La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « souloir »

Souloir

Définitions de « souloir »

Trésor de la Langue Française informatisé

SOULOIR, verbe intrans.

Vx. Avoir coutume, avoir l'habitude de. [Le bon peuple de Saint-Louis] regrettera toujours la tombe de quelques messieurs de Montmorency, sur laquelle il souloit de se mettre à genoux durant la messe (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 23).
Rem. 1. Selon Littré: ,,Chateaubriand a dit à tort: « il soulait de...; l'ancien usage ne mettait pas de »``. 2. Dès le déb. du xviies., ce verbe ne s'employait plus guère qu'à l'imparfait.
Prononc. et Orth.: [sulwa:ʀ]. Att. ds. Ac. 1740-1878. Étymol. et Hist. Exprime, en a. fr., l'action habituelle, la permanence 937-952 ind. prés. suivi de l'inf. (Jonas, éd. G. de Poerck, 116: habuit misericordias si cum il semper solt haveir de peccatore); déb. xiies. ind. imp., empl. abs. (Benedeit, St Brendan, 1619 ds T.-L.: cum soleient [prout solent]); à partir du xvies., ne s'emploie plus guère qu'à l'ind. imp., cf. 1647 (Vaug., p. 241: ce mot est vieux, mais il seroit fort à souhaiter qu'il fust encore en usage). Du lat. solere « avoir coutume » (ut solebat; ut fieri solebat). Bbg. Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 184-185.

Wiktionnaire

Verbe - français

souloir \su.lwaʁ\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. (Archaïsme) (Désuet) Avoir l’habitude de. — Note : Il est suivi d'un verbe à l'infinitif qui indique quelle action est habituellement faite.
    • Ne pense, Robertet, que cette Rome-ci
      Soit cette Rome-là, qui te soulait tant plaire.
      On n'y fait plus crédit, comme l'on soulait faire,
      On n'y fait plus l'amour, comme on soulait aussi
      . — (Joachim Du Bellay, Les Regrets : sonnet LVXXXIII, Paris : Léon Séché/Revue de la Renaissance, 1903, vol.3, p.66)
    • […], encore remarqua-t-il la brebis plus chérie de sa maîtresse, quoiqu'elle ne portât ce matin les rubans de diverses couleurs qu'elle soulait avoir à la tête en façon de guirlande, parce que la Bergère, atteinte de trop de déplaisir, ne s'était donné le loisir de l'agencer comme de coutume. — (Honoré d'Urfé, L'Astrée, Partie 1, livre I, 1607, éd. 1925)
    • Quant à son temps bien sut le dispenser,
      Deux parts en fit, dont il soulait passer,
      L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.
      — (La Fontaine, Épitaphe du paresseux)
    • On aura beau bâtir des temples grecs bien élégants, […] il regrettera toujours la tombe de quelques messieurs de Montmorency, sur laquelle il soulait se mettre à genoux durant la messe, […]. — (François-René de Chateaubriand, Le génie du Christianisme Paris : Firmin Didot, 1857, vol.1, p.365)
    • — Bien sûr. Mais sous d’autres contrées, il soulait secouer le cocotier.
      — Soûler quoi ? interrogea Séverin.
      Souloir ! C’est un verbe tombé en désuétude.
      — (Bruno Guiblet, Le Muscle de l'amour, Éditions Robert Laffont, 2014, p.200)
    • Le milan qu'ils soulaient anciennement nommer ichtynos, est maintenant nommé licadurus. Et pource que j'ai traité de tous oiseaux en autre mien œuvre, je n'en dirai autre chose pour l'heure présente. — (Voyage au Levant: les observations de Pierre Belon du Mans de plusieurs singularités & choses mémorables, trouvées en Grèce, Turquie, Judée, Égypte, Arabie & autres pays étranges, 1553, texte établi & présenté par Alexandra Merle, Éditions Chandeigne/Librairie Portugaise, 2001, chap. 11)
    • Mon âme souloit être
      Libre de passion,
      Mais Amour s'est fait maître
      De mes affections,
      Et a mis sous sa loi
      Et mon cœur et ma foi.
      — (Thoinot Arbeau, Belle qui tiens ma vie, 1589)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

SOULOIR (sou-loir) v. n.
  • Terme vieilli dont il ne reste que l'imparfait, à peine encore usité quelquefois. Avoir coutume. Quel soin… Fait que je ne suis plus ce que je soulais être ? Régnier, Dial. En grande estime il soulait être, Scarron, Poés. div. Œuv. t. VII, p. 21, dans POUGENS. Quant à son temps… Deux parts en fit, dont il soulait passer L'une à dormir et l'autre à ne rien faire, La Fontaine, Épît. L'usage a préféré dans les verbes… Être accoutumé à souloir, La Bruyère, De quelques usages. E [le peuple de saint Louis] regrettera toujours la tombe de quelques messieurs de Montmorency, sur laquelle il soulait de se mettre à genoux durant la messe, Chateaubriand, Génie, III, 1, 8.

REMARQUE

1. Souloir est une des plus grandes pertes que la langue ait faites ; car combien avoir coutume, dont on est obligé de se servir, est lourd et incommode !

2. Chateaubriand a dit à tort : Il soulait de… ; l'ancien usage ne mettait pas de.

HISTORIQUE

Xe s. Si cum il semper solt haveir, Fragm. de Valenc. p. 468.

XIe s. Jà c'est Rolanz qui tant vus soelt amer, Ch. de Rol. CXLVII.

XIIe s. Et les douz mots que [je] soil à lui [elle] parler, Couci, XXII. Nous li soliens vaincre et finer les estors [les combats], Sax. XXVII.

XIIIe s. L'en sieult dire, et voirs est, ce cuit [je pense] : Encontre vezié, recuit [à bon chat, bon rat], la Rose, 7389.

XIVe s. Ceux qui seulent mengier et boire indifferemment ce que est mis devant eulx, Oresme, Éth. 95.

XVe s. Ainsi comme en icelle morte saison les gentilshommes se seulent esbattre à chasser aux lievres… le bon Bouciquaut, par maniere de soulas, s'esbattoit à chasser aux ennemis, Bouciq. I, 12.

XVIe s. Je souloys jadiz boyre tout, maintenant je n'y laisse rien, Rabelais, Garg. I, 5.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « souloir »

Du latin solēre (« avoir l’habitude »).
Au XVe siècle l'orthographe en est moins stabilisée :
  • Vous soulliés gayement chanter
    Et démener joyeuse vye
    Et les bons compaignons hanter
    Par le pays de Normandye.
    — (Complainte normande d'un auteur inconnu, vers 1450, indiqué dans Anthologie des poètes français, Librairie Alphonse Lemerre, 1905, vol.1 (depuis les origines jusqu’à la fin du 18e siècle), p. 73)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. et espagn. soler ; portug. soer ; ital. solere ; du lat. solere.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « souloir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
souloir sulwar

Évolution historique de l’usage du mot « souloir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « souloir »

  • Il faut, en effet, faire preuve d'un "conservatisme éclairé" pour ne pas laisser filer l'ancienne langue. Et pouvoir conserver les expressions de ma belle-mère : un "culot de commissaire" (énorme), une "connaissance" (un [e] petit [e] ami [e]). Je crois que la Poste, soucieuse d'un beau langage, avait été tentée un temps par le joli mot d'hier l'"accueillance". D'autres mots anciens mériteraient d'être ressuscités : "souloir" (avoir l'habitude de), "compotation", (le repas partagé entre élèves et professeurs après les examens), "dupeur d'oreilles" (l'orateur qui fait trouver bon ce qui est médiocre)...  
    LExpress.fr — Jean Pruvost: "La langue française se porte joyeusement" - L'Express

Traductions du mot « souloir »

Langue Traduction
Anglais souloir
Espagnol souloir
Italien souloir
Allemand souloir
Chinois 灵魂
Arabe روح
Portugais souloir
Russe душевный
Japonais スロワール
Basque souloir
Corse souloir
Source : Google Translate API

Combien de points fait le mot souloir au Scrabble ?

Nombre de points du mot souloir au scrabble : 7 points

Souloir

Retour au sommaire ➦