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Souverain

Variantes Singulier Pluriel
Masculin souverain souverains
Féminin souveraine souveraines

Définitions de « souverain »

Trésor de la Langue Française informatisé

SOUVERAIN1, -AINE, adj. et subst.

I. − Adjectif
A. − Qui est au-dessus de tout.
1. [En parlant d'une pers. ou d'une chose sans marque particulière ou marquée positivement] Qui est au plus haut degré; qui règne en maître, l'emporte sur les autres, sur tout; qui excelle dans son genre, dans son domaine. Synon. suprême.
a) [En parlant d'une pers. ou d'un être divin] Dieu souverain. Il y a des critiques souverains comme il y a des artistes suprêmes (Hugo, Corresp., 1872, p. 312).
[Qualifie différents subst. pour désigner Dieu] Souverain Juge, législateur; Etre, Seigneur souverain. [Le] souverain Auteur des êtres (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p. 287).[P. méton.] Propre à Dieu; relatif à sa souveraineté. Je n'en adorais pas moins que lui la souveraine volonté d'Allah (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 390).Vous ne trouverez rien dans les quatre Évangiles qui s'écarte de cette conception souveraine de Dieu (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 852).
b) [En parlant d'une chose] L'une [passion] expirante, mais puissante encore, l'autre envahissante et bientôt souveraine (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 2, 1850, p. 128).Ses livres contiennent une page souveraine sur la Circoncision, une autre magnifique, construite toute en antithèses, sur le Saint-Esprit (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 265).
SYNT. Art, calme souverain; empire souverain (de qqc.); force, idée, importance, intelligence, joie, liberté, paix, raison souveraine; souveraine beauté, éloquence, félicité, habileté, perfection, sagesse.
Souverain dans, par + subst. indiquant une qualité.Un beau dessin est souverain par la légèreté (Alain, Propos, 1923, p. 483).Le mouvement des bras donnait au buste et à la poitrine une ampleur souveraine dans sa gracilité (Larbaud, Journal, 1932, p. 273).
En partic. [En parlant d'un remède à un mal phys. ou mor.] Qui est d'une efficacité totale, assurée; idéal. Synon. infaillible.Je veux d'abord vous guérir. Le baume est souverain, je vous soignerai comme un fils, la santé reviendra vite (About, Roi mont., 1857, p. 254).Aussi puisons-nous le remède souverain contre la colère dans la contemplation de la nature irresponsable et soumise à des lois immuables (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 140).[Suivi d'une prép.] Des mauves le matin, c'est souverain pour les polypes au cœur (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 262).
PHILOS. Le souverain bien. Le bien suprême, au-dessus de tous les autres, recherché par tout homme, qui, dans diverses morales, réside dans l'accord de la moralité et du bonheur et qui, pour certains, est Dieu lui-même. [Pascal] a besoin de clarté et de certitude, d'une satisfaction nette et pleine; en d'autres termes, il a besoin du souverain bien, il a soif du bonheur (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 42).
2. [En parlant d'un sentiment, d'une attitude marquée négativement] Au plus haut degré. Mépris souverain. Elle haussa les épaules avec une indifférence souveraine (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Sœurs, 1884, p. 1265).Vieux vêtement de son père (...) qui lui inspire d'ordinaire une horreur souveraine (Duhamel, Jardin bêtes sauv., 1934, p. 130).
B. − Dans les domaines pol., admin., jur.
1. Qui possède la souveraineté politique.
a) [En parlant d'une pers., d'un monarque] Qui détient la souveraineté, qui exerce le pouvoir (sur un territoire). Maître, prince, seigneur souverain. Henri de Vianden, un des évêques souverains d'Utrecht (Du Camp, Hollande, 1859, p. 228).La minorité [de sa fillette] assurait à la jeune veuve une longue régence ou du moins une bonne part dans la régence. Mais l'autoritaire jeune femme entendait rester maîtresse souveraine du pays, même si elle se remariait (Grousset, Croisades, 1939, p. 134).
b) [En parlant d'une collectivité pol.] Qui se gouverne soi-même tout en pouvant relever d'une autorité supérieure. Je reviens d'Allemagne, où j'ai traversé dix pays souverains, y compris la Hesse: on ne m'a pas même demandé mon passeport en Prusse (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 534).
c) [En parlant d'un État] Qui a la souveraineté interne et externe. Tout récemment, celle-ci [la Syrie] s'était vue invitée, en qualité d'État souverain, à la Conférence de San Francisco (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 184).
d) [En parlant d'une pers. mor.] Qui détient en droit ou en fait le pouvoir suprême dans l'État. Combien d'attentats à la liberté ont été consommés au nom du salut public par décret du peuple souverain! (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv., 1868, p. 268).Par une série de dégradés, on passerait de l'Assemblée Nationale souveraine au Conseil de la République à pouvoirs limités pour en venir aux organismes purement consultatifs (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 572).
2. [En parlant d'un organe, d'une instit. jur., officielle, d'un juge] Dont les actes, les décisions sont sans appel; qui juge en dernier ressort; qui ne relève d'aucun autre organe. Juridiction, justice souveraine. Le Parquet est souverain; il ne dépend de personne, il ne relève que de sa conscience (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 552).Le jury est souverain; aucun recours n'est recevable contre les décisions qu'il a prises conformément aux dispositions réglementaires (Encyclop. éduc., 1960, p. 151).
HIST. DU DR.
Conseil souverain, cour souveraine. En France et dans certaines colonies françaises sous l'Ancien Régime, juridiction dont les arrêts étaient sans appel. Synon. parlement.J'ai quelquefois passé huit jours dans une jolie maison de campagne, à quelques lieues de Paris, chez un magistrat de cour souveraine, où il venait du beau monde (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 12).Quatre provinces qui n'avaient pas de Parlements eurent, peu de temps après leur réunion à la France, une juridiction analogue et souveraine, sous le nom de conseils souverains: le Roussillon, l'Artois, l'Alsace et la Corse (MarionInstit.1923, p. 138).[P. méton.] Propre à une cour souveraine, à ses magistrats. Les trois conseillers d'une cour souveraine (...) ne voyaient pas avec plaisir qu'on les déplaçât de leurs siéges souverains pour juger dans un tribunal inférieur (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 287).
Conseil souverain. Dans les Pays-Bas méridionaux aux xviieet xviiies., juridiction qui jugeait en dernier ressort. [Arnauld] arriva à Mons le 20, à six heures du soir. Il y fut accueilli et logé par M. Robert, président du Conseil souverain de Hainaut (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 136).
3. Antéposé. [Qualifie une pers. ayant officiellement tous les pouvoirs dans un domaine donné] Souverain pontife*. Il était aussi enjoint par l'ordonnance à ce souverain magistrat de rejeter toute lettre ou signature du roi qui lui semblerait contraire aux lois et réglemens du royaume (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 264).
4. [En parlant d'une loi, d'un droit, d'une faculté] Qui est sans limite; qui s'applique sans restriction. Pouvoir souverain. Le droit souverain de la propriété individuelle (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 185).
5. [En parlant d'un jugement, d'une décision] Qui est sans appel. Arrêt souverain. Le Conseil d'arrondissement est tenu de se conformer à la décision du Conseil général, souveraine et sans appel, même devant le Conseil d'État statuant au contentieux (Bacquias, Cons. gén. et cons. arrondiss., 1934, p. 23).
6. [Corresp. à supra I B 1 a et infra II A 1]
a) Relatif à un souverain, à une souveraine.
[En parlant d'un couple] Qui est formé par un souverain et son épouse ou par une souveraine et son époux. Grande bienveillance du couple souverain à mon égard (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 584).
[En parlant d'une maison, d'une famille] Qui a des membres exerçant successivement et héréditairement la souveraineté sur un territoire. Tels furent, bien qu'issus des maisons souveraines les plus illustres de l'Allemagne, Christian de Brunswick et même Bernard de Weymar (Constant, Wallstein, 1809, p. viii).Le roi et la cour cherchaient donc parmi les familles souveraines d'Occident un parti convenable pour Sibylle (Grousset, Croisades, 1939, p. 219).
[En parlant d'une chose, parfois d'une pers.] Relatif, propre à un souverain, à une souveraine, à sa famille. Main souveraine; pompe souveraine; rendre les honneurs souverains à qqn. Qui prétend usurper la grandeur souveraine En doit payer le prix au destin qui l'entraîne (Constant, Wallstein, 1809, iii, 3, p. 97):
1. [Des conseillers] le pressèrent [Henri Raspon] d'expulser la veuve de son frère avec tous ses enfans, y compris le petit Hermann, non seulement de la résidence souveraine de Wartbourg, mais aussi d'Eisenach et de toutes les autres possessions souveraines. Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p. 150.
b) P. anal. (de position supérieure, de suprématie, de majesté)
[En parlant d'une pers., d'un animal, d'une collectivité] Vous ne songez qu'à la froisser et à la contredire, elle si choyée, si souveraine dans sa famille (Sand, Valentine, 1832, p. 12).[Le troupeau] longe la chaussée qui mène à l'abattoir. Dans la montagne il fut un groupe souverain. Sa faim régnait sur la nature; il était maître des bruyères, des pins naissants, de l'herbe maigre (Romains, Vie unan., 1908, p. 71).
Antéposé. [Renforce un subst. désignant une pers. et indiquant déjà une suprématie] Souverain arbitre, souverain seigneur et maître. Vous verrez tout ce qu'il m'a fallu de courage et d'adresse, pour être en ce logis souveraine maîtresse (Collin d'Harl., Vieux célib., 1792, i, 6, p. 14).
Souverain de (vx), sur qqc./qqn.Vous êtes encore tellement souverain de moi que si vous arrivez avant que je sois partie, je ne me permettrai pas un reproche et croirai tout ce que vous direz (Staël, Lettres L. de Narbonne, 1794, p. 283).La condition même de la poésie est une totale présence d'esprit, où l'on se sent souverain sur toute chose (Béguin, Âme romant., 1939, p. 195).
[P. méton.] Propre à une personne exerçant une suprématie dans un domaine donné. Gœthe prend sans effort, sans rival, sa place unique et souveraine dans le monde de l'esprit (Valéry, Variété IV, 1938, p. 118).
[En parlant d'une chose] Aiguilles, pics de neige et cimes souveraines (Hugo, Légende, t. 5, 1877, p. 1189).Pline décernait à cette reine des mers [la perle] une place d'honneur entre le diamant-roi et la souveraine émeraude (Metta, Pierres préc., 1960, p. 118).
Souverain dans, chez qqc./qqn.La religion, comme un père sévère, souveraine dans la maison, y dicte des lois (Bonald, Essai analyt., 1800, p. 23).La morale présentement souveraine chez les éducateurs du monde est essentiellement germanique (Benda, Trahis. clercs, 1927, p. 160).
c) [En parlant d'une pers., d'un aspect du comportement, d'une faculté, d'une qualité] Qui a certaines caractéristiques (majesté, grandeur, etc.) appartenant ou supposées appartenir à un souverain, à une souveraine; qui est digne d'un souverain, d'une souveraine; qui exprime un sentiment de supériorité. Accent, geste, regard souverain; dignité, élégance, grâce, majesté, voix souveraine. Les trois frères étaient là (...): Léopold, immobile et souverain; François, gouailleur; Quirin, ses lunettes sur le nez (Barrès, Colline insp., 1913, p. 208):
2. Tous ces bruits commençaient dès que l'homme mettait le pied dans le champ. On le voyait attaquer la pièce, dominant la nappe de l'œil et du front, avec un air souverain, un air de maître qui dispose des choses à son gré. Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 42.
II. − Substantif
A. − Dans les domaines pol., admin., jur.
1. Subst. masc. ou fém.
a) Subst. masc. Celui qui est à la tête d'un État monarchique. Madame de Commercy, cousine de l'empereur d'Autriche, qui descend des anciens souverains de la Lorraine (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 180).Les trois principaux souverains de l'Occident étaient à cette époque le roi de France Philippe Auguste, le roi d'Angleterre Henri Plantagenet et l'empereur germanique Frédéric Barberousse (Grousset, Croisades, 1939, p. 256).
SYNT. Souverain absolu, constitutionnel, légitime; souverain de droit; souverain déchu, détrôné; grand, jeune, nouveau, puissant, vieux souverain; notre bien-aimé, (très) gracieux souverain; les souverains étrangers, germaniques, de l'Europe; autorité, faveur, ordres, volonté du souverain; cour, palais du souverain; aux pieds, en présence du souverain; faire hommage, obéir à son souverain; reconnaître qqn pour souverain.
Petit souverain. Celui qui est à la tête d'un État monarchique peu important. La paix de 1648 assura (...) aux petits souverains de l'Allemagne la jouissance et l'accroissement de leurs droits (Constant, Wallstein, 1809, p. vi).
b) Subst. fém.
Celle qui est à la tête d'un État monarchique. Sous la brillante régence de cette Blanche de Castille, (...) souveraine courageuse et sage (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p. xxviii).
Épouse d'un monarque. Te plairait-il de monter sur un trône à l'instar de notre auguste souveraine, l'Impératrice Eugénie? (Benoit, Atlant., 1919, p. 218).
c) Au masc. plur. [Dans certains cont.] Couple formé par celui ou celle qui est à la tête d'un État monarchique et par son épouse ou son époux. Voici l'habit que j'endossai lors de la visite des souverains russes à Paris (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 250).
2. Subst. masc., vieilli. Détenteur (personne ou instance) de la souveraineté. Le Souverain d'un État est la Nation elle-même, assemblée en corps ou représentée par ses Députés (Marat, Pamphlets, Suppl. Offrande à la Patrie, 1789, p. 41):
3. Quel que soit le nom qu'on lui donne (...), c'est une charge imposée aux particuliers, ou à des réunions de particuliers, par le souverain, peuple ou prince (...): c'est donc un impôt. Say, Écon. pol., 1832, p. 503.
3. Vieilli. Chef, président d'une instance juridique ou administrative. Cette alliance rend le président encore plus redoutable qu'il ne l'est comme souverain de la cour d'assises (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 181).
B. − [Corresp. à supra II A 1]
1. P. anal. (de pouvoir, de suprématie sur qqn, sur qqc., dans un domaine partic.)
a) [Le subst. désigne une pers., une collectivité, un être divin] Synon. maître, maîtresse.Charette fut le souverain du Marais; Royrand et les Sapinaud tinrent le Bocage; les Mauges restèrent le domaine de l'armée « catholique royale » (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 347).En empl. hypocor., littér. C'est Dieu qui sur ton corps, ma jeune souveraine, A versé la beauté (Hugo, Chants crépusc., 1835, p. 116).
Souverain des dieux. Jupiter. Minos, fils et disciple de Jupiter, a, dans les médailles, les mêmes traits que son père; cependant la majesté calme de l'un et l'expression sévère de l'autre distinguent le souverain des dieux du juge des hommes (Staël, Allemagne, t. 2, 1810, p. 71).
b) [Le subst. désigne un animal ou une chose] Ô des fleuves français brillante souveraine [la Seine], salut! (Chénier, Élégies, 1794, p. 34).Malgré les résultats extraordinaires qu'il [le docteur Pascal] obtenait, il savait bien que la mort resterait l'inévitable, la souveraine (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 190).
2. Locutions
a) Adj. De souverain, de souveraine. Propre, relatif à un souverain, à une souveraine. La dignité de souverain ne revient qu'au plus parfait, et c'est par là seulement qu'il est empereur (Doeblin, Pages imm. Confucius, 1947, p. 35).Qui a certaines caractéristiques (suprématie, majesté, etc.) appartenant ou supposées appartenir à un souverain, à une souveraine. Elle avança vers la rampe de l'escalier avec une nonchalance de souveraine (Green, Moïra, 1950, p. 159).
b) Adv. En souverain, en souveraine. En tant que souverain, en tant que souveraine. [Sully au Roi] Daignez donc, immolant votre ardeur à l'état, Combattre en souverain, et non plus en soldat (Legouvé, Mort Henri IV, 1806, iv, 1, p. 397).À la manière d'un souverain, d'une souveraine; avec des caractéristiques (suprématie, majesté, etc.) appartenant ou supposées appartenir à un souverain, à une souveraine. Commander en souverain; traiter qqn en souverain. Cette foi, qui me semble rester à tous encore et régner en souveraine dans les armées, est celle de l'honneur (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 216).Elle se serait promenée, seule, en souveraine et sans rivale (...), dans le parc (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 131).
Prononc. et Orth.: [suvʀ ε ̃], fém. [-εn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) ca 1050 suverain « suprême, excellent, qui est au plus haut point dans son genre, extrême » (Alexis, Prol., éd. Chr. Storey, p. 91); b) 1539 spéc. « très efficace pour soigner » souverain remede (Est.); 2. a) déb. xiies. « qui règne sur tout » li suverains reis (en parlant de Dieu) (Saint Brendan, 564 ds T.-L.); b) 1155 « qui relève de la souveraineté divine, surnaturel » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 7444); c) ca 1165 « qui exerce le pouvoir, qui règne »(Troie, 18047 ds T.-L.); d) 1279 [ms. xives.] « qui relève du pouvoir du souverain ou en est sa manifestation » (Laurent, Somme, B. N. 22932, fo52d ds Gdf. Compl.); e) 1336 « qui est au degré supérieur, le plus important, principal » (Doc. Archives du Nord, B 1573, fol. 34 ds IGLF: souverain marchant des tailles); f) 1405 « dont le pouvoir de décision est sans appel » souverainne Court (N. de Baye, Journal, éd. A. Tuetey, I, 43, ibid.); g) 1601 « qui prédomine, qui exerce une supériorité ou une domination » (P. Charron, De la Sagesse, éd. 1601, p. 159); h) 1601 estats souverains « États où la puissance publique ne dépend d'aucune autre, États non subalternes à un autre » (Id., ibid., p. 188); i) 1621 « qui manifeste la supériorité, la puissance » (Th. de Viau, Œuvres poét., éd. J. Streicher, p. 192). B. Subst. 1. ca 1175 « celui, celle qui détient le pouvoir dans une monarchie » (Chroniques Ducs Normandie, 19634 ds T.-L.); 2. ca 1350 « personne qui a pour mission de diriger une communauté » (Gilles li Muisis, Poésies, I, 237 et 238, ibid.); 3. 1601 « personne (monarche) ou ensemble de personnes (l'aristocratie ou l'ensemble du peuple) incarnant la puissance publique dans un État (monarchie ou république) » (P. Charron, op. cit., p. 188); 4. 1654 « chose ou personne qui domine, maître, maîtresse » (Guez de Balzac, Dissertations chrestiennes et morales ds Œuvres, t. 2, 1665, p. 305). Issu, comme l'ital. soprano ou la forme d'a. prov. sobran, d'un b. lat. *superanus dér. de super (v. sur étymol.) ou *supranus dér. de supra, à côté de formes telles que le cat. sobira, l'a. prov. sobeiran, sobiran à l'orig. desquelles on suppose un type *superianus (FEW t. 12, p. 435). Le lat. médiév. superanus (Du Cange) pourrait n'être qu'une relatinisation. Fréq. abs. littér.: 4 184. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10 649, b) 4 532; xxes.: a) 4 163, b) 3 773.

SOUVERAIN2, subst. masc.

Pièce d'or anglaise d'une valeur équivalente à celle de la livre (vingt shillings), qui eut cours en particulier de 1817 à 1914 et cotée en Bourse aujourd'hui. Voici un souverain à l'effigie de la reine d'Angleterre (About, Roi mont., 1857, p. 290).
Prononc. et Orth.: [suvʀ ε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1829 (Boiste). Adapt. de l'angl. sovereign (lui-même issu du fr. souverain) désignant dep. 1503 une pièce d'or (Acte 19 Henry VII ds NED) frappée du règne de Henry VII à celui de Charles Ier, puis une pièce d'or d'une valeur de vingt shillings ayant cours dep. 1817 (Proclamation royale, 1erjuillet, ibid.).

Wiktionnaire

Nom commun - français

souverain \su.vʁɛ̃\ masculin (dans le cas d’une femme, on dit souveraine)

  1. Personne qui possède, en qui réside l’autorité souveraine.
    • Dans les démocraties, le peuple est le souverain.
    • La classe des propriétaires comprend le souverain, les possesseurs des terres et les décimateurs. Cette classe subsiste par le revenu ou produit net de la culture, qui lui est payé annuellement par la classe productive. — (François Quesnay, Analyse de la formule arithmétique du tableau économique de la distribution des dépenses annuelles d’une nation agricole, 1766)
    • Mais Mirabeau était réellement l’âme de la Constituante. À la révolution il consacrait sa vie, et la puissance de ses arguments ; le souffle qui animait ses discours faisant de ce tribun le véritable souverain de la Chambre. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    1. (Suisse) Le peuple.
      • Un référendum rejeté par le souverain qui avait accepté le projet par 55,8% des votants le 22 septembre.
  2. (Par extension) Prince souverain, monarque.
    • Tous les souverains de la race normande avaient témoigné la partialité la plus marquée pour leurs sujets normands ; les lois […] avaient été fixées comme un joug sur le cou des habitants subjugués, surcroît féodal, des chaînes dont ils étaient chargés. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Les personnes vraiment pieuses doivent se faire un devoir de prier pour l’Église et d’honorer leur évêque ; elles doivent aussi prier pour l’avantage spirituel et temporel de l’État, et honorer leur Souverain. — (Vies des saints pour tous les jours de l’année, note de bas de page 526, 1846)
    • Fais le donc approcher, répondit le Roi... le bédouin en question pénétra dans le tref royal, saluant respectueusement le souverain franc. — (Sylvie Dinnat, Le Serment de la Licorne, Éditions Publibook, 2005, page 155)
  3. (Histoire) Monnaie d’or de Royaume-Uni qui valait 1 livre sterling, soit 20 shillings (20 s), qui circula jusqu’en 1914.
  4. (Œnologie) Grosse bouteille de vin.

Adjectif - français

souverain \su.vʁɛ̃\

  1. Qui est suprême ; excellent ; qui est au plus haut point en son genre.
    • Si je pensais que le souverain bien fût la joie, je ne douterais point qu'on ne dût tâcher de se rendre joyeux, à quelque prix que ce pût être, et j'approuverais la brutalité de ceux qui noient leurs déplaisirs dans le vin, ou les étourdissent avec du pétun. — (René Descartes, « Lettre à Élisabeth Egmond, du 6 octobre 1645 », dans Correspondance avec Élisabeth, Presses électroniques de France, 2013)
    • Mme Sidonie, malgré ses travaux écrasants, trouva moyen de venir chaque soir faire des tisanes, qu’elle prétendait souveraines. — (Émile Zola, La Curée, 1871)
    • Eh bien, continua Coconnas gravement, ce grand homme ne me paraît pas s’être abusé quand […] il regarde la vertu comme une plante balsamique d’un impérissable parfum et d’une efficacité souveraine pour la guérison des blessures. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre V)
    • Ce fut M. de Chalvet-Rochemonteix qui apprit aux paysans à se prémunir contre les ravages de la carie dans les grains par le sulfatage de la semence, dont les résultats furent souverains. Le mal cessa avec l’application de ce remède. — (Abbé Henri-Dominique Larrondo, Monographie de la commune de Merville (Haute-Garonne), dans Monographies de communes, concours ouvert en 1897 par la Société des agriculteurs de France, Paris & Lille : J. Lefort - A. Taffin-Lefort, successeur, 1898, page 96)
  2. (En particulier) Qui détient l’autorité suprême, ou qui en est revêtu.
    • Il est de notre devoir de choisir dans le sang royal le prince le plus capable de maintenir la puissance souveraine, c’est-à-dire, se reprit-il, celui dont l’élection pourra le plus efficacement servir les intérêts de la noblesse. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • […] ; la mendicité est soumise, en Belgique, à un arbitraire adminis­tratif que l’on peut comparer à celui de la police des mœurs; on sait que cette police, malgré d’innombrables réclamations, continue à être presque souveraine en France. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap. VII, La morale des producteurs, 1908, page 347)
    • C’est seulement si le peuple, en qui repose tout pouvoir souverain, délègue une partie de sa souveraineté à des institutions crées spécialement pour résoudre des problèmes spécifiques, que nous pouvons dire que nous avons un gouvernement de forme démocratique. — (Emery Reves, Anatomie de la Paix, 1945)
    • La question de savoir si une infraction a été commise dans une intention frauduleuse ou à dessein de nuire gît donc en fait et est dès lors laissée à l’appréciation souveraine du juge du fond. — (Laurence Deklerck, ‎Roland Forestini & ‎Philippe Meurée, Manuel pratique d’impôt des sociétés, De Boeck Supérieur, 2003, page 369)
    • En déployant son armée dans un État souverain pour l’assujettir, le président russe, Vladimir Poutine, a fait éclater l’ordre sécuritaire qui prévalait en Europe depuis la fin de la guerre froide. Personne ne sait ce qui le remplacera. — (The Wall Street Journal - New York, Guerre.Le nouveau désordre mondial de Vladimir Poutine,

courrierinternational.com, 26/02/2022)

  1. (En particulier) Qui appartient à l’État.
    • Ce serait un comble que pour sortir de la crise financière, on oriente l’épargne vers les dettes souveraines. Je préfère qu’on stimule l’économie par la production. — (François Hollande, « Si je suis élu, je passerai un contrat avec l’industrie », dans L’Usine nouvelle, no 3 246, 30 juin 2011, page 32)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SOUVERAIN, AINE. adj.
Qui est suprême, excellent, qui est au plus haut point en son genre. Le souverain bien. Vertu souveraine. Bonté souveraine. Souverain bonheur. On l'emploie quelquefois en mauvaise part. J'ai pour lui un souverain mépris. Remède souverain, Remède d'une efficacité sûre.

SOUVERAIN se dit particulièrement de l'Autorité suprême et de ceux qui en sont revêtus. Puissance, autorité, dignité souveraine. Chez les Romains, le dictateur avait un pouvoir souverain. Un prince souverain. Souverain seigneur. Souveraine maîtresse. Cour souveraine, Tribunal qui juge sans appel. Jugement souverain, Jugement en dernier ressort. Droits souverains, Droits de souveraineté. Voyez SOUVERAINETÉ.

SOUVERAIN, AINE, s'emploie aussi substantivement et désigne Celui, celle qui possède, en qui réside l'autorité souveraine. Il faut obéir au souverain. Dans les démocraties, le peuple est le souverain. Il se dit particulièrement des Princes souverains, des monarques. Grand souverain. Puissant souverain. Tous les souverains de l'Europe. Les ordres qu'il a reçus de sa souveraine.

SOUVERAIN est aussi le Nom d'une monnaie d'or d'Angleterre qui vaut une livre sterling.

Littré (1872-1877)

SOUVERAIN (sou-ve-rin, rè-n' ; c'est une faute de prononcer, comme quelques-uns font, sou-vé-rin) adj.
  • 1Très excellent en son genre, qui est au plus haut degré en son genre. Ne me refusez pas ce bonheur souverain, Corneille, Pomp. v, 4. Les belles soirées et le clair de lune me donnaient un souverain plaisir, Sévigné, 14 août 1676. Qu'y restait-il [dans une âme incrédule], chrétiens, si ce n'est ce que dit saint Augustin ? il restait la souveraine misère et la souveraine miséricorde, Bossuet, Anne de Gonz. Pendant que sa valeur [de Constantin] maintenait l'empire dans une souveraine tranquillité, Bossuet, Hist I, 11. N'est-il pas étrange que, ce règne de Dieu devant être notre souverain bien, nous en redoutions les approches comme notre souverain mal ? Bourdaloue, 15e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 47. Le roi lui parlait plus sur le siége qu'à M. de Vauban même, qui était trop occupé ; et cet avantage, qui fait la souveraine félicité des courtisans, flatte toujours beaucoup les gens les plus raisonnables, Fontenelle, Renau. Cicéron leur était redoutable par cette souveraine éloquence qui le faisait dominer dans toutes les assemblées, Vertot, Révol. rom. XII, p. 173. Ce langage sonore [le grec] aux douceurs souveraines, Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines, Chénier, l'Invention.

    En mauvaise part. Un souverain mépris, un mépris très grand. Puisque cet enfer que je crains est le souverain malheur, je ne le craindrais pas autant que je dois, si ce n'était pas une crainte souveraine, Bourdaloue, Serm. 19e dim. après la Pentec. domin. t. IV, p. 205.

  • 2Il se dit de l'autorité suprême et de ceux qui en sont revêtus. Dignité souveraine. Souverain seigneur. Souveraine maîtresse. Il sait que, si la prudence du souverain magistrat est obligée quelquefois, dans les cas extraordinaires, de suppléer à la prévoyance des lois, c'est toujours en prenant leur esprit, Bossuet, le Tellier. Triomphant et chargé des titres souverains Qu'ajoute encore aux rois l'amitié des Romains, Racine, Bérén. I, 3. Ma fille ignore encor mes ordres souverains, Racine, Iphig. IV, 6. … Ô mon souverain roi, Me voici donc tremblante et seule devant toi, Racine, Esth. I, 4. Il [Jéhu] me laisse en ces lieux souveraine maîtresse, Racine, Athal. II, 5.

    Prince souverain, prince qui, maître d'un territoire et chef d'un peuple, ne relève d'aucun autre prince.

    Cour souveraine, tribunal qui juge sans appel.

    Jugement souverain, jugement sans appel.

    Juger au souverain, s'est dit pour juger sans appel.

  • 3Qui a en soi les signes, les caractères de la souveraineté. Et l'on eût dit à voir ce masque souverain [le visage de Corneille] Une médaille antique à frapper en airain, Th. Gautier, le Soulier de Corneille.
  • 4Il se dit de Dieu et de son autorité suprême. La reine se soumit plus que jamais à cette main souveraine qui tient du plus haut des cieux les rênes de tous les empires, Bossuet, Reine d'Anglet. Soit qu'il [Dieu] élève les trônes, soit qu'il les abaisse, soit qu'il communique sa puissance aux princes, soit qu'il la retire à lui-même et ne leur laisse que leur propre faiblesse, il leur apprend leurs devoirs d'une manière souveraine et digne de lui, Bossuet, ib. Que s'il est une justice souveraine et par conséquent inévitable, qui nous dira qu'elle n'agisse jamais selon sa nature ? Bossuet, Anne de Gonz.
  • 5Il se dit de l'empire que l'on a sur ses passions, sur son âme, sur le cœur d'un autre. Et sur mes passions ma raison souveraine, Corneille, Poly. II, 2. Croyez que, de tous ces cœurs où vous régnez si bien, il n'y en a point où vous soyez plus souveraine que dans le mien, Sévigné, à Mme de Grignan, 18 sept. 1676. En vain certains rêveurs vous l'habillent en reine [la raison], Veulent sur tous nos sens la rendre souveraine, Boileau, Sat. IV. Elle [Agrippine] a repris sur vous son souverain empire, Racine, Brit. IV, 4. Du cœur d'Assuérus souveraine maîtresse, Racine, Esth. II, 7.
  • 6D'une efficacité sûre, infaillible. L'affection des honnêtes gens m'est un remède souverain contre les maux de cette nature, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 7. Ce beau nom d'héritière 'a de telles douceurs, Qu'il devient souverain à consoler des sœurs [qui ont perdu un frère], Corneille, Mél. IV, 10. Il [le baume tranquille] est souverain à ces sortes de maux, Sévigné, 23 avr. 1690.
  • 7 S. m. Celui en qui réside l'autorité suprême, prince, magistrat, ou peuple. Dans les démocraties, le peuple est le souverain. Il faut obéir aux lois du souverain. Ces petits souverains [les consuls] qu'il [le peuple] fait pour une année, Corneille, Cinna, II, 1. J'ai une vénération toute particulière pour ceux qui sont élevés au suprême degré, ou de puissance, ou de connaissances ; les derniers peuvent, si je ne me trompe, aussi bien que les premiers, passer pour des souverains, Pascal, Lett. à la reine Christine. Sylla se rendit souverain sous le nom de dictateur, Bossuet, Hist. III, 7. Celui-là est souverain qui jouit d'une puissance et d'une liberté telles, qu'il en est autorisé à intervenir aux affaires des nations par ses armes, et à assister dans leurs traités, Diderot, Opin. des anc. philos. (Leibnitzianisme).

    Dans le langage politique, l'être abstrait en qui réside le pouvoir souverain. Le souverain, qui n'est qu'un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même, Rousseau, Contr. soc. II, 1. La volonté de tous est l'ordre, la règle suprême ; et cette règle générale et personnifiée est ce que j'appelle le souverain, Rousseau, Lett. de la mont. 6.

  • 8Particulièrement, monarque, prince souverain. Les Parthes, les Persans veulent des souverains, Corneille, Cinna, II, 1. Des personnes assez éclairées ne doutent pas que, si le prince d'Orange voulait, osait ou pouvait entreprendre de se faire souverain de la Hollande, le roi [Louis XIV] ne concourût à ce dessein avec lui, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 251. Je reviens de Versailles… ce qui plaît souverainement, c'est de vivre quatre heures entières avec le souverain, être dans ses plaisirs et lui dans les nôtres, Sévigné, 9 fév. 1683. La princesse Bénédicte épousa Frédéric, duc de Brunswick et Hanovre, souverain puissant, qui avait joint le savoir avec la valeur, Bossuet, Anne de Gonzague. Le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain, La Bruyère, X. J'ai fait des souverains et n'ai point voulu l'être, Voltaire, Œd. II, 4. Il [Alexandre] voudrait être l'unique souverain de l'univers, et le seul dépositaire des connaissances humaines, Barthélemy, Anach. ch. 82. L'aspect du souverain porte grâce au coupable, P. Lebrun, Marie, II, 2.

    Petit souverain, prince qui a une domination peu étendue, et même subordonnée à un autre.

    Souveraine se dit d'une femme dans le même sens que souverain. Les ordres qu'il a reçus de sa souveraine. Une grande reine, souveraine de trois royaumes, Bossuet, Reine d'Anglet.

  • 9 Fig. Il se dit de l'autorité exercée soit sur les objets inanimés, soit sur le cœur. Tant qu'ils [les hommes] ne sont qu'amants, nous sommes souveraines, Corneille, Poly. I, 3. Sultane et, ce qu'en vain j'ai cru trouver en toi, Souveraine d'un cœur qui n'eût aimé que moi, Racine, Bajaz. v, 4. Élie aux éléments parlant en souverain, Racine, Athal. I, 1.
  • 10Nom d'une monnaie d'or d'Angleterre, équivalant à 25 fr. 25 centimes ; en anglais sovereign.

    Demi-souverain, monnaie d'or d'Angleterre, qui vaut 10 schellings ou 12 fr. 60 c.

REMARQUE

Voltaire blâme souverain sur employé par Corneille dans Cinna [Il nous fait souverains sur leurs grandeurs suprêmes, III, 4], mettant en place souverain de, qui est en effet plus usité. Mais cette locution, en soi, n'a rien de vicieux.

HISTORIQUE

XIIe s. E li rois Antiochus aloit par les souveraines [supérieures] contrées, Machab. I, 6. À ton bel cors, à ta figure Bien convendroit tel aventure, Que tu fusses dame del mont [monde], Del souverain et del parfont, Adam, Mystère, p. 23. Dedenz el costé del sud fud l'entrée ; après terre a une vis [escalier] par unt l'um montad al estage meien, e d'iluc al suverain, Rois, p. 247. Aussi come en la mer est puissanz la baleine, Si est lor poestez en terre souveraine, Sax. XX. Saint iglise est espuse al soveraing Seignur, Th. le mart. 128.

XIIIe s. [L'homme] Entendre doit al souvrain bien ; Li souvrains biens c'est Dex lassus, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 8. Et il virent le lonc et le lé de la vile qui de toutes autres estoit soveraine, Villehardouin, LXI. Mais Diex qui est donneres de joie souveraine, Berte, L. [Elle] Tant fist que leens n'out [il n'y eut] nul souverain [maître] de li [d'elle], ib. LIX. En toz les liex que li rois n'est pas nommés, noz entendons de cix qui tienent en baronnie ; car cascuns barons est souvrains en se [sa] baronnie, Beaumanoir, XXXIV, 41. Et por ce que noz avons dit que sapience est le [la] sovraine vertus de toutes celes qui doivent estre en bailli, Beaumanoir, I, 4.

XIVe s. Mais quant. Diex fait à prinche une tel courtoisie, Que villes et chastiaux li met par son aïe, Et le fait souverain d'une chité garnie, Baud. de Seb. x, 357. Lothaire s'en retorna en la soveraine [supérieure] France, qui est le royaume d'Austrasie, Du Cange, supranus. Souverein prelat, l'evesque de Chartres, Du Cange, ib.

XVe s. Et donna encore [Édouard III] à Philippe de Chasteaux, son maistre escuyer et son souverain conseiller [de Jean de Hainaut] cent marcs. Froissart, I, I, 27. Et envoya dedans Tournay messire Godemar du Fay souverain capitaine et garde de tout le pays d'environ…, Froissart, I, I, 94. Se combattit vaillamment, assez près du roy, monseigneur de Chargny ; si estoit toute la presse sur luy, pour ce qu'il portoit la souveraine baniere du roy, Froissart, I, p. 194, dans LACURNE. À l'entrée du chastel, par dedans, a une grosse tour qui est maistresse et souveraine de la porte du chastel, Froissart, IV, p. 35. D'amour touché, Pour contempler sa beauté souveraine, Incontinent je m'en suis approché, Basselin, XVI. Il estoit si petitement en la grace des souverains de la feste, qu'ilz le laisserent aller en sa tente, pour ce qu'il estoit trop bonbancier en ses faitz, Perceforest, t. III, f° 141. Après l'esbatement de la jeune compaignie, j'entendis que la dame ancienne alla dire à sa souveraine : Madame, gardez que le serain ne vous griefve huimais, ib. t. II, f° 77. Ce jour là furent maintes nopces faictes ; mais les souveraines furent de Lyonnel, ib. t. IV, f° 158.

XVIe s. Ce prince [Alexandre] est le souverain patron des actes hazardeux, Montaigne, I, 133. L'autorité du gouverneur doibt estre souveraine sur lui [le jeune homme], Montaigne, I, 165. Cette souveraine et maistresse amitié, Montaigne, I, 215. Un souverain remede, Montaigne, II, 32. C'est la perle de prix, c'est le souv'rain bonheur, Ronsard, 905. Voilà comme d'un mot de souverain qui s'employoit communement à tous ceux qui tenoient les premieres dignités de la France, mais non absolument, nous l'avons avec le temps accommodé au premier de tous les premiers, je veux dire au roy, Pasquier, Rech. VIII, p. 688, dans LACURNE.

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Étymologie de « souverain »

Bourg. sôverain ; ital. sovrano ; du bas-lat. superanus, qui vient du lat. super, sur, au-dessus.

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(Siècle à préciser) De l’ancien français soverain, issu, comme l’italien sovrano du bas latin *supera dérivé de super ou *supra.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « souverain »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
souverain suvrɛ̃

Fréquence d'apparition du mot « souverain » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « souverain »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « souverain »

  • Le bourreau et le souverain forment un couple. Ils assurent de concert la cohésion de la société.
    Roger Caillois — Instincts et société
  • Un plébiscite est un vote populaire destiné à bien établir l'autorité du souverain.
    Ambrose Bierce — Le dictionnaire du diable
  • La volonté du souverain est le souverain lui-même.
    Montesquieu
  • Le droit est le souverain du monde.
    Mirabeau
  • La parole est au peuple. La parole du peuple, c’est la parole du souverain.
    Charles de Gaulle — Discours - 25 août 1944
  • Les enchaînés voient s'ouvrir devant eux un monde imaginaire mais souverain : l'humour.
    Hermann Hesse — Le loup des steppes
  • Quel est le souverain remède contre la faiblesse ? L'effort.
    Andrée Maillet — Les Remparts de Québec
  • L’or est le souverain des souverains.
    Antoine de Rivarol — L’esprit de Rivarol
  • L'absence des médecins est un souverain remède.
    Charles Dufresny — Amusements sérieux et comiques
  • Le sommeil est le fleuve souverain de la vie et le rêve ses alluvions !
    Pierre Billon — Le Livre de Seul
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Traductions du mot « souverain »

Langue Traduction
Anglais sovereign
Espagnol soberano
Italien sovrano
Allemand souverän
Chinois 君主
Arabe ذو سيادة
Portugais soberano
Russe суверенная
Japonais ソブリン
Basque subirano
Corse sovranu
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Synonymes de « souverain »

Source : synonymes de souverain sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « souverain »

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Souverain

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