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Citations sur le sur - Page 405
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Ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jourma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’œil mort de la terrema négritude n’est ni une tour ni une cathédrale
Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal -
L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.À l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner.
Francis Ponge — Le parti pris des choses -
Elle est debout sur mes paupièresEt ses cheveux sont dans les miens,Elle a la forme de mes mains,Elle a la couleur de mes yeux,Elle s’engloutit dans mon ombreComme une pierre sur le ciel.Elle a toujours les yeux ouvertsEt ne me laisse pas dormir.Ses rêves en pleine lumièreFont s’évaporer les soleils,Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire.
Paul Eluard — Capitale de la douleur -
Facilité, dis-je, me voilà ramené droit à Eluard. En effet, des mots de cette ardente langue française, qui jamais ne fut aussi femme que lorsque c’était lui qui la couchait sur le papier, il en est peu qui lui appartiennent autant que celui-là sous la forme de l’adjectif dérivé.
André Pieyre de Mandiargues — Préface de Capitale de la douleur -
Sur mes cahiers d’écolierSur mon pupitre et les arbresSur le sable sur la neigeJ’écris ton nom […]Sur l’absence sans désirSur la solitude nueSur les marches de la mortJ’écris ton nomSur la santé revenueSur le risque disparuSur l’espoir sans souvenirJ’écris ton nomEt par le pouvoir d’un motJe recommence ma vieJe suis né pour te connaîtrePour te nommerLiberté.
Paul Eluard — Poésie et Vérité -
Nous avions acheté, en vue d’un pique-nique, des nourritures très coûteuses. Nous traversions de beaux jardins verdoyants où jouaient des enfants et nous pensions à nous installer sur une pelouse il est interdit de s’arrêter plus de cinq minutes, nous disait-on, et je me demandais vaguement « Sommes-nous en U.R.S.S. ? »
Simone de Beauvoir — Tout compte fait -
Il semble que la famille et la communauté aient plus d'impact que l'argent et la santé sur notre bonheur. [...] Dès lors, on ne saurait exclure la possibilité que l'immense amélioration des conditions matérielles au cours des deux derniers siècles ait été annulée par l'effondrement de la famille et de la communauté.
Yuval Noah Harari — Sapiens : une brève histoire de l'humanité -
J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère -
Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s’échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment.On ne sait pas nous mépriser.« Nous pensons aux lueurs des bars, aux bals grotesques dans ces maisons en ruines où nous laissions le jour. Mais rien n’est plus désolant que cette lumière qui coule doucement sur les toits à cinq heures du matin. Les rues s’écartent silencieusement et les boulevards s’animent: un promeneur attardé sourit près de nous. Il n’a pas vu nos yeux pleins de vertiges et il passe doucement. Ce sont les bruits des voitures de laitiers qui font s’envoler notre torpeur et les oiseaux montent au ciel chercher une divine nourriture.Aujourd’hui encore( mais quand donc finira cette vie limitée) nous irons retrouver les amis, et nous boirons les mêmes vins. On nous verra encore aux terrasses des cafés.Il est loin, celui qui sait nous rendre cette gaieté bondissante. Il laisse s’écouler les jours poudreux et il n’écoute plus ce que nous disons. » Est-ce que vous avez oublié nos voix enveloppées d’affections et nos gestes merveilleux? Les animaux des pays libres et des mers délaissées ne vous tourmentent-ils plus? Je vois encore ces luttes et ces outrages rouges qui nous étranglaient. Mon cher ami, pourquoi ne voulez-vous plus rien dire de vos souvenirs étanches? L’air dont hier encore nous gonflions nos poumons devient irrespirable. Il n’y a plus qu’à regarder droit devant soi, ou à fermer les yeux: si nous tournions la tête, le vertige ramperait jusqu’à nous.Itinéraires interrompus et tous les voyages terminés, est-ce que vraiment nous pouvons les avouer ? Les paysages abondants nous ont laisser un goût amer sur les lèvres. Notre prison est construite en livres aimés, mais nous ne pouvons plus nous évader, à cause de toutes ces odeurs passionnés qui nous endorment.
André Breton et Philippe Soupault — Les Champs magnétiques -
Charlie, qui avait accepté la suggestion de Susie de le payer en nature, directement sur son bureau. « Si c’est pas drôle. T’es encore avocat ? Hé, Gary, regarde ça C’est le type qui s’est occupé de mon premier divorce » Gary leva les yeux, se concentra pendant une fraction de seconde, puis poussa un grognement et se replongea dans ses ruminations intimes.
Scott Phillips — La moisson de glace -
Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
Sacha Guitry — Beaumarchais -
Il s’attaqua aux panards d’un quidam dont arpions, cors, durillons sont avachis du coup ; puis il bondit sur un banc et s’assoit sur un strapontin où nul n’y figurait.
Raymond Queneau — Exercices de style -
.Venu parler musique, le jeune mélomane doit répondre à toutes les questions de l’écrivain qui, dans sa tour d’ivoire, s’interroge sur la situation en Allemagne, sociale, politique, militaire.
Jérôme Prieur — Proust fantôme -
Femme nue, femme noireVêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux.Et voilà qu’au cœur de l’Été et de Midi, je te découvre Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle.Femme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTam-tam sculpté, tam-tam tendu qui grondes sous les doigts du VainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.Femme nue, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peauDélices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’ÉternelAvant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
Léopold Sédar Senghor — Chants d’ombre -
Il n'est que trop facile de prouver que la tolérance conduit, parfois, tout droit à l'intolérable et que sur ce chemin là, on est trop souvent mené par le bout du nez.
Romain Gary — Les Cerfs-volants -
Ils se sont mis frénétiquement à me chercher sur Internet. Comme j’ai pris soin d’adopter un pseudonyme, ils ont fait chou blanc. Cet échec a encore exacerbé leur désir de savoir.
Gilles Sebhan — La dette -
Nos cœurs étaient muets à force d’être pleins ;Nous effeuillions sur l’eau des tiges dans nos mains ;Je ne sais quel attrait des yeux pour l’eau limpideNous faisait regarder et suivre chaque ride,Réfléchir, soupirer, rêver sans dire un mot,Et perdre et retrouver notre âme à chaque flot.Nul n’osait le premier rompre un si doux silence,Quand, levant par hasard un regard sur Laurence,Je vis son front rougir et ses lèvres trembler,Et deux gouttes de pleurs entre ses cils rouler,Comme ces pleurs des nuits qui ne sont pas la pluie,Qu’un pur rayon colore, et qu’un vent tiède essuie.— Que se passe-t-il donc, Laurence, aussi dans toi ?Est-ce qu’un poids secret t’oppresse ainsi que moi ?— Oh ! je sens, me dit-il, mon cœur prêt de se fendre ;Mon âme cherche en vain des mots pour se répandre :Elle voudrait créer une langue de feu,Pour crier de bonheur vers la nature et Dieu.— Dis-moi, repris-je, ami, par quelles influencesMon âme au même instant pensait ce que tu penses ?Je sentais dans mon cœur, au rayon de ce jour,Des élans de désirs, des étreintes d’amourCapables d’embrasser Dieu, le temps et l’espace ;Et pour les exprimer ma langue était de glace.Cependant la nature est un hymne incomplet,Et Dieu n’y reçoit pas l’hommage qui lui plaît,Quand l’homme, qu’il créa pour y voir son image,N’élève pas à lui la voix de son ouvrage :La nature est la scène, et notre âme est la voix.Essayons donc, ami, comme l’oiseau des bois,Comme le vent dans l’arbre ou le flot sur le sable,De verser à ses pieds le poids qui nous accable,De gazouiller notre hymne à la nature, à Dieu :Créons-nous par l’amour prêtres de ce beau lieu !Sur ces sommets brûlants son soleil le proclame,Proclamons-l’y nous-même et chantons-lui notre âme !La solitude seule entendra nos accents : Écoute ton cœur battre, et dis ce que tu sens.
Alphonse de Lamartine — Jocelyn -
Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadenceTes flots harmonieux.Tout à coup des accents inconnus à la terreDu rivage charmé frappèrent les échos ;Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chèreLaissa tomber ces mots :« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !Suspendez votre cours :Laissez-nous savourer les rapides délicesDes plus beaux de nos jours ![…] Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,Que les parfums légers de ton air embaumé,Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,Tout dit : Ils ont aimé ! »
Alphonse de Lamartine — Le Lac -
Je n’imitais plus personne, je m’exprimais moi-même pour moi-même. Ce n’était pas un art, c’était un soulagement de mon propre cœur qui se berçait de ses propres sanglots. Je ne pensais à personne en écrivant çà et là ces vers, si ce n’est à une ombre et à Dieu. Ces vers étaient un gémissement ou un cri de l’âme. Je cadençais ce cri ou ce gémissement dans la solitude, dans les bois, sur la mer ; voilà tout. Je n’étais pas devenu plus poète, j’étais devenu plus sensible, plus sérieux et plus vrai. C’est là le véritable art : être touché ; oublier tout art pour atteindre le souverain art, la nature.
Alphonse de Lamartine — Des Méditations -
Le journaliste en tire les conclusions qu’il veut. Il se croit au Brésil avec son délire sur les « Escadrons de la mort ». A partir des mêmes éléments, le Figaro dira le contraire en dissertant de manière aussi convaincante. L’important se trouve dans l’interview. Du solide, du brut de décoffrage.
Didier Daeninckx — Lumière noire -
Il allait sortir quand, soudain, il vit, dans un coin du salon, sur un piano droit, l’obscur carton à kaolin noirci à l’indian ink sur quoi, suivant Savorgnan, Voyl avait fait blanchir par un artisan hors pair un tanka japonais.
Georges Perec — La disparition -
Le roi du jour s'apprêtait à répandre Sur l'horizon ses nouvelles clartés
Baour-Lormian — Ossian -
J'ai pu voir, après tant d'orages, la nation rendue à son antique loyauté, se rallier comme une famille autour d'un père chéri; j'aurai vu les factions s'éteindre, tous les cœurs se réunir dans l'intérêt de la patrie, et toutes les volontés se confondre dans le vœu du bonheur public, fondé sur la double base de l'amour du prince et du respect des lois.
Victor de Jouy — L'Hermite de la Chaussée d'Antin -
Le problème est (...) l'un de ceux où l'on semble avoir pris plaisir à amonceler les difficultés, en opposant l'une à l'autre deux conceptions de l'amour essentiellement irréductibles (...). D'une part, un amour conçu à la manière gréco-thomiste, fondé sur l'inclination naturelle et nécessaire des êtres à rechercher avant tout leur propre bien. Pour qui se réclame de cette conception physique, il y a une identité foncière entre l'amour de soi et l'amour de Dieu (...). La conception extatique, au contraire, postulerait l'oubli de soi comme condition nécessaire de tout amour véritable, de celui qui met littéralement le sujet « hors de lui-même » et libère en nous l'amour d'autrui de toutes les attaches qui semblent l'unir à nos inclinations égoïstes.
Étienne Gilson — L'Esprit de la philosophie médiévale -
La notion de classe sociale explique sans doute la sympathie des syndicats ouvriers pour les partis de gauche, la place éventuelle de ces organisations sur l'échiquier politique
Reynaud — Syndicat en France -
Avec cet amour rien n'est plus nécessaire pour nous sur la terre, parce qu'il contient tout, qu'il est tout, et qu'il apprend tout. Voilà pourquoi nous sommes toujours en rapport avec Dieu, parce qu'il est l'amour universel.
Louis-Claude de Saint-Martin — L'Homme de désir -
Je vous le dis en vérité, celui qui aime, son cœur est un paradis sur la terre. Il a Dieu en soi, car Dieu est amour.
Félicité-Robert de Lamennais — Les Paroles d'un croyant -
[…]; une colossale figure du « Temps », soulève Terre et cadran sur ses vigoureuses épaules, tandis que des anges joufflus, des Amours pour mieux dire, se jouent tout autour, voletant et dégringolant jusque sur le fronton.
Gustave Fraipont; Les Vosges — 1895 -
Ensuite Blathers et Duff firent sortir tout le monde, et délibérèrent longuement ensemble avec tant de mystère et de solennité, qu’une consultation de grands médecins sur un cas difficile ne serait qu’un jeu d’enfants, comparée à cette délibération.
Charles Dickens — Oliver Twist - Chapitre 31 -
A l’issue de ma pause-sommeil de midi, me voilà emportée par une vision qui n’a rien de commun avec un rêve ordinaire, je descends dans la grande pièce et, par ma fenêtre ouverte, j’aperçois, couché en chien de fusil sur le rebord extérieur de l’hôtel en face, un jeune homme pauvrement vêtu de rouge et de vert qui dort à poings fermés comme un enfant…
Dominique Rolin — L’Accoudoir -
Parce qu’il y a cette ouverture à toutes et à tous, et ce regard amusé sur la société bien pensante et moralement correcte, on dit aussi que les Sœurs sont queer.
Jean-Yves Le Talec — « Sister Quamp » -
Enfin, tache sombre sur les panneaux clairs du salon, un tableau, un seul, convenablement choisi par ce jeune homme qui croyait ne pas se connaître en peinture. C’est une Pudeur et une Vanité, ou un Amour Sacré et un Amour Profane de quelque élève de Luini, avec au coin des lèvres ce sourire mystérieux, un peu crispé, qui monte aux lèvres des femmes et des androgynes de Léonard.
Marguerite Yourcenar — Archives du Nord -
17 août 44 – Quelqu’un raconte que les Allemands ont quitté Fresnes en emmenant cent quatre-vingts politiques qu’ils ont fusillés sur le bord de la route.
Benoîte et Flora Groult — Journal à quatre mains -
Au final le lecteur découvre la lune : l’éthique est un substitut du politique pour un capitalisme qui ne peut plus compter sur un contrôle mécanique des opérateurs.
Revue de l'Action Populaire — CERAS -
J’en entends parler régulièrement de la part des collégiens et lycéens - et parfois, de quelqu’un à l’université. L’hypothèse est toujours que Blue Waffle est réelle, - les adolescents recherchent simplement de bonnes informations sur la façon d’éviter de l’attraper.
Katherine George sur le site upost.info — 2016 -
Si vous possédez un grand nombre de photos argentiques, c'est-à-dire tirées sur un support papier, pourquoi alors ne pas les numériser sur votre ordinateur ? Cette procédure offre plusieurs avantages : […].
Olivier Abou — La maison multimédia -
Thomas buvait Gabriel, s’en emplissait en silence, amoureux décidé à brûler ses vaisseaux, convaincu qu’une telle occasion ne se présenterait jamais plus, qu’il tenait là l’unique chance de passer ses lèvres sur ce grain de peau lumineux qui lui ôtait le sommeil depuis des mois.
Mathieu Riboulet — Le corps des anges -
Si deux joueurs abattent un brelan, celui de la valeur la plus haute l'emporte. Celui toutefois, qui a la chance d'obtenir un brelan de Valets, dénommé le favori, l'emporte sur tous les autres brelans, même ceux des As ,des Rois ou des Dames.
Frans Gerver — Le guide Marabout de Tous les Jeux de Cartes -
Le long du vieux faubourg, où pendent aux masuresLes persiennes, abri des secrètes luxures,Quand le soleil cruel frappe à traits redoublésSur la ville et les champs, sur les toits et les blés,Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.Ce père nourricier, ennemi des chloroses,Eveille dans les champs les vers comme les roses ;Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquillesEt les rend gais et doux comme des jeunes filles,Et commande aux moissons de croître et de mûrirDans le coeur immortel qui toujours veut fleurir !Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,Il ennoblit le sort des choses les plus viles,Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.
Baudelaire — Les Fleurs du Mal -
Chez grand-mère, sa mémoire fut pérennisée par un objet/souvenir, hérité de la chère dame, qui trôna longtemps sur une étagère et qu’avec mes frères, nous nous accordions pour juger « cucul la praline » : un angelot de biscuit, couché sur le ventre, fesses rebondies et sourire béat.
Paul Malet — Les Voiles de la misère