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La Pléiade (XVIe siècle) – mouvement littéraire

La Pléiade n'est pas à proprement parler un mouvement littéraire, mais bien un groupe de quelques poètes français ambitieux du XVIe siècle, dont Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay, qui ont contribué à forger un véritable mythe autour d'eux. Les poètes de la pléiade ont rejeté l'héritage littéraire du Moyen Âge pour promouvoir une nouvelle littérature inspirée des auteurs de l'Antiquité. Ils cherchent à mettre en avant la langue française et participent ainsi de l'unification de la France. Ils participent aux grands courants littéraires de l'époque, comme notamment l'Humanisme, et contribuent à en modifier les principes.

Origine et principes des poètes de la Pléiade

La Pléiade se forme entre 1543 et 1546, autour de Jacques Pelletier du Mans, alors recteur du Collège de Bayeux à Paris, qui livre la première traduction de l’Art poétique d'Horace en 1541. C'est Jacques Pelletier du Mans qui, en 1546, va faire se rencontrer Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay, les deux principales figures du mouvement littéraire de la Pléiade.

Ronsard, qui suit les cours de l'helléniste Jean Dorat, convainc alors du Bellay de le rejoindre au Collège de Coqueret où ils étudient la poésie grecque et les élégiaques latins, ainsi que certains poètes italiens comme Dante ou Pétrarque. C'est ainsi qu'ils forment un premier groupe appelé Brigade, qui deviendra en 1553 la Pléiade, inspiré d'un groupe de sept poètes d’Alexandrie qui avaient choisi, au IIIe siècle av. J.-C., le nom de ces sept étoiles qui constituent une partie de la constellation du Taureau. Le groupe rassemble alors Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, Étienne Jodelle, Rémy Belleau, Jean-Antoine de Baïf, Jacques Peletier du Mans et Pontus de Tyard.

Principes littéraires des poètes de la Pléiade

La Pléiade se crée dans un contexte particulier en France. Jusqu'alors, le latin demeure la langue littéraire par excellence. La langue française ne fait qu'émerger et les ordonnances de Villers-Cotterêts en 1539 cherchent à accélérer ce processus en rendant obligatoire la rédaction des actes officiels en français, dans le but d'unifier la France par la langue.

Le groupe de la Pléiade s'empare de la question politique et décide de participer de ce mouvement de valorisation de la langue française pour renouveler la littérature. C'est quand Thomas Sibillet, défenseur de l'héritage littéraire médiéval, est chargé en 1549 d'écrire des vers dans le cadre d'une cérémonie en l'honneur du Roi Henri II, que le groupe de jeunes poètes de la Pléiade décide de répliquer. Joachim du Bellay publie ainsi Défense et illustration de la langue française qui devient le manifeste littéraire de leur groupe.

Dans ce manifeste, plusieurs principes définissent les objectifs de la Pléiade :

  • Il est impératif de s'inspirer des poètes grecs et latins et de privilégier l’alexandrin, l’ode et le sonnet face aux vieilles formes poétiques françaises (rondeaux, ballades, virelais, chants royaux, chansons). Les poètes s'inspirent ainsi d'Ovide, Tibulle, Properce, Horace ou Pétrarque. Ils reprennent aussi les principaux thèmes de la poésie élégiaque : l’amour, la mort, la fuite du temps et la nature ;
  • Il faut utiliser la langue française plutôt que le latin ou le grec ;

Tu ne dois pas avoir honte d'écrire en ta langue ; mais encore dois-tu, si tu es ami de la France, voire de toi-même, t'y donner du tout, avec cette généreuse opinion qu'il vaut mieux être Achille entre les siens, qu'un Diomède, voire bien souvent un Thersite, entre les autres.

Joachim du Bellay, Défense et illustration de la langue française
  • Il est nécessaire de laisser reposer son texte quelque temps et de le corriger ensuite, ce que du Bellay appelle « l'émendation ». Il ne faut pour autant mettre « dix ans à enfanter ses vers. » ;

Je ne veux oublier l'émendation, partie certes la plus utile de nos études. Son office est d'ajouter, ôter ou muer à loisir ce que cette première impétuosité et ardeur d'écrire n'avait pas permis de faire.

Joachim du Bellay, Défense et illustration de la langue française
  • Il est important d'avoir quelques amis fidèles pour critiquer ses nouveaux écrits. Les poètes de la Pléiades s'inspirent également largement entre-eux, jusqu'à parfois reprendre totalement certains passages d'un autre et les remanier ;
  • Il faut fréquenter tous les métiers de la société (du Bellay cite les « mariniers, fondeurs, peintres, engraveurs et autres ») pour apprendre de nouveaux termes techniques et en tirer des comparaisons et métaphores ;
  • Le poète doit reccourir aux mythes antiques et employer de nombreuses figures de style.

Ambitieux, du Bellay et ses comparses souhaitent redéfinir la place du poète dans la société qui est selon eux centrale. Pour eux, il faut prendre le travail d'écriture au sérieux car il est le seul à permettre au poète d'atteindre l'immortalité, la gloire éternelle.

Citations d'oeuvres des poètes de la Pléiade

Voici quelques oeuvres des poètes de la Pléiade. Vous pouvez également explorer gratuitement sur Wikisource les poèmes de Joachim du Bellay et de Pierre Ronsard.

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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison,
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.

Joachim du Bellay, Heureux qui comme Ulysse, Les Regrets

Découvrir notre commentaire de texte de Heureux qui comme Ulysse >

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard, Mignonne, allons voir si la rose, Les Odes (1550-1552)

Découvrir notre commentaire de texte de Mignonne, allons voir si la rose >

Dorat, d’une certaine main,
Osant emprises malaisees,
Dans le pré Gregeois et Romain,
Tu triras les fleurs mieux prisees
Pour t’en lier un chapeau rond,
Ornement à ton docte front.
Moy que l’Apollon étranger
Autant que toy ne favorise,
Me chargeant d’un faix plus legier
Je suivray ma basse entreprise,


Sans mes nerfs lasches employer,
À ce qui les face ployer.
Peut estre qu’avec l’âge un jour
Les neuf Sœurs me feront la grace,
Que de me donner à mon tour,
Dorat, non la derniere place,
Entre vous qui d’un oser beau
Vous ceignez d’étranger chapeau.
Tandis ma force cognoissant,
Non le dernier de nos Poëtes,
Ains de pres les premiers pressant,
Les chansons que jeune j’ay saittes
Par les François je chanteray,
Et tes honneurs je ne teray.
..

Jean-Antoine de Baïf, À Jean Dorat (poème complet)

Liste des auteurs et des oeuvres de la Pléiade

Nous avons recensé les oeuvres des poètes de la Pléiade dans le tableau suivant :

Pour aller plus loin, lisez notre guide des mouvements littéraires.

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Sujets :  courant littéraire

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Commentaires

Jean Claude

Je suis très heureux des articles publiés sur cette page.
Chaque fois qu’un article est publié je veux être au courant !!

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La langue française

Bonjour Jean Claude,
Merci de votre message. Vous pouvez vous inscrire à la lettre d’information en renseignant votre courriel dans le champ prévu à cet effet à la fin de chacun de nos articles. Vous pouvez aussi nous suivre sur les réseaux sociaux pour ne louper aucun article !

À bientôt,
Nicolas.

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