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Citations sur l'avec - Page 9
Il y a 519 citations sur l'avec.
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Devant leur desserte garnie, Palisseau et Fondant, son commis, avaient le regard éteint des hommes simples et soumis. Ça leur suffisait donc cette petite vie-là ? On était là, n’est-ce pas, pour être à leurs petits soins, aux clients ! Ils payaient pour. Donnant donnant. Comme si un bon pourboire pouvait valoir une heure de liberté perdue ! Très joli de se dorer la pilule, de s’imaginer qu’on serait célèbre un jour, avec son nom dans les journaux, et riche.
Raymond Guérin — L’apprenti -
Ce mercredi 28 avril, Jean Castex a condamné "avec la plus grande fermeté" la tribune signée par des militaires dans Valeurs actuelles, informe Le Point. (…) "Comment des gens, et madame Le Pen en particulier qui aspire à exercer les responsabilités de l'État, peuvent-ils cautionner une initiative qui n'exclut pas de se retourner contre l'État républicain ? Chassez le naturel, il revient au galop", a fustigé l'ancien maire de Prades.
Gala — 28/04/2021 -
Le lendemain matin, cependant, quand les Otis descendirent pour le petit déjeuner, ils constatèrent que l'horrible tache de sang avait reparu sur le parquet. Ce n'est sûrement pas la faute du détachant, dit Washington, puisque je l'ai toujours employé avec succès. Ce doit être le fantôme. Et le jeune homme fit disparaître la tache pour la seconde fois; mais, le lendemain, la tache avait reparu.
Oscar Wilde — Le Crime de Lord Arthur Savile et autres contes -
Le projet fait sens, Thomas Pesquet a toujours rêvé de devenir basketteur et le monde de la sneakers « lui parle ». Le club de la ville rose donne alors son aval aux deux artisans de LBT sneakers et les met en relation avec l'astronaute français.
Le Figaro — Une paire de « Space Jordan 1 » -
En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte. Il était sur le dos, un dos aussi dur qu’une carapace, et, en relevant un peu la tête, il vit, bombé, brun, cloisonné par des arceaux plus rigides, son abdomen sur le haut duquel la couverture, prête à glisser tout à fait, ne tenait plus qu’à peine. Ses nombreuses pattes, lamentablement grêles par comparaison avec la corpulence qu’il avait par ailleurs, grouillaient désespérément sous ses yeux. « Qu’est-ce qui m’est arrivé ? » pensa-t-il. Ce n’était pas un rêve. Sa chambre, une vraie chambre humaine, juste un peu trop petite, était là tranquille entre les quatre murs qu’il connaissait bien. Au-dessus de la table où était déballée une collection d’échantillons de tissus – Samsa était représentant de commerce –, on voyait accrochée 5 l’image qu’il avait récemment découpée dans un magazine et mise dans un joli cadre doré. Elle représentait une dame munie d’une toque et d’un boa tous les deux en fourrure et qui, assise bien droite, tendait vers le spectateur un lourd manchon de fourrure où tout son avant-bras avait disparu.
Franz Kafka — La métamorphose -
À la distance où j'étais, il m'était difficile de distinguer l'attitude de la statue ; je ne pouvais juger que de sa hauteur, qui me parut de six pieds environ. En ce moment, deux polissons de la ville passaient sur le jeu de paume, assez près de la haie, sifflant le joli air du Roussillon : Montagnes régalades. Ils s'arrêtèrent pour regarder la statue ; l'un d'eux l'apostropha même à haute voix. Il parlait catalan ; mais j'étais dans le Roussillon depuis assez longtemps pour pouvoir comprendre à peu près ce qu'il disait. " Te voilà donc, coquine ! (Le terme catalan était plus énergique.) Te voilà ! disait-il. C'est donc toi qui as cassé la jambe à Jean Coll ! Si tu étais à moi, je te casserais le cou. - Bah ! avec quoi ? dit l'autre. Elle est de cuivre, et si dure qu'Étienne a cassé sa lime dessus, essayant de l'entamer. C'est du cuivre du temps des païens ; c'est plus dur que je ne sais quoi. - Si j'avais mon ciseau à froid (il paraît que c'était un apprenti serrurier), je lui ferais bientôt sauter ses grands yeux blancs, comme je tirerais une amande de sa coquille. Il y a pour plus de cent sous d'argent. ". Ils firent quelques pas en s'éloignant.
Prosper Mérimée — La Vénus d’Ille -
À la poste d’hier tu télégraphieras que nous sommes bien morts avec les hirondelles. Facteur triste facteur un cercueil sous ton bras va-t’en porter ma lettre aux fleurs à tire d’elle. La boussole est en os mon cœur tu t’y fieras. Quelque tibia marque le pôle et les marelles pour amputés ont un sinistre aspect d’opéras. Que pour mon épitaphe un dieu taille ses grêles ! C’est ce soir que je meurs, ma chère Tombe-Issoire, Ton regard le plus beau ne fut qu’un accessoire de la machinerie étrange du bonjour. Adieu ! Je vous aimai sans scrupule et sans ruse, ma Folie-Méricourt, ma silencieuse intruse. Boussole à flèche torse annonce le retour.
Robert Desnos — Les Gorges froides -
Un soir, étant entré au casino, le narrateur du présent récit entend, avec surprise, un bruit singulier, celui d'un craquement ou d'un claquement de doigts qui se brisent. Il s'approche de la table d'où lui parvient ce bruit. Zweig réussit merveilleusement bien à nous rendre l'atmosphère fébrile qui règne dans le casino et la tension particulière du joueur qu'il observe.C'étaient des mains d'une beauté très rare, extraordinairement longues, extraordinairement minces, et pourtant traversées de muscles extrêmement rigides - des mains très blanches, avec, au bout, des ongles pâles, aux dessus nacrés et délicatement arrondis. Je les ai regardées toute la soirée, oui, je les ai regardées avec une surprise toujours nouvelle, ces mains extraordinaires, vraiment uniques ; mais ce qui d'abord me surprit d'une manière si terrifiante, c'était leur fièvre, leur expression follement passionnée, cette façon convulsive de s'étreindre et de lutter entre elles. Ici, je le compris tout de suite, c'était un homme débordant de force qui concentrait toute sa passion dans les extrémités de ses doigts, pour qu'elle ne fît pas exploser son être tout entier. Et maintenant..., à la seconde où la boule tomba dans le trou avec un bruit sec et mat et où le croupier cria le numéro ..., à cette seconde les deux mains se séparèrent soudain l'une de l'autre, comme deux animaux frappés à mort d'une même balle.
Stefan Zweig — vingt-quatre heures dans la vie d’une femme -
Confluent des deux sourires versl’enfant – une roue de ma ferveurle bagage de sang des créaturesincarnées dans les légendes physiques- vit les cils agiles des orages se troublentla pluie tombe sous les ciseaux ducoiffeur obscur – de grandes alluresnageant sous les arpèges disparatesdans la sève des machines l’herbepousse autour des yeux aigusici le partage de nos caressesmordues et parties avec les flotss’offre au jugement des heuresséparées par le méridien des cheveluresmidi sonne dans nos mainsles piments des plaisirs humains.
Tristan Tzara — « Hirondelle végétale » -
Après un examen minutieux de chaque partie de la maison, qui n’amena aucune découverte nouvelle, les voisins s’introduisirent dans une petite cour pavée, située sur le derrière du bâtiment. Là gisait le cadavre de la vieille dame, avec la gorge si parfaitement coupée, que, quand on essaya de le relever, la tête se détacha du tronc. Le corps, aussi bien que la tête, était terriblement mutilé, et celui-ci à ce point qu’il gardait à peine une apparence humaine.Toute cette affaire resta un horrible mystère, et jusqu’à présent on n’a pas encore découvert, que nous sachions, le moindre fil conducteur.
Edgar Allan Poe — Double assassinat dans la rue Morgue -
THÉSÉEEh bien ! vous triomphez, et mon fils est sans vie !Ah ! que j’ai lieu de craindre, et qu’un cruel soupçon,L’excusant dans mon cœur, m’alarme avec raison !Mais, madame, il est mort, prenez votre victime ;Jouissez de sa perte, injuste ou légitime :Je consens que mes yeux soient toujours abusés.Je le crois criminel, puisque vous l’accusez.Son trépas à mes pleurs offre assez de matièresSans que j’aille chercher d’odieuses lumières,Qui, ne pouvant le rendre à ma juste douleur,Peut-être ne feraient qu’accroître mon malheur.Laissez-moi, loin de vous, et loin de ce rivage,De mon fils déchiré fuir la sanglante image.Confus, persécuté d’un mortel souvenir,De l’univers entier je voudrais me bannir.Tout semble s’élever contre mon injustice ;L’éclat de mon nom même augmente mon supplice :Moins connu des mortels, je me cacherais mieux.Je hais jusques aux soins dont m’honorent les dieux ;Et je m’en vais pleurer leurs faveurs meurtrières,Sans plus les fatiguer d’inutiles prières.Quoi qu’ils fissent pour moi, leur funeste bontéNe me saurait payer de ce qu’ils m’ont ôté.PHÈDRENon, Thésée, il faut rompre un injuste silence ;Il faut à votre fils rendre son innocence :Il n’était point coupable.THÉSÉEAh ! père infortuné !Et c’est sur votre foi que je l’ai condamné !Cruelle ! pensez-vous être assez excusée…PHÈDRELes moments me sont chers ; écoutez-moi, ThéséeC’est moi qui sur ce fils, chaste et respectueux,Osai jeter un œil profane, incestueux.Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste :La détestable Œnone a conduit tout le reste.Elle a craint qu’Hippolyte, instruit de ma fureur,Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur :La perfide, abusant de ma faiblesse extrême,S’est hâtée à vos yeux de l’accuser lui-même.Elle s’en est punie, et fuyant mon courroux,A cherché dans les flots un supplice trop doux.Le fer aurait déjà tranché ma destinée ;Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée :J’ai voulu, devant vous exposant mes remords,Par un chemin plus lent descendre chez les morts.J’ai pris, j’ai fait couler dans mes brûlantes veinesUn poison que Médée apporta dans Athènes.Déjà jusqu’à mon cœur le venin parvenuDans ce cœur expirant jette un froid inconnu ;Déjà je ne vois plus qu’à travers un nuageEt le ciel et l’époux que ma présence outrage ;Et la mort à mes yeux dérobant la clarté,Rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté.PANOPEElle expire, seigneur !THÉSÉED’une action si noireQue ne peut avec elle expirer la mémoire !Allons, de mon erreur, hélas ! trop éclaircis,Mêler nos pleurs au sang de mon malheureux fils !Allons de ce cher fils embrasser ce qui reste,Expier la fureur d’un vœu que je déteste :Rendons-lui les honneurs qu’il a trop mérités ;Et, pour mieux apaiser ses mânes irrités,Que, malgré les complots d’une injuste famille,Son amante aujourd’hui me tienne lieu de fille !
Racine — Phèdre -
12 mai. - J'ai un peu de fièvre depuis quelques jours ; je me sens souffrant, ou plutôt je me sens triste.D'où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse ? On dirait que l'air, l'air invisible est plein d'inconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystérieux. Je m'éveille plein de gaieté, avec des envies de chanter dans la gorge. - Pourquoi ? - Je descends le long de l'eau ; et soudain, après une courte promenade, je rentre désolé, comme si quelque malheur m'attendait chez moi. - Pourquoi ? - Est-ce un frisson de froid qui, frôlant ma peau, a ébranlé mes nerfs et assombri mon âme ? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublé ma pensée ? Sait-on ? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frôlons sans le connaître, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idées, sur notre cœur lui-même, des effets rapides, surprenants et inexplicables.
Guy de Maupassant — Le Horla -
En une demi-heure, elle me raconte sa vie : russe, jamais mariée, nombreux voyages, toute l’Europe ou presque. (Apollinaire m’apparaît soudain ayant hérité en imagination de ce vagabondage). Apollinaire né à Rome. Elle ne me dit rien du père. Elle me parle de l’homme avec lequel elle vit depuis vingt-cinq ans, son ami, un Alsacien, grand joueur, tantôt plein d’argent, tantôt sans un sou […] Elle me dépeint Apollinaire comme un fils un peu tendre, intéressé, souvent emporté…
Paul Léautaud — Journal -
SCAPIN.- Cachez-vous. Voici un spadassin qui vous cherche. (En contrefaisant sa voix.) "Quoi ? Jé n'aurai pas l'abantage dé tuer cé Geronte, et quelqu'un par charité né m'enseignera pas où il est ?" (À Géronte avec sa voix ordinaire.) Ne branlez pas. (Reprenant son ton contrefait.) "Cadédis, jé lé trouberai, sé cachât-il au centre dé la terre." (A Géronte avec son ton naturel.) Ne vous montrez pas. (Tout le langage gascon est supposé de celui qu'il contrefait, et le reste de lui.) "Oh, l'homme au sac !" Monsieur. "Jé té vaille un louis, et m'enseigne où put être Géronte." Vous cherchez le seigneur Géronte ? "Oui, mordi ! Jé lé cherche." Et pour quelle affaire, Monsieur ? "Pour quelle affaire ?" Oui. "Jé beux, cadédis, lé faire mourir sous les coups de vaton." Oh ! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent point à des gens comme lui, et ce n'est pas un homme à être traité de la sorte. "Qui, cé fat dé Geronte, cé maraut, cé velître ?" Le seigneur Géronte, Monsieur, n'est ni fat, ni maraud, ni belître, et vous devriez, s'il vous plaît, parler d'autre façon. "Comment, tu mé traites, à moi, avec cette hautur ?" Je défends, comme je dois, un homme d'honneur qu'on offense. "Est-ce que tu es des amis dé cé Geronte ?" Oui, Monsieur, j'en suis. "Ah ! Cadédis, tu es de ses amis, à la vonne hure." (Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac.) "Tiens. Boilà cé que jé té vaille pour lui." Ah, ah, ah ! Ah, Monsieur ! Ah, ah, Monsieur ! Tout beau. Ah, doucement, ah, ah, ah ! "Va, porte-lui cela de ma part. Adiusias." Ah ! diable soit le Gascon ! Ah !En se plaignant et remuant le dos, comme s'il avait reçu les coups de bâton.
Molière — Les fourberies de Scapin -
Un samedi soir, rue Saint-André-des-Arts, m'est revenu le souvenir des week-ends passés avec lui dans ce quartier, sans joie particulière…
Annie Ernaux — L'occupation -
À cette heure où je résume ma vie avec le même calme et le même esprit de justice que si j'étais, avec la pleine possession de ma lucidité, in articulo mortis.George Sand, Histoire de ma vie, 1855
George Sand — Histoire de ma vie -
L’affaire est entendue avec le tourisme de masse et la standardisation qu’il implique. Que le pourtour de la mer Méditerranée, par exemple, lieu de rendez-vous plébiscité par les touristes de la terre entière, agonise lentement, que sa muséification soit presque achevée, que Venise soit à l’article de la mort, que Barcelone cherche à réduire les bataillons de touristes, tout ceci est une évidence sur laquelle Christin ne s’attarde pas.Jean-Pierre Tuquoi, Qu’il soit « éthique » ou de masse, le tourisme épuise le monde sur Reporterre.net
Jean-Pierre Tuquoi — Qu’il soit « éthique » ou de masse -
À Paris, les fantômes errent et les absents n'ont pas toujours tort. Pendant que Jean posait ses jalons et travaillait avec ses techniciens, j'ai traîné dans la ville.
Benoîte et Flora Groult — Le Féminin pluriel -
Avec trois hommes courageux nous partîmes quand même en guerre, il fallait bien retrouver Tennessee pour le présenter au public et nous finîmes par le trouver au fond de la plus sinistre des tavernes, toujours gai comme un pinson, mangeant Dieu sait quoi à l'ail, ou je ne sais quel parfum plébéien, et j'imaginai un instant le petit repas anglais raffiné, préparé aux bougies, dans la suite luxueuse du palace de la comtesse.
Françoise Sagan — Avec mon meilleur souvenir -
Il y a des moments vides qui ne sont qu'une sorte de tissu conjonctif entre les moments pleins nous les laisserons couler avec patience; et dans les instants de plénitude nous nous trouverons rassasiés, comblés. C'est la morale d'Aristippe, celle du « Carpe diem » d'Horace, et des Nourritures terrestres de Gide. Détournons-nous du monde, des entreprises et des conquêtes ne formons plus aucun projet demeurons chez nous, en repos au cœur de notre jouissance.
Simone de Beauvoir — Pyrrhus et Cinéas -
GERONTE - Monsieur, je suis ravi de vous voir chez moi, et nous avons grand besoin de vous.SGANARELLE, en robe de médecin, avec un chapeau des plus pointus. - Hippocrate dit... que nous nous couvrions tous deux.GERONTE - Hippocrate dit cela ?SGANARELLE - Oui.
Molière — Le Médecin malgré lui -
"Est-ce que l'économie prime sur la santé des citoyens? Il y a une réponse ambigüe du gouvernement avec un mot d'ordre 'tout le monde au boulot'", estime son homologue de la CGT Philippe Martinez.
BFMTV — Aller travailler ou rester chez soi : pour les syndicats -
Je me rappelle le jour où j’ai compris que j’étais devenu adulte. Je vivais déjà avec Marie, nous avions Agustín depuis deux ou trois ans, je travaillais depuis des années comme je le fais toujours plus ou moins aujourd’hui, charpentier ici et là, bricoleur à droite et à gauche, électricien quand il faut, plombier ou même jardinier si on me le demande, ni trop souvent ni trop peu, juste ce qu’il faut pour maintenir le juste équilibre, rapporter à la maison ma part de revenus et me garder du temps à moi, ne pas me perdre tout entier en chantiers. Marie était déjà traductrice, traduisait déjà Lodoli et d’autres auteurs qu’elle aimait. C’est-à-dire que notre vie était déjà à peu près ce qu’elle est maintenant, et que nous en étions satisfaits, nous songions souvent que nous avions de la chance, nous nous plaisions à V., nous avions des amis, nous sentions que c’était un endroit où nous étions susceptibles de rester un bon moment encore, bref nous allions bien.Et un matin je me suis levé et je me suis dit que ça y est, tu es grand. J’ai réalisé qu’il fallait que j’arrête de me répéter ces mots, plus tard quand je serai grand. Que c’était fait : j’étais grand. Je l’étais devenus à mon insu. Sans que personne vienne me prévenir. J’ai compris qu’il n’y aurait pas d’épreuve. Pas de monstre à vaincre ni de noeud à trancher. Pas de coup de gong solennel. Pas de voix paternelle pour me souffler à l’oreille ces mots, c’est maintenant, t’y voilà. J’ai compris qu’il n’y aurait nulle ligne à franchir. Nul cap à passer. Nul obstacle à surmonter. Qu’être grand simplement désormais ce serait ça : la continuation de ce présent, de cette lente translation, de ce glissement presque imperceptible, seulement décelable à l’érosion de certaines de mes facultés, au grisonnement de mes tempes et de celles de Marie, à notre renoncement de plus en plus fréquent à telle ou telle folie qui autrefois nous aurait semblé le sel même de la vie, à la taille chaque année accrue d’Agustín, à son énergie toujours plus fascinante. À son appétit d’ogre lui aussi décidé à nous dévorer chaque jour un peu plus.J’ai réalisé qu’il ne se passerait rien. Qu’il n’y avait rien à attendre. Que toujours ainsi les semaines continueraient de passer, que le temps continuerait d’être cette lente succession d’années plus ou moins investies de projets, de désirs, d’enthousiasmes, de soirées plus ou moins vécues. De jours tantôt habités avec intensité, imagination, lumière, des jours pour ainsi dire pleins, comme on dit carton plein devant une cible bien truffée de plombs. Tantôt abandonnés de mauvais gré au soir venu trop tôt. Désertés par excès de fatigue ou de tracas. Perdus. Laissés vierges du moindre enthousiasme, De la moindre récréation, du moindre élan véritable. Jours sans souffle, concédés au soir trop tôt venu, à la nuit tombée malgré nos efforts pour différer notre défaite, et résignés alors nous marchons vers votre lit en nous jurant d’être plus rusés le lendemain – plus imaginatifs, plus éveillés, plus vivants.
Sylvain Prudhomme — Par les routes – L’Arbalète -
Nouveau film pour Xavier Dolan après l'acceuil mitigé autour son premier long-métrage en langue anglaise, « Ma vie avec John F. Donovan ».
Les Echos — 12 films à ne pas rater cet automne -
Et j'ai descendu les huit marches je dis bien huit, car après, avec la postérité historique, il y aura peut-être des doutes et des discussions là-dessus et j'ai tendu à monsieur Tapu la main de l'amitié, vu que c'était un moment de révélation qui méritait un geste que les photographes pourraient immortaliser plus tard.
Romain Gary — L'angoisse du roi Salomon -
Plusieurs écrivains ont écrit discution avec un t, entr'aûtres, Bossuet, Rousseau, Bougainville, l'Ab. Bergier, etc. Dans le Dict. Gram. on le condamne ; mais il semble qu'à consulter l'analogie il devrait être préféré, puisqu'il vient de discuter ; au lieu de discussion n'a de plus pour lui que l'étymologie latine discussio et quelques Dictionaires. Les Auteurs sont partagés.
Dictionnaire critique da la langue française — 1787 -
Hier soir, après la fête de ~SD au VIP Room, nous avons atterri dans un bar des années 40 avec des filles nées dans les années 80 (mieux vaut cela que l'inverse). Nous étions dopés comme Richard Virenque au col du Tourmalet. Je beuglais : Chuis au taquet ! À côté de moi, comme nous étions très serrés, une poupée mordorée me faisait du genou sans le faire exprès.
Frédéric Beigbeder — L’Egoïste romantique -
M. Walters crut devoir se distinguer à son tour, et il remplit le rôle de la mouche du coche avec une activité peu commune. Il allait et venait, donnait des ordres et des contre-ordres, distribuait des remontrances ou des éloges à droite et à gauche.
Mark Twain — Les Aventures de Tom Sawyer -
L’irrévérencieux courtisan et photographe zélé, soudain impatient et affairé plus que la mouche du coche, nous poussant, se répandant, saluant à la ronde avec importance, faisant mille et mille courbettes pour ne pas passer inaperçu.
Blaise Cendras — Bourlinguer -
Sur ces paroles, qui empruntaient à la bouche d’où elles étaient émanées une autorité sibylline, les matelots se regardèrent furtivement (…).Encouragé par les signes de ses camarades, Pompon-Filasse se décida cependant à faire une nouvelle tentative pour rompre le silence inquiétant de Bertrand.— Maître ? dit-il timidement.— Qu’est-ce qu’il y a, mon garçon ?— C’est y vrai que vous avez servi dans le temps sur le plancher des vaches et que vous vous êtes croché avec les terriens anglais.
Edmond Rousseau — La Monongaléha -
Imaginez-vous seulement le plaisir que cela seraDans la mer avec les homards lorsque tous on nous pousseraMais l'escargot ditC'est trop loinAvec un air de défianceEt mille mercis au merlan mais quant à entrer dans la danseIl ne voulait ne pouvait pas ne voulait entrer dans la danse
Louis Aragon — Le Roman inachevé -
(…) sur l'Océan, ce labeur dur et solitaire loin du plancher des vaches interdisent au pêcheur de profiter des satisfactions auxquelles tout homme peut prétendre. Depuis douze ans qu'il naviguait, San n'avait jamais eu de relations normales, acceptables, avec une femme.
Jack Couffer — Le rat qui rit -
Voulez-vous m'envoyer 3 ou 4 prénoms féminins flamands ou hollandais (avec diminutifs) usuels pour un petit conte? Bien amicalement et mille mercis et bonne santé.
Louis-Ferdinand Céline — Lettres à des amies -
ROMÉO – Ah ! chère Juliette, pourquoi es-tu si belle encore ? Dois-je croire que le spectre de la Mort est amoureux et que l’affreux monstre décharné te garde ici dans les ténèbres pour te posséder ?... Horreur ! Je veux rester près de toi, et ne plus sortir de ce sinistre palais de la nuit ; ici, ici, je veux rester avec ta chambrière, la vermine ! Oh ! c’est ici que je veux fixer mon éternelle demeure et soustraire au joug des étoiles ennemies cette chair lasse du monde...
William Shakespeare — Roméo et Juliette -
J’ai un rapport un peu bizarre avec l’anglais et les Anglais : ça a toujours été une culture à côté de moi.
Charlotte Gainsbourg — Epok – Septembre 2006 -
Sauf casse, il passera la ligne d'ici 19-20 heures avec au moins trois heure d'avance.
Le Parisien — Vendée Globe : revivez la fin de course de Charlie Dalin -
Tout est silencieux en ce moment, même avec le bruit du ngoma. Vous l'aviez remarqué aussi, monsieur? Oui. J'ai été silencieux à l'intérieur de moi toute la journée.
Ernest Hemingway — La Vérité à la lumière de l'aube -
Alors, pendant qu'une ouvrière l'alléchait [l'enfant] avec un morceau de sucre, la femme s'en fut doucement, la tête baissée, bégayant des mercis, avalant ses larmes.
Huysmans — Soeurs Vatard -
Au reste ce préjugé lui a été commun avec les plus grands hommes de l'antiquité et même avec le peuple romain, qui confia sa destinée à des généraux dont le nom leur paraissait d'un heureux augure pour avoir été porté par des hommes dont il chérissait la mémoire...
Jean-Jacques Rousseau — Les Rêveries du Promeneur solitaire -
Je suis allée à la salle d'eau avec mon tablier. J'ai pris du savon dans une trousse de toilette et je l'ai lavé. J'ai beaucoup regretté qu'on ne soit pas un samedi.
Inès Cagnati — Le jour de congé