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Citations sur l'est - Page 4
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Que prétendez-vous donc ? m'écriai-je encore. Je prétends mourir, répondit-elle, si vous ne me rendez votre coeur, sans lequel il est impossible que je vive. Demande donc ma vie, infidèle ! repris-je en versant moi-même des pleurs, que je m'efforçai en vain de retenir. Demande ma vie, qui est l'unique chose qui me reste à te sacrifier ; car mon coeur n'a jamais cessé d'être à toi.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Après tout, l'amour est un bon maître ; la fortune ne saurait nous causer autant de peines qu'il nous fait goûter de plaisirs.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Rien n'est plus honorable, et ne fait plus d'honneur à la vertu, que la confiance avec laquelle on s'adresse aux personnes dont on connaît parfaitement la probité. On sent qu'il n'y a point de risque à courir. Si elles ne sont pas toujours en état d'offrir du secours, on est sûr qu'on en obtiendra du moins de la bonté et de la compassion. Le cœur, qui se ferme avec tant de soin au reste des hommes, s'ouvre naturellement en leur présence, comme une fleur s'épanouit à la lumière du soleil, dont elle n'attend qu'une douce influence.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Vous serez donc la plus riche personne de l'univers, me répondit-elle ; car, s'il n'y eut jamais de l'amour tel que le vôtre, il est impossible d'être aimé plus tendrement que vous l'êtes.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Un cœur de père est le chef-d’œuvre de la nature...
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Rien n'est plus admirable et ne fait plus d 'honneur à la vertu,que la confiance avec laquelle on s' adresse aux personnes dont on connaît la probité .Si elles ne sont pas toujours en état d'offrir du secours, on est sûr qu'on obtiendra du moins de la bonté et de la compassion. Le cœur, qui se ferme avec tant de soin au reste des hommes, s' ouvre naturellement en leur présence , comme une fleur s' épanouit à la lumière du soleil, dont elle n'attend qu' une douce influence .
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je ne répondis rien. Il continua: Qu'un père est malheureux, lorsqu'après avoir aimé tendrement un fils, et n'avoir rien épargné pour en faire un honnête homme, il n'y trouve à la fin qu'un fripon qui le déshonore !
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je me serais donné mille fois la mort, si je n'eusse pas eu, dans mes bras, le seul bien qui m'attachait à la vie. Cette seule pensée me remettait. Je la tiens du moins, disais-je; elle m'aime, elle est à moi.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
La plupart des grands et des riches sont des sots : cela est clair à qui connait un peu le monde. Or il y a là-dedans une justice admirable. S'ils joignaient l'esprit aux richesses, ils seraient trop heureux, et le reste des hommes trop misérable. Les qualités du corps et de l'âme sont accordées à ceux-ci, comme des moyens pour se tirer de la misère et de la pauvreté.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
On est attaché à sa profession un peu comme on l'est à son pays : par des liens aussi complexes, souvent ambivalents et dont on ne saisit généralement toute l'importance que lorsqu'ils viennent à se rompre, par suite de l'exil ou de l'émigration dans le cas du pays d'origine, avec le départ à la retraite dans le cas du métier.
Primo Levi — Le métier des autres -
Ne regrettons pas l’attente de la nuit. Tout ce qui bouge, croit, aime, est né la nuit. La nuit est le contraire du silence. La nuit vit. La nuit parle. Le bois craque, l’eau chuinte, le sable crisse, la forêt appelle, les bêtes feulent, jappent, roquent.
Mémoires de sept vies. Tome 2 : Croire et Oser, Jean François Deniau, éd. Plon, 1997 (ISBN 2-259-18561-4), p. 446 -
Tel est le musée aujourd’hui : on ne vient plus y rencontrer des œuvres pour trouver réponse à l’énigme de la vie et de la mort, on vient s’y mesurer au vide.
Malaise dans les musées, Jean Clair, éd. Flammarion, coll. « Café Voltaire », 2007 (ISBN 978-2-0812-0614-4), p. 139 -
Dites à votre maîtresse que le bord de son lit est une rivière de fleurs.
Poisson soluble (1924), André Breton, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1996 (ISBN 2-07-032917-8), partie 1, p. 29 -
Berne, 27-4-1898. « Asseyez-vous et tâchez de l'apprendre mieux », disait-on en mathématiques, mais voilà qui est passé et oublié. Pour l'instant se déroule au-dehors le premier orage de l'année. Un frais vent d'ouest m'effleure qui m'apporte une odeur de thym et des sifflets de chemin de fer, et se joue dans mes cheveux humides. La nature m'aime donc ! Consolatrice et prometteuse. Pareil jour, je demeure invulnérable. Souriant à l'extérieur, riant plus libre au-dedans, une chanson dans l'âme, un gazouillant sifflotement sur les lèvres, je me jette sur le lit, me détends, préserve la sommeillante force. Vers l'ouest, vers le nord, où que le sort m'entraîne : je crois !
Journal (1957), Paul Klee, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1959 (ISBN 978-2-246-27913-6), Journal I, p. 25 -
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
Leibniz -
La vie est un dimanche définitif, nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.
Philippe Sollers — L'étoile des amants -
Pour vivre cachés, vivons heureux. On y est, au bout de la nuit, de l'autre côté des ombres. Rien à découvrir de plus perdu ni de plus absurde, de plus isolé pour rien en ce monde ou dans l'autre. Un pas de plus dans le désespoir, bien au fond, bien au bout, et tout se renverse : tu choisis l'espace, le temps ; ton espace, ton temps. Je dis la nuit, parce que écrire c'est tou- jours la nuit, « la nuit est aussi un soleil », « infracassable noyau de nuit », « soleil noir d'où rayonne la nuit », etc. La trace d'une ligne est la nuit.
Philippe Sollers — Carnet de nuit -
C’est d’abord un bruit souterrain, à peine audible, qui va durer toute la nuit, de 3 heures à 5 heures du matin. Il se déplace avec moi, il est bien réel, il ne disparaît qu’avec le jour, mais je ne crois pas aux fantômes. Les morts sont plus vivants qu’on ne croit, c’est certain, mais ils me laissent tranquille. Je vis avec ce murmure nocturne. Les murs ont des oreilles, dit-on, et je fais confiance aux murs. Je n’ai peur de rien.
Philippe Sollers — Mouvement -
La grande pièce où vous travaillez est tapissée de livres.Ils vous attendent la matin, très tôt. Pas un bruit, l'appartement est vide. Vous débranchez votre téléphone, vous vous asseyez à votre table, vous vous concentrez, vous ne faites rien. ça peut durer dis minutes ou une heure, parfois la matinée entière. Ne rien faire est toujours une joie! ( p 190)
Philippe Sollers — Mouvement -
Faites l'expérience de vous dire sans cesse : j'étais là, je suis là, je serai toujours là, je suis avec moi jusqu'à la fin des temps, le ciel et la terre passeront, mais ma certitude ne passera pas. Le résultat est terrifiant ou comique. À moins de prendre tout ça à la légère, sur la pointe des pieds, de marcher sur l'eau, de voler. Regardez : j'ai l'air d'un boeuf mais je plane, je suis une mouette, un faucon, un héron. Ma vie est dans les fleurs, les marais, les vignes, les vagues. Je migre, je transmigre, je me réincarne au jugé. On m'enterre, je ressuscité ; on m'incinère, mes atomes persistent et se recomposent plus loin. Dans le monde humain, il m'arrive d'attendre longtemps avant de me reconnaître. J'ai des rêves, des attaques, des pressentiments, je fais des rencontres, je suis bien obligé d'admettre que je suis un autre, et soudain me revoilà,c'est plus fort que moi. Ici, il faut que je me parle doucement à mi-voix, comme quelqu'un qui a peur de réveiller des gens qui dorment et qu'il aime.
Philippe Sollers — Une vie divine -
Aujourd'hui, autre chose : pour une longue, très longue, période de temps, il est nécessaire de se taire ou de parler à voix basse, d'agir en sous-main, tout en étant apparemment bavard, superficiel, léger, désinvolte. Être pris pour un comédien par des comédiens est un plaisir. Combien de temps ? Impossible à dire. Laissons venir le présent, l'inutile : c'est urgent. D'ailleurs, on ne peut plus parler avec personne (sauf pour information -désinformation).
Philippe Sollers — Une vie divine -
On est en mai, il fait très beau, je suis avec Lisa à Athènes. La nuit, vers 3 h du matin, l’expérience se renouvelle. Mon corps n’est plus là, je plane au-dessus de lui, ça dure à peine trois secondes, mais j’ai tort de dire « secondes », puisque le temps a disparu. Plus de temps, plus d’espace, mais un drôle de lieu à faible lumière bleutée, juste à côté de Lisa qui dort sur cette planète. On en découvre tous les jours, des planètes, elles tournent autour de leurs étoiles, le problème étant de savoir si l’une ou l’autre est « habitable », c’est-à-dire comporte de l’eau, nécessaire pour produire la vie. Les humains, malgré leurs atrocités et leurs misères, ne renoncent pas à rencontrer leurs semblables à des années-lumière de leurs migrations terrestres. Il faut de l’eau, point. Je descends doucement, je me réincarne, je me lève avec précaution, je vais boire un verre d’eau.
Philippe Sollers — Beauté -
Qu’est-ce que la Beauté ? Une jeune et jolie femme subtile a répondu un jour : « la discrétion ». On l’approuve. Elle devait savoir de quoi elle parlait. Dora est belle. Cela veut dire que son corps est la manifestation d’un non-dit se connaissant comme tel. Ni grande ni petite, souple (gymnastique), brune, cheveux courts, yeux bleus, vous la voyez, vous ne remarquez rien d’extraordinaire, sauf, peut-être, un déplacement gracieux de réserve, un savoir-se-taire évident.
Philippe Sollers — Passion fixe -
D'une façon ou d'une autre, tout acte sexuel est une blessure irréparable. On porte atteinte au narcissisme de l'autre. On lui impose une identification qui ne peut que déboucher sur une lutte à mort. Toi ou moi, c'est ainsi, on ne peut pas être deux avec le sexe. Je veux dire dans le temps. Je veux dire constamment. Il n'y a précisément que les femmes qui pensent que c'est possible.
Philippe Sollers — Femmes -
On travaille trois ans, en douce, à un roman, il vous a suivi partout, le jour, la nuit, en rêve. La fin s'annonce, les scènes et les dialogues d'adieu s'organisent, deux personnages doivent se rencontrer dans un restaurant et laisser leur aventure en suspens. Voici la dernière phrase. Elle va s'éloigner, rejoindre la première, là-bas. Un matin, très tôt, alors qu'il pleut violemment dehors, on boucle le manuscrit, et on sait que la seule chose à faire est d'en commencer aussitôt un autre. Le titre ? Trouvé. La première phrase ? Ça, c'est le plus dur, il faut la laisser venir et s'imposer d'elle-même. Le reste suivra.
Philippe Sollers — Littérature et politique -
Une telle éducation précoce fait du jeune Atlante doué un virtuose de la jouissance continue et inconclusive. Il devient l’instrument de lui-même, hyper-sensible aux voix, aux coups d’œil, à la peau du monde. Sa tante est une déesse, et elle est là, assise dans son peignoir blanc. Elle lui demande de se rapprocher, elle le déculotte, elle l’aère. Jamais l’acacia qu’on voit par la fenêtre du fond de la pièce n’a été plus frais au soleil.
Philippe Sollers — Graal -
nié face à face, niant la membrane,l'entrée:ce qui s'y trouve existe ailleurs,ce qui n'y est pas n'est nulle part:NE-
Philippe Sollers — Lois -
On parle toujours trop, même en ne disant rien, le silence à deux est un art.
Philippe Sollers — Passion fixe -
On est tellement à contre courant qu'on ne sait plus où est le courant.
Philippe Sollers — L'étoile des amants -
Vous pensez sans doute que l’auteur exagère, vous allez me dire que personne n’a jamais vu des fleuves battre des mains, ni des montagnes crier de joie. Moi, si, mais je me garde bien de le dire. On me trouve assez fou comme ça. L’auteur est déchaîné, il veut que tout exulte et jubile. Il convoque des cors, des harpes, des cithares, des danseuses, des tambours, des cordes, des flûtes, des cymbales, bref « tout ce qui respire ». Qui a enregistré ces fêtes ? Tout n’a-t-il pas disparu ?
Philippe Sollers — Mouvement -
Le seul racisme sérieux, en définitive, se passe bien entre femmes et hommes... tout le reste est bavardage illuminé... et ce racisme-là se porte à merveille, il monte, il s'épanouit, il fleurit; c'est le moteur de toujours, la source du mouvement lui-même...
Philippe Sollers — Femmes -
Céline au Panthéon ? On voit bien que la question ne se pose pas et ne se posera jamais . Il y a des écrivains qui font consensus (ce n’est pas pour ça qu’on les lit comme il doivent être lus) et d’autres qui seront toujours l’objet de polémique : Céline est évidemment de ceux-là. Ce n’est pas pour ça qu’on le lit vraiment. L’argument des détracteurs est connu : l’antisémitisme revendiqué de Céline. Il est indéniable et, bien sûr, insoutenable. Mais est-ce une raison pour ne pas lire ? A ce jour, à l’exception de Mea Culpa, les célèbres pamphlets — Bagatelle pour un massacre (1937), L’École des cadavres (1938), Les beaux draps 1941) — ne sont pas réédités [3]. Dans un récent article du N.O., Jacques Drillon rappelait ces mots de Philippe Muray : « Notre époque veut ignorer que l’Histoire était cette somme d’erreurs considérables qui s’appellent la vie, et se berce de l’illusion que l’on peut supprimer l’erreur sans supprimer la vie. » Drillon ajoutait : « Si l’on ne peut pas lire les pamphlets antisémites de Céline, on ne pourra pas démonter son antisémitisme, ni même démontrer que Céline était antisémite. Or il l’était. Donc, trompés, nous mentirons à notre tour. »
Philippe Sollers -
À quoi bon raconter aux autres ce qu’ils ne vivent pas et ne sentent pas, puisqu’ils croiront qu’on ne l’a fait que pour les embêter ou les humilier ? François m’avait prévenu : « Écrivain ? Tu rêves ! Le milieu littéraire est une officine de police comme les autres, peut-être pire que les autres. Tu n’y seras toléré qu’en rampant, en exhibant tes certificats d’identité ou de doute, de nostalgie ou de désespoir. N’oublie pas : tes origines doivent être modestes, ton embarras sexuel évident. Du bonheur ? Du luxe ? Des extases ? Tu rêves ! » (p. 74)
Philippe Sollers — Passion fixe -
La passion doit être punie." - Ah oui ? Quel est le con qui a dit ça ?
Philippe Sollers — Passion fixe -
Nous sommes faits de la même étoffe que les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil.
Philippe Sollers — L'étoile des amants -
On saute du néant à l'être, de l'être au néant, sans qu'il y ait ni fin ni commencement, personne ne sait d'où il est éclos.
Philippe Sollers — Centre -
Il aimait cette phrase d'un philosophe : « Je dis toujours la vérité. Pas toute, parce que toute la dire, on n'y arrive pas... Les mots y manquent. C'est même par cet impossible que la vérité tient au réel. » Je n'étais pas d'accord avec lui sur cette formulation. Je le lui ai dit un jour : « Le roman, et lui seul, dit la vérité... Toute la vérité... Autre chose que la vérité, et pourtant rien que la vérité... Les mots ne lui manquent pas... Au contraire... C'est pourquoi on préfère le tenir pour irréel alors qu'il est le réel lui-même... Le système nerveux des réalités... D'ailleurs, comme l'a dit quelqu'un que vous connaissez bien : “La vérité a structure de fiction”... »
Philippe Sollers — Femmes -
L'ironie est la conscience claire de l'agilité éternelle, de la plénitude infinie du chaos.
Philippe Sollers — Femmes -
La discrétion est la première des vertus, on lui doit bien des instants de bonheur.
Philippe Sollers — Le Cavalier du Louvre : Vivant Denon, 1747-1825 -
Qu'est-ce que la littérature ? Difficile de dire mieux que Hemingway : « Tous les bons livres ont en commun d'être plus vrais que la réalité et, après les avoir lus, vous avez l'impression que tout cela s'est produit, que tout cela vous est arrivé et vous appartient à jamais : le bonheur et le malheur, le bien et le mal, la joie et la peine, la nourriture, le vin, les lits, les gens et le temps qu'il faisait. Quand on peut apporter cela à un lecteur, alors on est un véritable écrivain.
Philippe Sollers — Littérature et politique