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Sœur

Variantes Singulier Pluriel
Féminin sœur sœurs

Définitions de « sœur »

Trésor de la Langue Française informatisé

SŒUR, subst. fém.

I.
A. − Personne de sexe féminin considérée dans son lien parental avec les autres enfants de ses propres parents (père et/ou mère). Mariage, mort, nom de sa sœur; embrasser sa sœur. L'homme qui n'a pas connu l'influence féminine d'une sœur dans son jeune âge se reconnaît souvent à on ne sait quoi d'un peu dur, le garçon seul parmi des sœurs garde une certaine fragilité (Mounier,Traité caract., 1946, p. 104):
1. ... je ne vivais pas seule ma condition d'enfant; j'avais une pareille: ma sœur, (...) elle avait deux ans et demi de moins que moi. On disait qu'elle ressemblait à papa (...). Sa naissance avait déçu car toute la famille désirait un garçon... Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 44.
Locutions
Sœur aînée, grande sœur. Sœur (la) plus âgée. Sa petite sœur Marguerite, qui n'avait encore que douze ans, vint (...) se jeter dans les bras de l'aînée, et lui dit: « Grande sœur, je ne veux pas que tu sois malheureuse... » (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Confess., 1883, p. 890).V. aîné ex. 8.
Sœur cadette, jeune/petite sœur. Sœur moins âgée. Il vivait (...) avec deux sœurs; l'une, sensiblement plus âgée, s'était faite insignifiante, par effacement et affectueuse abnégation devant sa sœur cadette (...), prenant à sa charge (...) toutes les corvées et les soins les plus rebutants du ménage. La seconde sœur (...) était charmante (Gide,Si le grain, 1924, p. 472).Les deux petites sœurs (...), même robe blanche et bleue, même ruban de natte, même petit pas posé, l'une ingénue et docile, l'autre importante et ingénue, se donnaient la main (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 113).P. métaph. V. cadet ex. 2.
Sœur consanguine, sœur de père. Sœur née du même père mais non de la même mère. Certains collatéraux sont parents à la fois dans les deux lignes [paternelle et maternelle]; ainsi les frères et sœurs issus des mêmes père et mère, qu'on appelle frères et sœurs germains. Au contraire, les frères et sœurs par le père seulement, qu'on appelle consanguins, les frères et sœurs de mère, qu'on appelle utérins, ne sont parents que dans une seule ligne (A. Colin, H. Capitant,Cours élém. de dr. civil fr., Paris, Dalloz, t. 1, 1931, p. 260).
Sœur germaine. V. germain1A 1 et ex. de Bremond et supra A. Colin, H. Capitant, loc. cit.
Sœur naturelle, illégitime. Sœur née hors mariage. J'avais une sœur illégitime (...), élevée, depuis sa naissance, au fond d'une province (...). On ne m'en parlait jamais. Notre père, qui aurait pu la reconnaître, avait pris sur lui de me priver de cette affection (Bloy,Femme pauvre, 1897, p. 199).
Sœur utérine, sœur de mère. Sœur née de la même mère mais non du même père. − Tu as déjà (...) une parente dans ma maison? − Elle est ma sœur de mère (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p. 28).Voir A. Colin, H. Capitant, loc. cit.
Sœur(s) jumelle(s). Sœur(s) née(s) d'un même accouchement. Sa mère (...) avait succombé en les mettant au monde, lui et sa sœur jumelle Henriette, qui, toute petite, l'avait élevé (Zola,Débâcle, 1892, p. 6).P. métaph. Les misères et les grandeurs sont sœurs jumelles, elles naissent ensemble; mais quand les couches sont vigoureuses, les misères à une certaine époque meurent, les grandeurs seules vivent (Chateaubr.,Mém., t. 3, 1848, p. 671).
Sœurs siamoises. V. siamois I A 2 p. anal.
Sœur de lait. Personne de sexe féminin considérée dans son rapport non parental avec une autre personne ayant (eu) la même nourrice qu'elle. V. lait I A 1 ex. de Dumas père.
En compos. Belle-sœur*; demi-sœur*. Byron avait une demi-sœur (d'une autre mère). Il la vit quand elle était déjà grande, la séduisit, fut son amant. Pourquoi se maria-t-il? Ils continuèrent leurs relations. La femme s'en douta. La demi-sœur lui avoua sa faute (Barrès,Cahiers, t. 5, 1907, p. 263).
Littéraire
Les sœurs filandières, les trois sœurs ou, absol., les sœurs. Les Parques. Un fuseau, arme (...) terrible quand les trois Sœurs filandières y tordent et y enroulent le fil de nos destinées (France,Barbe-Bleue, Hist. duchesse de Cicogne, 1909, p. 133).V. filandière ex.
Les doctes/neuf sœurs. V. docte A p. ext. et ex. de Chateaubriand, neuf1I A poét. et ex. de Chénier.
[P. allus. au conte de Ch. Perrault, La Barbe-bleue ds Contes de Ma Mère l'Oye, Paris, Delagrave, 1947 [1697], p. 48: La sœur Anne monta sur le haut de la tour; et la pauvre affligée lui criait de temps en temps: − Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir?; pour exprimer une situation d'attente] Si nous écrivons à un ami dont la correspondance avec nous est en retard: Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir? nous exprimons notre état subjectif d'attente par une pure dénomination extrinsèque (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 918).
B. − P. anal.
1. [Avec une idée prédominante d'affectivité]
a) Femme qui est liée à une autre femme par une grande amitié et affection. Elle lui avait ouvert ses bras en lui disant: « Soyez ma sœur, mon amie, ma compagne, et aimez-moi comme je vous aime » (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 3, 1859, p. 379).
b) Femme qui est liée à un homme par un amour très chaste, en dehors de toute relation (ou même intention) sexuelle. Je serais le plus abject des hommes, si je pensais à Valérie autrement qu'avec la plus profonde vénération! (...) Qu'elle est belle l'âme de Valérie, de celle qui daigne être ma sœur, mon amie! Et qu'il serait lâche celui dont la passion ne s'arrêterait respectueusement devant cet ange (Krüdener,Valérie, 1803, p. 127).Il (...) ajouta, très bas: « C'est vous que j'aimais d'un amour fraternel, d'un amour pur. C'est vous que j'aimais comme une sœur (...)! » (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 322).V. ami ex. 35.
c) Femme qui est liée à un homme par une tendresse amoureuse, dans le cadre même de relations charnelles. Hélène en mourant tranchait ma vie (...). Je perds tout: mon amante, ma mère, ma sœur, la source, la femme (Jouve,Scène capit., 1935, p. 256):
2. Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble! Baudel.,Fl. du Mal, 1857, p. 86.
2. P. ext., arg. ou pop., plus ou moins iron.
a) Vieilli. Fille, femme. Le soir, après avoir semé la sœur [levée dans l'après-midi], parce que tu sais, moi, ça dure pas, pour les frangines (Simonin, J. Bazin,Voilà taxi!1935, p. 187).[Notre cambrioleur] tombe à point nommé dans la villa de son idole, s'explique avec elle (...) et se farcit la sœur (Trignol,Pantruche, 1946, p. 104).
b) Maîtresse, concubine. Dans le peuple et dans l'armée, pour désigner sa maîtresse, on dit indifféremment: (...) ma sœur, ma ménesse (Larch.1858, p. 521).
c) Prostituée. Maison de tolérance populaire, où pour une thune on pouvait se farcir une sœur (Trignol,Pantruche, 1946, p. 48).Leurs putes [de ces souteneurs] mettaient les autres sœurs au pli: à coups de razif [rasoir] (Le Breton,Rififi, 1953, p. 129).
d) Homosexuel(le). Chacune a quitté (...) La fine chemise (...) La plus jeune étend les bras, et se cambre, Et sa sœur, les mains sur ses seins, la baise (Verlaine, Œuvres compl., t. 2, Parall., 1889, p. 131).Quant au tzar des Bulgares, c'est une pure coquine, une vraie affiche (...), cela pourrait être la cause pour laquelle le tzar Ferdinand s'est mis du côté des « Empires de proie ». (...) on est indulgent pour une sœur, (...) ce serait très joli comme explication de l'alliance de la Bulgarie avec l'Allemagne (Proust,Temps retr., 1922, p. 788).
e) Loc. Et ta sœur! [Exclam. railleuse pour mettre fin à des propos jugés inadmissibles et qui s'attire parfois la réplique non moins narquoise Elle bat le beurre!] Le gars Pinceloup (...) disait (...): − On les verra p't' être seulement point, les Alboches. − Non, et ta sœur? disait Gaspard. − Mon gars, y a pas d'ma sœur; nous aut' on est réserve! − Continue: tu m'intéresses! (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 29).
C. − P. anal. ou au fig., littér. [Gén. avec une valeur méliorative] Personne ou chose liée à une autre par des rapports de ressemblance physique ou morale, de filiation matérielle ou spirituelle, de chronologie, de situation, etc.
1.
a) [À propos d'animés, de personnages mythiques, etc.] Gilland s'attacha sérieusement à une ouvrière, sa sœur de condition, sa compagne de labeur (Sand,Quest. art et litt., 1876, p. 241).MmeArnaud n'avait aucun doute que la vie de ces êtres de romans ne fût aussi réelle que la sienne. (...) la tendre jalouse lady Castlewood, l'amoureuse silencieuse (...) lui était une sœur (Rolland,J.-Chr., Amies, 1910, p. 1218).
Par personnification. Oies, sœurs des cygnes, blanches comme eux (Pesquidoux,Livre raison, 1932, p. 61).
En appos. avec valeur d'adj. Que les grandes démocraties sœurs (!) ne nous rebattent pas les oreilles de leurs propos vertueux (Le Dantec,Savoir!1920, p. 48).
En compos. L'ami intime, l'intelligence-sœur de M. de Tocqueville, et qui lui fut de bonne heure un confident unanime et comme une seconde conscience (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 15, 1860, p. 100).La Convention (...) eût préféré que la France s'entourât de républiques-sœurs. Mais (...) la majorité des populations se montrait hostile (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p. 295).Âme-sœur. V. âme II C 1 d et ex. 103.
HISTOIRE
,,Titre que les rois de la chrétienté donnent aux reines en leur écrivant`` (Ac. 1835, 1878). Les Rois et les Reines de la Chrétienté se traitent de Frères et de Sœurs en s'écrivant (Ac.1798).
[Chez les Compagnons] On appelle sœurs et frères, les fils et les filles du Père et de la Mère ainsi que leurs domestiques de l'un ou l'autre sexe (E. Martin Saint-Léon,Le Compagnonnage, 1901, p. 266).
Femme franc-maçonne. La vicomtesse de Beauharnais s'était-elle fait inscrire à quelque loge maçonnique? Avait-elle suivi l'engouement des jeunes dames de la Cour (...) amusées à la pensée de se faire appeler Vénérable sœur? (...) deux loges (...) prennent le nom de Joséphine et implorent la protection de leur impériale « sœur » (A. Castelot,Joséphine, 1964, p. 398).
b) [À propos de pers. et de choses concr., de phénomènes physiques] Une orchidée, (...) cette fleur si « chic », (...) sœur élégante et imprévue que la nature lui donnait, si loin d'elle dans l'échelle des êtres et pourtant raffinée, plus digne que bien des femmes qu'elle lui fît une place dans son salon (Proust,Swann, 1913, p. 221):
3. Ô ville, toi ma sœur à qui je suis pareil (...) Nous sommes tous les deux la tristesse d'un port Toi, ville! Toi ma sœur douloureuse qui n'as Que du silence et le regret des anciens mâts; Moi, dont la vie aussi n'est qu'un grand canal mort! Rodenbach,Règne sil., 1891, pp. 105-106.
[P. allus. au Cantique des Créatures de saint François d'Assise (1224)] Je serai pareille, Dans ma candeur nouvelle et ma simplicité, À mon frère le pampre et ma sœur la groseille (Noailles,Cœur innombr., 1901, p. 18).Je ne suis pas un saint (...); la pluie n'était pas ma sœur, le vent n'était pas mon frère; mais je disais au vent: « Doux frère de Clarice »; et je disais à la pluie: « Tendre sœur d'Annalena! » (Milosz,Amour. init., 1910, p. 90).
c) [À propos d'une pers., d'un personnage mythique ou d'une chose abstr.] La liberté divine Poserait ses pieds blancs sur ta poupe marine! Cette sœur de Vénus, cette fille des flots (Barbier,Ïambes, 1840, p. 155).Les chrétiens confortables et bien vêtus qu'incommode le Surnaturel et qui « ont dit à la Sagesse: Tu es ma sœur », la jugent dérangée d'esprit (Bloy,Femme pauvre, 1897, p. 297).
2.
a) [À propos de choses concr., de phénomènes physiques] Cette sœur de l'azur, La source, dont le cœur est infiniment pur (Jammes,De tout temps, 1935, p. 33).V. de1ex. 109:
4. ... la vie m'apparaissait trop belle et trop charmante pour que je ne sentisse pas aussi du goût pour la mort, sa sœur et son amie, toujours enlacée à elle, et (...) je chérissais la nature jusqu'à vouloir m'anéantir dans son sein. France,Vie fleur, 1922, p. 408.
Arg. ou pop. Les deux sœurs. Les fesses. Fait's vos discours à mes deux sœurs (Bruant1901, p. 223).
En appos. avec valeur d'adj. Deux pièces sœurs dont on avait fait sauter la porte vitrée (Morand,Extrav., 1936, p. 9).La jambe (...) se croise sur sa jambe sœur (Butor,Modif., 1957, p. 24).
En compos. Cellules-sœurs. Cellules issues de la division d'une même cellule-mère. La partie supérieure du nucelle, d'où ont disparu la calotte et les cellules-sœurs du sac embryonnaire (Plantefol,Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 460).
b) [À propos de choses concr., de phénomènes physiques ou de choses abstr.] L'hagiographie était la sœur de l'art barbare et charmant des enlumineurs (...) et de la chaste peinture des primitifs (Huysmans,En route, t. 1, 1895, p. 38).Amie et sœur de la jeune Espérance Ô nuit qui panses toutes les blessures (Péguy,Porche Myst., 1911, p. 304).
[P. allus. au poème de Baudelaire, Le Reniement de Saint Pierre ds Les Fleurs du Mal, 1857, p. 214: Certes, je sortirai, quant à moi, satisfait D'un monde où l'action n'est pas la sœur du rêve] Si le théâtre nous a montré parfois, avec Hamlet, que l'action n'est pas la sœur du rêve, il nous fait voir toujours en elle la sœur du discours, rend claire cette union de l'action et du discours (Thibaudet,Réflex. litt., 1936, p. 86).
c) [À propos de choses abstr.] La prière est la sœur tremblante de l'amour; Qui prie adore; aimer, c'est prier une femme; Les deux lumières sont au fond la même flamme (Hugo,Légende, t. 6, 1883, p. 237).Telle est la démocratie théorique. Elle proclame la liberté, réclame l'égalité, et réconcilie ces deux sœurs ennemies en leur rappelant qu'elles sont sœurs, en mettant au-dessus de tout la fraternité (Bergson,Deux sources, 1932, p. 300).
En appos. avec valeur d'adj. Langues sœurs. V. langue II A 1 et ex. 11.
d) [Avec une valeur emphatique] Divers toasts ont été portés: (...) M. Derozerays, à l'agriculture! M. Homais, à l'industrie et aux beaux-arts, ces deux sœurs! (Flaub.,MmeBovary, t. 1, 1857, p. 176).Les ténèbres avec leurs sombres sœurs, les flammes, Ont pris Paris (Hugo,Année terr., 1872, p. 278).
II. − RELIG. CATH.
A. −
1. Synon. de religieuse.Il n'y a rien de trop sale et trop vilain pour la vieille sœur chiffonnière. (...) ce que personne ne veut, c'est ça qu'elle passe son temps à chercher (...) pour nourrir beaucoup de pauvres et de vieillards et pour bâtir les couvents de la Mère Thérèse (Claudel,Soulier, 1929, 4ejournée, 11, p. 931).V. monastique ex. 2, moniale ex. de Huysmans et de Lefèvre:
5. ... les sœurs qui se vouent à la garde des malades et des infirmes sont admirables, mais combien leur tâche est aisée, en comparaison de celle qu'assument les ordres cloîtrés, les ordres où les pénitences ne s'interrompent jamais, où même les nuits alitées sanglotent! HuysmansEn route, t. 1, 1895, p. 78.
Rem. Certains aut. établissaient une distinction (auj. périmée) selon laquelle le mot sœur devait s'appliquer aux religieuses de vœux simples uniquement: ,,Le mot de sœur désigne (...) selon le can. 488, 7 o, les religieuses de vœux simples, par opposition aux religieuses de vœux solennels qui sont dites moniales`` (R. Naz, Dict. de dr. canonique, Paris, Letouzey, t. 7, 1958, col. 1065).
Fam. Bonne sœur ou (plus rare, vieilli) chère sœur, synon. Deux bonnes sœurs enfoncées sous la cornette égrenant de longs chapelets qui leur mesuraient l'attente (A. Daudet,Nabab, 1877, p. 141).La femme aux chapelets pendants parla des maisons de son ordre, de (...) la chère sœur Saint-Nicéphore. On les avait demandées au Havre pour soigner dans les hôpitaux des centaines de soldats (...) elle se révéla tout à coup une de ces religieuses à tambours et à trompettes (...); une vraie bonne sœur Ran-tan-plan (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 146).
2.
a) [Les sœurs selon leur statut, leur fonction] Sœur économe, enseignante, garde-malade, hospitalière, supérieure.
Vx. Sœur converse, laie. V. convers A 3 empl. adj. et ex. 2 lai1relig. cath.
Sœur écoute. V. écoute1B 1 a et ex. de Sand et de Estaunié.
Sœur tourière. Sœur qui remplit la fonction de portière. Le tour, à l'intérieur du couvent, près de la clôture. Blanche et une très jeune sœur (...) prennent les provisions et les objets usuels que la sœur tourière leur passe (Bernanos,Dialog. Carm., 1948, 2etabl., 6, p. 1591).P. métaph. La cloche (...) Se dépêchait (...) Dans sa tour (...). Sœur tourière du ciel (...) Semant un bruit de clés au fond de l'air transi (...) Elle faisait sa ronde, en robe noire aussi (Rodenbach,Régne sil., 1891, p. 127).
b) [Les sœurs selon leur congrégation, leur ordre]
Sœurs dominicaines. Congrégation vouée à l'éducation, à l'éveil de la foi, à la garde des malades, etc.; au sing., personne appartenant à cette congrégation. La sœur dominicaine est toujours assise auprès de mon lit (...). C'est une excellente fille, d'humble origine (...), le visage congestionné dans ses coiffes blanches, mais portant son habit avec dignité (Coppée,Bonne souffr., 1898, p. 32).Dominicains (tiers-ordres) (...). Ils offrent une grande variété de buts: soins des malades, enseignement, orphelinats, refuges, etc., où se dévouent les petites sœurs dominicaines (Marcel1938, p. 197).
Sœurs de la Doctrine (chrétienne). V. doctrine A 2 p. méton. et ex. de Theuriet.
Sœurs de Saint-Charles. Congrégation fondée à Nancy en 1652 par Joseph Chauvenel et vouée au service des pauvres, des malades. J'y retrouve [en Lorraine] (...) les coiffes blanches de vos saintes institutrices, les sœurs de Saint-Charles. (...) leur maison-mère est à Nancy. Et quand j'incline ici devant elles mon respect, c'est au double titre catholique et lorrain que je leur dis: « Mes sœurs » (Barrès,Cahiers, t. 4, 1906, p. 173).
Petites sœurs de l'Assomption. Congrégation fondée ,,à Paris par le P. Pernet en 1864 pour soigner les pauvres à domicile gratuitement`` (d'apr. Marcel 1938, p. 50). Synon. fam. sœurs hirondelles.V. hirondelle B 2 b ex. de Bourget.
Petites sœurs des Pauvres. Congrégation fondée vers 1840 par Jeanne Jugan et vouée au service des vieillards (notamment par le moyen de quêtes). J'ai visité hier les Petites Sœurs des pauvres. Le soin de ces infirmes, de ces vieillards est quelque chose de divin (...). C'est la vraie charité (Dupanloup,Journal, 1861, p. 224).
3.
a) Sœurs grises (vx), sœurs/filles de (la) Charité, sœurs de saint Vincent de Paul. Société de vie apostolique en communauté fondée en 1633 par saint Vincent de Paul et sainte Louise de Marillac, vouée au service des malades, des pauvres et à l'éducation; au sing. ou au plur., personne(s) appartenant à cette société. Des sœurs de Saint-Vincent de Paul, avançant en troupe, semblaient de grands oiseaux bleus aux ailes blanches étendues (Estaunié,Empreinte, 1896, p. 2).V. bon ex. 37, charité ex. 20:
6. Pour aider ses Dames de Charité dans leurs visites aux malheureux, il [saint Vincent de Paul] engageait quelques filles des champs, quelques servantes ayant le cœur chrétien, et partait de là pour instituer la sainte et admirable famille des Sœurs Grises, qui sont aujourd'hui, au nombre de vingt mille, répandues dans le monde entier. CoppéeBonne souffr., 1898, p. 138.
Rem. Les sœurs de saint Vincent de Paul, ne prononçant pas de vœux perpétuels mais les renouvelant chaque année, ne sont pas des religieuses au sens strict du terme. Pourtant, elles sont couramment assimilées à des religieuses.
b) P. anal. Sœur de charité
Personne qui se dévoue au service d'autrui. C'est [le Médecin de campagne] l'histoire d'un homme fidèle à un amour méconnu (...), au lieu de se faire chartreux, il se fait la sœur de charité d'un pauvre canton qu'il civilise (Balzac,Lettres Étr., t. 1, 1833, p. 13).Je ne trouve pas délicat à un vieillard, à un maladif (...) de prendre une jeune femme, même avec son assentiment, pour en faire la garde-malade et la sœur de charité de ces tristes années (Goncourt,Journal, 1887, p. 686).
P. iron., arg., vieilli. Synon. de voleuse.Les pauvres honteux possèdent (...) quelques débris de leur fortune passée (...) pendant qu'elle fouille dans les tiroirs, la Sœur de Charité sait s'emparer adroitement de ces objets (Vidocq,Voleurs, t. 2, 1836, p. 153-154).
B. − Ma sœur; sœur + prénom. ,,Appellation dont les religieuses usent entre elles pour exprimer les sentiments de charité qui animent leurs relations, et dont, par extension, les laïques usent également envers elles`` (R. Naz, loc. cit.). Sœur Marthe, à Mère Marguerite: Sœur Claire a regardé deux fois comment allait sa cornette, devant la glace. Mère Marguerite, à sœur Claire: C'est très laid (Rostand,Cyrano, 1898, v, 1, p. 202).− Oui, ma Sœur (...); des rires étouffés coururent le long des bancs. (...) je dis à la religieuse (...): − Je vois bien que j'ai fait une gaffe... Mais je ne sais pas comment il faut vous appeler... Aux religieuses que je connais, on dit ma sœur (Gyp,Souv. pte fille, 1928, pp. 97-98).
Prononc. et Orth.: [sœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1100 sorur (Roland, éd. J. Bédier, 1720); id. soer (ibid., 294); spéc. mythol. a) 1550 les neufs sœurs « les muses » (Ronsard, Odes, I, 10, v. 13, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 122); 1552 les doctes sœurs « id. » (Du Bellay, Œuvres, éd. H. Chamard, t. 4, p. 185); b) 1561 les trois fatales sœurs « les Parques » (J. Grevin, L'Olimpe, I, éd. L. Pinvert, p. 279); 2. a) 1100 « nom qu'on donne à une personne pour laquelle on a de la tendresse » (Roland, éd. cit., 3713); b) 1533 « nom donné à des chrétiennes par les autres membres de la chrétienté » sœurs en nostre seigneur Jesus (Farel, Maniere et fasson, p. 61 ds Richard, p. 16); c) 1671 « femme qui a une communauté de situation avec une autre » sœurs d'infortune (Molière, Psyché, I, 1); d) 1694 « nom donné aux reines par les rois quand ils leur écrivaient » (Ac.); 3. a) ca 1225 « nonne, religieuse » suer Eülaile (Gautier de Coinci, Miracles de Notre Dame, I Mir 29, éd. V. F. Koenig, t. 2, p. 273, 16); 1680 sœurs de la croix (Rich. t. 2); b) id. « nom donné aux femmes qui vivent ensemble sans être religieuse » sœur de la Charité (ibid.); 4. ca 1225 en parlant de deux choses qui ont de nombreux points communs » (Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 7610). Du lat. soror « sœur ». L'a. fr. avait les formes suer, cas suj., et seror, avec différentes var., cas régime issu de l'acc. sororem, très tôt le cas suj. devint le plus usuel à cause de son utilisation fréq. au vocatif. Fréq. abs. littér.: 13 346. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 20 137, b) 23 760; xxes.: a) 20 066, b) 14 775.
DÉR.
Sœurette, subst. fém.Appellation affectueuse pour une sœur plus jeune. − Sœurette, je voulais te dire quelque chose. Cécile frappa du poing (...). − Non, dit-elle (...) tu sais que je déteste ces façons de parler: sœurette, frérot. Non, non! Je t'appelle frère et tu m'appelles sœur (Duhamel,Nuit St-Jean, 1935, p. 210). [sœ ʀ εt]. Att. ds Ac. dep. 1835. 1resattest. a) 1463 « religieuse » (Texte in Rec. de docum. p. servir à l'histoire de Montreuil s. mer, éd. G. de Lhomel, 176 ds Fonds Barbier: couvent de noires seurettes religieuses de Saint-François), b) 1565 les neuf seurettes de Parnasse (Tahureau, Sec. Dial., p. 164 ds Hug.), 1571 sœurette (La Porte, Épith., 379 r oet v o, ibid.); de sœur, suff. -ette (v. -et).
BBG.Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 147. − Dub. Pol. 1962, p. 424. − Hasselrot 1957, p. 174, 204, 219 (s.v. sœurette); 20es. 1972, p. 71 (s.v. sœurette).

Wiktionnaire

Nom commun - français

sœur \sœʁ\ féminin (pour un homme, on dit : frère)

  1. Personne du sexe féminin, ayant le même père et la même mère que la personne considérée. Si un seul des parents est commun, c’est une demi-sœur.
    • Elle désire une sœur, une grande, une petite, peu importe, elle désire parler avec Sa Sœur, jouer avec elle, se disputer avec elle, dormir dans la même chambre qu'elle, faire les bazarettes le soir au lieu de dormir, […]. — (Claudine Galea, Les choses comme elles sont, Éditions Verticales (Gallimard), 2018)
  2. Membre féminin d’une fraternité.
    • La femme d’un frère mort sans enfants, si elle est reçue sœur , jouit de l’usufruit entier des biens du défunt, à l’exception des bagues et joyaux, qui doivent être remis à l’association. — (Archives parlementaires de 1787 à 1860: recueil complet des débats législatifs & politiques des chambres françaises imprimé par ordre du Sénat et de la Chambre des députés, Première série (1787 à 1799), tome 22, Librairie administrative de Paul Dupont, 1885, page 393)
  3. (En particulier) (Religion) Membre féminin d’une fraternité religieuse qui a prononcé des vœux.
    • Dès huit heures du matin, il arrivait à l'hôpital dans un coupé déverni que traînait une émouvante rossinante et il commençait, à la mode d’autrefois, l'appel de ses élèves sur un beau carton ad hoc peint en couleur par la sœur de charité de la salle des hommes attachée elle-même au service depuis vingt-cinq ans. — (Léon Daudet, Souvenirs littéraires – Devant la douleur, Grasset, 1915, réédition Le Livre de Poche, page 136)
    • Je quitte le lieutenant licencié et regagne le couvent, où la sœur converse m'annonce qu'un ami est venu me demander. — (Jean Giraudoux, Retour d'Alsace - Août 1914, 1916)
    • C'est infect, Saint-Lazare. Les sœurs vous traitent plus bas qu'tout. Elles vous insultent […]. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Moins l'habit et la cornette, c'est une sœur de la charité qui pose des ventouses, des cataplasmes, applique des sinapismes, masse les rhumatisants, ensevelit les morts. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  4. Réplique issue d’un original, d’importance égale ou moindre, parfois supérieure. Utilisé seulement pour les noms féminins.
    • M. Ferdinand Poise a écrit, sur cette jolie scénette en deux actes, une partition fine, élégante et distinguée, la sœur des Surprises de l'amour et de l’Amour médecin dont elle retrouvera sans doute le succès. — (L'Artiste, vol. 2, Paris : Aux bureaux de L'Artiste, 1884, page 317)
    • La multiplication des bureaucraties fait ressembler l’Europe capitaliste à sa sœur soviétisée. — (Emmanuel Todd, Le Fou et le Prolétaire, 1979, réédition revue et augmentée, Paris : Le Livre de Poche, 1980, page 167)
    • L'Italie reste encore pour la France, la patrie de la Rome antique, et je dirais volontiers, malgré l'anachronisme de la formule à cette date, une sœur latine — (Joseph Reinach, La France et l'Italie devant l'Histoire, 1893)
  5. (Figuré) Élément (féminin) d’un ensemble.
    • (Par apposition)En remontant jusqu'au XIXe siècle, époque de la formation de la « nation » française, je démontrerai que la France est, quintessentiellement, un pays de l'Europe du Nord-Ouest, et que sa nation-sœur, si elle en a une, est l'Allemagne plutôt que l'Italie. — (Emmanuel Todd, Le Fou et le Prolétaire, 1979, réédition revue et augmentée, Paris : Le Livre de Poche, 1980, page 34)

Adjectif - français

sœur \sœʁ\

  1. Qualifie des choses similaires, souvent avec la même origine. — Note d’usage : Utilisé seulement pour les noms féminins.
    • Le français, l’italien et l’espagnol sont des langues sœurs.
    • Les deux sont des villes sœurs.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SŒUR. n. f.
Celle qui est née du même père et de la même mère qu'une autre personne, ou seulement de l'un des deux. Sœur aînée. Sœur cadette. Elles sont sœurs. Le frère et la sœur. Sœurs jumelles. Elle est ma sœur. Elle a pour lui l'affection d'une sœur, une affection de sœur. En termes de Jurisprudence, Sœur germaine, Celle qui est née de même père et de même mère qu'une autre personne. Sœur consanguine, Celle qui n'est sœur que du côté paternel. Sœur utérine, Celle qui n'est sœur que du côté maternel. Fam., Demi-sœur, Celle qui n'est sœur que du côté paternel ou du côté maternel. Sœur naturelle, Celle qui est née de même père ou de même mère, mais hors du mariage. Sœur de lait, La fille de la nourrice par rapport au nourrisson que celle-ci a nourri du même lait; il se dit aussi de ce nourrisson, si c'est une fille, par rapport à l'enfant de la nourrice. Elles sont sœurs de lait. C'est la sœur de lait du prince. Belle-sœur. Voyez ce mot à son rang alphabétique. Fig., La poésie et la peinture sont sœurs, Elles ont ensemble beaucoup de rapports; elles se ressemblent en beaucoup de points. Poétiquement, Les neuf Sœurs, Les Muses.

SŒUR est le Titre donné aux religieuses soit en leur parlant, soit en parlant d'elles, dans la plupart des ordres ou dans les communautés. Sœur de charité. Sœur garde-malade. Sœurs missionnaires. Petites sœurs des pauvres. Sœur Marie de l'Incarnation. La sœur Thérèse. Sœur converse, Religieuse employée aux travaux domestiques du monastère. Sœur écoute, Sœur tourière. Voyez ÉCOUTE, TOURIÈRE.

Littré (1872-1877)

SŒUR (seur) s. f.
  • 1Fille née du même père et de la même mère qu'une autre personne, ou née de l'un des deux seulement. Les habitants de ce pays-là lui demandant [à Isaac] qui était Rébecca, il leur répondit : c'est ma sœur, Sacy, Bible, Genèse, XXVI, 7. Jamais sœurs ne furent unies par des liens ni si doux ni si puissants, Bossuet, Anne de Gonz. La princesse Palatine s'ôta tout pour soulager une sœur qui ne l'aimait pas, Bossuet, ib. Elle vous plaint, vous voit avec des yeux de sœur, Racine, Iph. II, 1.

    Fig. Être sœur, avoir en commun quelque chose. Nous nous voyons sœurs d'infortune, Molière, Psyché, I, 1.

    Sœur de père et de mère, ou sœur germaine, celle qui est née de même père et de même mère qu'une autre personne.

    Sœur de père ou sœur consanguine, celle qui n'est sœur que du côté paternel.

    Sœur de mère ou sœur utérine, celle qui n'est sœur que du côté maternel.

    Les expressions sœur germaine, sœur consanguine et sœur utérine ne s'emploient guère qu'en jurisprudence.

    Demi-sœur, celle qui n'est sœur que du côté paternel ou du côté maternel.

    Sœur naturelle ou sœur bâtarde, celle qui est née de même père ou de même mère, mais hors du mariage.

    Belle-sœur, voy. ce mot à son rang alphabétique.

    Sœur de lait, fille qui a eu la même nourrice qu'une autre personne. J'ai l'honneur d'être le fils du père nourricier de madame de… (il me nomma la femme du ministre) ; ainsi elle est ma sœur de lait, rien que cela, Marivaux, Marianne, 6e part.

    Se dit des animaux. Ma chienne est la sœur de la vôtre.

  • 2 Poétiquement. Les neuf Sœurs, les Muses. Dieu ne fit la sagesse Pour les cerveaux qui hantent les noeuf Sœurs, La Fontaine, Clochette. Quelle verve indiscrète Sans l'aveu des neuf Sœurs vous a rendu poëte ? Boileau, Sat. IX.

    Les sœurs filandières, les Parques (voy. FILANDIÈRE).

  • 3Nom qui fut longtemps donné aux chrétiennes par tous les membres de la chrétienté.

    Sœur en Jésus-Christ, se dit des femmes chrétiennes par rapport au Père qui est au ciel.

  • 4Titre que les rois de la chrétienté donnent aux reines en leur écrivant.
  • 5Il se dit, dans le langage élevé, de filles, de femmes qui vivent ensemble, sans être unies par les liens du sang. Que vous semble, mes sœurs, de l'état où nous sommes ? Racine, Esth. II, 9.

    Nom que les religieuses qui ne sont point en charge ou qui n'ont point atteint un certain âge, prennent dans les actes publics, se donnent entre elles, et qu'on leur donne en leur parlant ou en parlant d'elles. La sœur Thérèse. Sœur Marie de l'Incarnation. Vous m'étonnez de Pauline ; ah ! ma fille, gardez-la auprès de vous ; ne croyez point qu'un couvent puisse redresser une éducation ni sur le sujet de la religion que nos sœurs ne savent guère, ni sur les autres choses, Sévigné, 510.

    Sœur colette ou collette, religieuse de l'ordre de Sainte-Claire.

    Fig. et familièrement. Faire la sœur collette, faire la sucrée, avoir des manières, un langage affecté. Nous rîmes fort de ses manières passées ; nous les tournâmes en ridicule ; elle n'a point le style des sœurs colettes ; elle parle fort sincèrement et fort agréablement de son état, Sévigné, 183.

    Sœurs laies, et, plus ordinairement, sœurs converses, les religieuses qui ne sont pas du chœur, qui ne sont employées qu'aux œuvres serviles du monastère.

    Sœur écoute, religieuse désignée pour accompagner une autre religieuse ou une pensionnaire qui va au parloir.

  • 6Nom donné à certaines filles qui vivent en communauté sans être religieuses. Je vois que votre mal de gorge est opiniâtre ; mais je vous avertis qu'il est rare qu'un médecin guérisse ses malades à cent lieues, et qu'une sœur de la Charité fait plus de bien de près qu'Esculape de loin, Voltaire, Lett. Damilaville, 18 mai 1765. Je ne vois plus ces sœurs dont les soins délicats Apaisaient la souffrance, ou charmaient le trépas, Delille, Pit. II.

    Sœurs grises, nom qu'on a donné quelquefois aux sœurs hospitalières du tiers ordre de Saint-François. La sœur grise court administrer l'indigent dans sa chaumière, Chateaubriand, Génie, IV, III, 6.

    Sœurs du pot, filles qui vivent en communauté et qui soignent les malades.

    Fig. Mme la duchesse d'Aiguillon, la sœur du pot des philosophes, Voltaire, Lett. Thiriot, 27 févr. 1755.

  • 7 Fig. Il se dit de choses assez liées ensemble pour qu'on les assimile à des sœurs. Socrate… n'aura pas voulu s'échapper de la prison contre l'autorité de ces lois [d'Athènes], de peur de tomber après cette vie entre les mains des lois éternelles, lorsqu'elles prendront la défense des lois civiles, leurs sœurs ; car c'est ainsi qu'il parlait, Bossuet, 5e avert. 23. Oui, la sagesse aimable est sœur de la santé, Elle seule connaît le secret qu'on ignore D'assurer l'immortalité, Bernis, Épît. 12.
  • 8 Fig. Il se dit de choses (du genre féminin) qui se répètent. Cette nuit eut des sœurs et même en très bon nombre, La Fontaine, Petit chien. Comme Charès, capitaine des Athéniens, après un grand avantage… écrivit au peuple d'Athènes qu'il avait remporté une victoire qu'on pouvait appeler la sœur germaine de celle de Marathon, Dacier, Plutarque, Aratus. Un démon qui m'inspire Veut qu'encore une utile et dernière satire Se vienne en nombre pair joindre à ses onze sœurs, Boileau, Sat. XI.
  • 9 Le bouillon des deux sœurs, un lavement, Saumaize, Dict. des Préc. t. II, p. 51.

    Dans le Berry, tomber sur ses deux sœurs, tomber sur son séant.

HISTORIQUE

XIIe s. Se puis veïr ma gente sorur Alde…, Ch. de Rol. CXXVIII.

XIIIe s. A l'entrée de quaresme… se croisa li quens Bauduins de Flandre et de Haynaut, à Bruges, et la comtesse Marie sa feme, qui suer estoit au conte Thiebaut de Champaigne, Villehardouin, VI. De là s'en ala-il vers le roi Phelipe d'Alemaigne qui sa serour avoit à fame, Villehardouin, XLII. [Simon a dit à sa femme :] Bele suer, où est Berte, pour sainte charité ? Berte, CXXV. Li baron li disent que Henris li quens de Champagne, qui moult estoit larges, avoit une fille biele et gente, qui avoit non Aelis, et estoit suer germaine l'arcevesque Guillaume-blance-main, Chr. de Rains, p. 9. Tombiele et ses deux sereurs, Bibl. des chart. 2e série, t. 3, p. 423. L'aventure des dameiseles qui esteient serur gemeles, Marie de France, Frêne.

XIVe s. Se nous ou notre hoir marions l'une de nos seurs, Du Cange, auxilium.

XVe s. De ce messire Edouard de Guerles ne demoura nuls enfans ; mais de serour germaine… avoit des enfans, Froissart, II, III, 92.

XVIe s. Thibaut, qui ouyt ces mots, estimant qu'on parloit de sa femme, qui puet-estre aimoit l'amble comme estant de nos sœurs [femme galante], Moyen de parvenir, p. 127, dans LACURNE.

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Étymologie de « sœur »

Du moyen français soeur, de l’ancien français suer, sor au cas sujet et seror au cas régime – le cas sujet a de bonne heure supplanté le cas régime en raison de son emploi fréquent au vocatif – du latin soror (« sœur »), de l’indo-européen commun *swésōr.
(c. 1080) Chanson de Roland sorur (cas régime) ; soer (cas sujet).
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Bourg. soeu ; provenç. sor, seror ; espagn. sor ; portug. sor, sorore ; ital. sorore ; du lat. sororem ; comparez l'allem. Schwester ; angl. sister ; goth. swista ; sanscrit, svasri. Dans l'ancien français, suer (prononcez sœur) est le nominatif, du lat. sóror, avec l'accent sur so ; seror est le régime, de sorórem avec l'accent sur ró ; contre l'habitude, c'est le nominatif, et non le régime, qui est resté dans la langue moderne.

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Phonétique du mot « sœur »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sœur

Évolution historique de l’usage du mot « sœur »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sœur »

  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Bridger n’a pas hésité à sauter sur l’animal quand il a vu qu’il s’attaquait à sa sœur cadette.
    Insolite | À 6 ans, il sauve sa petite sœur attaquée par un chien et reçoit 90 points de suture
  • Car pour écrire la biographie de Laurence, il doit rencontrer ses proches. Dont sa sœur Chloé, l’omniprésente, écrasante, implacable aînée. La jalousie qui avance sous le masque de la gentillesse. Et Laurence qui voit tout, mais ne réagit pas.
    Le Journal de Montréal — Sœur de star | Le Journal de Montréal
  • Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble.
    Charles Baudelaire — Les Fleurs du Mal, l'Invitation au voyage
  • Une journée spéciale à célébrer pour Richard Berry. En effet, l'acteur a soufflé sa 70e bougie le 31 juillet 2020. Très proche de sa sœur Marie, Richard Berry a fait un geste qu'elle n'oubliera jamais.
    amomama.fr — Richard Berry : ses rares révélations après avoir donné un rein à sa sœur
  • Ô Mort mystérieuse, ô sœur de charité !
    Arthur Rimbaud — Poésies, les Surs de charité
  • « Plutôt comme des sœurs. »eval(ez_write_tag([[250,250],'urban_fusions_fr-large-leaderboard-2','ezslot_2',116,'0','0']));
    Urban Fusions — Toya Johnson, l'ex-femme de Lil Wayne, ressemble à la sœur de sa fille Reginae Carter dans de superbes poses | Dwayne johnson
  • Et elles ne s’en cachaient pas! Dans différentes interviews, elles se confient sur cette relation si particulière. “Lorsque je suis née au Japon, mon arrivée n’a pas été correctement annoncée. “Tu vas avoir une petite sœur pour jouer avec”. Ce n’est jamais arrivé. Elle avait 15 mois quand je suis née. Assez pour me considérer comme une intrus et ruiner sa vie. Et c’est ce que je fais depuis”, en rigolait Joan Fontaine en 1989 dans une interview donnée à la télévision espagnole, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
    Le Huffington Post — Olivia de Havilland et Joan Fontaine, les sœurs ennemies de Hollywood | Le Huffington Post LIFE
  • Au-delà d'une amante avec laquelle on jouit de la vie, il y a une sœur avec qui l'on pleure.
    Maurice Barrès — L'Ennemi des lois, Plon
  • Le tribunal de première instance d’Inezgane a condamné un frère et une sœur qui entretenaient une relation incestueuse, respectivement à 5 et 2 ans de prison ferme.
    Bladi.net — Maroc : un frère et une sœur écopent de 7 ans pour inceste
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Traductions du mot « sœur »

Langue Traduction
Anglais sister
Espagnol hermana
Italien sorella
Allemand schwester
Chinois 妹妹
Arabe أخت
Portugais irmã
Russe сестра
Japonais シスター
Basque arreba
Corse surella
Source : Google Translate API

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Nombre de points du mot sœur au scrabble : 3 points

Sœur

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