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Citations sur le des - Page 2038
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C'était une terrasse à deux étages, qui par une sorte de courtine se trouvait de plain-pied avec le premier étage des ailes du logis.
Jean Prévost — Philibert Delorme -
Au cours de notre promenade, nous nous sommes sentis mieux. Nous avons déjeuné dans un hôtel du quai des Grands-Augustins qui s'appelait Le Relais Bisson.
Patrick Modiano — Un cirque passe -
Je me suis mise à pleurer sur l’album, un herbier de moments fanés, les larmes trempaient le papier de soie qui roulait en bouillie sous mes doigts et gommait un peu plus le glacis des photos, il pleuvait sur mon mariage et j’avais eu froid dans mon petit tailleur blanc, mariage pluvieux mariage heureux m’avait-on dit.
Marie Darrieussecq — Naissance des fantômes -
Dans la vie tout s’accomplit comme il a été dit, il y a les chants, les alliances, les intentions de prière, des petites filles en robe blanche et des gens âgés qui sont entrés dans l’église pour se réfugier, il y a les baisers, les bravos, les « mariage pluvieux mariage heureux », les mains serrées et les sourires et dans ce bordel il y a Jeannot, mon copain.
Antoine Audouard — La peau à l’envers -
Devoir la vie à un malfaiteur, accepter cette dette et la rembourser, être, en dépit de soi-même, de plain-pied avec un repris de justice, et lui payer un service avec un autre service ; se laisser dire : Va-t'en, et lui dire à son tour : Sois libre; sacrifier à des motifs personnels le devoir…
Victor Hugo — Les Misérables -
Richesse et diversité des propositions affichées sur le Mur de ce magnifique FSM même si on peut regretter le style télégraphique qui ne permet pas toujours de tirer la substantifique moelle d’une matière aussi profuse !
Collectif — 100 propositions du Forum social mondial -
ARAMINTE - Qu'est-ce que c'est donc que cet air étonné que tu as marqué, ce me semble, en voyant Dorante ? D'où vient cette attention à le regarder ?DUBOIS - Ce n'est rien, sinon que je ne saurais plus avoir l'honneur de servir Madame, et qu'il faut que je lui demande mon congé.ARAMINTE, surprise. - Quoi ! Seulement pour avoir vu Dorante ici ?DUBOIS - Savez-vous à qui vous avez affaire ?ARAMINTE - Au neveu de Monsieur Remy, mon procureur.DUBOIS - Eh ! par quel tour d'adresse est-il connu de Madame ? comment a-t-il fait pour arriver jusqu'ici ?ARAMINTE - C'est Monsieur Remy qui me l'a envoyé pour intendant.DUBOIS - Lui, votre intendant ! Et c'est Monsieur Remy qui vous l'envoie : hélas ! le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne ; c'est un démon que ce garçon-là.ARAMINTE - Mais que signifient tes exclamations ? Explique-toi : est-ce que tu le connais ?DUBOIS - Si je le connais, Madame ! si je le connais ! Ah vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N'avez-vous pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse.ARAMINTE - Il est vrai ; et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ?DUBOIS - Lui ! il n'y a point de plus brave homme dans toute la terre ; il a, peut-être, plus d'honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. Oh ! c'est une probité merveilleuse ; il n'a peut-être pas son pareil.ARAMINTE - Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D'où vient que tu m'alarmes ? En vérité, j'en suis toute émue.DUBOIS - Son défaut, c'est là. (Il se touche le front.) C'est à la tête que le mal le tient.ARAMINTE - A la tête ?DUBOIS - Oui, il est timbré, mais timbré comme cent.ARAMINTE - Dorante ! il m'a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie ?DUBOIS - Quelle preuve ? Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore. Ôtez cela, c'est un homme incomparable.ARAMINTE, un peu boudant - Oh bien ! il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque, objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies...DUBOIS - Ah ! vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire. Malepeste ! sa folie est de bon goût.ARAMINTE - N'importe, je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette personne ?DUBOIS - J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame.ARAMINTE - Moi, dis-tu ?
Marivaux — Les Fausses confidences -
Benoîte a ce côté universitaire organisé qui sait à heure fixe extirper d’elle la substantifique moelle. Elle se passe des commandes et elle honore ses propres contrats.
Benoîte et Flora Groult — Journal à quatre mains -
Dans une salle de jeux vidéo, où des gamins faisaient l'école buissonnière et où les jeunes chômeurs et les génies incompris locaux se rassemblaient pour tester leurs talents, leur chance et leur rage, je vis un jeu vidéo où, quand était atteint le score de vingt-mille points, surgissait un ange rose imaginé par un Japonais et dessiné par un Italien, qui nous souriait gentiment […]
Orhan Pamuk — La vie nouvelle -
Mille mètres plus loin, la dure nécessité nous rangerait d’office sur l’échiquier noir de la guerre, mais ici, hors du jeu, oubliés, nous faisions l’école buissonnière. Les balles aussi. Balles perdues, écume des lointains combats.
Un sens à la vie — Antoine de Saint-Exupéry -
C’est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t’avertit, dès l’entrée, que je ne m’y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n’y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein. Je l’ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que m’ayant perdu (ce qu’ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent, plus altière et plus vive, la connaissance qu’ils ont eue de moi. Si c’eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une marche étudiée. Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c’est moi que je peins. Mes défauts s’y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l’a permis. Que si j’eusse été entre ces nations qu’on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t’assure que je m’y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n’est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain.
Montaigne — Essais -
Quel que fût le point qui pût retenir M. de Charlus et le giletier, leur accord semblait conclu et ces inutiles regards n’être que des préludes rituels, pareils aux fêtes qu’on donne avant un mariage décidé.
Marcel Proust — Sodome et Gomorrhe -
Nous ne conduisons jamais bien la chose de laquelle nous sommes possédés et conduits. Celui qui n’y emploie que son jugement et son adresse il y procède plus gaiement : il feint, il ploie, il diffère tout à son aise, selon le besoin des occasions ; il manque le but, sans tourment et affliction, prêt et entier pour une nouvelle entreprise ; il marche toujours la bride à la main.
Montaigne — Essais -
Moisson capricieuse, portraits-souvenirs, voyages, mémoires, lectures et recherches, minimes moins arrogantes que les maximes, enfin l’école buissonnière de la prose et des vers.
Claude Roy — Chemins croisés -
Voyager me semble un exercice profitable. L’âme y a une continuelle excitation à remarquer des choses inconnues et nouvelles ; et je ne sache point meilleure école, comme j’ai dit souvent, à former la vie que de lui proposer incessamment la diversité de tant d’autres vies, fantaisies et usances, et lui faire goûter une si perpétuelle variété de formes de notre nature.
Montaigne — Essais -
Je fis bien de temps à autre l’école buissonnière […] mais ce ne furent des escapades de brève durée qui devinrent de plus en plus rares.
Joseph Caillaux — Mes Mémoires -
Ai-je vraiment cherché quelque chose ? J’ai bien sûr soulevé quelques pierres, sondé la base de la falaise ouest, à l’aplomb des cavernes que j’ai repérées à mon arrivée dans l’Anse aux Anglais.
J.M.G. Le Clézio — Voyage à Rodrigues -
Les plus optimistes supporters des Girondins retiendront qu’ils ont mené deux fois au stade Gaston-Gérard, les plus lucides qu’ils ont surtout beaucoup subi en défense et connu une réussite maximale devant : c’est au terme d’une action confuse, marquée par un possible défaut de la goal-line technology – que Cafu a ouvert le score dès la 13e minute, et il a fallu une frappe venue de nul part de Malcolm (36e) pour que les visiteurs reprennent l’avantage – contre le cours du jeu – deux minutes après l’égalisation de la tête de Cédric Yambéré.
Bordeaux rechute à Dijon — Lequipe.fr -
Je m’efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d’or, ou l’écoulement d’une rivière souterraine, mais ce plan tout factice n’est qu’un trompe-l’œil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un présage, une suite définie d’événements, je crois reconnaître une fatalité, mais trop de routes ne mènent nulle part, trop de sommes ne s’additionnent pas ; je perçois bien dans cette diversité, dans ce désordre, la présence d’une personne, mais sa forme semble presque toujours tracée par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflétée sur l’eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu’elles le fassent, puisqu’elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mémoire des hommes, ou dans la mienne propre ; puisque c’est peut-être l’impossibilité de continuer à s’exprimer et à se modifier par l’action qui constitue la différence entre l’état de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indéfinissable.
Marguerite Yourcenar — Mémoires d’Hadrien -
Spinoza, Boèce, Leibniz, Molina, tout le monde et même, sans trop m'avancer, ceux que je ne connais pas, on retire l'impression, nullement pénible du reste, qu'on aurait pu leur soumettre sans que cela change grand-chose à leurs argumentations, des vérités telles que « on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre », à condition toutefois de les renverser et que la bravoure soit de prouver que si, justement, on peut avoir le beurre et l'argent du beurre.
Emmanuel Carrère — Le Détroit de Behring -
La rencontre avec le batteur des « Beach Boys » Dennis Wilson à la fin des années 60 va lui faire croire encore plus fort à ce rêve de gloire. Ce dernier le met en contact avec le producteur Terry Melcher qui lui fait enregistrer une chanson qu’il a lui-même écrite « Cease to exist », connue sous le nom de « Never Learn Not to Love » et interprétée par les Beach Boys. Mais son nom n’apparaît nul part et Charles Manson est fou de rage.
Charles Manson — le gourou meurtrier obsédé par la musique -
Pourquoi être si faible ? Pourquoi naître si femme ? Ce n’est plus le temps des pleurs, mais le temps de la rage et la vengeance ! Anna debout ! Sors tes griffes de panthère, Anna ! Si Mendo te trahit il faut que tu l’accables ! Œil pour œil ! Fais-lui cracher toutes ses dents ! Debout avec ton orgueil de femme, Anna ! Sois forte, sois sévère, sois impitoyable !
Eduardo Manet — L’autre Don Juan -
L'orgueil mettait partout des barrières, et nulle part des limites.
Mme de Staël — Considérations sur la Révolution française -
Un policier peut mourir de sa belle mort ou encore se faire descendre en service commandé. Mais qu’un flic se suicide, c’est une autre histoire, qui risque de compromettre toute la corporation et peut mener très loin. Le suicide de Tom Deery, en particulier, mènera l’inspecteur Bennion aux limites de la haine et du désespoir. Œil pour œil, dent pour dent, la loi des truands deviendra celle de Dave Bannion.
William P. McGivern — Coup de torchon -
[…] ce que boivent les agents du fisc, le hobby des généraux dans les colonies, le mauvais esprit du consommateur algérien, la filière suisse et ses relais sétifiens n'avaient plus de secrets pour moi. Le tout raconté à la mode algéroise, un brouet dénué de subtilité formé d'un tiers de secrets de Polichinelle, un tiers de tartes à la crème et un tiers de sous-entendus hilarants à faire pleurer un éléphant.
Boualem Sansal — L'enfant fou de l'arbre creux -
C'était des noms et des mots que l'on n'aurait entendus nulle part ailleurs dans tout Paris à cette époque...
Alfred de Vigny — Mémoires inédits -
Je ne sais pas, continua Anne Mareili, mais il peut arriver aussi que le beurre et l'argent du beurre manquent, c’est l’expérience qu’en font bien des filles fières, qui, pleines d’angoisse, courent après un mari […]
Jeremias Gotthelf — L’argent et l’esprit : ou La réconciliation -
Le nom de ce masque italien vient d'un certain paysan de Sorrente, contrefait, mais de bonne humeur, qui, vers le milieu du XVIème siècle, apportait ses poulets au marché de Naples qu'il égayait de ses saillies. Après sa mort, on eut l'idée de transporter ce personnage sur le théâtre pour l'amusement du peuple, et il obtint un grand succès. Suivant une autre version, une troupe d'acteurs étant venue à Acerra, à l'époque des vendanges, fut accueillie par les sarcasmes des paysans qui se livraient aux folies de ce temps de joie; les acteurs remarquèrent surtout les bouffonneries d'un certain Pulci d'Aniello, et parvinrent à l'engager dans leur troupe. Il parut sur la scène avec une large robe blanche, de longs cheveux, et il plut tellement aux Napolitains qu'à sa mort il fallut trouver un autre Pulcinello. (...) Ce n'est pas tout-à-fait là le polichinelle que nous connaissons, à la double bosse, au nez particulier, au vaste chapeau tricorne, aux jambes grêles avec de gros sabots, au vêtement multicolore, qui amuse la foule dans sa petite baraque, où, armé d'un bâton, il frappe à son tour sa femme, le commissaire, le gendarme (quelquefois même un malheureux chat), qu'il assomme successivement, jusqu'à ce que le diable parvienne à s'emparer de lui.
Encyclopédie des gens du monde — répertoire universel des sciences -
Elle se demanda ce qu’elle allait faire maintenant, cherchant une occupation pour son esprit, une besogne pour ses mains. Elle n’avait point envie de redescendre au salon auprès de sa mère qui sommeillait ; et elle songeait à une promenade, mais la campagne semblait si triste qu’elle sentait en son cœur, rien qu’à la regarder par la fenêtre, une pesanteur de mélancolie.Alors elle s’aperçut qu’elle n’avait plus rien à faire, plus jamais rien à faire. Toute sa jeunesse au couvent avait été préoccupée de l’avenir, affairée de songeries. La continuelle agitation de ses espérances emplissait, en ce temps-là, ses heures sans qu’elle les sentît passer. Puis, à peine sortie des murs austères où ses illusions étaient écloses, son attente d’amour se trouvait tout de suite accomplie. L’homme espéré, rencontré, aimé, épousé en quelques semaines, comme on épouse en ces brusques déterminations, l’emportait dans ses bras sans la laisser réfléchir à rien.Mais voilà que la douce réalité des premiers jours allait devenir la réalité quotidienne qui fermait la porte aux espoirs indéfinis, aux charmantes inquiétudes de l’inconnu. Oui, c’était fini d’attendre.Alors plus rien à faire, aujourd’hui, ni demain ni jamais. Elle sentait tout cela vaguement à une certaine désillusion, à un affaissement de ses rêves.Elle se leva et vint coller son front aux vitres froides. Puis, après avoir regardé quelque temps le ciel où roulaient des nuages sombres, elle se décida à sortir.Étaient-ce la même campagne, la même herbe, les mêmes arbres qu’au mois de mai ? Qu’étaient donc devenues la gaieté ensoleillée des feuilles, et la poésie verte du gazon où flambaient les pissenlits, où saignaient les coquelicots, où rayonnaient les marguerites, où frétillaient, comme au bout de fils invisibles, les fantasques papillons jaunes ? Et cette griserie de l’air chargé de vie, d’arômes, d’atomes fécondants n’existait plus.Les avenues, détrempées par les continuelles averses d’automne, s’allongeaient, couvertes d’un épais tapis de feuilles mortes, sous la maigreur grelottante des peupliers presque nus. Les branches grêles tremblaient au vent, agitaient encore quelque feuillage prêt à s’égrener dans l’espace. Et sans cesse, tout le long du jour, comme une pluie incessante et triste à faire pleurer, ces dernières feuilles, toutes jaunes maintenant, pareilles à de larges sous d’or, se détachaient, tournoyaient, voltigeaient et tombaient.
Maupassant — Une vie -
Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche ; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s’éteignent, à la croire déjà morte, sans l’effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux, comme si l’âme eût fait des bonds pour se détacher. Félicité s’agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets, tandis que M. Canivet regardait vaguement sur la place. Bournisien s’était remis en prière, la figure inclinée contre le bord de la couche, avec sa longue soutane noire qui traînait derrière lui dans l’appartement. Charles était de l’autre côté, à genoux, les bras étendus vers Emma. Il avait pris ses mains et il les serrait, tressaillant à chaque battement de son cœur, comme au contrecoup d’une ruine qui tombe. À mesure que le râle devenait plus fort, l’ecclésiastique précipitait ses oraisons ; elles se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary, et quelquefois tout semblait disparaître dans le sourd murmure des syllabes latines, qui tintaient comme un glas de cloche.
Flaubert — Madame Bovary -
Il n’allait jamais chez personne, ne voulait ni recevoir ni donner à dîner ; il ne faisait jamais de bruit, et semblait économiser tout, même le mouvement. Il ne dérangeait rien chez les autres par un respect constant de la propriété. Néanmoins, malgré la douceur de sa voix, malgré sa tenue circonspecte, le langage et les habitudes du tonnelier perçaient, surtout quand il était au logis, où il se contraignait moins que partout ailleurs. Au physique, Grandet était un homme de cinq pieds, trapu, carré, ayant des mollets de douze pouces de circonférence, des rotules noueuses et de larges épaules ; son visage était rond, tanné, marqué de petite vérole ; son menton était droit, ses lèvres n’offraient aucunes sinuosités, et ses dents étaient blanches ; ses yeux avaient l’expression calme et dévoratrice que le peuple accorde au basilic ; son front, plein de rides transversales, ne manquait pas de protubérances significatives ; ses cheveux jaunâtres et grisonnants étaient blanc et or, disaient quelques jeunes gens qui ne connaissaient pas la gravité d’une plaisanterie faite sur monsieur Grandet. Son nez, gros par le bout, supportait une loupe veinée que le vulgaire disait, non sans raison, pleine de malice. Cette figure annonçait une finesse dangereuse, une probité sans chaleur, l’égoïsme d’un homme habitué à concentrer ses sentiments dans la jouissance de l’avarice et sur le seul être qui lui fût réellement de quelque chose, sa fille Eugénie, sa seule héritière. Attitude, manières, démarche, tout en lui, d’ailleurs, attestait cette croyance en soi que donne l’habitude d’avoir toujours réussi dans ses entreprises. Aussi, quoique de mœurs faciles et molles en apparence, monsieur Grandet avait-il un caractère de bronze. Toujours vêtu de la même manière, qui le voyait aujourd’hui le voyait tel qu’il était depuis 1791.
Balzac — Eugénie Grandet -
Une humanité nouvelle —grâce à la Science des Perturbations — prend le départ sur les chapeaux de roues de la fortune, celle-ci inversement partagée entre les individus.
Marcel Sauvage — Gardiens de la parole -
Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d’entrée la figure d’un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d’abord l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l’oreille:– Que voulez-vous ici, mon enfant?Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu’il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa question.– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux.Mme de Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
Stendhal — Le Rouge et le Noir -
Pour moi, l’auto, et sa manière fourbe de surgir, de s’emballer follement dans une sale histoire avec des effets de chapeaux de roues grinçants, était responsable d’un climat général qui allait se dégrader.
Anne de Gasperi — Trois grains de sable dans le Niger -
Ce n’était pas une petite tâche que de peindre les deux ou trois mille figures saillantes d’une époque, car telle est, en définitif, la somme des types que présente chaque génération et que la Comédie humaine comportera. Ce nombre de figures, de caractères, cette multitude d’existences exigeaient des cadres et, qu’on me pardonne cette expression, des galeries. De là, les divisions si naturelles, déjà connues, de mon ouvrage en Scènes de la vie privée, de province, parisienne, politique, militaire et de campagne. Dans ces 6 livres sont classées toutes les études de mœurs qui forment l’histoire générale de la Société, la collection de tous ses faits et gestes, eussent dit nos ancêtres. Ces six livres répondent d’ailleurs à des idées générales. Chacun d’eux a son sens, sa signification, et formule, une époque de la vie humaine.
Honoré de Balzac — avant-propos de la Comédie humaine -
J'ai été objet des persécutions toute ma vie, j'ai des documents médicaux qui le prouvent, qui reconnaissent à toutes fins utiles que je suis un persécuté.
Romain Gary — La vie devant soi -
La houle des blés mûrs versés d'épis prospèresEt prompts à resurgir quand le vent a passé.
Régnier — Poèmes -
J'aimais à la folie le toucher d'Annalena. Si surprenante que fût l'habileté qu'elle y montrait, jamais je n'y trouvai l'occasion de douter de la sincérité de son émotion. La belle musicienne avait l'âme fort sensible et l'agilité de ses mains angéliques ne ressemblait en rien à l'adresse irritante et vulgaire des virtuoses.
Milosz — Amour. init. -
Il a accompli l’une des trajectoires sociales les plus extraordinaires de l’époque moderne : [il est à la fin de sa vie] l’un des plus proches courtisans du Roi-Soleil, pourvu de charges et gratifié par lui de la noblesse héréditaire, jouissant du privilège exorbitant d’entrer à son « petit lever » sans être annoncé.
id. — p. 14 -
Triompher dans le genre de la tragédie, c’était pour lui le seul chemin pour se faire hisser au premier rang des poètes.
G. Forestier — p. 294-295