La langue française

Accueil > Littérature > Alphonse de Lamartine > Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques : Stances

Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques : Stances

Méditations Poértiques Alphonse de Lamartine

Méditations poétiques est le premier recueil de poèmes d'Alphonse de Lamartine, publié en 1820. La première édition comportait 24 poèmes. D'autres éditions suivirent ; celle de 1849 comportait alors 41 poèmes. Ce recueil marque l'aboutissement d'un courant de poésie élégiaque caractérisé par de nombreuses allusions mythologiques, une tonalité exclamative, des interrogations ainsi qu'une abondance de périphrases poétiques.

Pour citer l'œuvre : Œuvres complètes de Lamartine Chez l’auteur, 1860, 1 (p. 443-445).

DIX-NEUVIÈME

MÉDITATION



STANCES



Et j’ai dit dans mon cœur : Que faire de la vie ?
Irai-je encor, suivant ceux qui m’ont devancé,
Comme l’agneau qui passe où sa mère a passé,
Imiter des mortels l’immortelle folie ?

L’un cherche sur les mers les trésors de Memnon,
Et la vague engloutit ses vœux et son navire ;
Dans le sein de la gloire où son génie aspire,
L’autre meurt enivré par l’écho d’un vain nom.


Avec nos passions formant sa vaste trame,
Celui-là fonde un trône, et monte pour tomber ;
Dans des piéges plus doux aimant à succomber,
Celui-ci lit son sort dans les yeux d’une femme.

Le paresseux s’endort dans les bras de la faim ;
Le laboureur conduit sa fertile charrue ;
Le savant pense et lit ; le guerrier frappe et tue ;
Le mendiant s’assied sur le bord du chemin.

Où vont-ils cependant ? Ils vont où va la feuille
Que chasse devant lui le souffle des hivers.
Ainsi vont se flétrir dans leurs travaux divers
Ces générations que le temps sème et cueille.

Ils luttaient contre lui, mais le temps a vaincu :
Comme un fleuve engloutit le sable de ses rives,
Je l’ai vu dévorer leurs ombres fugitives.
Ils sont nés, ils sont morts : Seigneur, ont-ils vécu ?

Pour moi, je chanterai le maître que j’adore,
Dans le bruit des cités, dans la paix des déserts,
Couché sur le rivage, ou flottant sur les mers,
Au déclin du soleil, au réveil de l’aurore.

La terre m’a crié : « Qui donc est le Seigneur ? »
Celui dont l’âme immense est partout répandue,
Celui dont un seul pas mesure l’étendue,
Celui dont le soleil emprunte sa splendeur,

Celui qui du néant a tiré la matière,
Celui qui sur le vide a fondé l’univers,
Celui qui sans rivage a renfermé les mers,
Celui qui d’un regard a lancé la lumière,


Celui qui ne connaît ni jour ni lendemain,
Celui qui de tout temps de soi-même s’enfante,
Qui vit dans l’avenir comme à l’heure présente,
Et rappelle les temps échappés de sa main :

C’est lui, c’est le Seigneur !… Que ma langue redise
Les cent noms de sa gloire aux enfants des mortels :
Comme la lampe d’or pendue à ses autels,
Je chanterai pour lui jusqu’à ce qu’il me brise.




Commentaire de texte d'Alphonse de Lamartine : Stances

Pas de commentaire de texte pour le moment.

L'auteur : Alphonse de Lamartine

Lamartine

Alphonse de Lamartine (1790-1869) est un poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu'une personnalité politique qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l'une des grandes figures du romantisme en France.

Partager :
ou Nous soutenir

Recevez tous les articles de la semaine par courriel

Inscrivez-vous à notre lettre d'information hebdomadaire pour recevoir tous nos nouveaux articles, gratuitement. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour écrire un commentaire.

Se connecter S'inscrire