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Souffle

Variantes Singulier Pluriel
Masculin souffle souffles

Définitions de « souffle »

Trésor de la Langue Française informatisé

SOUFFLE, subst. masc.

I. − [À propos d'un être animé]
A. − Déplacement d'air produit en expirant volontairement avec une certaine force; air expulsé. Éteindre avec le souffle, d'un souffle une bougie, une chandelle; ranimer le feu avec son souffle. Mon souffle anime une flûte gracile Dont le joueur léger me serait indulgent (Valéry,Alb. vers anc., 1900, p. 83).Les champs de mon enfance, quand (...) je défaisais au souffle de mes jeunes lèvres les bulles des pissenlits (Jammes,Mém., 1923, p. 211).
[P. allus. aux Écritures]
[P. allus. à la création de l'homme] Souffle créateur, souffle de vie. Souffle par lequel Dieu a animé le premier homme. Dieu a mis en l'homme le souffle de vie de manière à faire de lui un être animé et vivant, dit la Genèse, 2 (Marcel1938).
[P. allus. à la puissance de l'Esprit de Dieu qui s'exprime sans cesse par son souffle, source de vie ou de mort, etc.] Synon. esprit (de Dieu).Le méchant qui a levé sa main contre Dieu, qui a bravé le tout-puissant (...) Dieu le fera périr par le souffle de sa bouche (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 982).La puissance du démon est énorme et sa subtilité extraordinaire, mais d'un souffle Dieu renverse tout cela (Green,Journal, 1955, p. 145).V. esprit 1reSection I B 1 ex. de Michelet.Souffle divin, vital; souffle de Dieu; souffle de vie. Souffle par lequel Dieu anime les êtres vivants et exprime sa puissance. Si nous ne sommes que chair, comme l'animal, cette chair fut-elle animée par le souffle vital − comme elle l'est du reste chez l'animal − la santé, le bon équilibre fonctionnel des organes est le bien suprême (Biot,Pol. santé publ., 1933, p. 33).Dieu qui donne le souffle de vie, le retire à volonté (Foit. 11968).Au fig. [À propos d'une chose qui traduit la puissance de Dieu, qui est sa volonté] Ce fluide qui, zéphyr au printemps, ou plutôt souffle divin, prodigue la fécondité sur la terre, dans les airs et sous les eaux, appelle du néant et fait éclore les germes et les principes de la vie et de la végétation (Crèvecœur,Voyage, t. 2, 1801, p. 365).
[Le souffle en tant que manifestation de l'Esprit] On croyait le recevoir [l'Esprit-Saint] sous la forme d'un souffle mystérieux qui passait sur l'assistance. Plusieurs se figuraient que c'était le souffle de Jésus lui-même (Renan,Apôtres, 1866, p. 60).
P. anal.
[Le mal, les catastrophes terrestres étant attribuées au démon; p. oppos. au souffle gén. bienfaiteur de Dieu] Souffle de Satan. Dis-moi donc [Océan] si tu es la demeure du prince des ténèbres. (...) et si le souffle de Satan crée les tempêtes qui soulèvent tes eaux salées jusqu'aux nuages (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p. 142).
COUTUMES, MAGIE, SORCELLERIE. [Le souffle étant utilisé comme moyen d'obtenir qqc., de jeter ou de conjurer un sort, etc.] Souffle bienfaiteur, malfaisant des fées, des sorciers; souffle ensorceleur:
1. Lorqu'un enfant naît [en pays canaque], on envoie à l'oncle maternel une belle monnaie; celui-ci, en retour, fait cadeau d'une petite monnaie et se rend aussitôt auprès du nouveau-né pour lui donner la respiration en lui soufflant dans l'oreille. Si, plus tard, le neveu meurt, l'oncle reçoit une nouvelle monnaie (...) elle symbolise « la respiration du défunt », le souffle donné par l'oncle à la naissance. Hist. sc., 1957, p. 1496.
P. hyperb.
On le renverserait d'un souffle, expr. fam. [À propos d'une pers. qui est très faible, qui manque de force, de résistance] Il est si faible qu'on le renverserait d'un souffle (Ac.1935).Au fig. [À propos d'un inanimé abstr. que l'on peut facilement détruire] Cette objection, ce système, cette intrigue peuvent être renversés d'un souffle (Ac.1835, 1878).
Balayer qqc. d'un souffle, loc. adv. ou verb. Balayer quelque chose très facilement. N'ai-je pas sous mes sandales l'effigie des peuples vaincus? D'un souffle je balayerai, quand je voudrai, toute cette engeance hébraïque, et nous verrons si leur dieu saura les protéger! (Gautier,Rom. momie, 1858, p. 326).
Au fig., littér. Ne tenir* qu'à un souffle, loc. verb.
[Le souffle étant producteur de la voix ou d'un son] En réalité, la voix n'est autre chose que du souffle rendu sonore par des attitudes spéciales du larynx (Arger,Init. art chant, 1924, p. 98).Chaque voyelle obéit à une disposition articulatoire buccale, de beaucoup prépondérante sur la forme qu'offre le larynx au passage du souffle expulsé des poumons (Arts et litt., 1935, p. 50-3).
[À propos d'un son] Être sur le souffle, loc. verb. L'attaque du son est douce ou sur le souffle, quand les cordes vocales vibrent sur un début d'expiration (Arts et litt., 1935, p. 36-6).
Absol. Fait ou capacité de souffler fort, longtemps. Avoir, manquer de souffle. Par des sons « filés », c'est-à-dire d'assez longue durée et allant du piano au forte et inversement, ils [les professeurs] habituent les enfants à mesurer et à économiser leur souffle (Enseign. mus., 1, 1950, p. 16).
À plein souffle, loc. adv. À plein poumons; en expirant très fort. Je me mis à jouer de la flûte, d'abord doucement, puis à plein souffle (Duhamel,Confess. min., 1920, p. 151).
B. − Air que l'on exhale naturellement en respirant; expiration naturelle de l'air inspiré; p. méton., haleine. Souffle de la respiration; souffle agréable, fétide; sentir le souffle de qqn. Il a les lèvres épaisses, la figure commune, le souffle malsain (Renard,Journal, 1901, p. 649).Entre le souffle de l'âne et celui du bœuf, sur la paille, naissent l'espérance, la possibilité d'un univers pur (Arnoux,Calendr. Fl., 1946, p. 306).
À portée de souffle, loc. adv. Très près. Le front brûlé (...), la main attentive de Jos-Mari se tendaient d'en haut vers sa protégée, à portée de souffle (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 165).
[Le souffle en tant qu'élément et manifestation de la vie]
Le souffle de la vie, le souffle vital. Le médecin présenta un miroir et une lumière à la bouche de l'étrangère: le miroir ne fut point terni du souffle de la vie et la lumière resta immobile. Tout était fini (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 112).
Littér. Tant qu'il nous restera un souffle de vie (...) nous combattrons, nous, ces tendances dégradantes (L. Blanc,Organ. trav., 1845, p. 239).Le dernier souffle. La dernière expiration, la dernière manifestation de la vie. Synon. le dernier soupir*.Le dernier souffle d'un agonisant, d'un moribond, d'un mourant; exhaler, rendre le dernier souffle; recueillir le dernier souffle de qqn. Quand le dernier souffle eut enlevé son âme, Mon cœur mourut en moi comme un fruit que la femme Porte mort et froid dans ses flancs! (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 140).Sulphart reçut sur ses lèvres le dernier souffle du moribond, un geignement horrible, comme s'il avait vraiment rendu sa vie dans ce dernier hoquet (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 289).V. exhaler ex. 7.Jusqu'au dernier souffle, loc. adv. Jusqu'à la mort, jusqu'à la fin. Vieillards mettant leur souverain bien dans l'étude talmudique jusqu'au dernier souffle (Weill,Judaïsme, 1931, p. 187).
N'avoir que le souffle loc. verb., fam., vx. [Le suj. désigne une pers.] Être très faible, avoir peu d'énergie. Ma femme me trompait (...) et personne n'osait le dire (...) Eh bien, Gargaret a eu ce courage, il me l'a dit, lui! (...) Au premier mot, je lui réponds: « Es-tu bête? ma femme, une nature frêle, maigre, qui n'a que le souffle (...) » (Labiche,Doit-on le dire?1873, i, 11, p. 27).
C. − P. méton.
1. Respiration (comprenant l'inspiration et l'expiration). Synon. haleine.Souffle haletant, léger, pénible, régulier, ronflant, saccadé. La sueur au front, le souffle oppressé et douloureux, il tira son mouchoir et s'épongea la figure (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p. 903).Son cœur bat, son souffle s'accélère (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p. 55).
Loc. verb.
Retenir, suspendre son souffle. Maîtriser ou arrêter momentanément sa respiration pour mieux écouter ou ne pas faire de bruit. Il était comme un homme qui retient son souffle et craint de respirer, de peur que l'illusion ne cesse (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1551).Parfois il suspendait son souffle pour écouter la respiration de la douce poitrine, où la vie semblait s'être éteinte (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 261).[Involontairement, sous l'effet d'une émotion, d'une attente] Toute cette salle, hier soir, captivée, retenant son souffle (...) que cela paraît étrange si l'on songe à ce que signifie ce Soulier de Satin (Mauriac,Nouv. Bloc-Notes, 1958, p. 144).
Couper le souffle (fam.). [Surtout avec pron. antéposé] Interrompre la respiration régulière; au fig., étonner vivement, stupéfier. C'est à vous couper le souffle. L'ébahissement lui coupa le souffle (Courteline,Train 8 h. 47, 1888, p. 33).Relu les Contes Cruels de Villiers de l'Isle-Adam. Bloy s'y retrouve, le fignolage de la phrase violente, l'effet subit, la fin qui vous coupe le souffle (Green,Journal, 1952, p. 153).Coupe-souffle. [En appos. avec valeur d'adj., rare] Étonnant, inquiétant. Faisons, douloureusement, un choix parmi cent visions coupe-souffle (L'Express, 9 août 1976, p. 15, col. 1).Au passif. (En) avoir le souffle coupé. Avoir la respiration momentanément arrêtée sous l'effet d'un phénomène physique ou psychologique (vive émotion); au fig., être vivement étonné, stupéfait. Il y avait une telle certitude dans sa voix que j'en eus le souffle coupé (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 329).Elles rendent [ces machines à vertige] des êtres blêmes, chancelants, à la limite de la nausée. Ils viennent de pousser des hurlements d'effroi, ils ont eu le souffle coupé et ont ressenti l'affreuse impression qu'à l'intérieur d'eux-mêmes, jusqu'à leurs organes avaient peur et se faisaient petits comme pour échapper à un horrible assaut (Jeux et sports, 1967, p. 172).
2. P. méton.
a) Bruit fait en respirant. Écouter le souffle de qqn. On entendait le souffle du cheval dans les brancards, avec un cri d'oiseau très faible, répété (Flaub.,Éduc. sent., 1869, p. 157).
b) P. ext., vieilli, littér. Bruit de voix diffuses et imperceptibles. Un grand souffle désespéré monta du boulevard et gonfla le rideau. − À Berlin! À Berlin! (Zola,Nana, 1880, p. 1485).
Loc. adj. ou verb.
(Dire qqc.) dans un souffle. (Dire quelque chose) très doucement, très bas, d'une voix à peine audible. L'abbé répondait faiblement, un peu hagard, dans un souffle: « Dieu y pourvoira! » (Arnoux,Crimes innoc., 1952, p. 293).
Lâcher, laisser échapper un souffle de + subst. désignant un état d'esprit, un sentiment. Laisser échapper un léger sifflement exprimant notamment la peur, le dédain, la moquerie, le scepticisme ou une désapprobation agacée. Lui, absorbé, ne lâchant de loin en loin qu'un petit souffle de dédain, achevait silencieusement la bouteille de cognac (Zola,Nana, 1880, p. 1308).
c) En partic. Bonne capacité respiratoire permettant des efforts physiques soutenus et en partic. de souffler pendant longtemps; temps pendant lequel on peut rester sans respirer. Synon. haleine.Il faut du souffle pour jouer de la trompette. Le souffle lui manquait; elle dut ralentir un peu, porta la main à sa poitrine (Green,Journal, 1934, p. 256).
Locutions
α) [L'idée est celle de bonne capacité respiratoire] Loc. adj. et verb.
Avoir du souffle, loc. verb. Pouvoir soutenir de façon prolongée un effort physique; avoir de l'endurance. On jouera surtout au pied. Mais si vos avants ont du souffle, de l'entrain... (Aymé,Nain, 1934, p. 240).
(Être) en souffle, loc. adj. ou verb. (Être) en forme, (avoir une) respiration aisée, régulière. L'athlète surentraîné est moins « en souffle » (Féd. Franç. Athlétisme, Cahiers, 1939ds Petiot 1982).
Ne pas manquer de souffle (au fig., pop., fam.). Avoir de la hardiesse, de l'aplomb, du culot. Synon. fam. ne pas manquer d'air*.[Fifi:] On voulait seulement te dire un mot... Il manquait pas de souffle, le Fifi. J'ai dit: − Vous vouliez uniquement me refiler quelques valves dans le tronc (Simonin,Touchez pas au grisbi, 1953, p. 21).
β) [L'idée est celle d'une mauvaise capacité respiratoire]
À perte de souffle, loc. adv. Sans s'arrêter, interminablement; jusqu'à l'épuisement. Courir à perte de souffle. Au fig. Juifs askenazim ou sefardim (...) passent des siècles à commenter à perte de souffle bible et talmud, et à commenter leurs commentaires (Weill,Judaïsme, 1931, p. 32).
Loc. adj. ou verb.
(Être) à bout de souffle. (Être) haletant de fatigue; p. méton., (être) épuisé. Très pâle, les lèvres entr'ouvertes, il paraissait à bout de souffle, comme s'il avait reçu au cœur un coup violent (Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p. 111).Nous nous mîmes à courir à en perdre haleine. (...) nous arrêtâmes à bout de souffle dans la grande allée des cyprès (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 130).P. anal. [En parlant d'un inanimé] (Être) à bout de souffle. (Être) en mauvais état, usé. Bagnole, stylo à bout de souffle. Ils louèrent (...) un local délabré et achetèrent un harmonium à bout de souffle (Enseign. mus., 2, 1950, p. 10).Au fig., fam. (Être) à bout de souffle. (Être) fatigué, épuisé. À peine ces renseignements fournis, il avait semblé que l'intérêt de la réunion fût épuisé et notre curiosité à bout de souffle (Estaunié,Appel route, 1921, p. 10).[Le plus souvent à propos d'une entreprise, d'une industrie ou d'industriels] L'économie capitaliste [en Allemagne] paraissait aux uns atteindre le comble de la puissance, tandis que d'autres − ou les mêmes − la voyaient à bout de souffle (Arts et litt., 1936, p. 48-5).
(Être) hors de souffle. (Être) essoufflé. Alors un énergumène convulsif, enroué, suant, hors de souffle, qui avait dévalé l'escalier quatre à quatre se précipita dans la salle (Arnoux,Roi, 1956, p. 273).
(Avoir) le souffle court; (être) à court de souffle (v. court1I B 6). Être essoufflé. Synon. (avoir la) courte haleine*, (être) à bout de souffle (supra), manquer de souffle (infra).À court de souffle et peu résistant par la voix, Karl Marx (...) a laissé à ses disciples la charge et la gloire de répandre ses idées par la parole (Wicart,Orateur, t. 2, 1936, p. 251).Verdâtre, les lèvres cireuses, les paupières plombées, le souffle saccadé et court (Camus,Peste, 1947, p. 1232).Au fig. [Le suj. désigne une activité humaine] Ne pas être en bon état, perdre de son dynamisme. Synon. s'essouffler.Les gouvernements sont obligés aussitôt de ralentir l'allure de l'économie, qui a le souffle court depuis que les marchés de capitaux ne fournissent plus les disponibilités nécessaires (Le Monde, 7 janv. 1968, p. 9, col. 5-6).
Loc. verb.
Ne pas/ne plus avoir de souffle. Être essoufflé. J'ai monté l'escalier quatre à quatre. Je n'ai plus de souffle (Cocteau,Parents, 1938, i, 3, p. 200).
Manquer de souffle. Être essoufflé; ne pas avoir assez d'endurance. Je crains de manquer de souffle au dernier moment pour cette dernière côte à gravir (Gide,Journal, 1944, p. 276).P. anal. [En parlant d'un inanimé] Mal fonctionner. Des ratés d'allumage et des toussotements sont perceptibles. Le moteur manque de souffle et fonctionne mal (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 352).
Perdre le souffle. Se fatiguer, peiner, s'essouffler après un effort physique. On convint que M. Roux réciterait son poème en accompagnant les deux professeurs (...) sur les Tournelles, dont la pente douce ne lui ferait pas perdre le souffle (France,Mannequin, 1897, p. 84).P. anal. [En parlant d'un inanimé] Fonctionner irrégulièrement, mal ou pas du tout; avoir des ratés. Sur une côte des plus rudes (...) l'autobus perdait le souffle et reculait (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 261).
γ) [L'idée est celle de reprendre sa respiration]
Loc. verb.
Prendre (son) souffle. Inspirer profondément avant un effort physique. Pour prendre souffle, il enflait son torse en poche de biniou, écrasant ses trois mentons entre sa mâchoire baissée et son thorax soulevé (Hamp,Marée, 1908, p. 23).Si l'escalier est long et raide, je prends mon souffle, et j'adopte un rythme qui ne serait pas celui d'un « cent mètres » (Ruyer,Cybern., 1954, p. 90).
Reprendre (son) souffle. Reprendre sa respiration, le plus souvent en marquant un temps de pause. Synon. reprendre haleine*, souffler.Je m'étais assis pour reprendre souffle (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 196).À l'occasion d'une colère, de pleurs, un enfant « se pâme » mais reprend vite son souffle (Quillet Méd.1965, p. 479).Au fig. Marquer un temps de pause pour rétablir une situation compromise. [Lénine] signe le traité de Brest-Litovsk sans − à peine − le lire. Il le considère en effet comme une simple paix de Tilsit, qui lui est nécessaire pour reprendre souffle (Billotte,Consid. strat., 1957, p. 40-02).
Trouver un nouveau souffle (au fig.). Trouver une nouvelle vitalité. Le Luxembourg a trouvé un nouveau souffle en faisant de sa capitale la rivale des havres fiscaux plus lointains (P. Uri,L'Europe se gaspille, 1973, p. 14).
Loc. subst. ou verb. [Le plus souvent empl. avec les verbes donner, prendre, trouver...] Deuxième souffle (rare), second souffle. Impression de soulagement et de retour d'un rythme respiratoire normal éprouvé après un effort physique intense. Sportif qui retrouve son second souffle. Le second souffle a plus d'importance en demi-fond que sur les distances de 800 à 1 500 mètres (Féd. Franç. Athlétisme, Les Courses, 1939ds Petiot 1982).Au fig. Deuxième souffle (rare), second souffle. Nouvelle période d'activité dans un domaine quelconque. Mais les Comités d'Expansion cherchent aussi à travers ce congrès un deuxième souffle (L'Express, 13 juin 1966, p. 63, col. 2).C'est l'administration bien souvent qui est « le demandeur » de réforme, puis qui en assure le « second souffle » (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 437).P. méton. et p. plaisant. [Appliqué aux pers. ayant atteint la quarantaine] Des réformes, des recettes déclinées pour tous les âges, pour les moins de seize ans, pour les adolescentes, pour les dix-neuf-trente-quatre ans, pour le « second souffle » jusqu'à cinquante-quatre ans (Le Nouvel Observateur, 7 juin 1976, p. 69, col. 2).
Au fig. Troisième souffle. Regain de vitalité après plusieurs périodes d'essoufflement, de difficultés. Pour se donner un troisième souffle, l'Afrique du Sud devra-t-elle donc abandonner la Namibie? (Le Nouvel Observateur, 3 mai 1976, p. 49, col. 1).
D. − Au fig. [Le souffle en tant qu'influence immatérielle qui inspire un créateur; à propos d'un artiste, d'un écrivain, d'un homme de science ou de son œuvre] Énergie créatrice, richesse d'inspiration. Le souffle du génie; le souffle d'un écrivain. [Meissonier] apparaît actuellement (...) comme (...) n'ayant jamais rien pensé de grand ou de profond, sans souffle, sans largeur, sans originalité (Mauclair,De Watteau à Whistler, 1905, p. 162).
Un souffle de + compl. désignant l'auteur, l'artiste ou le lieu que rappelle l'œuvre ou qui l'a inspirée.Il y a dans Berkeley comme un souffle de Malebranche, et Wolf est un écolier de Leibniz (Cousin,Hist. gén. philos., 1861, p. 525).
Locutions
Loc. subst. Manque de souffle. L'originalité commence à manquer; pour les meubles usuels, on se contente le plus souvent de recopier les formes de l'époque précédente. (...) mille tendances s'affrontent, se succèdent, se remplacent. Le manque de souffle a comme première conséquence le retour aux styles du passé (Viaux,Meuble Fr., 1962, p. 154).
Loc. verb.
Avoir du souffle. Avoir une inspiration riche et soutenue. Ces pages [de M. Zeller] sur César ont du souffle et sont d'un écrivain (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 9, 1865, p. 332).
Avoir le souffle divin (vieilli). [Albert] avait en lui le souffle divin, l'intelligence et l'amour du beau (Sand,Consuelo, t. 2, 1842-43, p. 26):
2. On peut lui trouver [à Chénier] même de l'élégance et de l'harmonie; ce qui lui manque, c'est le charme; il n'a point le souffle divin, mais c'est son frère qui l'avait bien éminemment; c'est celui-là qui était poète. Chénier a sûrement du talent, mais c'est un talent fait, un talent artificiel. Chênedollé,Journal, 1807, p. 20.
Manquer de souffle. Être à court d'imagination; manquer d'originalité, d'élan, de vie. MlleHenriette Sauret a publié, paraît-il, un volume intitulé: Je respire... (...) Il se peut que MlleHenriette Sauret respire. Elle manque en tout cas complètement de souffle (Léautaud,Théâtre M. Boissard, 1926, p. 226).
II. − [À propos d'un inanimé]
A. − Mouvement de l'air.
1. Littéraire
a)
α) Mouvement naturel de l'air dans l'atmosphère, vent. Synon. bouffée, courant, rafale.Souffle furieux, glacial, violent; souffle de vent; souffle de la bise, de l'orage, du zéphir. Un grand souffle me passa sur le visage. Le vent s'élevait! (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Épave, 1886, p. 724).La touche picturale [dans les tableaux de Van Gogh] tournoyant à la manière dont la pluie d'un orage suit les souffles qui la happent, accentue la danse frénétique des éléments (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 91).
Au fig. Mouvement, manifestation, poussée. Être renversé par le souffle de l'adversité. L'expérience faite dans la Mitidja n'a que trop prouvé l'impossibilité de protéger la colonisation par fermes isolées, (...). Elle a disparu au premier souffle de guerre (H. Bugeaud, 1841ds Doc. hist. contemp., p. 183).
β) Faible agitation de l'air; vent léger et agréable. Synon. brise, haleine, zéphir.Souffle chaud, frais, léger, tiède; petit souffle. Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle; Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala (Hugo, Légende, 1859, p. 86).Le cheval était bien toujours là, tendant le cou vers les souffles frais de la Meuse (Zola,Débâcle, 1892, p. 450).
b) P. méton. Odeur, vapeur qui s'exhale d'un lieu. Synon. bouffée, exhalaison.Souffle agréable, léger, parfumé; souffle des champs, des pelouses. Et c'étaient les violettes qui revenaient toujours (...) une mer de violettes (...) les accompagnant du souffle de leurs fleurs (Zola,Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1348).Au sortir de Putney, le souffle des pelouses et des espaces champêtres les reçut [des voyageurs] dans sa délicate odeur humide (Larbaud,Amants, 1923, p. 37).
c) Au fig.
α) Manifestation subtile de quelque chose. Synon. bouffée, vent.Un souffle de bonté traversait ce film russe [Okraïna] mis en scène par Boris Barnett avec une sorte de ferveur dans la simplicité (Arts et litt., 1936, p. 34-5).
β) Mouvement d'exaltation, d'inspiration profonde. Synon. vent.Les postes de garde furent renforcés et ces tentatives cessèrent assez rapidement. Elles suffirent, cependant, pour faire lever dans la ville un souffle de révolution qui provoqua quelques scènes de violence (Camus,Peste, 1947, p. 1356).La semaine dernière, les ouvriers des Chaussures Lusso, à Romans, ont occupé leur usine pendant cinq jours. On a senti, en novembre, passer le souffle de mai. Ce n'est pas encore la tempête (L'Express, 11-17 nov. 1968, p. 53, col. 3).
2. Mouvement de l'air produit par une machine ou dû à une cause autre qu'atmosphérique. Souffle d'un brasier, d'un compresseur, d'une hélice, d'un réacteur, d'une soufflerie, d'un soufflet, d'un ventilateur. L'éclaboussement des étincelles, le rayonnement, le souffle de la forge et du feu (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 142).
P. ext. Mouvement de l'air provoqué par le déplacement d'un objet. Souffle d'un éventail. Le souffle de cette porte que j'ai ouverte, un soir, devait éteindre à jamais mon bonheur, comme il aurait éteint une lampe débile (Maeterl.,Trésor humbles, 1896, p. 190).
En partic. Violent déplacement d'air produit par une explosion. Souffle des explosions, des déflagrations; effet de souffle d'une bombe, d'un canon, d'un explosif, d'un obus. L'éclatement [des obus explosifs] provoque dans l'air un ébranlement intense, connu sous le nom de souffle du projectile (Paloque,Artill., 1909, p. 122).L'effet de souffle atomique se distingue nettement de l'effet de souffle des explosifs classiques non seulement par sa puissance propre mais par sa nature (Billotte,Consid. strat., 1957, p. 40-16).
B. − Bruit.
1. Littér. [À propos d'une chose concr., le plus souvent d'un mécanisme ou d'un instrument de mus.] Bruit régulier qui rappelle celui de la respiration. On entendait le souffle huilé de l'ascenseur qui descendait (Butor,Passage Milan, 1954, p. 11).L'on n'entendit que (...) le souffle d'un petit train lointain (Colette,Pays. et portr., 1954, p. 76).
Loc. adj., fam. À bout de souffle. Au son inharmonieux, discordant; p. méton., en mauvais état, usé; qui fonctionne mal. Un ronflement d'obus à bout de souffle nous courba tous (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 265).
2. Spécialement
a) MÉD., PATHOL. Bruit normal ou pathologique de l'appareil respiratoire ou circulatoire perçu à l'auscultation, et qui ressemble au bruit d'une colonne d'air (ou de liquide) dans un conduit. Souffle respiratoire; souffle aortique, anorganique, cavitaire, cardiaque, cardio-pulmonaire, diastolique, mitral, placentaire, systolique, utérin, vasculaire; avoir un souffle au cœur; souffle au cœur. La respiration soufflante devient un souffle doux, puis un souffle intense, sans atteindre encore au souffle tubaire (Cadet de Gassicourt,Mal. enf., t. 1, 1880, p. 207).À l'auscultation, on perçoit un fort bruit de souffle, retentissant jusque dans les parties saines, lors de « pleurésie sèche », ou affaibli et voilé si l'épanchement est abondant (Nocard, Leclainche,Mal. microb. animaux, 1896, p. 235).
b) ÉLECTRO-ACOUST. Ensemble de bruits parasites internes émis par un haut-parleur que l'on perçoit surtout durant les intervalles d'une transmission et qui a pour origine l'agitation thermique des atomes. Synon. bruit* de fond.La platine magnétophone à cassette est équipée du système Dolby. Ce système, réducteur de bruit, fait disparaître le « souffle » de la bande souvent perceptible à bas niveau sonore, à l'enregistrement comme à la lecture (Le Point, 5 déc. 1977, p. 131, col. 2).
c) PHONÉT. Bruit continu qui accompagne l'articulation des consonnes dites aspirées. La plupart des observateurs (...) ont été induits en erreur par le souffle sourd plus ou moins long qui, dans ces langues (germaniques), sépare une occlusive sourde de la liquide qui vient après (Grammont1950, p. 74).
Prononc. et Orth.: [sufl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 « mouvement de l'air que l'on produit en expirant avec une certaine force » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, C.F.M.A., 7712: sofle); 2. a) α) 1553 « respiration, expiration de l'air inspiré » (Bible, impr. J. Gerard, Eccl., 28, 14 d'apr. FEW t. 12, p. 408b); β) 1636 dernier souffle (Monet); b) α) 1846 manquer de souffle fig. (Cousin, Hist. philos. mod., t. 4, p. 28); β) 1885 le souffle coupé par fig. (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, p. 1040); γ) à bout de souffle 1887 « épuisé » (Zola, Terre, p. 504); 1960 au fig. (Godard, A bout de souffle [titre de film]); δ) 1910 avoir du souffle « être hardi » (d'apr. Esn. 1966); c) second souffle α) 1907 sports (L'Auto, 5 mai ds Petiot 1982); β) 1964 au fig. en style journalistique (Rob.); 3. a) 1562 « inspiration » (Bonivard, Amartigenée, p. 78 ds Littré); b) 1671 « force qui anime, inspire » (La Fontaine, Le Songe de Vaux ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 257). B. 1. 1604 « mouvement naturel de l'air » (Montchrestien, Hector ds les Tragédies, éd. Petit de Julleville, p. 32 ds IGLF); 2. a) 1636 « air déplacé (par une différence de pression) » (Monet: souffle du canon); b) 1909 « déplacement d'air produit par une explosion » (Paloque, loc. cit.); 3. méd. a) 1833 souffle (Journ. de méd. et de chir. pratiques, IV, p. 390 ds Quem. DDL t. 8); b) 1837 bruit de souffle (A. Raciborski, Précis pratique et raisonné du diagnostic, pp. 775-6, ibid.); 4. 1949 phys. (Nouv. Lar. ill.). Déverbal de souffler*. Fréq. abs. littér.: 5 551. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 745, b) 9 216; xxes.: a) 10 333, b) 7 547. Bbg. Mudimbe (V. Y.). Air: ét. sém. Wien, 1979, pp. 447-448.

Wiktionnaire

Nom commun - français

souffle \sufl\ masculin

  1. Poussée d'air provoquée par les voies respiratoires d'un être qui respire.
    • Un souffle puissant.
    • (Par hyperbole)Il est si faible qu’on le renverserait d’un souffle.
  2. (Par extension) Simple respiration.
    • Ils dormaient toujours ; j’entendais leur souffle fort et régulier, près de moi... — (Octave Mirbeau, Le colporteur,)
    • Une poignée de grêlons lui flagella la face et il resta un moment à bout de souffle et presque sans connaissance. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 251 de l’édition de 1921)
    • Retenir son souffle. — Manquer de souffle.
    • Perdre le souffle. — Reprendre son souffle.
  3. (Par extension) Agitation de l’air.
    • Sans cesse sur le pont, ajustant les écoutes de mes voiles pour en obtenir le meilleur rendement, utilisant chaque souffle de vent, j'avais réussi à conserver la vitesse d'à peu près un nœud. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Le souffle impétueux des vents. — Le souffle léger des zéphyrs.
  4. (Par extension) Mouvement d’un gaz.
    • Est-il possible qu'une riante et saine commune de France ait pu ainsi, en pleine paix, se trouver frappée à mort, délaissée comme une maremme aux souffles empoisonnés? — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  5. (Par extension) Mouvement extrêmement violent de l'air dû à la propagation d'une surpression engendrée par une explosion.
    • Les destructions des infrastructures furent principalement dues à l’explosion, ainsi qu’au souffle qui la suivit. — (Barthélémy Courmont, Pourquoi Hiroshima: la décision d’utiliser la bombe atomique, Éditions L'Harmattan, 2007)
    • Le souffle d’une explosion me désarma, me coupant quelques doigts et mettant en charpie mon uniforme. — (Lambertus Ntisoni, J’ai traversé des fleuves de sang, L’Harmattan, 2007)
  6. (Figuré) Ce qui, chez l'auteur, donne du sentiment à une œuvre.
    • Wind Waker. Objectivement, il est bien moins innovant qu’Ocarina of Time et Majora’s Mask, mais il est le premier à prendre la forme d’un monde ouvert en 3D, il est traversé par un souffle lyrique et marin d’une rare cohérence, sa direction artistique légère et ensoleillée est un choix artistique radical alors que les années 2000 se sont imposées comme celles des univers gris. — (William Audureau, Corentin Lamy, « Ocarina of Time » est « un des inventeurs du jeu vidéo moderne », Le Monde. Mis en ligne le 21 novembre 2018)
  7. (Figuré) Inspiration, influence.
    • Mais Mirabeau était réellement l’âme de la Constituante. […] ; le souffle qui animait ses discours faisant de ce tribun le véritable souverain de la Chambre. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Le poète semblait être animé d’un souffle divin.
    • Le souffle empoisonné de la haine, de l’envie, de la calomnie.
  8. (Religion) Principe de vie précédant la création des êtres vivants matériels.
    • Du côté du judaïsme et du christianisme, on apprend que bien avant que ne soient créés l'homme et la femme, le Souffle planait déjà au-dessus des eaux. [...] Les religions orientales – hindouisme et taoïsme en particulier – enseignent qu'avant même que ne soient créés le ciel et la terre, l'unique réalité existante était le souffle primordial. Le souffle apparaît ainsi être le principe de toutes réalités. [...] Les ryah, nephech et neshama hébreux, les pneuma et noos grecs, les spiritus et anima latins, le prana hindouiste, le qi taoïste, l'Esprit chrétien. Tous ces termes portent, comme le mot « souffle » en français, cette ambivalence entre une réalité physiologique et un sens figuré immatériel. — (Jean-Guilhem Xerri, La vie profonde, éditions du Cerf, Paris, 2021, pages 203-204)
  9. (Médecine) Bruit d’une turbulence de la circulation sanguine.
    • Un souffle au cœur.
  10. (Électronique) Bruit parasite audible dans des haut-parleurs.
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Littré (1872-1877)

SOUFFLE (sou-fl') s. m.
  • 1Agitation de l'air causée par le vent. Il ne fait pas un souffle de vent. D'un souffle l'aquilon écarte les nuages, Racine, Esth. III, 3. Comme le fruit en naissant arraché, Ou qu'un souffle ennemi dans sa fleur a séché, Racine, Athal. I, 2. Que dis-je ? hélas ! oui, la terre s'éveille, Belle et parée au souffle du printemps, Béranger, Malade.

    Fig. Hélas ! l'homme ne peut dire, en naissant, quel coin de l'univers gardera ses cendres, ni de quel côté le souffle de l'adversité les portera, Chateaubriand, Gén. I, V, 17.

  • 2Vent que l'on fait en poussant de l'air par la bouche. Quelques restes de feu sous la cendre épandus D'un souffle haletant par Baucis s'allumèrent, La Fontaine, Phil. et Bauc. Son souffle [d'un sanglier] se faisait entendre de loin comme le bruit sourd des vents séditieux, Fénelon, Tél. XXIII.

    Par exagération. Il est si faible, qu'on le renverserait d'un souffle, du moindre souffle.

    Fig. et familièrement. Cette objection, ce système, cette intrigue peuvent être renversés d'un souffle, ils sont très faciles à détruire.

    Fig. Ne tenir qu'à un souffle, être de peu de durée, de consistance. La vie, le bonheur, l'infortune tiennent à un souffle, Chateaubriand, Pensées.

    Le souffle créateur, le souffle par lequel Dieu anima le premier homme. Ton souffle créateur s'est abaissé sur moi, Lamartine, Méd. I, 2.

    Souffle dans un instrument de musique. Tout ce que j'aurais souhaité, c'est de te mener tout doucement jusqu'au temps où ton souffle saura se donner sans effort, Georges Sand, Maîtres sonneurs, 15e veillée.

  • 3Air exhalé par la respiration. Les pharisiens superstitieux, en revenant du marché où ils rencontraient tant de gentils et tant de publicains, dont ils croyaient que l'approche et le souffle même, pour ainsi dire, les souillait…, Bossuet, Déf. trad. comm. I, 1. La frayeur de la mort [dans une peste] ne lui fit point abandonner sa maison ; elle voulut assister ce frère mourant, sans craindre ces souffles mortels qui portent le poison dans les cœurs, Fléchier, Mme de Mont. Mes esclaves que j'appelle refusent maintenant de m'approcher ; et mon souffle même est devenu une infection, et un souffle de mort pour mes enfants et pour mes proches, Massillon, Avent, Mort du péch. Le meurtrier du roi respire en ces États, Et de son souffle impur infecte vos climats, Voltaire, Œdipe, I, 3. Et les roses, nos sœurs, se disputent entre elles Mon souffle de parfums et mon corps de rayons [d'un sylphe], Hugo, Ball. 2.
  • 4La simple respiration. Retenir son souffle. Reprendre son souffle. Avec quel souffle pur je l'entends qui respire ! Ducis, Othello, V, 4.

    Ménager son souffle, ménager sa respiration.

    Manque de souffle, manque d'une respiration qui tienne, qui se prolonge.

    Fig. Manque de souffle, se dit d'un écrivain qui n'a pas la force de développer son sujet.

    Cet homme n'a qu'un souffle de vie, il n'a que le souffle, il est très faible. Je n'ai plus qu'un souffle de vie ; je l'emploierai à vous invoquer en mourant…, Voltaire, Lett. à Catherine II, 31 juill. 1772.

    Il n'a plus que le souffle, il est agonisant.

    Le souffle de la vie, la vie même. Le souffle de ma vie est à Marianne ; elle peut d'un mot l'anéantir ou l'embraser, Musset, Capr. de Mar. I, 1.

  • 5 Terme de médecine. Bruits de souffle, bruits anomaux qui se produisent dans les cavités du cœur, dans les artères et parfois dans les veines.

    Bruit de souffle continu, bruit semblable au bruit qu'on entend quand on approche de son oreille un gros coquillage univalve ; il se fait entendre aux vaisseaux du cou, surtout dans les affections anémiques.

    Souffle placentaire ou souffle utérin, souffle doux, tantôt sonore et grave, tantôt aigu, synchronique au pouls de la mère, entendu ordinairement vers les régions inguinales, à dater du quatrième mois de la grossesse, et dû au passage du sang maternel dans les artères utérines.

    Souffle bronchique, bruit des bronches que perçoit l'oreille appliquée sur la poitrine.

    Souffle amphorique, celui qui résonne comme si l'on soufflait dans une amphore. Le souffle amphorique est fréquent dans les épanchements pleurétiques de forme chronique ou latente.

    Bruit de souffle, se dit aussi du bruit entendu dans la pneumonie au troisième degré.

  • 6 Fig. Inspiration, influence, en bonne ou en mauvaise part. Le souffle malfaisant de la haine, de l'envie. Impatient du dieu dont le souffle invincible Agite tous ses sens [de la pythie], Rousseau J.-B. Ode au comte du Luc. Elle avait dérobé cette rose naissante Au souffle empoisonné d'un monde dangereux, Voltaire, l'Éducat. d'une fille.

HISTORIQUE

XVIe s. Ainsi m'est advenu en ceste entreprise [mettre en vers latins la doctrine du péché] ; car le souffle m'est failly à my chemin, Bonivard, Amartigenée, p. 78.

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Étymologie de « souffle »

Déverbal de souffler.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Voy. SOUFFLER.

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Phonétique du mot « souffle »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
souffle sufl

Fréquence d'apparition du mot « souffle » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « souffle »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « souffle »

  • Femme nue, femme noireVêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux.Et voilà qu’au cœur de l’Été et de Midi, je te découvre Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle.Femme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTam-tam sculpté, tam-tam tendu qui grondes sous les doigts du VainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.Femme nue, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peauDélices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’ÉternelAvant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor —  Chants d’ombre
  • Cependant, les fortes chaleurs étaient venues. Une après-midi de juin, un samedi que l’ouvrage pressait, Gervaise avait elle-même bourré de coke la mécanique, autour de laquelle dix fers chauffaient, dans le ronflement du tuyau. […] On avait laissé ouverte la porte de la rue, mais pas un souffle de vent ne venait ; les pièces qui séchaient en l’air, pendues aux fils de laiton, fumaient, étaient raides comme des copeaux en moins de trois quarts d’heure.
    Emile Zola — L’Assommoir
  • Masques ! O Masques !Masque noir masque rouge, vous masques blanc-et-noirMasques aux quatre points où souffle l’EspritJe vous salue dans le silence !Et pas toi le dernier, Ancêtre à tête de lion. Vous gardez ce lieu forclos à tout rire de femme, à tout sourire qui se fane, Vous distillez cet air d’éternité où je respire l’air de mes Pères.Masques aux visages sans masque, dépouillés de toute fossette comme de toute rideQui avez composé ce portrait, ce visage mien penché sur l’autel de papier blanc A votre image, écoutez-moi !Voici que meurt l’Afrique des empires – c’est l’agonie d’une princesse pitoyable Et aussi l’Europe à qui nous sommes liés par le nombril. […]
    Léopold Sédar Senghor — « Masques »
  • Femme nue, femme noireVétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beautéJ’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeuxEt voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigleFemme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’AiméeFemme noire, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rongent ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’EternelAvant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor — « Femme noire »
  • A vouloir gagner des éloges, on perd son souffle.
    Proverbe vietnamien
  • Il faut faire tourner le moulin lorsque le vent souffle.
    Proverbe français
  • L’aventure est dans chaque souffle de vent.
    Charles Lindbergh — The Spirit of St Louis
  • Le vent souffle toujours dans le sens des aiguilles d’une montre.
    Thierry Roland
  • La vie est un souffle énigmatique et ce qui en résulte ne peut être qu'un souffle énigmatique.
    Jean Arp
  • Le destin souffle sans soufflet de forge.
    Proverbe africain
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Traductions du mot « souffle »

Langue Traduction
Anglais breath
Espagnol respiración
Italien respiro
Allemand atem
Chinois 呼吸
Arabe نفس
Portugais respiração
Russe дыхание
Japonais 呼吸
Basque arnasa
Corse fiatu
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Synonymes de « souffle »

Source : synonymes de souffle sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot souffle au scrabble : 13 points

Souffle

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