
Voici un des points de la grammaire française qui pose souvent problème aux apprenants ainsi qu’aux natifs ! On se pose notamment la question de l’accord de « tel ». Alors faut-il écrire « tel », « telle », « tels », « telles », « tel que » ou « tel quel » ? On vous explique tout dans cet article.
Définition : selon notre dictionnaire, « tel » peut désigner une marque d’identité indéfinie ou marquer la similitude (synonyme de « comme »). Il peut aussi être utilisé pour marquer l’intensité (« il marche avec un tel air d’épuisement »). Enfin « Tel qu’il soit » est d’un usage ancien et signifie « quel qu’il soit ».
Lorsque « tel » est un adjectif, il s’accorde : « tel/telle », « tels/telles »
Lorsque « tel » est suivi d’un nom ou pronom et est donc un adjectif épithète, il s’accorde en genre et en nombre.
Exemples :
-« Elle dit partout qu’un tel mariage serait un scandale » – Proust, Fugitive, 1922.
-« Il me fait appeler quand je suis en pleine inspiration, me fixe des audiences à la seizième heure, sans se soucier si une telle heure coupe et désordonne tout mon après-midi de travail » – Montherlant, Malatesta, 1946.
-« Je ne me permettrais pas de tenir de tels propos devant vous. »
-« J’aimerais pouvoir conduire un jour de telles voitures. »
Lorsque « tel » est un attribut (un groupe nominal ou un adjectif qui sert à donner une caractéristique à un sujet ou à un complément d’objet direct par l’intermédiaire d’un verbe), on accorde également en genre et en nombre.
Exemples :
-« Tels sont les yeux, tel est le corps. » – Hippocrate.
-« Tel père, tel fils. »
-« Telle ou telle femme, tel ou tel art, telle ou telle passion est ma vie » – Milosz, Amour. init., 1910.
Attention : « tel » est invariable dans l’expression « rien de tel » (puisque l’accord se fait avec « rien », on le met au masculin singulier).
Lorsque « tel » est un pronom indéfini, il est toujours au masculin singulier
Il arrive d’utiliser « tel » seul, dans ce cas il est un pronom indéfini au masculin et au singulier.
Exemples :
-« Tel est pris qui croyait prendre. ».
-« Tel espérait et se consolait, tel s’affligeait » – Chateaubriand, Mémoires, 1848.
On peut également trouver en début de phrase la forme « untel » et « unetelle » pour désigner une personne quelconque.
Exemples :
-« Mademoiselle Unetelle qui se dévoue jour et nuit pour nos chers blessés » – Romains, Hommes de bonne volonté, 1938.
-« Monsieur untel est très aimable ».
« Tel que » et « tel quel » : différentes règles d’accord
« Tel que » et « tel » pour comparer : « tel », utilisé pour comparer, s’accorde avec le terme le plus proche des deux termes mis en comparaison. La locution « tel que » s’accorde en général avec le nom qui la précède bien que des structures complexes de phrase peuvent mettre le nom auquel elle se rapporte après celle-ci.
Exemples :
-« Ses grands yeux noirs [de la jeune Espagnole] brillaient sous la noire mantille. Telle une double étoile au front des nuits scintille sous les plis d’un nuage obscur » -Victor Hugo, Orientales, 1829.
-« Le gaz pleure, tel un œil » – Moréas, Cantil., 1886
-« Ils rougirent et se dispersèrent telle une nuée d’étourneaux » – Guèvremont, Survenant, 1945.
« Telles que des chevaux emballés, les vagues bondissaient sur le rivage – Girodet (le nom ne précède pas « tel que »)
-« Cependant des montagnards, se tenant par les mains, formaient un groupe diversement agité, tel qu’un vaisseau battu de la tempête et qui flotte sur ses ancres. » – Dusaulx, Voyage Barège, t. 1, 1796
-« Des gouttes d’eau pendaient encore, gonflées et telles que des larmes » – Courteline, Train 8 h. 47, 1888.
« Tel quel » : cette expression signifie « qui est sans modification, sans changement ». « Tel quel » est composé de deux adjectifs qui s’accordent avec le nom auxquels ils se rapportent, qu’il soit avant ou après. Cette règle s’applique également pour « comme tel » (qui signifie « à ce titre, dans cette qualité ») et « en tant que tel » (qui signifie « par sa nature, dans son essence même »).
Exemples :
-« Vous ne m’avez pas demandé mon avis (…) si je vous l’avais donné tel quel, vous auriez pu me dire que vous ne me le demandiez pas » – Renard, Correspondant, 1896.
-« Une brune frénétique aux cheveux droits, en fichu jaune, venue telle quelle, en automobile, d’une place voisine » – Colette, Naiss. jour, 1928.
-« Car c’est après tout un milieu et, comme tel, il exige dans une certaine mesure qu’on s’y adapte » – Breton, Nadja, 1928.
-« L’idée solide des Égyptiens, c’était l’idée de l’immortalité de l’âme humaine en tant que telle. » – P. Leroux, Humanité, 1840.
Attention : écrire « tel que » à la place de « tel quel » est une erreur courante, surtout dans le langage familier.
J’espère que cet article vous aidera à faire la différence entre tel/telle/tels/telles/tel quel/telle quelle etc.. Je vous invite maintenant à lire nos autres articles de la section « orthographe » afin de continuer à découvrir (ou redécouvrir) la langue française. Vous pouvez nous contacter si vous avez des questions.
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Bravo! Bravo!
Une erreur tellement courante
Très bien expliquée en plus, comme toujours.
Merci à vous Huguette et à bientôt 😉
Nicolas.
Juste un petit bémol…
La locution « tel que » (et ses accords au féminin et/ou au pluriel), telle que vous l’avez utilisée dans plusieurs exemples, n’est pratiquement plus utilisée de nos jours parce que quelque peu discordante.
Au lieu de dire : « Telles que des chevaux emballés, les vagues bondissaient sur le rivage », on préfèrera : « Telles des chevaux emballés…… etc.
Merci
Bonjour Alain,
Merci pour cette précision très utile.
Nicolas.
Natifs est-il correct ici ?
Ne vaudrait-il pas mieux dire : qu’à ceux dont le français est la langue maternelle ?
En effet vous avez raison, j’ai fait un raccourci un peu rapide !
Merci,
Nicolas.
Bonjour, j’apprécie beaucoup vos excellents articles sur le bon usage de la langue française… Je crois bon d’appeler votre attention sur les incorrections suivantes :
1) On dit souvent : » faire un malaise » ; » faire un infarctus « , etc., mais cet emploi du verbe faire est-il correct ? Faire indique une activité et non quelque chose qui nous prend malgré nous : en ce sens l’usage du verbe faire me paraîtrait incorrect ici…
On dit aussi : » faire une dépression » : là encore l’emploi de ce verbe me semblerait maladroit mais par quoi le remplacer sans donner à la phrase une tournure trop relevée voire lourde ?
2) » Être en retraite « , » partir en retraite « , – à moins qu’il ne s’agisse d’une retraite spirituelle ou d’un régiment qui quitte la zone de combats, qui » bat en retraite » : là, c’est correct – » être en dépression « , régler en carte bancaire « , etc., me semblent aussi incorrects…
3) On dit également » technologie » pour » technique » alors que ce n’est pas la même chose…
Aussi, pourriez-vous svp, si vous le jugez opportun, rédiger des articles de clarification sur ces points ?
Note : j’écris ici car je n’ai pas trouvé où le faire ailleurs…
Merci infiniment, bien à vous…
Bonjour Thierry,
Merci pour votre commentaire, je prends note de vos recommandations 😉
Nicolas.
Merci pour toutes ces précisions, et les exemples donnés !
Une petite correction à apporter à « . . . la langage familier. . . » dans « tel quel ».
Quelle est la faute ?
Nicolas.
« Quel est le faute ? », voulez-vous dire…
Trouvé ! Merci 🙂
Nicolas.
Bonjour,
votre page commence par une magnifique erreur de français : « Voici un des points de la grammaire française qui pose souvent problème », ça ne vous choque pas ? Le sujet de « choque », c’est « qui », qui se rapporte à « points », et pas à « un ».
Il faut donc écrire : « Voici un des points de la grammaire française qui posent souvent problème », ou bien « Voici un point de la grammaire française qui pose souvent problème ».
Mais pas un mélange des deux !
Pouvez-vous m’expliquer d’où provient cette règle ? Selon moi, dans cette phrase, on peut très bien choisir si « un » ou « des points » est sujet.
Merci,
Nicolas.
« Voici un DES pointS qui poseNT… » !!!
On lit ou entend très fréquemment l’expression « tel qu’en lui-même » pour dire « tel quel », « tel qu’il est habituellement », c’est à dire « ah ! on le reconnaît bien, y en a pas deux pour faire ça ! »
Il est étonnant que ce « en » ne choque personne (ou presque). À l’origine de cette erreur, il y a la mauvaise lecture du poème de Mallarmé « Le tombeau d’Edgar Poe ». La citation complète est « Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change »: le verbe changer se construit ici avec « en », qui introduit le résultat du changement (un spécialiste formulera ça moins maladroitement que moi). L’éternité le change EN lui-même. Si on n’utilise pas le mot « change », il ne faut pas utiliser « en ».
Bonjour,
J’hésite encore, vu dans un poème : Reste une maison solitaire telle un roc sur son rocher… Faut-il accorder « maison » avec « telle » ou plutôt un roc avec « tel un roc » ? Merci.