...) entonna le Veni Creator: Venez, Esprit créateur, Visitez les âmes des vôtres, et remplissez de grâces les cœurs que Vous avez créés (Billy, Introïbo, 1939, p. 148).
2. Vos amis, vos proches, les gens de votre compagnie, de votre société. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle est plus votre amie que les gens qui se disent les vôtres et vous font mener la vie que vous menez (Dumas fils, Fils natur., 1858, prol., 1, p. 34).
3. Vos soldats, vos partisans, vos concitoyens. Ou l'on est d'un parti, ou l'on n'en est pas (...). Votez avec les vôtres, collègue, c'est le commencement et la fin de la sagesse (Reybaud, J. Pâturot, 1842, p. 341).
Loc. verb. Être des vôtres
Être parmi vous, me rendre à votre invitation. Dans peu, je serai des vôtres. Encore douze ou quinze jours, et je vous embrasserai tous, et nous serons réunis (Hugo, Corresp., 1843, p. 611).
Être de votre bord, de votre camp, avoir vos opinions. Il déclarait à ses compagnons de table qu'il n'était pas avec eux.Tant qu'il ne s'agira pour vous, disait-il, que d'intérêts matériels, vous ne m'intéressez pas. Le jour où vous marcherez pour une foi, alors, je serai des vôtres (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1287).
Prononc. et Orth.: [vo:tʀ ̭]. Homon. vautre. Ac. 1694, 1718: vostre; dep. 1740: vôtre ,,Il faut remarquer, que quand Votre précède le substantif, l'O est bref. Votre livre; et qu'il est long, quand Votre suit l'article. C'est le vôtre``. Étymol. et Hist. I. Poss. tonique fonctionnant comme un adj.; indique le rapp. d'appartenance à vous A. en fonction de qualificatif épith. 1. associé à l'art. déf.; représente une seule pers. a) ca 1100 fém. cas suj. sing. (Roland, éd. J. Bédier, 2257: la vostre anme); ca 1165 id. plur. forme réduite les voz pramesses (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 16418); b) ca 1100 masc. sing. cas régime (Roland, 1775: seinz le vostre comant); 2. associé à un art. dém. id. a) ca 1140 fém. sing. cas suj. (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 320: ceste vostre carue); b) ca 1165 masc. sing. cas régime (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 14172: en cel vostre test). B. Accompagné d'aucun déterm., dans une formule autonome; représente une seule pers. ca 1100 (Roland, 287: vostre veiant; 3209: vostre mercit [cf. Moignet, p. 121]). C. En fonction d'attribut 1. sing. a) ca 1100 représente une seule pers.; masc. cas suj. (Roland, 2183: Cist camp est vostre; 3841); ca 1200 id. exprime un attachement personnel (Chastelain de Couci [?], Chans., éd. A. Lerond, XXIII, 27: Car vostres sui et serai a tous dis); ca 1274 id. pic. vo (Adenet le Roi, Berte, éd. A. Henry, 327: Vueilliez que cors et ame et quanque j'ai soit vo); b) 1176-84 cas suj. fém. (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 4851: Sire, de ce dont perte est vostre, Doit estre li damage nostre); 2. plur. a) 1174-87 cas suj. fém. (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 1003: eles sont voz [les armes]); b) 1176-84 id. masc. (Aymeri de Narbonne, éd. L. Demaison, 2669: Or soient vostre li mantel vair et gris). D. Référé à l'art. déf. en l'absence d'un subst. non répété; empl. dit ,,pron. poss.`` (cf. Moignet, p. 121) ca 1140 masc. sing. cas suj. (Voyage de Charlemagne, 50: [Onc] ne fut tel[s] barnez cum le sun senz le vostre); ca 1200 id. cas régime (Chastelain de Couci [?], op. cit., XVIII, 31: Et que mes cuers au vostre s'umelie); 1756 spéc. loc. à la vôtre « à votre santé » (Vadé, Les Racoleurs, 47 ds Quem. DDL t. 19). II. Empl. subst. A. plur., désigne ceux du même camp, les défenseurs d'une même cause ca 1100 masc. cas régime les voz (Roland, 591; 1548); ca 1140 id. sujet veant [tres]tuz les voz (Voyage de Charlemagne, 803); ca 1280 id. li vostre (Bataille de Karesme et de Charnage, éd. G. Lozinski, 111). B. 1. Ca 1140 sing. « ce qui vous appartient, votre bien » le vostre (Voyage de Charlemagne, 842); 1835 (Ac.: vous y avez mis un peu du vôtre); 2. 1760, sept. plur. (Voltaire, Lettre au comte et à la comtesse d'Argental ds Corresp., éd. Th. Besterman, t. 22, p. 105: vous avez sans doute taillé et rogné [dans un texte]; vous avez fait des vôtres). V. votre. Fréq. abs. littér.: 3 002. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 879, b) 5 779; xxes.: a) 3 271, b) 2 684. Bbg. Quem. DDL t. 19, 38.

Wiktionnaire

Nom commun - français

vôtre \votʁ\ féminin pluriel

  1. (Familier) Se dit à quelqu’un qui fait des folies, de bons tours ou même des actions répréhensibles. Voyez : tienne, sienne, nôtre.
    • Vous faites des vôtres.

Adjectif possessif - français

vôtre \votʁ\

  1. (Vieilli) À vous.
    • Ces meubles sont vôtres.
  2. Qui est tout à vous, dévoué.
    • Amicalement, cordialement vôtre.
  3. (Figuré) De votre parti.
    • Vous pouvez compter sur lui, il est vôtre.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VÔTRE. adj. possessif des deux genres
qui répond au pronom personnel Vous. Votre père. Votre patrie. Votre meilleur ami. Il fait au pluriel Vos. Vos parents. Vos biens. Un de vos ancêtres. Il s'emploie, au lieu de Ton, en parlant à une seule personne, par déférence ou par politesse. Votre Majesté. Votre Excellence. Votre intérêt, monsieur. Il s'emploie familièrement pour indiquer des rapports d'habitude, de connaissance, etc. Voilà votre homme.

Littré (1872-1877)

VÔTRE (vô-tr') adj. possessif sans son substantif
  • 1Il se dit de la personne ou de la chose qui est à vous, et dont il vient d'être parlé. Délogez souvent, changez de nom, si vous ne l'avez déjà fait ; ou plutôt n'en changez point du tout, vous ne sauriez être moins connu qu'avec le vôtre, Racine, 2e lett. à l'auteur des Imagin. réplique aux deux réponses. Rome a ses droits, seigneur ; n'avez-vous pas les vôtres ? Racine, Bérén. IV, 5. Mon cœur se met sans peine en la place du vôtre, Racine, Iph. I, 5. J'ai mon Dieu que je sers ; vous servirez le vôtre, Racine, Ath. II, 7. Le marquis : Serviteur ; vous et moi nous en valons deux autres ; Je suis de vos amis. - Valère : Je ne suis pas des vôtres, Regnard, le Joueur, III, 13. On ne lit plus Descartes ; mais on lira son éloge, qui est en même temps le vôtre, Voltaire, Lett. Thomas (qui avait envoyé son éloge de Descartes), 22 sept. 1765.

    On supprime quelquefois l'article. Les raisons sont aisées à déduire, et elles seront plus vôtres, si…, Descartes, Diopt. 5. Pouvez-vous me donner, si je ne suis pas vôtre ? Th. Corneille, D. Bertr. de Cigarral, IV, 4. M. de la Harpe, avec qui j'ai le plaisir de parler souvent de vous, pourra vous dire combien je vous suis attaché, et combien je suis vôtre à la vie, à la mort, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 28 janv. 1768.

    Je suis vôtre, se dit quelquefois pour s'excuser, pour refuser. Messire Damon, je suis vôtre ; Commandez-moi tout, hors ce point, La Fontaine, Coupe.

  • 2 S. m. Ce qui vous appartient. Vous en serez du vôtre, vous perdrez tout ou partie de ce qui vous appartient.

    Ce qui vient de vous. Vous y avez mis du vôtre.

  • 3Les vôtres, vos parents, vos amis, vos adhérents, les personnes de votre compagnie, de votre pays. Vous et les vôtres. Lettre que je vous prie de lui écrire et de lui envoyer par un des vôtres, Scarron, Œuvres, t. I, p. 227. Punissez les délits des vôtres plus sévèrement encore que les délits des indigènes, Raynal, Hist. phil. IV, 33.

    Cette personne est des vôtres, elle est de votre parti, de votre compagnie. Nous ne sommes pas aujourd'hui des vôtres ; nous avons une invitation. Tous les mécontents seront des vôtres. Tenez-moi des vôtres, mon cher, Molière, Impromptu, 2. Je suis des vôtres ; çà, du vin, Lamotte, Odes, t. I, p. 493, dans POUGENS. Lui est-il [à Dieu] plus difficile de remuer tous les hommes que d'en remuer quelques-uns ? serait-il Dieu que pour votre petite secte ? il l'est pour moi, qui ne suis point des vôtres, Voltaire, Philos. de l'âme, 5.

    Familièrement. Je suis bien le vôtre je suis tout vôtre, je n'en suis pas moins le vôtre s'emploie par forme de salutation, pour : je sui bien votre serviteur. Monsieur, je suis tout vôtre, Molière, l'Ét. I, 4.

  • 4 Familièrement. Vous faites des vôtres, se dit de quelqu'un qui fait des folies, de bons tours, ou même des actions répréhensibles, et aussi qui agit à sa guise. Madame Scaliger [Mme d'Argental], vous avez sans doute taillé et rogné [dans l'Écossaise] ; vous avez fait des vôtres, Voltaire, Lett. d'Argental, septembre 1760.
  • 5 J'ai reçu la vôtre du 13 juin… en commençant une lettre, ne vaut rien ; il faut dire j'ai reçu votre lettre, De Caillières, 1690. Quand on est fort éloignée, on ne se moque plus des lettres qui commencent par : J'ai reçu la vôtre…, Sévigné, 16.

HISTORIQUE

XIe s. Nel di [je ne le dis] pur ce, des vos iert [sera] là martire, Ch. de Rol. XLIII. Ce camp [champ de bataille] est vostre, mercit Deu, e le mien, ib. CLIX.

XIIe s. Et que mes cuers [mon cœur] al vostre s'umelie, Couci, II. Car vostre sui, et serai à tous dis, ib. XVII.

XIIIe s. Voillez [ô Dieu] que cors et ame et quanque j'ai soit vo, Berte, XXXII. Et lui faites du vostre [de votre bien] si largement doner…, ib. CXXXIX. Issiez tost fors de cest palais, Vos et li vostres, las chetif, Barbazan, Fabliaux, t. IV, p. 84.

XIVe s. La force en soit vostre [que vous soyez les plus forts], Ordonn. des rois de Fr. t. III, p. 526.

XVe s. Je vous prie, mon pere, que le m'accordez. Guillaume, respondit le comte, vous estes vostre ; faictes ce que vous voudrez, Froissart, IV, p. 91, dans LACURNE.

XVIe s. Vostre tant vostre qu'il n'est plus sien, Fin d'une lettre de François Ier à sa dame, dans DUVERDIER, Biblioth. p. 357, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VÔTRE.
2Le vôtre, ce qui vous appartient. Ajoutez un exemple : Et quand la faim les poind, se prenant sur le vôtre, Régnier, Sat. II.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « vôtre »

Du latin populaire *voster (il existait également une forme voster en latin archaïque, mais on ne la trouve plus en latin classique), altération du latin classique vester (« votre, vôtre »), par influence de vos (« vous ») et par analogie avec noster (« notre, nôtre »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Picard, el veure, le vôtre, la vôtre ; du lat. vester (voy. VOTRE).

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « vôtre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
vôtre votr

Fréquence d'apparition du mot « vôtre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « vôtre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « vôtre »

  • Une nouvelle variable en rapport avec l’univers thématique des sites qui vous lient est récemment apparue. Il s’avère que les liens que vous obtenez doivent provenir en priorité de sites gravitant plus ou moins dans la même thématique que la vôtre. Si vous avez un site sur la moto, il faut que les liens que vous recevez proviennent en majorité de sites de la même thématique (auto-moto).
    Siècle Digital — Comment améliorer votre SEO et vous imposer sur votre marché?
  • Les pseudonymes Twitter sont beaucoup plus répandus sur le site que les vrais noms, et il y a une vive concurrence pour revendiquer ceux qui sont spécifiques à certaines marques. Sachez que changer le vôtre cassera les utilisations de votre poignée dans les tweets précédents. Cela dit, vous pouvez trouver l’option dans vos paramètres sous « Compte ».
    Vivez l'actualité avec Repha.fr — Comment changer votre nom sur les plateformes de réseaux sociaux - Vivez l'actualité avec Repha.fr
  • Sachez qu’un recruteur ne passe désormais plus que 7 secondes sur un CV : le vôtre doit être clair, mais assez intéressant pour déboucher sur un entretien. Un bon curriculum vitae ne doit donc comporter que ce qui est essentiel, mais cela doit être visible en un simple coup d’oeil.
    C’est l’été, voici comment refaire votre CV - Rebondir
  • Jusqu’à ce que vous puissiez appeler une telle forteresse la vôtre, vous devez jouer un peu plus longtemps à “Grounded”. Pour commencer, il y a aussi une petite maison en herbe.
    45 Secondes.fr — Grounded: Guide de construction de base - Trucs et astuces pour votre maison
  • Pour ce qui est des MagSafe, Adrien propose la réparation du vôtre pour 30 € TTC par chargeur (frais de retour inclus). La réparation (aller-retour) devrait prendre entre quatre et six jours ouvrés. La vente de MagSafe réparés et renforcés par ses soins est également toujours proposée pour 35 € TTC par chargeur. Le paiement peut se faire par chèque, virement bancaire ou PayPal. Adrien propose d'ailleurs quelques conseils pour l'envoi postal sur son site.
    MacGeneration — Adrien d'AdanMac : un réparateur indépendant qui répare Mac et MagSafe 📣 | MacGeneration
  • Je voudrais tant que mon ménage ressemblât au vôtre... Je suis très ambitieux !
    Bernstein —  Secret
  • Les paroles me manquent pour dire à quel point m’émeut l’inexprimable accueil que me fait le généreux peuple de Paris. […] Deux grandes choses m’appellent. La première, la république. La seconde, le danger. Je viens ici faire mon devoir. Quel est mon devoir ? C’est le vôtre, c’est celui de tous. Défendre Paris, garder Paris. Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde. Paris est le centre même de l’humanité. Qui attaque Paris attaque en masse tout le genre humain.
    Actes et Paroles. Depuis l’exil (1876) — Victor Hugo
  • M. JOURDAIN — Madame, ce m'est une gloire bien grande de me voir assez fortuné pour être si heureux que d'avoir le bonheur que vous ayez eu la bonté de m'accorder la grâce de me faire l'honneur de m'honorer de la faveur de votre présence ; et si j'avois aussi le mérite pour mériter un mérite comme le vôtre, et que le Ciel… envieux de mon bien… m'eût accordé… l'avantage de me voir digne… des…DORANTE — Monsieur Jourdain, en voilà assez : Madame n'aime pas les grands compliments, et elle sait que vous êtes homme d'esprit. (Bas, à Dorimène.) C'est un bon bourgeois assez ridicule, comme vous voyez, dans toutes ses manières.
    Molière — Le Bourgeois Gentilhomme
  • ...je vous joins cette lettre de M. Delzant, reçue en même temps que la vôtre. Bien entendu je n'hésite pas si vous n'avez pas l'intention de dîner chez lui. Pourtant vous seriez bien aimable de me dire votre projet.
    Stéphane Mallarmé — Correspondance
  • Cependant, changeant de langage, et lui prenant la main. – « Mon ami, lui dis-je, je souhaiterais que tout le clergé de l’Église romaine fût doué d’une telle modération, et d’une charité égale à la vôtre. Je suis entièrement de votre opinion ; mais je dois vous dire que si vous prêchiez une pareille doctrine en Espagne ou en Italie, on vous livrerait à l’Inquisition. »
    Daniel Defoe — Robinson Crusoé
Voir toutes les citations du mot « vôtre » →

Traductions du mot « vôtre »

Langue Traduction
Anglais your
Espagnol tu
Italien vostro
Allemand ihre
Chinois 你的
Arabe الخاص بك
Portugais seu
Russe ваш
Japonais きみの
Basque zure
Corse u vostru
Source : Google Translate API

Combien de points fait le mot vôtre au Scrabble ?

Nombre de points du mot vôtre au scrabble : 7 points

Vôtre

Retour au sommaire ➦