Accueil > Citations > Citations sur le sur
Citations sur le sur - Page 414
Il y a 17001 citations sur le sur.
-
Il se redresse vaguement, sur un coude. Je suis un peu dans le coaltar. Permettez que je reprenne mes esprits, trois secondes, il dit.
Tonino Benacquista — Trois carrés rouges sur fond noir -
Ses voisins veillaient sur elle. Ils la gavaient entre les sanglots. « Ça soutient » qu’ils lui affirmaient. Et même qu’elle se mit à engraisser.
Louis-Ferdinand Céline — Voyage au bout de la nuit -
Et ce soudain déploiement d'énergie délibérée ébranla l'incrédulité des plus sceptiques mieux que n'aurait pu le faire une quelconque démonstration scientifique sur la valeur de ces veines de charbon. C'était impressionnant. Schomberg fut le seul à résister à la contagion.
Joseph Conrad — Victoire -
Le jour suivant deux garçons virent son corps qui flottait à quelques mètres de la rive. Elle n’avait sur elle que son soutien-gorge. On ne trouva pas la valise. On ne trouva pas le tailleur bleu. On ne trouva même pas la culotte, les bas, les chaussures, le sac à main et les papiers d’identité.
Elena Ferrante — L’amour harcelant -
II lui a pris la main qu'elle laissait pendre au côté de sa chaise-longue et l'a longuement pressée sur ses lèvres.
André Gide — Les faux-monnayeurs -
Et le maintien de l’Institut au côté des académies allait aussi peser durant près de deux siècles sur leur statut.
Le «mystère de l'Académie»: pouvoir intellectuel — pouvoir politique -
Si tu veux ton laissez-passer, il te faudra d'abord raccourcir tes cheveux. Disant cela, il désigna ma queue qui dépassait de mon chapeau et flottait sur mon col. Car le bruit courait que les Jacobins avaient décrété que tout bon patriote devait avoir les cheveux courts, et nombre de Bretons avaient dû sacrifier leur chevelure pour complaire à ces fanatiques.
J. M. G. Le Clézio — Révolutions -
Rambert montra son laissez-passer au sergent qui lui indiqua le bureau de Tarrou. La porte en donnait sur la cour.
Albert Camus — La Peste -
TOINETTE — Je suis médecin passager, qui vais de ville en ville, de province en province, de royaume en royaume, pour chercher d'illustres matières à ma capacité, pour trouver des malades dignes de m'occuper, capables d'exercer les grands et beaux secrets que j'ai trouvés dans la médecine. Je dédaigne de m'amuser à ce menus fatras de maladies ordinaires, à ces bagatelles de rhumatismes et de fluxions, à ces fièvrotes, à ces vapeurs et à ces migraines. Je veux des maladies d'importance, de bonnes fièvres continues, avec des transports au cerveau, de bonnes fièvres pourprées, de bonnes pestes, de bonnes hydropisies formées, de bonnes pleurésies avec des inflammations de poitrine: c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe; et je voudrais, monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les médecins, désespéré, à l'agonie, pour vous montrer l'excellence de mes remèdes et l'envie que j'aurais de vous rendre service.ARGAN — Je vous suis obligé, monsieur, des bontés que vous avez pour moi.TOINETTE — Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l'on batte comme il faut. Ah! je vous ferai bien aller comme vous devez. Ouais! ce pouls-là fait l'impertinent; je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre médecin ?ARGAN — Monsieur Purgon.TOINETTE — Cet homme-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins. De quoi dit-il que vous êtes malade ?ARGAN — Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que c'est de la rate.TOINETTE — Ce sont tous des ignorants. C'est du poumon que vous êtes malade.[…]TOINETTE — Le poumon. Vous aimez à boire un peu de vin.ARGAN — Oui, monsieur.TOINETTE — Le poumon. Il vous prend un petit sommeil après le repas, et vous êtes bien aise de dormir ?ARGAN — Oui, monsieur.TOINETTE — Le poumon, le poumon, vous dis-je. Que vous ordonne votre médecin pour votre nourriture ?ARGAN — Il m'ordonne du potage.TOINETTE — Ignorant !ARGAN — De la volaille.TOINETTE — Ignorant !ARGAN —Du veau.TOINETTE — Ignorant !
Molière — Le Malade Imaginaire -
Vous, bourgeois, regardez, vil troupeau, vil limon,Comme un glaive rougi qu'agite un noir démon,Le coup d'Etat qui sort flamboyant de la forge !Les tribuns pour le droit luttent : qu'on les égorge !Routiers, condottieri, vendus, prostitués,Frappez ! tuez Baudin ! tuez Dussoubs ! tuez !Que fait hors des maisons ce peuple ? Qu'il s'en aille !Soldats, mitraillez-moi toute cette canaille !Feu ! feu ! tu voteras ensuite, ô peuple roi !Sabrez le droit, sabrez l'honneur, sabrez la loi !Que sur les boulevards le sang coule en rivières !Du vin plein les bidons ! des morts plein les civières !Qui veut de l'eau-de-vie ? En ce temps pluvieuxIl faut boire. Soldats, fusillez-moi ce vieux !Tuez-moi cet enfant ! Qu'est-ce que cette femme ?C'est la mère ? tuez. Que tout ce peuple infâmeTremble, et que les pavés rougissent ses talons !Ce Paris odieux bouge et résiste. Allons !Qu'il sente le mépris, sombre et plein de vengeance,Que nous, la force, avons pour lui, l'intelligence !L'étranger respecta Paris : soyons nouveaux !Traînons-le dans la boue aux crins de nos chevaux !Qu'il meure ! qu'on le broie et l'écrase et l'efface !Noirs canons, crachez-lui vos boulets à la face !
Victor Hugo — Les Châtiments -
Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, l’œil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée. Il parle avec confiance ; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit […] Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps ; il se croit des talents et de l’esprit. Il est riche.
La Bruyère — Les Caractères -
La police avait dû charger sur des manifestants, (...). On n'y avait pas été avec le dos de la cuiller. (...). Nombreux blessés.
Aragon — Beaux quart. -
Le gros Boujardon s'asseoit sur l'appui de la fenêtre et, tourné vers nous, avec un gros rire d'homme pâteux, il mange des biscuits à la cuiller.
Alain-Fournier — Meaulnes -
LE TROUHADEC : Je me permets de vous rappeler que c'est vous-même, hier soir, qui aviez fixé l'emploi de cette après-midi. Je me suis rendu sur vos ordres au garage Eusebius pour y retenir la voiture. ROLANDE : Ah ? Eh bien j'avais décidé cela à la légère. On ne réfléchit jamais assez dans la vie. Presque tous nos ennuis viennent d'un manque de réflexion.
Jules Romain — Monsieur Le Trouhadec saisi par la débauche -
« Quand on est dans la main de Dieu on n'a pas de souci sur ce qu'on a à faire, on n'a pas de remords de ce que l'on a fait », disait au douzième siècle la secte hérétique des amalriciens.
Simone de Beauvoir — Pyrrhus et Cinéas -
Je connus donc pour la première fois le plaisir, étrange pour un enfant, mais vivement senti par moi, de me trouver seule, et, loin d’en être contrariée ou effrayée, j’avais comme du regret en voyant revenir la voiture de ma mère. Il faut que j’aie été bien impressionnée par mes propres contemplations, car je me les rappelle avec une grande netteté, tandis que j’ai oublié mille circonstances extérieures probablement beaucoup plus intéressantes.Dans celles que j’ai rapportées, les souvenirs de ma mère ont entretenu ma mémoire ; mais dans ce que je vais dire je ne puis être aidée de personne.Aussitôt que je me voyais seule dans ce grand appartement que je pouvais parcourir librement, je me mettais devant la psyché et j’y essayais des poses de théâtre ; puis je prenais mon lapin blanc et je voulais le contraindre à en faire autant ; ou bien je faisais le simulacre de l’offrir en sacrifice aux dieux, sur un tabouret qui me servait d’autel. Je ne sais pas où j’avais vu, soit sur la scène, soit dans une gravure quelque chose de semblable. Je me drapais dans ma mantille pour faire la prêtresse, et je suivais tous mes mouvemens. On pense bien que je n’avais pas le moindre sentiment de coquetterie : mon plaisir venait de ce que, voyant ma personne et celle du lapin dans la glace, j’arrivais, avec l’émotion du jeu, à me persuader que je jouais une scène à quatre, soit deux petites filles et deux lapins. Alors le lapin et moi nous adressions, en pantomime, des saluts, des menaces, des prières, aux personnages de la psyché. Nous dansions le bolero avec eux, car, après les danses du théâtre, les danses espagnoles m’avaient charmée, et j’en singeais les poses et les grâces avec la facilité qu’ont les enfans à imiter ce qu’ils voient faire. Alors j’oubliais complétement que cette figure dansant dans la glace fût la mienne, et j’étais étonnée qu’elle s’arrêtât quand je m’arrêtais.Quand j’avais assez dansé et mimé ces ballets de ma composition, j’allais rêver sur la terrasse.
George Sand — Histoire de ma vie -
Âme énigmatique et cœur fermé, il passait pour avoir aimé violemment, autrefois, une femme qui l'avait fait souffrir, et pour s'être ensuite vengé sur les autres.
Guy de Maupassant — Notre cœur -
Remise en main propre dès sa prise de fonction, elle insistait sur le secret lié à la protection des enquêtes en cours.
Le Figaro — L’ex-garde des Sceaux rattrapé par une «note blanche» -
Ainsi nous avons la chance d'arriver (...) au moment où fourbu, démaquillé par la fatigue, son âge écrit sur ses traits, Pitoeff devient tout à coup le héros qu'il joue...
Colette — La Jumelle noire -
Avant tout, il y a eu rencontre.Isabelle Leblanc et moi, assis chez Isabelle, dans la cuisine, autour d’une bouteille de champagne, parce que cela faisait trop longtemps que l’on ne s’était pas parlés. Pas vus. Pas regardés.Il y avait donc, avant tout, une fille un peu écoeurée, assise en face d’un type un peu perdu. Entre les deux (juste à côté de la bouteille maintenant à moitié vide), la soif des idées. C’est-à-dire le désir de se sortir, de s’extraire d’un monde qui cherchait trop à nous faire croire que l’intelligence était une perte de temps, la pensée un luxe, les idées une fausse route.Il y avait donc deux personnes, l’une en face de l’autre, qui avaient elles aussi une soif insatiable de l’infini, cette soif que les chiens de Lautréamont portent au fond de leurs gosiers.Puis il y a eut des comédiens et des concepteurs, des amis, des gens que nous aimions, qui nous bouleversaient, assis autour d’une table. Une question fut posée : « Nous voici arrivés à notre trentaine. De quoi avons-nous peur ? » Réfléchir autour de cette question, tenter, chacun son tour, d’élaborer un discours, une pensée pour nommer ce qui se trame au fond de notre âme, nous a permis de mettre le doigt sur certaines choses essentielles. Invariablement, nous avons parlé de l’amour, de la joie, de la peine, de la douleur, de la mort. Aussi, nous avons réalisé que, si nous avions peur d’aimer, nous n’avions pas peur de mourir, car la peur, en ce qui concerne la mort, tournait autour de nos parents, en ce sens que nous n’avions pas tant peur de notre propre mort que de la mort de ceux qui nous ont conduits à la vie, et dans la vie ; cela ne concernait pas uniquement nos parents naturel, mais aussi nos parents dans la création.
Wajdi Mouawad — Littoral – Éditions Actes Sud 1999 -
En apparence, rien n'a l'air plus simple que de rejoindre sa chambre au sortir de la salle de bains, mais ne nous y trompons pas, ils sont légion ceux d'entre nous qui ont silencieusement disparu sur de tels trajets.
Louis Calaferte — Promenade dans un parc -
Chacun de nous, quand l’étreint le sentiment de n’être pas compris, d’éprouver un sentiment impossible à communiquer, sentiment douloureux qui fait le corps mal être au milieu des autres, en famille, en société, dans un groupe, dans la foule, ressent la solitude amère que nous traduisons par ennui, angoisse, tristesse, mélancolie, désespoir ou avec des mots populaires encore inadéquats mais plus proches de ce mal-être : « cafard », « bourdon ». Fuyant l’état obsédant qui nous fait prisonniers, nous aspirons alors à retourner sinon en réalité, du moins en imagination, à l’un de ces lieux où la solitude est paix, un de ces lieux de la planète où la nature un jour a su nous redonner vie confiante, espérance dans notre douleur de mal-aimé mal-aimant, lieux de bonheur trouvé.Alors la solitude nous apparaît douce malgré l’impossible communication avec les être chers, les compagnons de travail, malgré les visages rencontrés sans regards échangés, ces bouches parlantes sans mots qui nous touchent, ces corps mobiles étrangers, aux gestes de guignol, sans bras fraternels posés sur notre épaule et sans main secourable.Bénis soit ces lieux terrestres de ressourcement où, solitaires et assoiffés d’amitié, la nature sait nous être fraternellement jumelée, où rien qu’en y rêvant, en retrouvant une photo, un dessin évocateur, un sourire, une joie humanisée nous est rendue. D’abattus que nous étions, nous sentons notre courage revenir, par la nature déchiffonnés, soulagés de ce qu’il y avait d’incommunicable dans notre épreuve et rendus au langage du jour qui reprend son cours.
Françoise Dolto — Solitude – Éditions Gallimard 1994 -
Il invoqua sainte Agnès, devant laquelle tous les siens avaient fait leurs dévotions, et comme Jean V d’Hautecœur allant prier au chevet des pestiférés et les baiser, il pria, il baisa Angélique sur la bouche.
Zola — Le Rêve -
Mes amies, et Zaza elle-même, jouaient avec aisance leur rôle mondain; elles paraissaient au « jour » de leur mère, servaient le thé, souriaient, disaient aimablement des riens; moi je souriais mal, je ne savais pas faire du charme, de l’esprit ni même des concessions. Mes parents me citaient en exemple des jeunes filles « remarquablement intelligentes » et qui cependant brillaient dans les salons. Je m’en irritais car je savais que leur cas n’avait rien de commun avec le mien: elles travaillaient en amateurs tandis que j’avais passé professionnelle. Je préparais cette année les certificats de littérature, de latin, de mathématiques générales, et j’apprenais le grec ; j’avais établi moi-même ce programme, la difficulté m’amusait; mais précisément, pour m’imposer de gaieté de cœur un pareil effort, il fallait que l’étude ne représentât pas un à-côté de ma vie mais ma vie même: les choses dont on parlait autour de moi ne m’intéressaient pas. Je n’avais pas d’idées subversives; en fait, je n’avais guère d’idées, sur rien; mais toute la journée je m’entraînais à réfléchir, à comprendre, à critiquer, je m’interrogeais, je cherchais avec précision la vérité: ce scrupule me rendait inapte aux conversations mondaines.
Simone de Beauvoir — Mémoires d’une jeune fille rangée -
Vingt pour cent du budget a déjà été couvert par les sponsors ; pour le reste, nous misons sur les recettes.
Cecilia Alemani — commissaire de la Biennale de Venise 2022 : « Le plus grand risque? Qu'on la rebaptise la Biennale des femmes » -
Les Boches étaient au diable Vauvert, quelque part devant Roye, et n'occupaient que la nuit un petit bois, de l'autre côté de la ravine et d'où partaient leurs patrouilles qui venaient tâter, une nuit sur trois, notre petit poste.
Blaise Cendrars — La main coupée -
Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d’une grive perchée sur la plus haute branche d’un bouleau. À l’instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel ; j’oubliai les catastrophes dont je venais d’être le témoin, et, transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j’entendis si souvent siffler la grive. Quand je l’écoutais alors, j’étais triste de même aujourd’hui ; mais cette première tristesse était celle qui naît d’un désir vague de bonheur, lorsqu’on est sans expérience ; la tristesse que j’éprouve actuellement vient de la connaissance des choses appréciées et jugées. Le chant de l’oiseau dans les bois de Combourg m’entretenait d’une félicité que je croyais atteindre ; le même chant dans le parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable. Je n’ai plus rien à apprendre, j’ai marché plus vite qu’un autre, et j’ai fait le tour de la vie.
François René de Chateaubriand — Mémoires d’outre-tombe -
. Amis venus de tous les horizons mais tous passionnés de littérature, car c'était l'activité noble par excellence, depuis que la politique était devenue semblable aux disputes sur le sexe des anges. Et pourtant, on y revenait sans cesse, à la « politique », tonneau des Danaïdes, irrésistible tentation de la parole inutile.
Zoé Oldenbourg — La Joie-Souffrance -
Autant dire qu'une nouvelle théologie est née qui ne perd plus de temps en discussions stériles sur le sexe des anges.
Stéphane Zagdanski — Les Intérêts du temps -
C'est ce dangereux magicien qui, pendant qu'on discute sur le sexe des anges et autres sublimes questions, s’acharnait aux réalités ; créait la chimie, la physique, les mathématiques.
Jules Michelet — La Sorcière -
Approximativement à l’endroit où se trouve aujourd’hui l’école des mines, au numéro 60 du boulevard, se dressait, au début du XIème siècle, un château construit pour le roi Robert le Pieux. Les alentours étaient si attrayants, le cadre si campagnard, que ce beau manoir fut appelé Val-Vert. Puis, le temps passa, le castel du souverain fut abandonné, il se dégrada lentement, des pierres en furent arrachées pour être réutilisées dans d’autres édifices. Et de Val-Vert, on fit Vauvert… Le passant frémissait en longeant cette ruine ouverte à tous les vents. Qui se terrait dans les décombres ? Quels étaient ces bruits qui en montaient les soirs de pleine lune ? Que signifiaient ces lumières qui perçaient la nuit ? On imagina, on conjectura, on supputa. On parla d’un monstre – vert, bien sûr – avec une grande barbe blanche, moitié homme, moitié serpent… Vers 1270, Saint Louis offrit l’enclos aux Chartreux, à charge pour eux d’en chasser le mauvais esprit. Les moines, qui n’avaient peur de rien, s’installèrent sur place, et le diablotin olivâtre disparut pour ne plus jamais réapparaître. Mais le diable Vauvert ne fut jamais oublié… Au moment d’entreprendre un voyage lointain et incertain, ne craint-on pas de partir pour ce diable Vauvert ?
Lorànt Deutsch — Métronome -
Douze morts sur les routes, c’est trop. Tout doit être mis en œuvre pour lutter contre ce fléau. C’est un sujet grave, pas un débat sur le sexe des anges.
Frédéric Potet — En Auvergne -
On fait son entrée sur le turf; décidément, le soleil s'obstine; il fait un froid de canard.
La Vie parisienne : moeurs élégantes — choses du jour -
Les deux grilles chargées d’ornements dorés, qui s’ouvraient sur la cour, étaient chacune flanquées d’une paire de lanternes, en forme d’urnes égaiement couvertes de dorures, et dans lesquelles flambaient de larges flammes de gaz.
Emile Zola — La Curée -
Outre les bruits nocturnes et les lueurs, cette maison avait cela de particulièrement effrayant que, si on y laissait le soir sur la cheminée une pelote de laine, des aiguilles et une pleine assiettée de soupe, on trouvait le lendemain matin la soupe mangée, l’assiette vide et une paire de mitaines tricotée.
Victor Hugo — Les Travailleurs de la mer -
Il se forma ainsi une sorte de radeau sur lequel fut empilée successivement toute la récolte, soit la charge de vingt hommes au moins.
Jules Verne — l'Île mystérieuse. -
Contre la paroi, une paire de skis d’un ancien modèle. Au bas du placard, une valise en carton bouilli. Elle contenait une paire de chaussures de ski et la page arrachée d’un magazine sur laquelle j’ai distingué quelques photos.
Patrick Modiano — Voyage de noces -
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,En sa belle jeunesse, en sa première fleur,Rendre le ciel jaloux de sa vive couleurQuand l'aube de ses pleurs au point du jour l'arrose […]
Pierre de Ronsard — Comme on voit sur la branche -
Les premiers vers balbutiés par Victor chez M. La- rivière étaient des vers langoureux et chevaleresques; puis il avait passé au genre guerrier et héroïque. Il va sans dire que ces vers n’étaient pas des vers, qu’ils ne rimaient pas, qu’ils n’étaient pas sur leurs pieds ; l’enfant, sans maître et sans prosodie, lisait tout haut ce qu’il avait écrit, s’apercevait que ça n’allait pas et recommençait, changeait, cherchait jusqu’à ce que son oreille ne fût plus choquée. De tâtonne ments en tâtonnements , il s’apprit lui-même la me sure, la césure, la rime et l’entrecroisement des rimes masculines et féminines.
Adèle Hugo — Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie -
Je trouve les caprices de la mode, chez les Français, étonnants. Ils ont oublié comment ils étaient habillés cet été ; ils ignorent encore plus comment ils le seront cet hiver. Mais, surtout, on ne saurait croire combien il en coûte à un mari pour mettre sa femme à la mode.Que me servirait de te faire une description exacte de leur habillement et de leurs parures? Une mode nouvelle viendrait détruire tout mon ouvrage, comme celui de leurs ouvriers, et, avant que tu n’eusses reçu ma lettre, tout serait changé.Une femme qui quitte Paris pour aller passer six mois à la campagne en revient aussi antique que si elle s’y était oubliée trente ans. Le fils méconnaît le portrait de sa mère, tant l’habit avec lequel elle est peinte lui paraît étranger; il s’imagine que c’est quelque Américaine qui y est représentée, ou que le peintre a voulu exprimer quelqu’une de ses fantaisies.Quelquefois, les coiffures montent insensiblement, et une révolution les fait descendre tout à coup. Il a été un temps que leur hauteur immense mettait le visage d’une femme au milieu d’elle-même. Dans un autre, c’étaient les pieds qui occupaient cette place : les talons faisaient un piédestal, qui les tenait en l’air. Qui pourrait le croire ? Les architectes ont été souvent obligés de hausser, de baisser et d’élargir les portes, selon que les parures des femmes exigeaient d’eux ce changement, et les règles de leur art ont été asservies à ces caprices. On voit quelquefois sur le visage une quantité prodigieuse de mouches1, et elles disparaissent toutes le lendemain. Autrefois, les femmes avaient de la taille et des dents ; aujourd’hui, il n’en est pas question. Dans cette changeante nation, quoi qu’en disent les mauvais plaisants, les filles se trouvent autrement faites que leurs mères.Il en est des manières et de la façon de vivre comme des modes : les Français changent de mœurs selon l’âge de leur roi. Le Monarque pourrait même parvenir à rendre la Nation grave, s’il l’avait entrepris. Le prince imprime le caractère de son esprit à la Cour; la Cour, à la Ville, la Ville, aux provinces. L’âme du souverain est un moule qui donne la forme à toutes les autres.De Paris, le 8 de la lune de Saphar, 1717
Montesquieu — Lettres persanes