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Citations sur le mille - Page 2
Il y a 86 citations sur le mille.
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Si vous pouviez me fournir ce renseignement, je vous en saurais un gré infini. Adieu, mon cher ami, mille amitiés bien sincères.
Tocqueville — Correspondance -
Les femmes avaient paru, près d'un millier de femmes, aux cheveux épars, dépeignés par la course, aux guenilles montrant la peau nue, des nudités de femelles lasses d'enfanter des meurt-de-faim. Quelques-unes tenaient leur petit entre les bras, le soulevaient, l'agitaient, ainsi qu'un drapeau de deuil et de vengeance. D'autres, plus jeunes, avec des gorges gonflées de guerrières, brandissaient des bâtons ; tandis que les vieilles, affreuses, hurlaient si fort, que les cordes de leurs cous décharnés semblaient se rompre. Et les hommes déboulèrent ensuite, deux mille furieux, des galibots, des haveurs, des raccommodeurs, une masse compacte qui roulait d'un seul bloc, serrée, confondue, au point qu'on ne distinguait ni les culottes déteintes, ni les tricots de laine en loques, effacés dans la même uniformité terreuse. Les yeux brûlaient, on voyait seulement les trous des bouches noires, chantant la Marseillaise, dont les strophes se perdaient en un mugissement confus, accompagné par le claquement des sabots sur la terre dure. Au-dessus des têtes, parmi le hérissement des barres de fer, une hache passa, portée toute droite ; et cette hache unique, qui était comme l'étendard de la bande avait, dans le ciel clair, le profil aigu d'un couperet de guillotine.
Émile Zola — Germinal -
Sous moi donc cette troupe s’avance,Et porte sur le front une mâle assurance.Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfortNous nous vîmes trois mille en arrivant au port,Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,Les plus épouvantés reprenaient de courage !
Pierre Corneille — Le Cid -
Moi-même j'avais l'impression que j'avais au cerveau une fuite que quelqu'un essayait de bloquer avec des pierres. Ils sont tombés dans les pommes à cinq mille cinq cents, et ils m'ont même regardé mettre le masque à oxygène.
Romain Gary — Les trésors de la mer Rouge -
Lettre CLIII :Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.Je réponds sur-le-champ à votre Lettre, et je tâcherai d'être clair ; ce qui n'est pas facile avec vous, quand une fois vous avez pris le parti de ne pas entendre.De longs discours n'étaient pas nécessaires pour établir que chacun de nous ayant en main tout ce qu'il faut pour perdre l'autre, nous avons un égal intérêt à nous ménager mutuellement : aussi, ce n'est pas de cela dont il s'agit. Mais encore entre le parti violent de se perdre, et celui, sans doute meilleur, de rester unis comme nous l'avons été, de le devenir davantage encore en reprenant notre première liaison, entre ces deux partis, dis-je, il y en a mille autres à prendre. Il n'était donc pas ridicule de vous dire, et il ne l'est pas de vous répéter que, de ce jour même, je serai ou votre Amant ou votre ennemi. (…)Deux mots suffisent.Paris, ce 4 décembre 17**.Réponse de la Marquise de Merteuil (écrite au bas de la même Lettre).Eh bien ! la guerre.
Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses -
Je sentis se soulever en moi comme dans un coup de vent mille inquiétudes que je ne savais pas tenir en suspens dans ma poitrine. Le tumulte y était si grand que j'étais à bout de souffle comme dans une tempête.
Marcel Proust — À la recherche du temps perdu -
Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez.On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ;On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil,La sombre égalité du mal et du cercueil ;Quoique le plus petit vaille le plus prospère ;Car tous les hommes sont les fils du même père ;Ils sont la même larme et sortent du même œil.On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil ;On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe.Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnuVous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,Impur, hideux, noué des mille nœuds funèbresDe ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;Et soudain on entend quelqu’un dans l’infiniQui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est béni,Sans voir la main d’où tombe à notre âme méchanteL’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante.On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sentFondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant,Tout notre être frémit de la défaite étrangeDu monstre qui devient dans la lumière un ange.
Victor Hugo — Ce qu’est la mort -
Dans l'hypothèse la plus favorable, si nul créancier nouveau ne survenait, il allait lui rester deux mille francs.
Montherlant — Les Célibataires -
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfortNous nous vîmes trois mille en arrivant au port
Corneille — Le Cid -
On voit accourir de savants artistes avec des sonates merveilleuses, de vagabonds troubadours qui ne savent chanter que des petites ballades à refrain, des pélerins qui répètent mille et mille fois les couplets de leurs longs cantiques.
Chateaubriand — Génie du Christianisme. -
Mille tendresses à tous, et à toi en particulier. Ton frère qui t’aime, H. Fais parvenir à Werdet l’incluse (rue des 4 vents, 18). J’embrasse bien tendrement ma mère.
Balzac — Correspondance -
M. Leuwen réservait toutes les forces de l'esprit de ses députés pour cette idée difficile qu'il leur faisait conclure de mille faits différents ou que quelquefois il osait leur présenter directement : l'union fait la force. Si ce principe est vrai partout, il l'est surtout dans les assemblées délibérantes.
Stendhal — Lucien Leuwen -
Comme François Dosse chacun a tendance à voir midi à sa porte et à considérer l'entreprise à l'aune de ses propres recherches, on peut à l'infini écrire sur ce qu'il n'y a pas dans ce travail de plus de mille pages ou refaire le livre que l'on aurait voulu écrire.
Revue Le Débat (n° 73) — Gallimard -
Pour moi, tel que vous me voyez, je m’en escrime un peu quand je veux ; et vous verrez courir de ma façon, dans les belles ruelles de Paris, deux cents chansons, autant de sonnets, quatre cents épigrammes et plus de mille madrigaux, sans compter les énigmes et les portraits.
Molière — Les Précieuses ridicules -
Nadja était forte, enfin, et très faible, comme on peut l’être de cette idée qui toujours avait été la sienne, mais dans laquelle je ne l’avais que trop entretenue, à laquelle je ne l’avais que trop aidée à donner le pas sur les autres : à savoir que la liberté, acquise ici-bas au prix de mille et des plus difficiles renoncements, demande à ce qu’on jouisse d’elle sans restriction dans le temps où elle nous est donnée, sans considération pragmatique d’aucune sorte et cela parce que l’émancipation humaine, conçue en définitive sous sa forme révolutionnaire la plus simple, qui n’en est pas moins l’émancipation humaine à tous égards, entendons-nous bien, selon les moyens dont chacun dispose, demeure la seule cause qu’il soit digne de servir. Nadja était faite pour la servir, ne fut-ce qu’en démontrant qu’il doit se fomenter autour de chaque être un complot très particulier qui n’existe pas seulement dans son imagination, dont il conviendrait, au simple point de vue de la connaissance, de tenir compte, et aussi, mais beaucoup plus dangereusement, en passant la tête, puis un bras entre les barreaux ainsi écartés de la logique, c’est-à-dire de la plus haïssable des prisons […].
André Breton — Nadja -
Il y a un vaisseau qui a emporté ma bien-aiméeIl y a dans le ciel six saucisses et la nuit venant on dirait des asticots dont naîtraient les étoilesIl y a un sous-marin ennemi qui en voulait à mon amourIl y a mille petits sapins brisés par les éclats d’obus autour de moiIl y a un fantassin qui passe aveuglé par les gaz asphyxiantsIl y a que nous avons tout haché dans les boyaux de Nietzsche de Gœthe et de CologneIl y a que je languis après une lettre qui tardeIl y a dans mon porte-cartes plusieurs photos de mon amourIl y a les prisonniers qui passent la mine inquiète […]
Guillaume Apollinaire — Calligrammes -
J'ai vu trois mille deux cent vingt-sept soirs Je suis née au printemps Au milieu des années soixante-dix
Raúl Rivero — Souvenirs oubliés -
Je m’y soumettrai sans doute, il vaut mieux mourir que de vivre coupable. Déjà, je le sens, je ne le suis que trop ; je n’ai sauvé que ma sagesse, la vertu s’est évanouie. Faut-il vous l’avouer, ce qui me reste encore je le dois à sa générosité. Enivrée du plaisir de le voir, de l’entendre, de la douceur de le sentir auprès de moi, du bonheur plus grand de pouvoir faire le sien, j’étais sans puissance et sans force ; à peine m’en restait-il pour combattre, je n’en avais plus pour résister ; je frémissais de mon danger sans pouvoir le fuir. Eh bien ! il a vu ma peine et a eu pitié de moi. Comment ne le chérirais-je pas ? je lui dois bien plus que la vie.Ah ! si en restant auprès de lui je n’avais à trembler que pour elle, ne croyez pas que jamais je consentisse à m’éloigner. Que m’est-elle sans lui ? ne serais-je pas trop heureuse de la perdre ? Condamnée à faire éternellement son malheur et le mien ; à n’oser ni me plaindre, ni le consoler ; à me défendre chaque jour contre lui, contre moi-même ; à mettre mes soins à causer sa peine, quand je voudrais les consacrer tous à son bonheur : vivre ainsi n’est-ce pas mourir mille fois ? voilà pourtant quel va être mon sort. Je le supporterai cependant, j’en aurai le courage. Oh ! vous, que je choisis pour ma mère, recevez-en le serment !
Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses -
L’irrévérencieux courtisan et photographe zélé, soudain impatient et affairé plus que la mouche du coche, nous poussant, se répandant, saluant à la ronde avec importance, faisant mille et mille courbettes pour ne pas passer inaperçu.
Blaise Cendras — Bourlinguer -
Ils s'aimeront toujours.Au moment que je parle, ah ! mortelle pensée !Ils bravent la fureur d'une amante insensée.Malgré ce même exil qui va les écarter,Ils font mille serments de ne se point quitter.Non, je ne puis souffrir un bonheur qui m'outrage,Œnone. Prends pitié de ma jalouse rage.Il faut perdre Aricie. Il faut de mon épouxContre un sang odieux réveiller les courroux.Qu'il ne se borne pas à des peines légères :Le crime de la sœur passe celui des frères.Dans mes jaloux transports je le veux implorer.Que fais-je ? Où ma raison va-t-elle s'égarer ?Moi jalouse ! Et Thésée est celui que j'implore !Mon époux est vivant, et moi je brûle encore !Pour qui ? Quel est le cœur où prétendent mes vœux ?Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux.Mes crimes désormais ont comblé la mesure.Je respire à la fois l'inceste et l'imposture.Mes homicides mains, promptes à me venger,Dans le sang innocent brûlent de se plonger.
Jean Racine — Phèdre -
Imaginez-vous seulement le plaisir que cela seraDans la mer avec les homards lorsque tous on nous pousseraMais l'escargot ditC'est trop loinAvec un air de défianceEt mille mercis au merlan mais quant à entrer dans la danseIl ne voulait ne pouvait pas ne voulait entrer dans la danse
Louis Aragon — Le Roman inachevé -
Voulez-vous m'envoyer 3 ou 4 prénoms féminins flamands ou hollandais (avec diminutifs) usuels pour un petit conte? Bien amicalement et mille mercis et bonne santé.
Louis-Ferdinand Céline — Lettres à des amies -
Chère Isabelle, chère Ghislaine, mille mercis de m'avoir fait une nouvelle fois confiance dans l'écriture de ce livre... Chère Marie, mille mercis pour votre vigilance, vos précieux conseils et votre sympathie...
Élise Delprat — Range ta vie ! -
Mille mercis pour le vin de Bordeaux. Que n'est-il ici ! On m'a réduit à ce vin seul.
Lamartine — Correspondance -
Un grand merci, mille mercis. Mille tendres mercis pour votre bonne lettre.
Balzac — Correspondance -
Je suis allé à la salle de bains, je suis allé à la cuisine, j'ai fait encore trois fois le tour du séjour et je me suis rappelé que je lui devais deux leçons, six mille forints.
Chico Buarque — Budapest -
Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.
Voltaire — Candide -
M. Marsh devait à mon client la somme de cent vingt-cinq mille dollars. Mon client m’a chargé de recouvrer cette créance. J’ai parlé à M. Marsh qui a parfaitement reconnu avoir contracté cette dette, mais a demandé quelques délais supplémentaires pour la rembourser.
Olivier Bleeck — L’entremetteur -
Toutefois, au-delà du village mort, j’aperçus dans le lointain une sorte de brouillard gris qui recouvrait les hauteurs comme un tapis. Depuis la veille, je m’étais remis à penser à ce berger planteur d’arbres. « Dix mille chênes, me disais-je, occupent vraiment un très large espace. »
Jean Giono — L’homme qui plantait des arbres -
Je connus donc pour la première fois le plaisir, étrange pour un enfant, mais vivement senti par moi, de me trouver seule, et, loin d’en être contrariée ou effrayée, j’avais comme du regret en voyant revenir la voiture de ma mère. Il faut que j’aie été bien impressionnée par mes propres contemplations, car je me les rappelle avec une grande netteté, tandis que j’ai oublié mille circonstances extérieures probablement beaucoup plus intéressantes.Dans celles que j’ai rapportées, les souvenirs de ma mère ont entretenu ma mémoire ; mais dans ce que je vais dire je ne puis être aidée de personne.Aussitôt que je me voyais seule dans ce grand appartement que je pouvais parcourir librement, je me mettais devant la psyché et j’y essayais des poses de théâtre ; puis je prenais mon lapin blanc et je voulais le contraindre à en faire autant ; ou bien je faisais le simulacre de l’offrir en sacrifice aux dieux, sur un tabouret qui me servait d’autel. Je ne sais pas où j’avais vu, soit sur la scène, soit dans une gravure quelque chose de semblable. Je me drapais dans ma mantille pour faire la prêtresse, et je suivais tous mes mouvemens. On pense bien que je n’avais pas le moindre sentiment de coquetterie : mon plaisir venait de ce que, voyant ma personne et celle du lapin dans la glace, j’arrivais, avec l’émotion du jeu, à me persuader que je jouais une scène à quatre, soit deux petites filles et deux lapins. Alors le lapin et moi nous adressions, en pantomime, des saluts, des menaces, des prières, aux personnages de la psyché. Nous dansions le bolero avec eux, car, après les danses du théâtre, les danses espagnoles m’avaient charmée, et j’en singeais les poses et les grâces avec la facilité qu’ont les enfans à imiter ce qu’ils voient faire. Alors j’oubliais complétement que cette figure dansant dans la glace fût la mienne, et j’étais étonnée qu’elle s’arrêtât quand je m’arrêtais.Quand j’avais assez dansé et mimé ces ballets de ma composition, j’allais rêver sur la terrasse.
George Sand — Histoire de ma vie -
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,Dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi !Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroiSe planteront bientôt comme dans une cible,Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizonAinsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ;Chaque instant te dévore un morceau du déliceA chaque homme accordé pour toute sa saison.Trois mille six cents fois par heure, la SecondeChuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voixD’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)Les minutes, mortel folâtre, sont des ganguesQu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !Souviens-toi que le Temps est un joueur avideQui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »
Charles Baudelaire — Les fleurs du mal -
Le rendez-vous, donné si haut, à la sortie de l’Opéra[1], fut entendu comme je l’avais espéré. Prévan s’y rendit ; & quand la Maréchale lui dit obligeamment qu’elle se félicitait de le voir deux fois de suite à ses jours, il eut soin de répondre que depuis mardi soir il avait défait mille arrangements, pour pouvoir disposer ainsi de cette soirée. À bon entendeur, salut !
Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses -
[…] mon gars il adorait commencer une histoire par une formule imagée qu’il sortait à brûle-pourpoint, c’était pour lui une sorte de point de départ, de piste d’envol, tu comprends disait-il, puis il s’arrêtait un instant, me regardait dans les yeux et quand il voyait que j’étais mûr, il y allait de sa petite expression, des larmes de crocodile, c’écriait-il par exemple et j’avais l’impression alors que toute l’histoire qui suivait ne servait qu’à illustrer ces larmes de crocodile, à les mettre en valeur, à les faire briller de mille feux, et elles devenaient plus belles et plus précieuses que du cristal et grande était la gloire de celui qui les avait pleurées.
P. Edmond — La danse du fumiste -
À la fin tu es las de ce monde ancienBergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matinTu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaineIci même les automobiles ont l’air d’être anciennesLa religion seule est restée toute neuve la religionEst restée simple comme les hangars de Port-AviationSeul en Europe tu n’es pas antique ô ChristianismeL’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie XEt toi que les fenêtres observent la honte te retientD’entrer dans une église et de t’y confesser ce matinTu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout hautVoilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journauxIl y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventures policièresPortraits des grands hommes et mille titres diversJ’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nomNeuve et propre du soleil elle était le claironLes directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographesDu lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passentLe matin par trois fois la sirène y gémitUne cloche rageuse y aboie vers midiLes inscriptions des enseignes et des muraillesLes plaques les avis à la façon des perroquets criaillentJ’aime la grâce de cette rue industrielleSituée à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes[…]
Apollinaire — Zone -
Sans avoir toutes ces années respiré ne serait-ce qu'une bouffée d'air marin, alors que je marchais, seul, à la faveur d'une randonnée botanique, du cœur de la vallée du Mississippi jusqu'au golfe du Mexique, en Floride, loin de la côte, mon attention entièrement tournée vers la splendide végétation tropicale alentour, je reconnus soudain une brise de mer parmi les palmiers et les vignes enchevêtrées, qui sur-le-champ réveilla et libéra mille associations latentes, me faisant redevenir le petit garçon que j'avais été en Écosse, comme si toutes les années qui s'étaient écoulées depuis avaient été annihilées.
John Muir — The Mountains of California -
Hier soir il s’est vu dans ses rêves tombant sur trois mille moutons blancs. Après ça plus moyen de dormir ! Il s’est mis en route pour aller les trouver. Il est passé par monts et par vaux, à travers forêts de sapins et de pins, de châtaigniers et de chênes verts.
Zacharias Papantoniou — Les Hautes Montagnes -
ll savait fort bien que Cardinaud avait fait bâtir une maison et avait signé des traites pour plusieurs années. Il était même venu à la pendaison de crémaillère. J'ai pensé que vous pourriez me prêter trois mille francs que, bien entendu, je vous rendrai en très peu de temps.
Georges Simenon — Le Fils Cardinaud -
ŒNONE.Quoi ! de quelques remords êtes-vous déchirée ?Quel crime a pu produire un trouble si pressant ?Vos mains n’ont point trempé dans le sang innocent ?PHÈDRE.Grâces au ciel, mes mains ne sont point criminelles.Plût aux dieux que mon cœur fût innocent comme elles !ŒNONE.Et quel affreux projet avez-vous enfantéDont votre cœur encor doive être épouvanté ?PHÈDRE.Je t’en ai dit assez : épargne-moi le reste.Je meurs, pour ne point faire un aveu si funeste.ŒNONE.Mourez donc, et gardez un silence inhumain ;Mais pour fermer vos yeux cherchez une autre main.Quoiqu’il vous reste à peine une faible lumière,Mon âme chez les morts descendra la première ;Mille chemins ouverts y conduisent toujours,Et ma juste douleur choisira les plus courts.Cruelle ! quand ma foi vous a-t-elle déçue ?Songez-vous qu’en naissant mes bras vous ont reçue ?Mon pays, mes enfants, pour vous j’ai tout quitté.Réserviez-vous ce prix à ma fidélité ?PHÈDRE.Quel fruit espères-tu de tant de violence ?Tu frémiras d’horreur si je romps le silence.ŒNONE.Et que me direz-vous qui ne cède, grands dieux !À l’horreur de vous voir expirer à mes yeux ?PHÈDRE.Quand tu sauras mon crime et le sort qui m’accable,Je n’en mourrai pas moins : j’en mourrai plus coupable.ŒNONE.Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés,Par vos faibles genoux que je tiens embrassés,Délivrez mon esprit de ce funeste doute.PHÈDRE.Tu le veux ? lève-toi.ŒNONE.Parlez : je vous écoute.PHÈDRE.Ciel ! que lui vais-je dire ? et par où commencer ?ŒNONE.Par de vaines frayeurs cessez de m’offenser.PHÈDRE.Ô haine de Vénus ! ô fatale colère !Dans quels égarements l’amour jeta ma mère !ŒNONE.Oublions-les, madame ; et qu’à tout l’avenirUn silence éternel cache ce souvenir.PHÈDRE.Ariane, ma sœur ! de quel amour blesséeVous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !ŒNONE.Que faites-vous, madame ? et quel mortel ennuiContre tout votre sang vous anime aujourd’hui ?PHÈDRE.Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorableJe péris la dernière et la plus misérable.ŒNONE.Aimez-vous ?PHÈDRE.De l’amour j’ai toutes les fureurs.ŒNONE.Pour qui ?PHÈDRE.Tu vas ouïr le comble des horreurs…J’aime… À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.J’aime…ŒNONE.Qui ?PHÈDRE.Tu connais ce fils de l’Amazone,Ce prince si longtemps par moi-même opprimé…ŒNONE.Hippolyte ? Grands dieux !PHÈDRE.C’est toi qui l’as nommé !ŒNONE.Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace !Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race !Voyage infortuné ! Rivage malheureux,Fallait-il approcher de tes bords dangereux !
Racine — Phèdre -
Nous passions des demi-journées entières à répandre ensemble notre esprit sur les cent mille sujets qui jaillissent de deux jeunes intelligences qui s’entre-choquent, comme les étincelles jaillissaient du foyer quand nos pincettes remuaient au hasard le feu.
Alphonse de Lamartine — Œuvres complètes -
Ce qui s’étendait au-delà de cette porte vitrée, c’était la société à la mesure de leurs idées, la grande ville conçue selon leurs critères. De même que tous les chemins mènent à Rome, ils pensaient que mille voies invisibles partant d’autant de beaux garçons disséminés comme des étoiles dans un ciel nocturne menaient à ce club.
Yukio Mishima — Les Amours interdites