La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « traduire »

Traduire

Définitions de « traduire »

Trésor de la Langue Française informatisé

TRADUIRE, verbe trans.

A. − DR. [Le compl. d'obj. désigne une pers.; avec compl. prép.]
1. Vx. Transférer, mettre (en prison). Il fut traduit des prisons du Châtelet à la Conciergerie (Ac.1835-1935).Ferdinand est encore traduit en prison pour savoir où vous êtes. J'ai dit de répondre que vous étiez embarqué pour l'Amérique. Ils enragent de ne pas vous tenir. (...) Ils vous auraient condamné indubitablement. Qu'une telle possibilité ait existé, on persécute, comme ce pauvre Ferdinand qui pourrait être aussi longtemps en prison qu'Ordinaire (Staël, Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 8).
2.
a) Citer, appeler à comparaître.
α) Traduire à.L'Assemblée nationale a décrété, le 3 décembre, que vous seriez jugé par elle; le 6 décembre, elle a décrété que vous seriez traduit à sa barre (Le Moniteur Univ., 13 déc. 1792ds Rec. textes hist., p. 64).
β) Traduire devant.Traduire devant une commission militaire, un conseil de guerre, un tribunal révolutionnaire, une juridiction professionnelle. Vingt fois j'aurais pu traduire toute cette clique devant les tribunaux (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 166).Pour juger Pucheu, le Comité de la libération (...) fait traduire l'accusé devant le « tribunal d'armée » (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 179).
[Avec attribut du compl. d'obj.] Traduire devant... comme.../en... Seriez-vous traduits en criminels devant la cour d'assises? (Courier, Pamphlets pol., Procès, 1821, p. 106).Le gouvernement examina la question de destituer Chatillon de ses grades et dignités et de le traduire devant la Haute-Cour comme factieux (A. France, Île ping., 1908, p. 239).
[Avec compl. prép. exprimant le but ou la cause] L'assemblée a le droit constitutionnel (...) de le traduire [ministre] pour jugement devant la Haute Cour de Justice (Lidderdale, Parlement fr., 1954, p. 64).Tout instituteur privé pourra (...) être traduit pour faute grave dans l'exercice de ses fonctions, pour inconduite ou immoralité, devant le conseil départemental (Encyclop. Éduc., 1960, p. 70).
[P. méton.] Empl. pronom. passif. Ce n'est plus devant les cours de justice ordinaire que doivent se traduire les crimes d'État; c'est devant le conseil de régence, seul tribunal compétent (Scribe, Bertrand, 1833, iv, 3, p. 197).
γ) Traduire en.Traduire en conseil de guerre, en cours d'assises. Boulanger (...), traduit en Haute-Cour, se réfugia à Bruxelles (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 243).
En partic. Traduire en justice. Préfets (...) Et du moins vous conserverez, Si l'on vous traduit en justice, Le droit de choisir les jurés (Béranger, Chans., t. 2, 1829, p. 159).
δ) [Sans compl. prép.] Accusé chaque jour pendant seize ans [par des jaloux], jamais je ne fus traduit; une seule fois je fus interrogé par M. Vigny, juge d'instruction (...) je fus renvoyé sur-le-champ (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 27).
b) P. anal. Appeler à paraître. Ayant donc mon opium en poche au moment où je me vis traduit en spectacle devant M. de Sainte-Croix, j'éprouvai une espèce d'embarras dont il me parut plus facile de me tirer par une scène que par une conversation tranquille (Constant, « Cahier rouge », 1830, p. 39).
B. − [Le compl. d'obj. désigne gén. une chose]
1.
a) [Le suj. désigne une pers.] Formuler dans une autre langue (langue cible) ce qui l'était dans la langue de départ (langue source) sans en changer le sens. Traduire une lettre, une page; traduire une locution, un mot, un terme. J'ai reçu d'Amérique mon premier volume traduit, commenté, annoté par un Monsieur Hotz (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p. 262).Averrhoès (...) traduisit l'œuvre d'Aristote (Caron, Hutin, Alchimistes, 1959, p. 120).
[La traduction est orale] Quelle route? demanda le postillon en italien.Route d'Ancône, répondit le baron. Maître Pastrini traduisit la demande et la réponse (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 728).On lui posait des questions que traduisait un interprète annamite, et lui, il répondait en méo (Mille, Barnavaux, 1908, p. 186).
[P. méton. du compl.] Traduire un auteur. Il était charmé de vous traduire après avoir traduit Shakespeare (Hugo, Corresp., 1866, p. 522).
Traduire une langue. Un matin, dans la bibliothèque de la Sorbonne, au lieu de traduire du grec, je commençai « mon livre » (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 239).
[P. méton. du suj.] Lorsque plus tard le droit féodal déclara le serf attaché à la glèbe, il ne fit que traduire par une périphrase le sens littéral du mot Servus (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 169).
[Avec adj. ou compl. prép. désignant]
[la lang. source] Le Dr Ragu me prête un livre sur Tibère (traduit de l'allemand) (Gide, Journal, 1942, p. 137).Assise devant le bureau de papa, traduisant un texte anglais (...), j'occupais ma place sur terre (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 68).Part. passé en empl. subst. Le mur (...) était jaune, du jaune sale des dos de livres brochés, lus, relus, haillonneux. Quelques « traduits de l'anglais »un franc vingt-cinqrehaussaient de rouge le rayon du bas (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 55).
[la lang. cible] Un roi d'Égypte (on ne sait lequel ni dans quel temps) fit traduire la Bible en grec (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 329).J'ignore s'il existe, traduite en français, une bonne histoire de la Russie soviétique (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p. 444).
[Avec (loc.) adv. ou compl. prép. de manière] Traduire exactement, fidèlement, librement, littéralement, textuellement, à haute voix, à livre ouvert. Le russe étant resté sa spécialité, lui seul le traduisant couramment (Zola, Argent, 1891, p. 40).Le vulgarisateur ne conservera que les mots depuis longtemps reçus et il traduira les autres par des périphrases (Civilis. écr., 1939, p. 26-12).
En partic. Traduire mot à mot, mot pour mot (var.). Il fait des phrases anglaises que je traduis mot à mot, à mesure qu'il les prononce (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 434).Le journal officiel et secret du conclave (...) est traduit mot pour mot sur l'original italien (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 518).Traduire (un texte) en prose, en vers. [Il occupait] ses loisirs à traduire en vers français les Bucoliques de ce poète latin nommé Calpurnius (A. France, Orme, 1897, p. 29).
b) [Le suj. désigne un énoncé, une phrase] Que dire aussi de « lead us not into temptation » qui traduit exactement l'original? (Green, Journal, 1943, p. 10).
Empl. pronom. passif. Le conducteur idéal est le « high grade moron » qui peut se traduire par « idiot supérieur » (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 41).
c) INFORMAT. Machine à traduire. Synon. traductrice (v. ce mot B 2 a).Après les machines à calculer (...) voici, en effet, les « machines à traduire ». (...) Vues de loin, calculatrices et traductrices se ressemblent comme des cousines (Le Nouvel Observateur, 29 oct. 1979, p. 14, col. 1).
2. P. anal.
a) Transposer dans un autre système ce qui était exprimé dans un premier. Voici, par exemple, une série chromatique traduite en tablature de luth (D'Indy, Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 57).Le lexique qui traduit la théorie multiplicative en théorie additive est connu de tous; c'est la table de logarithmes (Gds cour. pensée math., 1948, p. 202).
INFORMAT. On commence à concevoir, et à construire des machines à lire, c'est-à-dire à traduire le graphisme en sons. Ce sont les premières machines vraiment parlantes (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 119).Il faut, avant que les machines puissent commencer leur travail, traduire les documents en perforations (Couffignal, Mach. penser, 1964, p. 23).
b) Transposer dans une autre forme artistique ce qui existait dans une première. Sur un bloc de noyer, de poirier ou de buis bien plané, l'artiste trace à la plume la composition que doit traduire le graveur (Dacier1944, p. 6):
L'on a cru devoir (...) commander pour les niches à autels d'immenses peintures, traduites (...) en des mosaïques que façonnèrent des fabricants de pâtes de couleur, en Italie. Huysmans, Foules Lourdes, 1906, p. 91.
Traduire en images une œuvre littéraire (vieilli). Adapter pour le cinéma. Si vous prenez une comédie pour la traduire en images, vous la gâchez! (Le Film, 21 oct. 1918ds Giraud 1956).
c)
α) Transposer la réalité, la représenter
Transposer la réalité, la représenter par les arts graphiques ou plastiques. Il écrit, parce qu'on ne peut pas traduire l'homme en peinture (Goncourt, Journal, 1863, p. 1266).Empl. pronom. passif. Vers trois ans, ces traces commencent à devenir imitatives, mais le bonhomme se traduit par un rond et deux bâtons (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 116).
Transposer la réalité, la représenter sur la scène. Aujourd'hui que la noblesse est mise au néant et pulvérisée, est-ce bien le cas de la traduire sur le théâtre, dans la personne d'un misérable souillé de toutes les bassesses et de tous les crimes? (Mussetds R. des Deux Mondes, 1832, p. 641).
β) Représenter par un graphique, par une carte. La statistique peut traduire en courbes et en chiffres ce déséquilibre vécu par l'existence humaine entre l'homme et son univers (J. Vuillemin, Être et trav., 1949, p. 143).
d) Transposer un projet dans la réalité, le concrétiser. Un trait essentiel de la résistance française est la volonté de rénovation sociale. Mais il faut la traduire en actes (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 95).
Empl. pronom. passif. Avaient-ils des idées neuves? Elles ne se traduisaient pas dans les faits (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 144).
e)
α) Rendre sensible, rendre manifeste un sentiment (par un mot, par une expression du visage). Tu m'avais juré ... Il eut un hochement de tête. Il traduisit d'un mot son scepticisme:On jure tant de choses (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 426).Empl. pronom. passif. Tout (...) avait été dit, redit, répété cent fois, la parole devenait inutile, tout se traduisait par le regard et par le sourire (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 204).
β) Interpréter un geste. Empl. pronom. passif. Debray (...) fit un geste qui pouvait se traduire par la formule la plus polie d'exprimer cette idée:Comme il vous plaira! (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 630).
3. P. ext.
a) Être l'expression d'un phénomène. Ni Réaumur ni Spallanzani ne pouvaient donner l'interprétation chimique des phénomènes qu'ils ont observés. En effet, on ignorait à cette époque (...) le type de réaction chimique qui traduit la digestion des aliments (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 120).Empl. pronom. passif. Je déploie une grande activité soudaine qui se traduit par des nettoyages, des jardinages insensés ou un déménagement (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 55).
b) Empl. pronom. passif. Être la conséquence d'un fait. Hier j'ai appris que le lieutenant G... allait partir, ce qui va se traduire pour moi par un surcroît de travail (Green, Journal, 1942, p. 277).L'atteinte du nerf optique (...) se traduit par une baisse de l'acuité visuelle (Quillet Méd.1965, p. 349).
Prononc. et Orth.: [tʀadɥi:ʀ], (il) traduit [-dɥi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1480 dr. « citer, déférer » (Confirmation du privilège accordé aux habitants de Besançon ds Ordonn. des Rois de France, t. 18, p. 614: [ils ne puissent être] tenuz ou traduits en cause et procez); 1668 (La Fontaine, Fables, I, 21: Devant certaine Guêpe on traduisit la cause); 1734 traduire en justice (J. B. Dubos, Hist. crit. de l'établissement de la monarchie fr. dans les Gaules, éd. 1742, p. 381); 2. 1622 « transférer (quelqu'un) » (Peiresc, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 6, p. 32: traduire en lieu de seure garde). B. 1. 1520 « faire passer d'une langue dans une autre » (Dialogue tres elegant intitule le Peregrin [...] traduict de vulgaire italien en langue françoyse par maistre Françoys Dassy ds Z. rom. Philol. t. 87, p. 101); 1559 p. méton. traduire un auteur (Ronsard, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 10, p. 107, 130: Si tous les bons auteurs [...] Estoient ainsi traduits); 1955 machine à traduire (A. Sauvageot, La Machine à traduire ds Vie Lang., avr. 1955, p. 170); 1959 (E. Delavenay, La Machine à traduire, Paris, P.U.F.) . 2. 1654 p. ext. « expliquer, interpréter, exprimer » (Guez de Balzac, Dissertations chrestiennes et morales, éd. 1665, p. 369: traduire la pensée d'un veritable Romain); 1680 (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 793: à bien traduire tout ce que j'ai dit); rare av. la fin du xviiies. 1788 (Fér. Crit.); 3. 1807 « manifester, rendre sensible » (Staël, Corinne, t. 2, p. 35: traduire aux regards tous les sentimens de son ame); 1810 pronom. (Id., Allemagne, t. 1, p. 174: cette terreur du ridicule [...] s'est traduite en férocité). À empr., puis adapté (d'apr. conduire, déduire, etc.) du lat. class. et b. lat. traducere « conduire au delà, faire passer, traverser; faire passer d'un point à un autre; gramm.: introduire (un mot dans une autre langue), dériver », formé de tra- (pour trans-) « au delà-de, par delà » et ducere « conduire, mener ». B empr., puis adapté du lat. des humanistes traducere « faire passer d'une langue dans une autre », néol. sém. créé vers 1400 par l'aut. ital. L. A. Bruni (soit consciemment, soit par fausse interprétation du passage de Aulu-Gelle I, 18, 1: vocabulum Graecum vetus traductum in linguam Romanam, où traducere signifie en fait « introduire, transporter », cf. Migl. Ling. ital., p. 303, L. Wolf ds Z. rom. Philol. t. 87 1971, pp. 99-105), et répandu à partir de la 2emoit. du XVes.: ca 1469 à Strasbourg, 1478 à Saragosse, 1490 à Paris (ds Wolf, loc. cit.). Cf. l'ital. tradurre (av. 1420, Domenico Da Prato, ibid.). Traduire s'est substitué à l'a. fr. et m. fr. translater. Fréq. abs. littér.: 3 344. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 115, b) 3 412; xxes.: a) 4 437, b) 6 210. Bbg. Françon (M.). Two Fr. notes. Language. 1948, t. 24, p. 178; Notes sur le vocab. poète, poésie, humaniste, traduire, cavillation. Bibl. Hum. Renaiss. 1967, t. 29, pp. 159-161. − Quem. DDL t. 4, 21. − Traduire: les idées et les mots. Ét. Ling. appl. 1976, no24.

Wiktionnaire

Verbe - français

traduire \tʁa.dɥiʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se traduire)

  1. Faire la traduction d’un texte ou de paroles ou de tout document depuis une langue vers une autre langue.
    • Elle était illettrée, et Jacques ne pouvait lui écrire, car elle n’eût osé montrer à qui que ce soit les lettres de l’officier pour se les faire traduire. — (Isabelle Eberhardt, Yasmina, 1902)
    • Lorsque l’interprète me traduisit le sens général du discours, je fus émerveillé. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, tome 1, De New-York à Tahiti, 1929)
    • Ce n'est pas pour ta pomme, Boutros, déclara-t-elle sur un ton de mépris et en traduisant son prénom en arabe. — (Stefanàkis Dimitris, Jours d'Alexandrie, Éditions La Martinière, 2013)
  2. (Justice) (Vieilli) Transférer d’un lieu à un autre.
    • Quelques mois après la mort du Cardinal Mazarin, on envoya, dans le plus grand secret, au Château de l’Isle Sainte-Marguerite, un prisonnier inconnu. Il portoit dans la route un masque, […]; ce qui lui a fait donner le nom de l’Homme au Masque de Fer. On avoit ordre de le tuer, s'il se découvroit. En 1690 , il fut traduit à la Bastille. — (Essai sur l'histoire de Provence, suivi d'une notice des Provençaux célèbres, tome 2, Marseille : chez Jean Mossy, 1785, page 243)
    • Le nommé Jacques Marguelot a été accusé d'avoir, le 22 juillet 1790, proclamé, à son de tambour, dans un jour de foire, à Montargis, qu’il étoit défendu de payer les droits de champart; […]. Ce Margnelot a été traduit au châtelet, comme ayant commis un crime de leze-nation; et, depuis treize mois, il est en état de captivité. — (M. Le Hodey, Journal des états généraux, convoqués par Louis XVI, le 27 avril 1789' ; aujourd’hui Assemblée nationale permanente ou Journal logographique, tome 32, Paris : chez Le Hodey, 1791, page 131)
  3. (Justice) (Par extension) Envoyer quelqu'un devant la justice, afin qu'il soit jugé.
    • Je demande que les individus de la famille d’Orléans dite Égalité, soient traduits devant le tribunal révolutionnaire, […]. — (Maximilien de Robespierre, Discours contre Brissot & les girondins, 10 avril 1793)
    • L’assemblée avait décrété, avant la fin de la lutte, que tous ceux qui seraient pris les armes à la main seraient transportés sans jugement ; les autres, traduits devant les conseils de guerre. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Un jour, il « chroniqua » si fort que le Parquet lui réclama des comptes. Traduit en justice pour avoir injurié les « armées de terre et de mer » et prêché la guerre civile, il s’en tira avec deux mois de prison et quelques francs d’amende. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, pages 28-29)
  4. (Par extension) Expliquer ; interpréter ; exprimer.
    • Et ce pauvre hère, ragaillardi lui aussi par le thé et la bonne chère, traduit alors la reconnaissance de son estomac repu par un concert qui porte la satisfaction générale à son comble. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 32)
    • Il s’interrompit net et nous fit un sourire plutôt torve et en coin, comme s’il désespérait d’arriver à traduire en mots sa pensée. — (Henry Miller, L’ancien combattant alcoolique au crâne en planche à lessive, dans Max et les Phagocytes, traduction par Jean-Claude Lefaure, éditions du Chêne, 1947)
    • J’éduquais mon oreille à traduire des multitudes de sons infimes, petits trots de souris et grincements de bois, […]. — (Claude Collignon, L’œil de la chouette, Éditions du Seuil, 1988, page 41)
  5. (Pronominal) Découler d’un fait.
    • […] le mécontentement qui devait se traduire, quelques années plus tard, sous la forme du boulangisme, était déjà très marqué ; […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VI, La moralité de la violence, 1908, page 281)
    • La renaissance d’un certain patriotisme de clocher se traduisit par la prolifération des sectes manichéennes et millénaristes. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
    • Aujourd'hui son bonheur se traduisait par un amour dans la tombe, une épouse dans l'ombre, nul enfant sous le toit et la richesse dans les bras : une vie au gré du destin. Et le cœur de Naalo devint un nid de repentirs. — (Ansomwin Ignace Hien, Au gré du destin, Éditions G.T.I., 1997, page 129)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

TRADUIRE (tra-dui-r') v. a.
  • 1 Terme de palais. Transférer quelqu'un d'un lieu à un autre. Il fut traduit des prisons du Châtelet à la Conciergerie.

    Citer ou renvoyer quelqu'un devant un juge, un tribunal. Il fut traduit devant la cour d'assises. Devant certaine guêpe on traduisit la cause, La Fontaine, Fabl. I, 21. Il m'a traduit au parlement de Dijon, et il a dit publiquement qu'il me ferait perdre plus de deux mille écus pour le cens de deux sous et demi, Voltaire, Lett. à M. Perraud, 24 avril 1767.

    Traduire en justice, même sens.

  • 2Faire passer un ouvrage d'une langue dans une autre. Cicéron, à l'âge de dix-sept ans, avait traduit le poëme d'Aratus en vers latins, Rollin, Hist. anc. liv. XXV, ch. I, I, 1. L'honneur que vous [le cardinal Quirini] m'avez fait de traduire en si beaux vers la Henriade et le poëme de Fontenoy, Voltaire, Sémiram. Dissert. Un auteur dont les ouvrages pleins de sentiment, de vérité, d'élégance et de noblesse ont été traduits dans toutes les langues, Diderot, Claud. et Nér. II, 11.

    On dit de même : traduire un passage, une citation, un vers, etc.

    Traduire un auteur, traduire ses ouvrages. On fait brûler Vanini, et on traduit Lucrèce pour monsieur le Dauphin, Voltaire, Lett. à M*** 1727.

    Absolument. Si vous traduisez toujours, on ne vous traduira jamais, Montesquieu, Lett. pers. 128. Si vous voulez qu'on vous traduise un jour, commencez par traduire vous-même, D'Alembert, Élog. Saci.

    Fig. Traduire en ridicule voy. RIDICULE, n° 3

  • 3 Par extension, expliquer, interpréter. Traduisez-moi votre pensée en termes plus clairs.

    Manifester. Il savait ainsi traduire aux regards tous les sentiments de son âme, Staël, Corinne, VIII, 2.

  • 4Se traduire, v. réfl. Se montrer, comparaître. Son projet de se mettre lui-même sur la scène et de s'y traduire comme un franc maraud, qui joue un rôle méprisable, Grimm, Corresp. t. II, p. 19.
  • 5 Fig. Se traduire en ridicule, se rendre ridicule. J'enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicule, malgré leur qualité, Molière, Critique, 6.
  • 6Être traduit. Les poëtes ne se traduisent point, peut-on traduire de la musique ? Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 19 mai 1754. Le sublime se traduit toujours, presque jamais le style, D'Alembert, Œuv. t. I, p. 137.
  • 7Être manifesté. Sa colère se traduisit en imprécations.

HISTORIQUE

XVIe s. Qui traduisent à credit les langues dont jamais ils n'ont entendu les premiers elements, Du Bellay, J. I, 9, recto. Je me suis mis à revoir ce que de longtemps J'avoye traduit de grec en françois des Vies de Plutarque, et à continuer de traduire ce qui m'en restoit, Amyot, Épît. Tout cela [ce pays] sans tirer le canon fut traduit de portugais en espagnol par…, D'Aubigné, Hist. II, 463. Ils commencerent à se mordre, accuser et injurier l'un l'autre, à presenter libelles diffamatoires, ausquels toute leur vie estoit traduite, Calvin, Instit. 940.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « traduire »

Ital. tradurre ; du lat. traducere, faire passer, de tra ou trans, au delà, et ducere, conduire (voy. DUIRE).

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin tradūcĕre, composé de trans « à travers » et dūcō « mener, conduire ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « traduire »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
traduire tradµir

Fréquence d'apparition du mot « traduire » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « traduire »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « traduire »

  • Il faut traduire, commenter, publier, imprimer, réimprimer, clicher, stéréotyper, distribuer, crier, expliquer, réciter, répandre, donner à tous, donner à bon marché, donner au prix de revient, donner pour rien, tous les poëtes, tous les philosophes […]
    Victor Hugo — William Shakespeare
  • Le critique est celui qui peut transposer d'une autre manière ou traduire en éléments nouveaux, son impression de la beauté.
    Oscar Wilde — Le Portrait de Dorian Gray
  • Songez bien que la littérature n’a pas été créée pour servir la vie, ni même la traduire, mais pour lui échapper.
    Alfred Capus — Les Pensées
  • Elle exige des connaissances considérables dans le domaine médical. Quel est le type de connaissances nécessaires et est-il possible de traduire soi-même un texte médical? Ou vaut-il mieux contacter les spécialistes d’une agence de traduction médicale?
    La lettre économique et politique de PACA — PARIS : La traduction médicale et ses caractéristiques - La lettre économique et politique de PACA
  • Nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage.
    Henri Bergson
  • Lorsqu'une révolution est accomplie dans les moeurs, elle ne tarde guère à se traduire dans les lois.
    Edmond About
  • Ecrire, c'est traduire en mots des pensées, des faits, des sentiments, des sensations, le corps, la chair, le silence. La vie est la langue étrangère de l'écrivain.
    Camille Laurens — L'avenir
  • Que veut dire « repenser la traduction » ? Reposer des questions élémentaires, qui interrogent résolument les pratiques et leurs préconceptions ?  Pourquoi traduire ?Qu’est-ce qui mérite d’être traduit ?  À quoi la traduction s’attache-t-elle dans un texte ?
    Repenser la traduction (numéro dirigé par S. Carlson, A. Vannini, C. Zekri)
  • Lire, pour le vrai lecteur, ne serait-ce pas traduire une langue autre en la sienne ?
    Robert Sabatier — Les Années secrètes
  • Le meilleur de nos convictions ne peut se traduire par des paroles. Le langage n’est pas apte à tout.
    Johann Wolfgang von Goethe
Voir toutes les citations du mot « traduire » →

Traductions du mot « traduire »

Langue Traduction
Anglais translate
Espagnol traducir
Italien tradurre
Allemand übersetzen
Chinois 翻译
Arabe ترجمة
Portugais traduzir
Russe перевести
Japonais 翻訳する
Basque itzuli
Corse traduce
Source : Google Translate API

Synonymes de « traduire »

Source : synonymes de traduire sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot traduire au Scrabble ?

Nombre de points du mot traduire au scrabble : 9 points

Traduire

Retour au sommaire ➦