La langue française

Accueil > Littérature > Alphonse de Lamartine > Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques : Hymne au soleil

Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques : Hymne au soleil

Méditations Poértiques Alphonse de Lamartine

Méditations poétiques est le premier recueil de poèmes d'Alphonse de Lamartine, publié en 1820. La première édition comportait 24 poèmes. D'autres éditions suivirent ; celle de 1849 comportait alors 41 poèmes. Ce recueil marque l'aboutissement d'un courant de poésie élégiaque caractérisé par de nombreuses allusions mythologiques, une tonalité exclamative, des interrogations ainsi qu'une abondance de périphrases poétiques.

Pour citer l'œuvre : Œuvres complètes de Lamartine Chez l’auteur, 1860, 1 (p. 243-245).

VINGT-NEUVIÈME

MÉDITATION



HYMNE AU SOLEIL



1825

Vous avez pris pitié de sa longue douleur ;
Vous me rendez le jour, Dieu que l’amour implore !
Déjà mon front, couvert d’une molle pâleur,
Des teintes de la vie à ses yeux se colore ;
Déjà dans tout mon être une douce chaleur
Circule avec mon sang, remonte dans mon cœur :

Je renais pour aimer encore !


Mais la nature aussi se réveille en ce jour ;
Au doux soleil de mai nous la voyons renaître :
Les oiseaux de Vénus, autour de ma fenêtre,
Du plus chéri des mois proclament le retour !
Guides mes premiers pas dans nos vertes campagnes !
Conduis-moi, chère Elvire, et soutiens ton amant.
Je veux voir le soleil s’élever lentement,
Précipiter son char du haut de nos montagnes,
Jusqu’à l’heure où dans l’onde il ira s’engloutir,
Et cédera les airs au nocturne zéphyr.
Viens ! Que crains-tu pour moi ? le ciel est sans nuage :
Ce plus beau de nos jours passera sans orage ;
Et c’est l’heure où déjà, sur les gazons en fleurs,
Dorment près des troupeaux les paisibles pasteurs.

Dieu, que les airs sont doux ! que la lumière est pure !
Tu règnes en vainqueur sur toute la nature,
Ô soleil ! et des cieux, où ton char est porté,
Tu lui verses la vie et la fécondité.
Le jour où, séparant la nuit de la lumière,
L’Éternel te lança dans ta vaste carrière,
L’univers tout entier te reconnut pour roi ;
Et l’homme, en t’adorant, s’inclina devant toi.
De ce jour, poursuivant ta carrière enflammée,
Tu décris sans repos ta route accoutumée ;
L’éclat de tes rayons ne s’est point affaibli,
Et sous la main des temps ton front n’a point pâli !

Quand la voix du matin vient réveiller l’aurore,
L’Indien prosterné te bénit et t’adore ;
Et moi, quand le midi de ses feux bienfaisants
Ranime par degrés mes membres languissants,

Il me semble qu’un Dieu, dans tes rayons de flamme,
En échauffant mon sein pénètre dans mon âme !
Et je sens de ses fers mon esprit détaché,
Comme si du Très-Haut le bras m’avait touché.
Mais… ton sublime auteur défend-il de le croire ?
N’es-tu point, ô soleil ; un rayon de sa gloire ?
Quand tu vas mesurant l’immensité des cieux,
Ô soleil, n’es-tu point un regard de ses yeux ?

Ah ! si j’ai quelquefois, aux jours de l’infortune,
Blasphémé du soleil la lumière importune,
Si j’ai maudit les dons que j’ai reçus de toi,
Dieu, qui lis dans nos cœurs, ô Dieu, pardonne-moi !
Je n’avais pas goûté la volupté suprême
De revoir la nature auprès de ce que j’aime,
De sentir dans mon cœur, aux rayons d’un beau jour,
Redescendre à la fois et la vie et l’amour.
Insensé ! j’ignorais tout le prix de la vie ;
Mais ce jour me l’apprend, et je te glorifie !




Commentaire de texte d'Alphonse de Lamartine : Hymne au soleil

Pas de commentaire de texte pour le moment.

L'auteur : Alphonse de Lamartine

Lamartine

Alphonse de Lamartine (1790-1869) est un poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu'une personnalité politique qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l'une des grandes figures du romantisme en France.

Partager :
ou Nous soutenir

Recevez tous les articles de la semaine par courriel

Inscrivez-vous à notre lettre d'information hebdomadaire pour recevoir tous nos nouveaux articles, gratuitement. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour écrire un commentaire.

Se connecter S'inscrire