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Trancher

Définitions de « trancher »

Trésor de la Langue Française informatisé

TRANCHER, verbe

A. − Empl. trans.
1.
a) Qqn/qqc. tranche qqc. + compl. de moyen
α) Séparer, détacher d'un tout, en coupant net, à l'aide d'un instrument. Trancher une corde avec une hache; trancher la peau avec un scalpel; trancher du pain, de la viande avec un couteau. [Samson] sommeille et sourit, rêve et ferme les yeux, Pardonne... Et Dalila lui tranche les cheveux (Ch. Guérin, Cœur solit., 1904, p. 98).Le blé était beau (...) quand la lame de la faux tranchait la paille, quelquefois un paquet de grains trop mûrs tombait de l'épi (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 141).
Loc. Trancher le col, le cou, la tête de qqn. Décapiter quelqu'un à l'aide d'un instrument tranchant; en partic., guillotiner un condamné à mort. Être condamné à avoir la tête tranchée. Le comte de Namur (...) fit trancher la tête à un de ses frères bâtards, pour avoir négocié ce mariage (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 404).Mais soyez sans crainte; vous ne serez pas comme le vizir dont on tranchait le cou quand il apportait une mauvaise nouvelle (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 25).
β) Couper net dans l'épaisseur. Giovanni Grasso. Un loup (...) tranche à coups de dents la gorge du seigneur et emporte la femme dans ses bras (Renard, Journal, 1908, p. 1152).
Empl. pronom. réfl. indir. Se trancher le doigt avec un couteau. Je vais me trancher le poignet. Il regardait, autour de lui, cherchant une arme, un couteau (Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 173).
Loc. Trancher la gorge (de/à un être humain ou un animal). Égorger. Trancher la gorge de qqn avec un rasoir. Je me suis attardé dans la chapelle de Mithra, j'ai regardé (...) la pierre ronde où s'appuyait la tête du taureau à qui l'on tranchait la gorge, le petit bassin qui recueillait le sang (Green, Journal, 1935, p. 15).
b) P. anal. Qqc. tranche qqc.Diviser nettement en deux ou plusieurs parties. Deux doigts de sa main gauche manquaient (...). En Russie un Baskir les lui avait coupés d'un coup de faux. Par contre, il avait « donné une commission pour l'autre monde » à ce vilain tartare. Le geste tranchait l'espace (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 131).Le soleil était déjà bas; ses longs rayons poussiéreux tranchaient la pièce en deux sans l'éclairer (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 106).
P. métaph. De nombreux journaux luttaient au nom des deux grandes opinions qui commençaient à trancher la France (Lamart., Nouv. Confid., 1851, p. 315).
c) Arg., vulg. Qqn tranche qqn.Posséder sexuellement. Synon. troncher (rem. s.v. tronche).Je tranche la Micheline.La Micheline Papot? (R. Fallet, La Grande Ceinture, 1976 [1956], p. 134 ds Cellard-Rey 1980).
Empl. abs. Les paumés (...) se confient mille recettes d'enculés pour trancher encore bien mieux! Davantage! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 31).
2. Au fig. Qqn/qqc. tranche qqc.
a) Littér. Interrompre brutalement le cours, l'existence de quelque chose. Trancher des liens familiaux, des attaches sentimentales. J'expose ici mes jours. Wallstein avec opprobre en peut trancher le cours (Constant, Wallstein, 1809, i, 2, p. 15).Certains nous trouvaient trop éloignés de la musique traditionnelle; d'autres au contraire (...) nous conseillaient l'originalité absolue, et de trancher toute adhérence à la musique traditionnelle (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 111).
b) Vx. Abréger, couper court à (quelque chose). Trancher son discours, le trancher en un mot, d'un mot (vieilli); trancher un débat, une discussion d'un seul mot; aller droit au mot qui tranche tout. Si le penchant gascon à trancher beaucoup de difficultés par un sourire, que ma mère avait mis en moi, eût dormi éternellement, peut-être mon salut eût-il été plus assuré (Renan, Souv. enf., 1883, p. 147).Didace se rapprocha d'eux et trancha net la conversation (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 67).
Locutions
Littér. Trancher le mot. Parler net, sans détour; appeler une chose par son nom. Quelle fierté individuelle, quel prodigieux orgueil, tranchons le mot, quelle insolence, doivent naître dans son âme! (Guizot, Hist. civilis., leçon 4, 1828, p. 14).[Edmond] s'était commandé (...) un nouveau smoking. Celui de Marseille étant un peu, enfin, tranchons le mot, province (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 402).
Vx. Le trancher net. Parler franchement et sans ambages. Je n'ai pas vu son intrigue avec le lieutenant-colonel du régiment de hussards (...). Enfin, pour le trancher net, je ne l'ai pas vu, et désormais je ne veux croire que ce que j'aurai vu (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 163).
c) Mettre fin à une difficulté en faisant un choix, en prenant une décision; résoudre une affaire, une question de manière définitive. Synon. résoudre.Trancher un différend par des moyens énergiques; considérer une question comme tranchée. L'électeur palatin, recevant le duc de Chevreuse à dîner, feint, pour ne pas lui laisser la main, d'être malade et dîne avec lui mais couché, ce qui tranche la difficulté (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 436):
1. À peine (...) étais-je arrivé que l'officier de justice s'empressa de me remettre en cellule, feignant de douter, d'après le dossier qui m'accompagnait, si je lui étais envoyé après mes trois mois expirés ou au contraire pour les purger. À trancher ce doute il mit quinze grands jours... Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 353.
Loc. Trancher le nœud gordien*.
P. ext. Décider. Synon. arbitrer, juger.Ce que le juge a tranché. (Dict. xxes.).
[Avec une prop. complét. introd. par si/que] Le concile a tranché que... L'autre parti, où je vois Descartes, (...) tranche, d'après cette vue, qu'une pensée qui n'est point formée en pleine attention n'est plus une pensée du tout (Alain, Propos, 1928, p. 812).Nous n'avons pas ici à trancher si cette attitude sert ou dessert la cause de la plus grande liberté (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 303).
B. − Empl. intrans. ou trans. indir.
1. Qqn/qqc. tranche.Couper franchement et aisément; être coupant. Cette lame tranche comme un rasoir. (Dict. xixeet xxes.).
En partic., vx. Découper les viandes. L'écuyer tranchait à la table du roi. Le service de l'écuyer consistoit, en paix, à trancher à table, à servir lui-même les viandes, comme les guerriers d'Homère (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 487).
CHIR., loc., vx. Trancher dans le vif. Enlever, avec les parties atteintes, ce qu'il faut de chairs saines pour empêcher la progression d'une infection. (Dict. xixeet xxes.).
Au fig. Prendre une décision salutaire, des mesures énergiques, sans ménager autrui. Après tout, mieux vaut trancher dans le vif et ne pas vivre avec des illusions (Barrière, Capendu, Faux bonsh., 1856, i, 9, p. 33).Yvonne: Je compte sur Georges pour faire preuve de caractère une fois au moins, et pour trancher dans le vif. Georges: Trancher dans le vif est une phrase (Cocteau, Parents, 1938, i, 9, p. 221).
2.
a) Qqc. tranche (avec, sur qqc.).Se découper avec netteté (sur quelque chose), former un contraste (avec quelque chose). Il y a (...) l'Égypte proprement dite, la vallée, tout ce qui reçoit l'inondation, qui est plus vert que la Normandie, et immédiatement à côté le sable aride, le désert, de sorte que ces deux couleurs tranchent brutalement côte à côte (Flaub., Corresp., 1849, p. 134).Je sors encore et je regarde: tout est pur. Une falaise qui borde le terrain tranche sur le ciel comme s'il faisait jour (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 191).
b) Au fig.
Qqn tranche au milieu de, sur qqc.Se faire remarquer, se distinguer nettement, par contraste avec l'entourage. Restaient Léonide de Chezelles, Steiner, tout un coin louche, sur lequel madame Hugon tranchait avec sa sérénité de vieille femme aimable (Zola, Nana, 1880, p. 1154).Chaque stalag a eu son quartier chic (...). L'humanité captive qu'on y apercevait tranchait par sa mine prospère et l'élégance de son vêtement sur la foule hâve et déguenillée qui peuplait les autres baraques (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 127).
Qqc. tranche au milieu de, avec, sur qqc.Former un net contraste, être en opposition avec. Soirée qui tranche sur les autres; ton d'un ouvrage qui tranche avec celui des précédents. La maison du commandant, qui tranche au milieu des autres constructions arabes par la symétrie presque européenne de ses fenêtres et le badigeonnage de sa façade (Fromentin, Été Sahara, 1857, p. 119).Nous entrions à l'aveuglette dans un siècle sans traditions qui devait trancher sur les autres par ses mauvaises manières et le nouvel art [le cinéma], l'art roturier, préfigurait notre barbarie (Sartre, Mots, 1964, p. 97).
3. Au fig.
a) Qqn tranche dans, de, en, sur qqc.Émettre une opinion d'une manière catégorique et péremptoire. Trancher de/sur tout avec assurance. Désormais, Étienne était le chef incontesté. Dans les conversations du soir, il rendait des oracles, à mesure que l'étude l'affinait et le faisait trancher en toutes choses (Zola, Germinal, 1885, p. 1328):
2. Arrive (...) l'officier de gendarmerie. Au second mot, le sous-préfet le coupe. − Il ne peut plus y avoir de troubles. On me l'annonce de source sûre (...). Tranchant de tout cela derrière son bureau, comme s'il dominait de cent pieds les événéments et en possédait de naissance la mécanique. Pourrat, Gaspard, 1930, p. 81.
b) Qqn/qqc. tranche.Décider, résoudre d'une manière nette, franche, catégorique. Elle tranche et n'hésite jamais; une réponse qui tranche; les événements allaient trancher. Tu veux savoir si je t'aime, pour trancher tout d'un coup et en finir franchement (Flaub., Corresp., 1847, p. 19).Certains tempéraments passifs (...) ne savent rien décider seuls et ont besoin que l'on ose et tranche pour eux (Mounier, Traité caract., 1946, p. 521).
c) Souvent en incise. Mettre fin à une discussion de manière abrupte, en émettant un avis catégorique. Tranchons tout net, et sans nuance, la morale n'est pas toujours sans danger pour la discipline (Alain, Propos, 1914, p. 178).« Il faut s'en rapporter aux gens du métier », trancha Antoine, nerveux. « Ils doivent savoir mieux que nous ce qu'il convient de faire » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 305).
Expr. Tranchons-là. Arrêtons-là (la discussion). (Dict. xixeet xxes.). Synon. brisons-là.
d) Qqn tranche (entre deux pers. ou deux choses).Choisir nettement. L'Ange: Que voulez-vous de moi? De quoi s'agit-il? Lia: De trancher entre mon mari et moi (...) De savoir s'il fait beau ou laid sur Sodome (Giraudoux, Sodome, 1943, i, 2, p. 49).L'artiste (...) va devoir (...) trancher entre les deux concurrents [le réalisme et la recherche plastique] (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 73).
e) Qqn/qqc. tranche (avec qqc.).Rompre (avec quelque chose). Trancher avec ses aises, ses habitudes. Conclure en tout me répugne et m'ennuie, car conclure, c'est brusquer, c'est trancher, c'est renoncer (Amiel, Journal, 1866, p. 383).N'ayant jamais été envisagée jusque-là, cette solution tranchait avec les habitudes, elle impliqua des études techniques poussées (Industr. aéron. fr., 1962, p. 14).
4. Vieilli, littér. Qqn tranche (de + subst. désignant une catégorie de pers. ou une qualité).Prendre, d'une manière prétentieuse, des manières, des airs de. Synon. faire le.Trancher du grand seigneur, du brave. Quand on se mêle de parler musique et de trancher de l'important, il faut d'abord savoir la musique (Musset, Lettres Dupuis Cotonet, 1837, p. 751).Félix Faure, aimant trancher du gentilhomme, avait pris des allures de haute vie (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 88).
C. − Empl. intrans., MÉD., PATHOL., vx. Provoquer des tranchées (v. ce mot A). (Dict. xxes.).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃ ʃe], (il) tranche [tʀ ɑ ̃:ʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 trans. « couper en séparant » faire trecher les testes (Roland, éd. J. Bédier, 57; 732: La destre oreille al premer uer trenchat); b) id. « fendre, couper en 2 parties par le milieu » (ibid., 1543: Trenchet la teste e la broine et le cors; 3617: Tranchet la teste pur la cervele espandre); 1581 p. ext. hérald. part. passé adj. [écu, blason] tranché (De Bara, Blason des armoiries d'apr. FEW t. 13, 2, p. 280a); 1690 escu tranché (Fur.); c) α) ca 1100 intrans. « (d'une lame) être tranchant » (Roland, 1339: Tient Durandal, ki ben trenchet e taillet); id. part. prés. adj. espiet trenchant (ibid., 867); ca 1180 id. p. anal. « qui semble coupant; sec » (Hist. de Joseph, 954 ds T.-L.: les 7 vaches maigres [...] tranchanz); 1376 id. cynégét. « (des côtés du pied du cerf) qui n'est pas usé » (Roi Modus, Gloss., p. 414, ibid.); β) déb. xiies. id. subst. « partie coupante d'une arme » (Benedeit, St Brendan, 1720, ibid.); 1756 empl. par image glaive à deux trenchants « qui blesse des deux côtés » (Voltaire, Essai sur les mœurs, chap. 191, éd. R. Pomeau, t. 2, 1963, p. 753: Ce pouvoir était entre les mains du sultan un glaive à deux trenchants); 2. ca 1170 intrans. « se déchirer, se rompre; craquer » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 974; 4555); 1205-50 p. anal. (Renart, éd. E. Martin, XIII, 1174: De fein m'en trencent li boiel); 3. 1174-87 empl. abs. « découper (à table) » (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 3273); 1530 spéc. escuier trenchant (Palsgr., p. 235 b [cf. 1280, Philippe de Beaumanoir, Jehan et Blonde, 196 ds T.-L.: un escuier, Qui sache devant li trenchier]); ca 1393 part. passé adj. piece [noyau du beuf] tranchee (Menagier, éd. G. E. Brereton et B. Smalley, II, V, 25, p. 196, 18); 4. a) 1315 trans. « creuser, pratiquer une tranchée dans » (Arch. nat., K 7223 ds Gdf. Compl.); b) 1176-81 part. passé adj. roche tranchiee contre val « taillée à pic » (Chrétien de Troyes, Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 427); ca 1210 (Raoul de Houdenc, Meraugis, éd. M. Friedwagner, 4270: riche trenchiee Dont la falise estoit trenchiee Plus de cent toises en parfont). B. 1. a) Av. 1188 trans. « réduire à néant, supprimer » (Partanopeus de Blois, éd. J. Gildea, 7272 Quant vuelt Parthonopeunomer, Li dent li trainchent le parler); ca 1220 (Gui de Cambrai, Barlaam et Josaphat, 438 ds T.-L.: la joie de la naissanche De son fil [...] Li trencha molt de sa dolor); b) ca 1460 trancher le chemin « barrer le chemin, empêcher l'accès vers un lieu » (Mystère du siège d'Orléans, éd. Fr. Guessard et E. de Certain, 20119); 1561 id. fig. (Calvin, Comm. s. l'harm. evang., p. 2 ds Gdf. Compl.); c) 1576 « couper, réduire, abréger » trancher court son discours (J. Bodin, République, préf., éd. Chr. Frémont et M. D. Couzinet, t. 1, 1986, p. 11: Platon et Aristote ont tranché si court leurs discours Politiques, qu'ils ont plustost laissé en appetit que rassasié ceux qui les ont leus); 1616 « interrompre, couper court » (D'Aubigné, Tragiques, II, 1058, éd. A. Garnier et J. Plattard, t. 2, p. 77: Triste, je trancherai ce tragique discours); 2. a) ca 1220 part. prés. adj. « qui parle, se prononce hardiment, de manière péremptoire » en mauvaise part (Henri de Valenciennes, Hist. empereur Henri de Constantinople ds Geoffroi de Villehardouin, Conquête de Constantinople, éd. N. de Wailly, § 689: Trahitres et faus [...] et trençans); fin xiiies. en bonne part (Vieille truande, 26 ds A. de Montaiglon et G. Raynaud, Rec. gén. fabliaux, t. 5, p. 172: si cortois et si sachanz E de parole si trenchanz); 1306 empl. abs. « déclarer de manière sûre, autorisée » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, I, 6813 ds T.-L.: si com l'escriture tranche); 1538 part. prés. subst. « caractère tranchant (de paroles, d'une personne) » (Est., s.v. acies [orationis]: la poincte ou le trenchant); b)1565 trancher et couper de « décider, résoudre une question de manière autoritaire » (E. Pasquier, Recherches, II, 6 ds Œuvres, t. 1, Amsterdam, Libraires associéz, 1723, p. 85b); 3. 1488 trenchier du gros bis [a. fr. grobis « important » cf. Väänänen, Recherches et Récréations latines, pp. 275-288] « faire l'important » (Rec. Trepperel, Sotties, éd. E. Droz, VIII, 249); 4. a) 1667 « (en parlant de deux couleurs) faire contraste » part. prés. adj. (S. Bourdon, Conf., Jouin, p. 131 ds Brunot t. 5, p. 740, note 10); 1690 couleurs qui trenchent (Fur.); 1770-83 part. passé adj. noir bien tranché (Buffon, Oiseaux, t. 4, p. 136 ds Littré); b) 1718 fig. part. prés. adj. « (dans un discours, un écrit) être de caractère différent du contexte » (Ac.); av. 1770 part. passé adj. divisions tranchées (Bonnet, Paling. phil., III, 3 ds Littré). Orig. incertaine. L'a. fr. trenchier, l'a. prov. trencar (1180, Girart de Roussillon, éd. W. M. Hackett, 4450: vines trencar); l'a. cat. id. (xiies. fig. « détruire »; 1283 sens propre Ramon Lull, Blanquerna ds Alc.-Moll) sont peut-être issus d'un lat. vulg. *trι ̄nicare propr. « couper en trois parts » (formé à partir du distributif trι ̄ni « à chacun trois; trois à trois » sur le modèle de duplicare « doubler »), altéré en trĭ- soit d'apr. le cardinal lat. trēs « trois », soit par croisement avec un gaul. *trĭncare « couper [la tête] » (que l'on peut déduire du subst. plur. trinci, qui, dans une inscription de Sardes de ca 177 désigne des gladiateurs (ceux-ci devant prob. combattre jusqu'à la décollation) et pourrait être rapproché du rad. *trenk-, lat. truncus (A. Pigagnol ds R. Ét. anc. t. 22 1920, p. 283-290)); v. aussi J. Vendryes ds R. celt. t. 39 1922, p. 404). L'a. prov. trinca (1355 [copie 1435] camis trinquats Coutumes de Rouergue ds Levy (E.) Prov., p. 435 b; cf. les dér. trincada xives. Hist. anon. guerre albig., ibid., p. 432 a; trincament xives. trad. Gesta Karoli, ibid., p. 433 b) est soit directement issu de *trι ̄nicare, soit, étant donné sa date tardive et sa rareté par rapport au type trencar, de même orig. que ce dernier avec fermeture de ȩ à i devant n en syll. fermée (Ronjat, § 81); dans l'hyp. de cette évol. phon., les deux types trencar-trenchier et trinca pourraient être issus du gaul. *trι ̄ncare; v. FEW t. 13, 2, p. 284a et 285a, note 34. Fréq. abs. littér.: 938. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 026, b) 1 262; xxes.: a) 1 279, b) 1 671. Bbg. Bierbach 1982, pp. 397-398 (s.v. tranche-). − Bourciez (E.). Mél. d'étymol. rom. Ann. de la Fac. des Lettres de Bordeaux. 1889, t. 1, pp. 78-79. − Quem. DDL t. 1, 38.

Wiktionnaire

Verbe 2 - français

trancher \tʁɑ̃.ʃe\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Décider franchement et catégoriquement.
    • La justice française vient de trancher : des commerciaux de la société Ricard ont le droit de se plaindre de l’alcoolisme consubstantiel à l’exercice de leur métier. — (Renaud Lecadre, Chez Ricard, la révolte des saouls fifres, dans Libération (journal) du 18 juillet 2011, p. 15)
    • L'origine onomatopéique d'un lexème est une question diachronique, sans pertinence en tant que telle pour la sémantique de la parole : ainsi, il n'est pas fondamental pour nous de trancher parmi les nombreux cas qui peuvent faire débats (quid de gong, flaque, grogner, grommeler, siffler, claquer, vrombir... ?) — (Rudolf Mahrer, Phonographie: La représentation écrite de l’oral en français, éd. Walter de Gruyter, 2017, page 166)
  2. (Péjoratif) Se comporter en. — Note d’usage : Il est alors suivi de la préposition de.
    • La plus fidèle incarnation du diable […] c’est une jésuitesse, une dame convertie, qui se croit née pour le gouvernement, qui, parmi ce troupeau de femmes tremblantes, tranche du Bonaparte, et qui, plus absolue que le plus absolu des tyrans, use à tourmenter des infortunées sans défense la rage des passions mal guéries. — (Jules Michelet, Du prêtre, de la femme, de la famille, 3e éd., Hachette & Paulin, 1845, p.260)
    • Il manquait à Jolly l’esprit d’ordre et l’expérience des affaires; il tranchait du grand seigneur par ses prodigalités. Il fut forcé de vendre son entreprise et son privilège, en 1850, à un ancien courtier de commerce […]. — (Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, tome 21, page 118, 1858)
    • Toute la soirée, je tranchai du grand seigneur, je payai d’impertinence et d’audace. — (Pierre Loti, Aziyadé, 1879)
  3. Faire un contraste ou une opposition sans nuance.
    • Sa maison était propre, bien tenue ; elle tranchait avec la blancheur gaie de sa façade et le luisant de ses meubles, sur les taudis immondes où, d’ordinaire, croupissent dans la fange et dans la vermine, les marins bretons. — (Octave Mirbeau, Les eaux muettes )
    • Ces crêtes barrant l’horizon ressemblaient à d’anciennes falaises marines ; en deux endroits tombaient de hautes cascades, et ailleurs de petits bouquets de conifères tranchaient sur le roc. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 268 de l’édition de 1921)
    • Les pratiques « musclées » des « Zadistes » et leur hostilité à l'égard des médias tranchent avec la non-violence des militants du Larzac et pourraient à un moment donné, leur valoir moins de sympathie dans l'opinion. — (Philippe Subra, Géopolitique de l'aménagement du territoire, Armand Colin, 2014)
  4. (En particulier) Être d’un caractère très différent de ce qui précède et de ce qui suit.
    • Cette pensée, cette phrase tranche dans son discours, dans son écrit.

Verbe 1 - français

trancher \tʁɑ̃.ʃe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Couper net ; séparer en coupant.
    • […] ; mais , le jeune martyr étant resté aussi ferme devant les tortures que devant les séductions mondaines, le khalife donna l’ordre de trancher tour à tour avec le glaive chacun de ses membres meurtris ; l’ordre barbare fut obéi. — (« Martyre de saint Pelayo », extrait de Raguel, apud Florez, t. XXIII, page 233, en pièce justificative dans Histoire d'Espagne depuis les premiers temps historiques jusqu'à la mort de Ferdinand VII, par Eugène Rosseeuw Saint-Hilaire, tome 3, Paris : chez Pitois-Levrault & Cie , 1838, page 506)
    • Ça tranche comme un damas, dit-il. Que veux-tu en faire ? C’est un couteau d'homme. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Zach, rentré de sa nuit passée chez son copain hikikomori, trancha un gros morceau de rosbif froid et fila dans sa chambre. — (Lionel Shriver, Tout ça pour quoi, traduit de l'américain par Michèle Lévy-Bram, Éditions Belfond, 2012, chap. 7)
  2. (Figuré) Résoudre tout d’un coup une question difficile ; lever tout d’un coup un obstacle, une difficulté.
    • Trancher la difficulté, le nœud de la difficulté.
    • Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon s'en est aussi remis à la science pour trancher ce débat. — (Radio-Canada, François Legault n'exclut pas un nouveau confinement, radio-canada.ca, 8 décembre 2020)
    • Ce gouvernement avait pourtant juré se fier aux recommandations de la Santé publique pour trancher, rappelleront-ils non sans raison. — (Antoine Robitaille, Valait mieux être plus prudents que pas assez, Le Journal de Montréal, 20 février 2021)
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Littré (1872-1877)

TRANCHER (tran-ché) v. a.
  • 1Séparer en coupant. L'acier de Damas tranche le fer. Artaxerce, sous prétexte qu'il [un officier] avait manqué de respect pour son prince, en frappant la bête avant lui, ordonna qu'on lui tranchât la tête, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 362, dans POUGENS. Enfin Almagro fut fait prisonnier, et son rival Pizarro lui fit trancher la tête, Voltaire, Mœurs, 148.

    Absolument. Ce couteau tranche comme un rasoir. Ce prince vit l'échange, et l'allait empêcher ; Mais l'acier des bourreaux fut plus prompt à trancher, Corneille, Héracl. II, 6.

    Trancher le placage, couper le bois en feuilles minces.

    Trancher dans le vif, se dit d'un chirurgien qui coupe dans une partie que la gangrène n'a pas encore atteinte.

    Fig. Trancher dans le vif, rompre tout à coup des relations nuisibles, ou prendre des mesures énergiques dans une affaire.

  • 2 Absolument, découper. Le service de l'écuyer consistait, en paix, à trancher à table, à servir lui-même les viandes, comme les guerriers d'Homère, Chateaubriand, Génie, IV, V, 4.
  • 3 Fig. Couper, ôter, interrompre comme par le fer. Et toujours la fortune, à me nuire obstinée, Tranche mon espérance aussitôt qu'elle est née, Corneille, Poly. IV, 6. La vie est si précipitée dans sa course qu'à peine avons-nous pris les premières teintures des connaissances que nous recherchons, que la mort inopinément tranche le cours de nos études par une fatale et irrévocable sentence, Bossuet, 2e sermon, Quinquag. I.

    Poétiquement. Mettre fin à la vie. Mais si ce fer aussi tranche sa destinée, Corneille, Hor. II, 4. La mort toujours cruelle Aime à trancher des jours heureux, Et n'entend point les vœux D'un infortuné qui l'appelle, Quinault, Amad. III, 1. Et le fer est moins prompt à trancher une vie Que le nouveau poison que sa main me confie, Racine, Brit. IV, 4.

    La Parque a tranché ses jours, le il de ses jours, il est mort. Elle apprit qu'il avait suivi Adraste dans les combats, et que la Parque avait tranché cruellement ses jours, Fénelon, Tél. XX.

  • 4 Fig. Décider, résoudre. Trancher le nœud de la difficulté. Trancher une question. Mais laissons les vaines disputes, et tranchons, en un mot, la difficulté par le fond, Bossuet, Hist. II, 13. Les exemples tranchaient tout le doute en cette matière, Bossuet, Var. XV, 46.
  • 5Abréger, couper court, mettre brusquement fin. Cela fut cause qu'elle trancha son discours assez court, D'Urfé, l'Astrée, I, 2. Et, pour trancher enfin ces discours superflus, Albe vous a nommé, je ne vous connais plus, Corneille, Hor. II, 3. Et, pour trancher le cours de leurs dissensions, Il faut fermer la porte à leurs prétentions, Corneille, D. Sanche, I, 2. Tranchez-moi votre discours d'un apophthegme à la laconienne, Molière, Mar. forcé, 6. Ma dernière partie, que je tranche en un mot, parce que ce n'est que la suite des deux précédentes, Bossuet, Sermons, Asc. de J. C. 2. Et tu verras mon indulgence Trancher nos éclaircissements, Chaulieu, Raccommodement, à Mme D. Quand la discussion, comme il arrivait souvent, avait été longue, diffuse, obstinée, le premier consul savait la résumer, la trancher d'un seul mot, Thiers, Hist. du Cons. et de l'Emp. XII.

    Trancher le mot, appeler hardiment une chose par son nom ; dire sans détour ce qu'on veut dire. Tranchez le mot, seigneur, je vous ai fait mon maître, Et je dois obéir malgré mon sentiment, Corneille, Sertor. II, 2. Monsieur, la plupart des gens, sur cette question [si on est gentilhomme] n'hésitent pas beaucoup ; on tranche le mot aisément ; le nom ne fait aucun scrupule à prendre, Molière, Bourg. gent. III, 12. Il y a pourtant de part ou d'autre une fraude manifeste ; tranchons le mot, un crime honteux, Voltaire, Pol. et lég. Nouv. probabilités. Nous souffrons des choses, des gens… quinze ans de galère, tranchons le mot, ont abaissé notre humeur fière, Courier, Lettres au censeur, X.

    Le trancher net, dire tout franc et sans déguisement. Qu'il ne fait pas bien sûr, à vous le trancher net, D'épouser une fille en dépit qu'elle en ait, Molière, F. sav. V, I.

  • 6 Terme de verrerie. Appuyer le verre fondu contre l'extrémité du mors de la canne.

    Terme de métallurgie. Forger un métal sur la partie droite de la panne du marteau.

  • 7 V. n. Fig. Décider hardiment. Cela est bientôt dit, marquis ; il n'est rien plus aisé que de trancher ainsi, Molière, Critique, 7. Voilà une réponse qui tranche, Bossuet, 1er avert. 21. Des hommes qui, dans des mœurs dissipées, n'ont jamais donné une heure d'attention sérieuse aux vérités de la religion, tranchent, décident, sur des points qu'une vie entière d'étude, accompagnée de lumière et de piété, pourrait à peine éclaircir, Massillon, Carême, Vérité de la relig.
  • 8Abréger, couper court. Car, tranchant avec moi par ces termes exprès…, Molière, Éc. des f. III, 4. En peu de mots, sans façon, sans vous amuser à beaucoup de discours, tranchez-moi d'un apophthegme, Molière, la Jalousie du Barbouillé, sc. 6.

    Elliptiquement. Tranchons là, ne discutons pas davantage.

    Trancher court, terminer en peu de mots une conversation, un discours. Si dans cette matière il n'était nécessaire de trancher court, Bossuet, Lett. abb. 184.

    Trancher net, s'expliquer avec quelqu'un en peu de mots et sans ménagement. Il n'y a rien de tel que de trancher net, et cela donne un air de savant qui éblouit un lecteur, Bossuet, 5e avert. 37.

  • 9Trancher du, se donner des airs de, en ce sens que ces airs seront péremptoires, avantageux, tranchants. Mais je ne m'aperçois que, tranchant du prud'homme, Mon temps en cent caquets sottement je consomme, Régnier, Sat. IV. Tranchant du généreux, il croit m'épouvanter, Corneille, Poly. v, 1. Ha ! ne tranche plus du ministre, Tu n'étais né que pour le sistre, Scarron, Mazarin. Œuv. t. I, p. 286. Notre homme Tranche du roi des airs, pleut, vente, et fait en somme Un climat pour lui seul, La Fontaine, Fabl. VI, 4. Je te vois en train De trancher avec moi de l'homme d'importance, Molière, Amph. I, 2. M. de Seignelay trancha du maître dans la marine, comme font tous les ministres du roi dans leur district, La Fayette, Mém. cour France, Œuv. t. III, p. 52, dans POUGENS. Il me semblait qu'un homme qui voulait trancher du petit seigneur, ne devait pas se montrer fort sensible à la perte de ses hardes, Lesage, Guzm. d'Alf. IV, 3. Il faut voir ce marchand, philosophe en boutique… Trancher du financier, jouer le grand seigneur, Gilbert, Le XVIIIe s.

    Trancher du grand, faire le grand personnage. Le partisan, quoique des plus roturiers de sa compagnie, tranchait du grand, Lesage, Gil Blas, III, 3.

  • 10Passer d'une couleur vive à une autre couleur vive, sans aucune nuance ni adoucissement. Comme ce sont des couleurs sombres, elles tranchent peu l'une sur l'autre, Buffon, Ois. t. IX, p. 52.

    Fig. Cette pensée, cette phrase tranche dans son discours, elle a un caractère trop différent de ce qui précède et de ce qui suit. La qualité de fripon tranche moins que la vertu avec le caractère des hommes, il leur ressemble par là davantage, Marivaux, dans DESFONTAINES. Il tombe quelquefois dans l'écueil dangereux de la familiarité du style, qui contraste et qui tranche avec la délicatesse ou la grandeur de la pensée, D'Alembert, Élog. Lamotte.

    Terme de teinturier. Se dit du drap teint en pièce, dont l'intérieur, lorsqu'on le coupe, paraît d'une nuance beaucoup plus faible.

  • 11Se trancher, v. réfl. Être tranché. Ces branches se tranchent avec un sécateur.

REMARQUE

On lit dans Corneille : Du plus grand des mortels j'ai vu trancher le sort, Pomp. II, 2. Voltaire a blâmé cette phrase, disant qu'on ne tranche point un sort ; mais cela est trop rigoureux, puisqu'on dit trancher la destinée.

HISTORIQUE

XIe s. De noz ostages ferat trencher les testes, Ch. de Rol. IV.

XIIe s. Et se s'espée tranche, la meie [la mienne] ad grant reidur, Th. le mart. 37. Trenchied ad Deus ui le regne de Israel, Livre des rois, dans RAYNOUARD, Gloss. t. V, p. 416.

XIIIe s. S'ele a biau col et gorge blanche, Gart que cil qui sa robe trenche [taille], Si très bien la li escolete, Que la char pere [paraisse] blanche et nete Demi-pié d'arriers et devant, la Rose, 13518. Devant la table le roi, manjoit mes sires li roi de Navarre, et je tranchoie devant li, Joinville, 205. Quant vrai religieux en son cloistre s'enfonce, Monde et mondaine vie par veu si de soi tronce, J. de Meung, Test. 730. Mestre Henry du Perche, qui demoroit à Paris, cyrurgien, trencha le pié [fit des incisions au pied] dudit Guillot en trois liex, Miracles St Loys, p. 129. Et lores si mistrent lor trancheor à une tour, et cil commencierent à trenchier [miner] le mur, Du Cange, trenchia. Le porroit prendre [un vilain qui se serait laissé donner la chevalerie] li rois ou li bers en qui chastellerie ce seroit, et trencher ses esperons seur un fumier, Du Cange, calcar.

XVe s. Or venoit le froid du matin qui les happoit et tranchoit tout le corps ; dont ils entroient en fievres et en maladies ; et au corps ils avoient le cours du ventre, Froissart, II, III, 83. Si leur [aux Anglais] fault garder le passage, Que dedans Patay nullement Ne se boutent… Connestable, je vous supplie Leur aller trancher le chemin, Myst. du siége d'Orl. p. 767.

XVIe s. Ces deux armées se trancherent et ramparerent, se flancquants d'artillerie…, Carloix, VII, 17. Premierement, en trenchant les vivres par mer avec ses vaisseaux, il fut en peu de temps maistre des provisions necessaires pour vivre, Amyot, Mar. 77. Ils commencerent à trencher [ouvrir des tranchées] tout à l'entour pour le renfermer, Amyot, Agésil. 65. Les bois, les monts, les baisses [vallées] vois [je vais] tranchant [franchissant], La Boétie, 442. Cettui-là impuissant de livrer son isle, pource que le peuple se tenoit à la domination la plus ferme, et aussi que cet homme irresolu trenchoit des deux costez, D'Aubigné, Hist. II, 117. Une forteresse trenchée en roche de tous costez, D'Aubigné, ib. I, 186. Triste, je trancherai ce tragique discours, D'Aubigné, les Tragiques, II.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TRANCHER. - ÉTYM. Ajoutez : En confirmation de l'origine de trancher dans le latin truncare, on doit citer la forme troinchier : XIIIe s. Et si lor en feroit toz les manbres troinchier, Floovant, V. 153.

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Étymologie de « trancher »

(Vers 1100) Voyez l’ancien français tranchier.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Génev. trancher, tourner, se cailler : le lait a tranché ; provenç. trencar, trenchar, trinquar ; catal. trencar ; anc. esp. trinchar ; esp. mod. et portug. trincar ; ital. trinciare. Origine incertaine. Diez rejette truncare, les formes romanes y répugnant. Il rejette également transcindere et transsecare. Mais, Langensiepen ayant proposé une forme non latine interimicare, dérivée de interimere, Diez est conduit à proposer internecare (internecare culmum, dans Prudence, faire mourir le chaume) : internecare donnant entrencar, qui se trouve en effet dans le provençal, puis trencar, comme si le en tombé avait été la préposition en. Cela est très peu sûr. Voyons les faits positifs. Truncare ou trunciare ont donné en français trencher, comme voluntatem a donné volenté et unquam a donné anc ; réciproquement, on a un exemple de en latin transformé en un français, fregunder de frequentare. De plus on trouve trenson à côté de tronçon, troncher à côté de trencher, et tronche à côté de trenche. Tout montre donc que trencher a son origine dans truncare. Passons au provençal : nous y avons trenso à côté de tronso, et anc de unquam ; on peut donc admettre que, là aussi, l'un de truncare s'est changé en en. Mais l'in de l'espagnol et de l'italien fait une grosse difficulté. Le provençal montre une transition ; car il dit à la fois trencar et trinquar (la forme en in n'est pas absolument étrangère au français ; voy. trainchiement à l'historique de TRANCHÉMENT). D'ailleurs le changement de l'un latin en in n'est pas sans exemple dans le domaine roman, puisqu'il y a en français ainc de unquam. L'in provençal, dérivé de en, aura déterminé l'in de l'espagnol et de l'italien. En résumé, le français vient de truncare, et il est probable que les autres formes romanes en viennent aussi.

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Phonétique du mot « trancher »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
trancher trɑ̃ʃe

Fréquence d'apparition du mot « trancher » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « trancher »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « trancher »

  • Il faut trancher dans le vif comme le chirurgien, être assez froid vis-à-vis de son propre texte pour le corriger, supprimer, alléger.
    Patrick Modiano — Magazine Télérama - 02
  • Les affaires de l’Etat sont faciles à trancher, les affaires de famille sont difficiles à tirer au clair.
    Proverbe chinois
  • L'adolescence n'est-elle pas une merveilleuse crise de folie qu'il ne faut pas laisser passer sans trancher dans le vif de ses sensations.
    Dominique Blondeau — Que mon désir soit ta demeure
  • La France a toujours cru que l'égalité consiste à trancher ce qui dépasse.
    Jean Cocteau
  • Il est plus efficace de trancher les têtes que de fendre les cheveux en quatre.
    Arthur Koestler — Les Call-girls
  • Un poulet ne doit pas s'immiscer dans une querelle qui oppose deux couteaux, sinon il risque fort de se faire trancher le cou.
    Massa Makan Diabaté — Le Boucher de Kouta
  • La marque italienne Alfa Romeo, créée il y a cent dix ans, a lancé plusieurs des véhicules les plus iconiques de l’automobile. Elle peine aujourd’hui à exister. Après la fusion avec sa maison mère Fiat Chrysler, la direction de PSA devra trancher sur son sort.
    lejdd.fr — Que va devenir la marque Alfa Romeo?
  • Je me rappelle le jour où j’ai compris que j’étais devenu adulte. Je vivais déjà avec Marie, nous avions Agustín depuis deux ou trois ans, je travaillais depuis des années comme je le fais toujours plus ou moins aujourd’hui, charpentier ici et là, bricoleur à droite et à gauche, électricien quand il faut, plombier ou même jardinier si on me le demande, ni trop souvent ni trop peu, juste ce qu’il faut pour maintenir le juste équilibre, rapporter à la maison ma part de revenus et me garder du temps à moi, ne pas me perdre tout entier en chantiers. Marie était déjà traductrice, traduisait déjà Lodoli et d’autres auteurs qu’elle aimait. C’est-à-dire que notre vie était déjà à peu près ce qu’elle est maintenant, et que nous en étions satisfaits, nous songions souvent que nous avions de la chance, nous nous plaisions à V., nous avions des amis, nous sentions que c’était un endroit où nous étions susceptibles de rester un bon moment encore, bref nous allions bien.Et un matin je me suis levé et je me suis dit que ça y est, tu es grand. J’ai réalisé qu’il fallait que j’arrête de me répéter ces mots, plus tard quand je serai grand. Que c’était fait : j’étais grand. Je l’étais devenus à mon insu. Sans que personne vienne me prévenir. J’ai compris qu’il n’y aurait pas d’épreuve. Pas de monstre à vaincre ni de noeud à trancher. Pas de coup de gong solennel. Pas de voix paternelle pour me souffler à l’oreille ces mots, c’est maintenant, t’y voilà. J’ai compris qu’il n’y aurait nulle ligne à franchir. Nul cap à passer. Nul obstacle à surmonter. Qu’être grand simplement désormais ce serait ça : la continuation de ce présent, de cette lente translation, de ce glissement presque imperceptible, seulement décelable à l’érosion de certaines de mes facultés, au grisonnement de mes tempes et de celles de Marie, à notre renoncement de plus en plus fréquent à telle ou telle folie qui autrefois nous aurait semblé le sel même de la vie, à la taille chaque année accrue d’Agustín, à son énergie toujours plus fascinante. À son appétit d’ogre lui aussi décidé à nous dévorer chaque jour un peu plus.J’ai réalisé qu’il ne se passerait rien. Qu’il n’y avait rien à attendre. Que toujours ainsi les semaines continueraient de passer, que le temps continuerait d’être cette lente succession d’années plus ou moins investies de projets, de désirs, d’enthousiasmes, de soirées plus ou moins vécues. De jours tantôt habités avec intensité, imagination, lumière, des jours pour ainsi dire pleins, comme on dit carton plein devant une cible bien truffée de plombs. Tantôt abandonnés de mauvais gré au soir venu trop tôt. Désertés par excès de fatigue ou de tracas. Perdus. Laissés vierges du moindre enthousiasme, De la moindre récréation, du moindre élan véritable. Jours sans souffle, concédés au soir trop tôt venu, à la nuit tombée malgré nos efforts pour différer notre défaite, et résignés alors nous marchons vers votre lit en nous jurant d’être plus rusés le lendemain – plus imaginatifs, plus éveillés, plus vivants.
    Sylvain Prudhomme — Par les routes – L’Arbalète

Traductions du mot « trancher »

Langue Traduction
Anglais to slice
Espagnol cortar en rodajas
Italien per affettare
Allemand schneiden
Chinois 切片
Arabe لقطع
Portugais fatiar
Russe нарезать
Japonais スライスする
Basque xerra egiteko
Corse fà slice
Source : Google Translate API

Synonymes de « trancher »

Source : synonymes de trancher sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot trancher au scrabble : 13 points

Trancher

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