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Sonner

Définitions de « sonner »

Trésor de la Langue Française informatisé

SONNER, verbe

A. − Empl. intrans.
1. Qqc. sonne
a)
α) Vx. [Le suj. désigne un instrument de mus.] Produire le son qui lui est propre, une suite de sons musicaux. La corde sonne à la quinte au dessus (D'Indy,Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 97).
β) En partic. [Le suj. désigne un instrument à vent, un cuivre] Produire le son qui lui est propre. Le cor, la trompe sonne. Bientôt les Anglais s'avancèrent en bel ordre, jetant d'horribles clameurs, et faisant sonner leurs clairons et leurs trompettes (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 73).Dans la plaine du triage, noir de wagons, les cornes de manœuvre sonnaient sans cesse (Hamp,Marée, 1908, p. 41).
b)
α) [Le suj. désigne une matière, un corps sonore, un objet ou un lieu] Produire un son en vibrant, retentir sous l'effet d'une percussion, d'un choc, d'une vibration. Synon. résonner, tinter.Pieds, talons, pas qui sonnent sur le pavé. Parmi les sentiers et les routes sonnaient des fers de chevaux et des roues de charrettes (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 135).Il la fit sonner d'un coup de doigt [la soupière] (Flaub.,Bouvard, t. 1, 1880, p. 118).V. bois ex. 1 et bourrée2ex. de Pourrat.
[P. méton.; le suj. désigne un son, un bruit] Un tintement de pluie à la vitre fêlée Fait sonner doucement le timbre de cristal Du verre (Régnier,Sites, 1887, p. 136).Dans le couloir de souterrain, le même bruit de souliers ferrés et de toux sonnait sous la voûte plâtrée (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 211).
En partic. Faire sonner des pièces de monnaie (pour en vérifier le bon aloi). Le nom de banquier vient du banc sur lequel ils siégeaient, et qui leur servait à faire sonner les pièces d'or et d'argent (Balzac,Cath. de Médicis, Introd., 1843, p. 25).
P. anal.
Loc. verb., fam. Les oreilles sonnent à qqn, les oreilles de qqn sonnent. L'ouïe est le siège d'une sensation auditive analogue à un bourdonnement, à un sifflement. Synon. les oreilles bourdonnent, cornent, sifflent à qqn (v. oreille I B 1 a).Mes oreilles sonnent, et je sens des douleurs dans les fausses côtes, le temps changera (Balzac,Béatrix, 1839, p. 191).Les oreilles ont dû vous sonner. On a parlé de vous en votre absence. Synon. les oreilles ont dû vous tinter (v. oreille I B 1 a).Les oreilles ont dû vous sonner tout le temps de votre voyage (Sand,Corresp., t. 4, 1863, p. 358).
[Le suj. désigne une partie du corps] Résonner. Puis l'essoufflement de la course vous vide la pensée, le cœur vous sonne contre les côtes, on n'entend plus que le bruit de gong de ses tempes (Vercel,Cap. Conan, 1934, p. 237).C'est une voix d'homme qui m'a tiré de l'inconscience. Ma tête sonnait (Genevoix,Avent. en nous, 1952, p. 104).
β) [Suivi d'un adj. à valeur adv. désignant une qualité partic. du son produit] Rendre tel type de son. Sonner mat, net, vide. [Les] anciennes salines (...) semblent présenter la rigidité de l'asphalte, et sonnent dur sous le talon (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p. 175).Le clocheton (...) domine un toit sans couleur à force d'ensoleillement, avec les tuiles (...) qui sonnent sec sous le bec des pigeons blancs (Morand,Homme pressé, 1941, p. 33).
Sonner creux. V. creux I A 1.Sonner plein. V. plein III A 3 a.Sonner faux. V. faux1II A 3 a.Rire qui sonne faux (au fig.).
MUS. [Le suj. désigne un instrument de mus. ou p. méton., une oeuvre mus.] Avoir telle musicalité. Certains instruments sonnent mieux une fois enregistrés (Serrière,T.N.P., 1959, p. 131).
Au fig. Produire un effet, donner une impression (juste ou fausse, en accord ou non avec le son juste). À la bonne heure! avec toi, ça sonne juste! Chez la petite, ç'avait l'air d'une tradition dans la bouche d'une doublure! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, ii, 9, p. 52).
[Suivi d'un adj. subst. ou d'un subst.] Sonner le creux. V. ce mot II A 1.Sonner le fêlé. Déserté par le dernier carré des sans-guides, l'hôtel du « Mont-Cervin » sonnait le vide (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 247).P. métaph. Je crains que ceci ne vous semble sonner un peu l'hérésie philosophique (Tocqueville,Corresp.[avec Gobineau], 1855, p. 244).
γ) En partic.
[Le suj. désigne une cloche, des cloches] Produire le son qui lui est propre, en vibrant, en étant mis en branle. Synon. tinter, carillonner.Les cloches sonnent au clocher, à l'église; entendre sonner une cloche, les cloches; les cloches sonnent à toute volée. Ils nous firent remarquer la cloche de la vallée, Campana de Vasse, celle qui doit, à ce qu'ils croient, sonner un jour pour réveiller leurs patriarches endormis (Dusaulx,Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 272).
[Le suj. désigne un appareil, un mécanisme] Faire retentir une sonnerie. Le téléphone, la pendule sonne; faire sonner son réveil. Toutes les demi-heures, ou tous les quarts d'heure, les horloges sonnaient chacune avec un timbre distinct (Fromentin,Dominique, 1863, p. 62).
c) [Le suj. désigne un événement, une action, ce qu'indique une sonnerie] Être annoncé ou marqué par une sonnerie particulière (de cloches, de cuivres ou d'un mécanisme électrique). Les vêpres sonnent; entendre sonner l'angélus. Le catéchisme sonne, Iann, peignez vos cheveux (Brizeux,Marie, 1840, p. 11).La messe quotidienne sonnait à la tour de l'église (...). Le tintement cristallin martelait l'air limpide (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 73).
En partic.
α) [Le suj. désigne l'heure qu'il est] Midi, minuit sonne (au clocher, à l'horloge). Neuf heures sonnaient aux Carmes (...) et semblaient donner charivari à la nuit tombante (Borel,Champavert, 1833, p. 19).Nous éprouvions un vif mouvement de recul en entendant sonner ces huit heures que nous croyions passées depuis longtemps (Proust,Sodome, 1922, p. 1096).
Littér. Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure (Apoll.,Alcools, 1913, p. 45).
À la forme impers. Il sonnait onze heures du soir au campanile de Saint-Marc, lorsque j'abordai à Venise (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 145).
β) [Le suj., gén. heure déterminé, évoque un événement, un moment] Arriver. Sa dernière heure a sonné. La cinquantaine avait sonné, et rien ne lui résiste. L'âge était inscrit dans la chair, et rien ne lui résiste. L'âge était inscrit dans la chair, qui se corrompt sous la peau encore belle (Bazin,Blé, 1907, p. 163).Nous sommes à cette heure de la vie (elle sonne pour chacun) où la vérité s'impose par elle-même d'une évidence irrésistible, où chacun de nous n'a qu'à étendre les bras pour monter d'un trait à la surface des ténèbres et jusqu'au soleil de Dieu (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p. 133).
[Avec l'auxil. être, pour indiquer un état] Quand on tue un tyran, lui fait-on voir le fer? Sois tranquille, ton heure encor n'est pas sonnée (Hugo,Cromwell, 1827, p. 133).
d)
α) [Le suj. désigne un phonème, un mot] Être nettement articulé et pleinement prononcé à l'intérieur ou à la fin d'un mot, d'une phrase. Il m'explique avec volubilité la situation, faisant sonner les déclinaisons grecques au bout de chaque phrase comme s'il me récitait un poème (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 168).
β) [Suivi d'un adv. qualitatif; le suj. désigne un mot, une appellation, une prop.] Sonner bien (à l'oreille). Être agréable à l'ouïe, harmonieux, bien choisi. Sonner mal (à l'oreille). Être désagréable à l'ouïe. Dans le calice d'une fleur La guêpe un jour voyant l'abeille, S'approche en l'appelant sa sœur. Ce nom sonne mal à l'oreille De l'insecte plein de fierté (Florian,Fables, 1792, p. 190).« Le Comte de X. », comme cela sonne mieux que « de l'Académie française »! (Larbaud,Journal, 1931, p. 253).
Loc. verb., au fig., fam. Faire sonner (des qualités, des défauts). Faire valoir. Faire sonner bien haut qqc. V. haut1II C 1 b.Les parents (...) font sonner leurs droits à nos empressements et se préoccupent moins de nous rendre justice (Amiel,Journal, 1866, p. 306).
2. Qqn sonne
a) Mettre en branle une cloche, des cloches, faire retentir le son, la sonnerie de cloches, en particulier par le battement des deux côtés de la cloche, p. oppos. à copter, piquer. Les cloches (...) saint Odilon les aimait; il recommande de sonner longuement (Barrès,Cahiers, t. 5, 1907, p. 306).Empl. abs. Sonner pour les morts, pour un baptême. Le lundi matin, on avait donc commencé à sonner pour les morts; l'enterrement devait avoir lieu à dix heures. On a commencé à sonner une première fois tout de suite après le lever du jour (Ramuz,Gde peur mont., 1926, p. 256).Sonner en branle. V. branle A.
b) Actionner un signal sonore tel qu'une sonnette, un timbre ou une sonnerie, pour appeler, avertir, faire venir quelqu'un ou pour se faire ouvrir. Sonner à la porte, à la grille, au portail; entrez sans sonner; sonnez et entrez; sonner chez qqn; sonner pour appeler un domestique, l'infirmière. Il sonnait. Il pressait longtemps le timbre électrique (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p. 165).V. carillonner I B 2 ex. de Aragon:
1. Il allongea la main vers un cordon de sonnette, qu'il tira trois fois. (...) quand je sonne une fois, c'est pour mon valet de chambre; deux fois, c'est pour mon maître d'hôtel; trois fois, c'est pour mon intendant. Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 492.
c) Jouer d'un instrument à vent, d'un cuivre; exécuter une sonnerie particulière pour donner le signal d'une action militaire ou de chasse. Ces piqueurs sonnent bien (Ac.).Il piquait derrière le « Zélé »... tout en sonnant dans son petit bugle (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 456).
[Suivi de la prép. à + subst. désignant l'action annoncée] Sonner à cheval. V. sonnerie A 2 ex. de Zola.Sonner aux champs. V. champ1I B 1.[P. méton.; le suj. désigne l'instrument] La cloche de la halle proche sonna au hareng (Hamp,Marée, 1908, p. 19).
B. − Empl. trans. indir. [Le plus souvent avec l'art. déf., le compl. prép. désignant un instrument] Sonner de + subst. déterminé
1. Vx. Faire rendre des sons à, jouer de (un instrument de musique). Le pâtre David dissipait la royale mélancolie en sonnant de la harpe (Levinson,Visages danse, 1933, p. 107).
2. Jouer de (un instrument à vent, un cuivre). Sonner du cor (synon. donner* du cor), du clairon, de la corne, de la trompette. Cependant un héraut sonne de la buccine sur la tour du logis du duc. Il signale dans la plaine les chasseurs lançant leurs faucons (Bertrand,Gaspard, 1841, p. 52):
2. ... brusquement enveloppé d'un long coup de fouet, l'attelage se lança au galop dans la descente. Le postillon sonna de la trompe pour faire ouvrir la route; la fanfare éclata aux oreilles d'Angelo et il se sentit emporté. Giono,Angelo, 1958, p. 57.
C. − Empl. trans. dir.
1. Qqn sonne qqc.
a)
α) Vx. Faire résonner (un métal, un objet métallique) en faisant vibrer. (Dict. xixeet xxes.).
β) En partic. [Le compl. d'obj. dir. désigne une cloche, des cloches] Faire rendre à une cloche le son qui lui est propre, faire retentir une sonnerie de cloches en actionnant les battants de plusieurs cloches (p. oppos. à copter, piquer). Synon. tinter.La directrice prend le parti de sonner la cloche du déjeuner (Colette,Cl. école, 1900, p. 282).À Germenay, ils sonnent encore les cloches pour éloigner l'orage. Leur prouver, Flammarion en main, que le sonneur risque d'être foudroyé (Renard,Journal, 1900, p. 590).
Loc. verb., au fig., fam. Sonner les cloches à qqn; se faire sonner les cloches. V. cloche1ex. 1.
[P. méton. du compl. d'obj.] Rare, littér. Il serait inouï que cette altière France (...) Après avoir sonné les sublimes beffrois, Et mis les nations hors du cachot des rois (...) Fût de la liberté des autres prisonnière (Hugo,Légende, t. 5, 1877, p. 1101).
b)
α) Vx. Jouer (un air, une danse). Un jour que M. Gédéon passait ici, il a entendu mademoiselle Vallier qui sonnait des airs (Sand,M. Sylvestre, 1866, p. 104).[P. méton.;] [le suj. désigne un instrument] Les binious bretons sonnaient un air rapide et monotone du temps passé (Loti,Mon frère Yves, 1883, p. 287).
β) [Le compl. introd. par l'art. déf., désigne un instrument à vent, un cuivre] Sonner le clairon, la trompette, la trompe de chasse. [Dans un cont. métaph.] Mais dans ton cher cœur d'or (...) La fauve passion va sonnant l'olifant!... Laisse-la trompeter à son aise, la gueuse! (Verlaine,Poèmes saturn., 1866, p. 63).
c) Loc. verb., vx. Ne pas sonner mot. Synon. ne pas souffler mot.V. mot II A 2.
d)
α) [Le compl. d'obj. désigne une sonnerie particulière signalant un événement, une action] Faire entendre. Sonner le glas; sonner le tocsin.
[Le compl. d'obj. désigne un événement, une action à accomplir] Annoncer par une sonnerie particulière de cloches. Sonner les matines, l'angélus, la messe, les vêpres, un baptême.
P. anal. Annoncer un événement par une sonnerie d'instruments à vent. Sonner le réveil, le rappel, la victoire, la retraite; sonner l'alarme, l'alerte, le couvre-feu, l'extinction des feux. Dans la cour, le trompette de garde sonna la sortie du pansage: les quatre mesures du demi-appel (Courteline,Train 8 h. 47, p. 46).Vers le milieu du repas, on entend sonner « la générale ». Serait-ce un incendie? Ils sont fréquents dans ce pays où l'indigène met le feu à la brousse (Gide,Voy. Congo, 1927, p. 758).CHASSE. Sonner le débucher, la diane, l'hallali, la curée. M. de Pyrènes sonna la vue. Le cerf venait de traverser l'allée du midi (Vialar,Rendez-vous, 1952, p. 202).Sonner la charge. V. charge I B 1.
Loc. verb., au fig. (avec la prép. de). Sonner le glas de qqc. V. glas ex. de Vailland.Sonner l'hallali* de qqn, de qqc.
P. anal. MmeRezeau sonne le branle-bas (...). Sarcloirs, raclettes et râteaux nous sont distribués. Que les allées soient impeccables! (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 234).
[P. méton.; le suj. désigne l'instrument] La cloche sonne l'angélus. Il aimerait mieux entendre, au point du jour, la trompette sonner le boute-selle pour monter à cheval que la cloche tinter matines pour courir à l'église (Bertrand,Gaspard, 1841, p. 166).J'entends les tambours, les clairons et la petite sonnette des gourmettes qui sonne l'élévation (Audiberti,Ampélour, 1937, p. 90).
β) En partic. [Pour indiquer l'heure; le suj. désigne un mécanisme d'horlogerie; le compl. d'obj. dir. désigne l'heure, les heures (chiffrées)] Annoncer par le retentissement de la sonnerie. La pendule sonne midi, minuit, la demie de telle heure, x heures. Comme les petits villages sonnaient huit heures, les deux bataillons se mirent tout à fait en retraite (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 190).La vieille horloge des Beauchemin sonnait les heures à coups grêles et précipités (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 66).[Suivi du nombre de coups] Frapper. La cloche sonne un coup. Il demeurait dans cette situation, et y fût peut-être resté indéfiniment jusqu'au lever du jour, si l'horloge n'eût sonné un coup, − le quart ou la demie (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 124).
γ) [P. méton. du compl.; le compl. d'obj. désigne l'événement, l'action que signale la sonnerie] Annoncer l'heure arrivée de. Sonner la fin de la classe. Un cinéma aux feux verts et roses, dont le timbre aurait sonné l'entr'acte (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 203).V. dîner2ex. 2.
2. Qqn sonne qqn
a) Appeler ou avertir en actionnant un signal sonore tel qu'une sonnette, une sonnerie ou un timbre, pour faire venir quelqu'un, en particulier un domestique, un subordonné. Sonner un domestique, sa femme de chambre, l'infirmière. Attends! grognonna ma grisette qui bisquait, on me sonne! (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 323).Le directeur sonna tous les chefs de service (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p. 94).
Expr. pop., fam. On ne vous a pas sonné. On ne vous a pas demandé votre avis, mêlez-vous de ce qui vous regarde. Synon. occupez-vous de vos oignons (v. oignon A 2 c).− J'aime mieux le riz, dit la veuve Monaque. − On vous a pas sonnée, dit Zazie (Queneau,Zazie, 1959, p. 225).
b) Fam., pop.
α) Assommer en heurtant violemment contre le pavé ou une surface dure; p. ext. donner une râclée; en boxe, étourdir en assénant des coups répétés. Instant aussi facile à discerner pour le médecin, que l'est, pour les spectateurs, l'instant où un boxeur est « sonné » (Montherl.,Lépreuses, 1939, p. 1483).M. Alfred Mortier (...) veut faire croire partout qu'il m'a publiquement secoué d'importance, qu'il m'a « sonné » à trois reprises contre un mur (Léautaud,Théâtre M. Boissard, 1943, p. 317).
[P. méton. du compl. d'obj., celui-ci désigne une partie du corps] Je lui sonne le cassis sur les dalles (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 389).
En partic. Marteler par des bombardements. C'était un pilonnage régulier, inexorable, où les obus se suivaient sans répit (...) Ricordeau écoutait les arrivées. − (...) Qu'est-ce qu'ils nous sonnent! (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 279).
β) Au fig. Abattre, épuiser physiquement ou psychologiquement par une rude épreuve. Le vieux s'était-il suicidé? avait-il été sonné par son procès? (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 333).Remettre vertement quelqu'un à sa place, réprimander ou punir sévèrement. Se faire sonner. Si Arnaud t'aperçoit, je vais me faire sonner (H. Bazin,Tête contre murs, 1949, p. 333).
c) Arg. Sonner qqn aux bacantes*.
REM. 1.
Sonnage, subst. masc.,ch. de fer, mécan. Opération consistant à vérifier la bonne qualité d'une pièce ou la bonne adhésion entre deux pièces métalliques, en le(s) frappant à l'aide d'un marteau pour écouter le son rendu. (Dict. xxes.).
2.
Sonne, subst. fém.,arg., vieilli. Police. Où qu'vous m'emm'nez, Messieurs d'la sonne? (Richepin, Chans. gueux, 1881, p. 165).Le bétail humain, racolé en bloc, reflue à présent vers le poste (...), sous la garde des agents de toute la sonne, secrète ou non, qui rapplique ; une rangée de voitures cellulaires attend à la poste; le départ ne traînera pas! (Bruant, Les Bas-Fonds de Paris, 1885-90ds France 1907).
3.
Sonnement, subst. masc.,rare. Action de sonner. Synon. sonnerie.Frénésie du muscle et sonnement d'or (Flaub.,Corresp., 1853, p. 216).
4.
Sonnez, subst. masc.,vx, jeu de tric-trac. Coup de dés qui amène le double six. Si les dés sont parfaitement réguliers et homogènes (...) le nombre des sonnez amenés dans un grand nombre de coups (...) sera sensiblement un 36edu nombre total des coups (Cournot,Fond. connaiss., 1851, p. 48).
Prononc. et Orth.: [sɔne], (il) sonne [sɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xes. trans. « faire entendre, prononcer » soner mot (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 214: Jesus li bons mot noˑl soned [à Hérode]); 2. 1155 id. « signifier, vouloir dire » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 1663: Leïcestre l'apeloms ore, Cité Leïr chescuns nons sone); ca 1165 intrans. (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 23128); 3. 1531 bien soner en la bouche « être convenable de prononcer (de telles paroles) » (Perceforest, IV, éd. G. Roussineau, 805, 77); ca 1590 « [d'un mot] faire une impression à l'oreille » (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 496). B. 1. Ca 1100 trans. « faire entendre un son (sur un instrument à vent) » (Roland, éd. J. Bédier, 1051: kar sunez vostre corn; 1059: l'olifan car sunez; 2110: sunez vos grasles); id. intrans. en parlant d'un instrument (ibid., 1832: Sunent cil graisle); 2. « faire entendre, rendre un son sous l'effet d'une vibration, d'une percussion » a) α) id. intrans. « résonner, retentir (en parlant de montagnes qui renvoient l'écho) » (ibid., 2112: Sunent li munt e respondent li val); β) ca 1140 en parlant d'un tambour, d'une cloche (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 359); γ) 1erquart xiiies. en parlant de l'argent, fig. (Renclus de Molliens, Carité, éd. A. G. Van Hamel, IX, 3: Papes ne set com argens sone); xiiiepart. prés. adj. borse sonant (Onques jor de ma vie, 48 ds K. Bartsch, Romances et pastourelles, I, 37); 1718 especes sonnantes (Ac.); b) ca 1100 trans. faire suner ses taburs (Roland, 852); 1160-74 faire sonner les sainz (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, Append. 668); 3. « (faire) retentir (musique, heure, appel) » a) α) ca 1140 trans. faire suner le glas (Voyage de Charlemagne, 197); β) ca 1170 « appeler à, annoncer en sonnant » soner la messe (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 6826); ca 1223 sonner complie (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, 1 Mir 40, 267); γ) déb. xiiies. sonner la comune (Raoul de Houdenc, Vengeance Raguidel, 2642 ds T.-L., s.v. comune); 1216 sonner la mute (Guillaume Le Clerc, Fergus, 47, 12, ibid., s.v. muete); b) 1160-74 intrans. (Wace, Rou, III, 9225: A l'ore que prime sona); ca 1165 oïr matines soner (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 75); fin xiies. part. prés. adj. tierce sonant (Floovant, 872 ds T.-L.); 1216 part. passé adj. nonne sonnee (Guillaume Le Clerc, Fergus, 145, 1, ibid.). C. 1. 1486 pop. trans. « battre, assommer » estre sonné a grosse cloche (Jean Michel, Passion, éd. O. Jodogne, 2303); 1939 sports part. passé adj. boxeur ,,sonné`` (Montherl., loc. cit.); 2. 1916 pop. « accabler de reproches » (arg. des soldats d'apr. Esn.); 3. 1927 id. part. passé subst. « un peu fou » un sonné du vélo (arg. des cyclistes, ibid.). Du lat. sonare intrans. « rendre un son, résonner; renvoyer un son, retentir; avoir tel accent, telle intonation », trans. « faire entendre, émettre par des sons; faire sonner, vanter; (de mots) faire entendre, signifier ». Fréq. abs. littér.: 5 626. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 147, b) 10 288; xxes.: a) 11 570, b) 7 062. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 600. − Quem. DDL t. 27. − Schneiders (H.-W.). Der Frz. Wortschatz zur Bezeichnung von Schall. Genève, 1978, pp. 74-78.

Wiktionnaire

Verbe 2 - français

sonner \sɔ.ne\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Tirer un son de quelque chose, lui faire rendre du son. → voir sonner les cloches, sonner le glas, sonner le tocsin et sonner le clairon
    • Le curé se défend : il sonne solennellement, comme cela se pratique dans toute la région, les jours de fêtes de …
  2. (Par extension) Indiquer, marquer ou annoncer un évènement par un son.
    • Le bavardage continue incessant et ne prendra fin que lorsque sonnera l’heure du repas : il faudra alors à regret rentrer chez soi, mais on recommencera le lendemain et toujours on trouvera matière à commérages ! — (Gustave Fraipont, Les Vosges, 1895, édition 1923)
    • Je me souviens que, dans les champs, les grillons chantaient et que, très loin, à la lisière du bois, j’entendais le chat-huant sonnant les heures nocturnes... — (Octave Mirbeau, Le colporteur)
    • Le nom de la première localité rencontrée en entrant par le sud sur cet opulent territoire du Vouzinois sonne mal, avouons-le : Pauvres ! — (Paul Verlaine, Nos Ardennes,)
    • Je suis réveillé par les clairons sonnant le signal du décampement. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, à Paris chez Ernest Leroux, 1904, page 115)
  3. (Chasse) Donner du cor, de la trompette, ou du clairon pour coordonner la chasse. → voir sonner le débuché, sonner le laisser courre et sonner l’hallali
    • Quiconque débute par vouloir donner des fanfares, avant de savoir sonner ses tons de chasse, jamais ne les sonnera bien et sera toute sa vie une mauvaise trompe. — (Leverrier de la Conterie, L’École de la Chasse aux Chiens Courants ou Vénerie Normande, 1845, page 381)
  4. (Militaire) Jouer d’un instrument (trompette, clairon, tambour, …) pour coordonner les mouvements de troupe. → voir sonner le réveil, sonner l’extinction des feux, sonner la charge et sonner la retraite
    • Lorsqu’après le premier appel on sonne un ton bas, le mouvement se fait par compagnie ou par demi-troupe de cinquante Maîtres , & le Commandant dit : Par compagnie ou par demi-troupe. — (Dictionnaire Militaire, Portatif, tome II, à Paris chez Duchesne, 1758, page 183)

Verbe 1 - français

sonner \sɔ.ne\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Rendre un son.
    • Onze heures sonnaient à Saint-Germain-l’Auxerrois. Maurevel compta l’un après l’autre chaque battement de marteau qui retentissait vibrant et lugubre dans la nuit, […]. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VII)
    • L’Angélus sonne, dans un village où notre armée n’est pas encore, car notre premier soin, dans chaque clocher, est de couper les cordes — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Le téléphone avait sonné plusieurs fois, des cons qu’elle n’avait pu s’empêcher d’envoyer aux pelotes, quelle importance puisque de toute façon, sans le moineau, l’émission était foutue. — (Janine Boissard, Loup, y es-tu?, Éditions Robert Laffont, 2009, chapitre 57)
    • Le pré dégageait une odeur de terreau humide, une marouette sifflait dans les roseaux au sud. Son chant sonnait comme des gouttes d’eau qui tombaient. — (Kurt Aust, La confrérie des invisibles, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, City Édition, 2010, chapitre 8)
    • Pour ce nouveau disque dur de trois téraoctets que j’ai acheté, je suis supposé dire « Hé, regarde ma nouvelle commande à trois tébioctets ! ». À l’oreille, ça sonne vraiment étrange. — (Scott Granneman, Linux : le guide de survie: L’essentiel du code et des commandes, 2e édition, Pearson Education, 2019)
  2. (Absolument) Faire rendre des sons à des instruments à vent, comme le cor, la trompette, etc.
    • Le bon Piqueur doit sçauoir bien parler en cris, & langages plaisans aux chiens, crier, hucher, & houpper ses compagnons, forhuer en mots longs, & sonner de la trompe. — (René François, Essay des merveilles de nature et des plus nobles artifices, 1632)
    • Où sont donc […] ces deux clairons d’infanterie de marine qui, durant ma première maladie d'enfant, sonnaient dans le jardin, sous ma fenêtre, des airs et les refrains du bataillon ? — (Francis Carco, Maman Petitdoigt, La Revue de Paris, 1920)
    • Il habitait un terrier dans les bois communaux de La Motte, commune de La Hardoye, jouait de la flûte et sonnait du cor. — (Albert Meyrac, Traditions, coutumes, légendes et contes des Ardennes comparés avec les traditions, légendes et contes de divers pays, Éditions FERN, 1966, page 203)
  3. (Absolument) (Familier) Faire une sonnerie de cloches.
    • Sans insister sur le procédé qui consiste à sonner les cloches pour éviter la grêle, […] il faut constater que les méthodes en apparence plus scientifiques, […], n’ont pas donné de résultats bien nets : […]. — (Sachez soigner vos vignes grêlées, dans Almanach de l’Agriculteur français - 1932, éditions La Terre nationale, page 59)
    • Vous préviendrez au village qu’on sonne en première classe et vous vous occuperez du prêtre, du fossoyeur et du menuisier ! — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954)
  4. (Grammaire) Exprimer pleinement le son d’une lettre dans la prononciation, prononcer.
    • Dans le mot "Mer", il faut toujours faire sonner l’« R » ; mais cette lettre, dans l’infinitif « Aimer », ne doit sonner que devant une voyelle.
  5. Être indiqué, marqué, annoncé par un son.
    • Le temps avait passé. Dix heures venaient de sonner à la vieille horloge comtoise dont le nombril de verre laissait voir la lentille de cuivre du balancier passer et repasser impitoyablement. — (Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  6. Tirer un cordon de sonnette ou pousser un bouton électrique pour se faire ouvrir, pour appeler quelqu’un.
    • Je n’avais pas goûté ; je sonnai, mon domestique vint […] — (Alexandre Dumas, Les Mille et Un Fantômes - Le Chat, l’huissier et le squelette)
  7. (Par extension) (Familier) Demander l’attention de quelqu’un, souvent pour lui donner un ordre.
    • Toi, tu parleras le jour où on t’aura sonné, petit con ! — (Quentin Tarantino, Pulp Fiction, 1994)
  8. (Avec un adverbe, ou un adjectif utilise en tant qu’adverbe) Donner une impression en parlant d’un son ou d’un mot.
    • Ses explications sonnaient faux et cachaient ses véritables intentions.
    • Cette formulation sonne bizzare.
  9. Frapper pour assommer.
  10. (Néerlandisme) (Belgique) Téléphoner à.
    • Nadine m’a dit qu’elle sonnera Jean pour lui donner des nouvelles.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SONNER. v. intr.
Rendre un son. Les cloches sonnent. J'entends sonner la trompette. La pendule sonne. Sonner de la trompette, de la trompe, du cor ou absolument Sonner, Faire rendre des sons à ces instruments. Il sonne bien du cor. Ces piqueurs sonnent bien. En termes de Grammaire, Faire sonner une lettre, L'exprimer pleinement dans la prononciation. Ne pas faire sonner une lettre, Ne la faire point ou presque point sentir. Dans le mot Mer, il faut toujours faire sonner l'R; mais cette lettre, dans l'infinitif Aimer, ne doit sonner que devant une voyelle. Ce vers, cette stance, cette période sonne bien, L'arrangement des paroles en est harmonieux. Ce mot sonne bien à l'oreille, Il est agréable à entendre. Sonner juste, sonner faux, Rendre un son qui est juste, qui ne l'est pas. Sonner faux signifie aussi figurément Donner l'impression de la fausseté. Son rire sonne faux. Sonner creux se dit d'une Chose dont le son indique, lorsqu'on la frappe, qu'elle est creuse, vide. Ce tonneau sonne creux. Fig. et fam., Faire sonner bien haut sa qualité, une action, un service, etc., Vanter, faire valoir hautement sa qualité, une action, un service qu'on a rendu, etc.

SONNER signifie aussi Être indiqué, marqué, annoncé par quelque son. Les vêpres sonnent à la paroisse. Voilà midi qui sonne. Il signifie encore Tirer un cordon de sonnette ou pousser un bouton électrique pour se faire ouvrir, pour appeler quelqu'un. Sonner à la porte de quelqu'un. J'entends sonner. Sonnez pour qu'on apporte le thé.

SONNER est aussi transitif et signifie Tirer un son de quelque chose, lui faire rendre du son. Sonner les cloches. Fig. et fam., Ne sonner mot, Ne dire mot. Tel est mon projet, mais je vous prie de n'en sonner mot. Il vieillit.

SONNER signifie encore Indiquer, marquer, annoncer quelque chose par un son. Sonner la messe. Le dîner est sonné. L'horloge sonne midi. Midi est sonné. Il est midi sonné. Trois heures sonnées. Fig. et fam., Il a cinquante ans sonnés, Il a cinquante ans révolus. Sonner un coup, deux coups, Sonner une fois, deux fois. Sonner un domestique, Sonner pour faire venir un domestique.

SONNER se dit, en termes de Chasse, des Différentes manières de sonner du cor. Sonner le débucher. Sonner le laisser courre. Sonner l'hallali. Il se dit de même, en termes militaires, des Différentes manières de sonner du clairon, de la trompette. Sonner le réveil. Sonner l'extinction des feux. Sonner la charge. Sonner la retraite. Sonner à cheval, Sonner pour faire monter à cheval la cavalerie.

Littré (1872-1877)

SONNER (so-né) v. n.
  • 1Rendre un son. Les cloches sonnent. Ce tonneau sonne creux. Il marchait d'un pas relevé, Et faisait sonner sa sonnette, La Fontaine, Fabl. I, 4. Chères sœurs, n'entendez-vous pas Des cruels Tyriens la trompette qui sonne ? Racine, Athal. IV, 6. Partout en même temps la trompette a sonné, Racine, ib. V, 6. Le son de sa voix était net, plein, bien timbré ; une voix de basse étoffée et mordante, qui remplissait l'oreille et sonnait au cœur, Rousseau, dans LAVEAUX.

    Faire sonner une montre, se dit d'une montre à répétition dont on pousse le ressort et qui marque les heures par les sons. Alors Sainville, pour toute réponse, tira sa montre et la fit sonner, Genlis, Vœux témér. t. III, p. 53, dans POUGENS.

    Sonner le fêlé, se dit d'un vase que l'on frappe et dont le son indique une fêlure.

    Faire sonner une pièce de monnaie pour juger si elle est bonne.

  • 2Sonner du cor, de la trompette, de la trompe, faire rendre des sons à ces instruments. Alors les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner, Sacy, Bibl. St Jean, Apocal. VIII, 6.

    Absolument. Ces piqueurs sonnent bien, sonnent mal.

  • 3Il se dit du son que produisent les lettres, les mots, etc. L'r sonne dans mer. Je n'entends qu'erre partout, en supposant qu'on ne fera pas mal à propos et contre l'usage sonner les s d'airs et de mers, où elles ne sont que signes de pluriel, D'Olivet, Prosod. franç. II, 2.

    Faire sonner une lettre, la faire entendre avec tout le son qui lui appartient.

    Ne pas faire sonner une lettre, ne pas la faire entendre, ou ne la faire entendre que faiblement.

    Ce mot sonne bien à l'oreille, le son en est agréable. Olympie sonne mieux à l'oreille que la ville de Reheboth, Voltaire, Mœurs, Déluge.

    Ce vers, cette stance, cette période sonne bien, sonne mal à l'oreille, l'arrangement des paroles y est harmonieux, n'y est pas harmonieux.

    Fig. Cette action sonne bien, ne sonne pas bien, sonne mal dans le monde, elle est bien, mal reçue du public.

    Fig. Cela sonne mal, se dit d'un acte qui n'a pas bonne apparence. Une jeunesse comme vous, vendre comme ça toutes ses nippes et en cachette, ça sonne mal, Genlis, Théât d'éduc. la Lingère, I, 2.

    Faire sonner un mot, le prononcer avec emphase. Étaler force mots qu'elles n'entendent pas ; Faire sonner Lamboy, Jean de Vert et Galas, Corneille, Ment. I, 6.

    Faire sonner signifie aussi appuyer sur, parler de. Est-ce un sujet pourquoi Vous fassiez sonner vos mérites ? La Fontaine, Fabl. IV, 3. Il a bien fallu faire sonner le nom de miracle, Bossuet, Var. 9. Ce diable de marquis qui s'en va, d'importance, Faire sonner partout son manque de finance, Th. Corneille, Comtesse d'Orgueil, I, 1. Mme la duchesse fit bien sonner la pauvreté de ses filles, Saint-Simon, 262, 7.

    Faire sonner signifie enfin répéter à haute voix. Chimène : De qui peux-tu savoir ces nouvelles étranges ? - Elvire : Du peuple qui partout fait sonner ses louanges, Le nomme de sa joie et l'objet et l'auteur, Son ange tutélaire et son libérateur, Corneille, Cid, IV, 1.

    Faire bien sonner, faire sonner haut, bien haut, vanter à l'excès, faire beaucoup valoir. Elle fait bien sonner ce grand amour de mère, Corneille, Rodog. II, 4. Certes, vous vous targuez d'un bien faible avantage, Et vous faites sonner terriblement votre âge, Molière, Mis. III, 5. Je sais qu'on fait sonner très haut deux grands avantages en faveur de l'éducation des colléges, la société et l'émulation, D'Alembert, Œuv. t. III, p. 171.

  • 4Être indiqué, annoncé par quelque son. Les vêpres sonnent à la paroisse. Adieu, ma chère enfant, voilà complies qui sonnent, Sévigné, 209. Dès que midi était sonné, Sévigné, 577. Si l'heure eût sonné tandis qu'il lisait sa phrase, il eût fermé le livre sans achever, Rousseau, Conf. VII. Sa mort sonne ; une… deux… c'est l'instant de frapper, Ducis, Macbeth, V, 7.
  • 5 Terme de musique. Sonner sur la basse, se dit d'une note qui entre dans l'accord et fait partie de l'harmonie, à la différence des notes de passage.
  • 6 V. a. Tirer du son d'une cloche, d'une sonnette, etc. Sonner les cloches, le tocsin, etc. On ne marchande pas un couvercle de marmite, sans l'avoir sonné pour connaître si le métal est bon, Fénelon, Diog.

    Sonner la cloche, c'est faire que le battant frappe des deux côtés (comparez COPTER).

  • 7Annoncer quelque office de l'église par le son des cloches. Sonner la messe, les vêpres, le sermon. Sonner un baptême. Sonner le premier coup, le dernier coup de matines, ou, simplement, sonner le premier, sonner le dernier.

    Absolument. Sonner pour les morts.

    Par extension. Le signal ? - Un tocsin sonnant la mort des traîtres, Chénier M. J. Charles IX, II, 4. Aux accents de l'airain sonnant les homicides, Chénier M. J. ib. V, 2.

  • 8Dans les omnibus, sonner un voyageur, indiquer sur le cadran, en le faisant sonner, qu'un voyageur a monté.
  • 9 Terme de musique. Sonner un ton, un accord, le faire entendre.

    Sonner s'est dit des airs de danse que l'on joue. Cela eût duré trop longtemps, si les violons n'eussent vitement sonné une sarabande si gaie, que tout le monde se leva aussi joyeux que si de rien n'eût été, Voiture, Lett. 10.

  • 10 Terme de chasse. Il se dit des différentes manières de sonner du cor, de la trompe. Sonner le laisser-courre. Sonner du gros ton, sonner du grêle. En chasse ! le maître en personne Sonne, Hugo, Ball. 11.

    Sonner un ou deux mots, donner un ou deux tons prolongés avec le cor.

    Absolument. Faire retirer les chiens.

  • 11 Terme de guerre. Donner avec la trompette différents signaux. Sonner le boute-selle. Sonner la retraite. Comme il sonna la charge, il sonne la victoire, La Fontaine, Fabl. II, 9.

    Sonner à cheval, sonner pour faire monter à cheval la cavalerie.

    Fig. Il est temps de sonner la retraite, il est temps de se retirer des affaires, du monde.

  • 12 Terme de marine. Sonner le quart, avertir de venir faire le quart.
  • 13Sonner ses gens, agiter une sonnette pour les faire venir. Sonner la femme de chambre.

    Absolument. Agiter une sonnette pour appeler, pour se faire ouvrir une porte. J'entends sonner. On sonne à votre porte. Vite, madame a sonné. Drelin, drelin, drelin ! tout comme si je ne sonnais point ; chienne ! coquine ! Molière, Mal. imag. I, 1.

  • 14 Fig. et familièrement. Ne sonner mot, ne dire mot, ne prononcer aucune parole. Vous avez raison, je ne sonnerai mot, Dancourt, les Trois cousins, I, 7.

    Ne pas sonner mot d'une chose, n'en pas parler. Il [Baronius] a eu tort de dire que les hérétiques en furent si accablés [d'un livre sur la prétendue papesse Jeanne], qu'ils eurent honte d'avoir parlé de cette fable, et qu'ils n'osent plus en sonner mot, Anal. de Bayle, t. II, p. 319. Ce billet… Paraît être daté de deux mois ; et mon maître Pendant tout ce temps-là ne m'en a sonné mot, Rousseau J.-B. Flatt. V, 3.

  • 15 Fig. Signifier, en parlant de mots, de paroles. Ainsi on sera toujours en garde contre les expressions de l'Évangile, de peur qu'un chicaneur ne nous vienne dire que vous êtes janséniste, en les prenant avec les saints selon ce qu'elles sonnent ! Bossuet, Avert. sur le livre des Réflex. mor. V.

    PROVERBE

    On ne peut sonner les cloches et aller à la procession, ou sonner les cloches et dire la messe, on ne peut faire à la fois deux choses pour lesquelles il faut être en des lieux différents.
    Je ne suis pas comme Michel Morin, qui sonne les cloches et qui va à la procession, Carmontelle, Prov. les Voisins, sc. 7.

REMARQUE

1. Sonner, v. n. se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut marquer l'acte : l'heure a sonné tout à l'heure ; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : l'heure est sonnée depuis longtemps.

2. On ne dit pas sonner la trompette ; il faut : de la trompette.

HISTORIQUE

XIe s. N'i ad celoi qui mot sunt ne mot tint, Ch. de Rol. XX. Parmi cel ost [ils] funt mil grailles suner, ib. LIII. [Du bruit] Sunent li mont et respundent li val, ib. CLIV.

XIIe s. Quant jel rovai [je le demandai]… se li cors fust sonez, Roncisv. p. 82. À sun pere n'en sunad mot, Rois, p. 45. Ce qu'à saint iglise unt si ancesur duné, En parmenable almosne li unt tut graanté ; Ainkes de barunie ni out un mot suné, Th. le mart. 45.

XIIIe s. Les cloches de la ville sonnerent hautement, Berte, IX. Il n'a [n'y a] cloche en la vile que l'on n'i ait sonnée, ib. CXXVI. Quant li empereres vit que par assaut ne porroit le castiel avoir, si fist sonner le retrait, H. de Valenciennes, XXXV. Li talemeliers [boulangers] puent cuire les lundis ains jour, si tost comme matines de Nostre-Dame sonent, se aucunes des festes desus dites n'i escheent, Liv. des mét. 11.

XIVe s. Si come une fois advint du jugleur de la harpe auquel un autre promist que tant miex joueroit ou sonneroit, tant plus de bien ly feroit, Oresme, Éth. 258. L'endemain, au matin, aprez prime sonnée, Fu dedens Terascon ceste gent aprestée, Pour ceste ville rendre qui bien estoit fermée, Guesclin. 13993. Et a ordené le roi Charles V premier à Paris les cloches qui à chascune heure sonent par points, à maniere d'horloge, Hist. litt. de la Fr. t. XXIV, p. 656.

XVe s. Lors sonnerent les Anglois leurs trompettes, Froissart, I, I, 195. Ensi ala [la métamorphose de Danaé en laurier], com je vous sonne, Si com Ovides l'araisonne En ses escris, Froissart, Poés. mss. p. 110, dans LACURNE. Je suis filz d'une gentille dame reyne, et fils de son mary, qui fait moult à recommander ; et moult le recommandasse, si bien sonnast en ma bouche, Perceforest, t. IV, f° 116.

XVIe s. Il envoya sonner le tabourin à l'entour de la ville, Rabelais, Garg. I, 26. Une messe bien sonnée est à demy dicte, Rabelais, ib. I, 40. Entrez dedans la navire, et, quand je vous sonneray, tournez le tour sur le tillac diligentement, Rabelais, Pant. II, 25. Ainsy edifia Amphion, sonnant de sa lyre, la grande cité de Thebes, Rabelais, ib. III, Prol. Mynuict est pieça sonné, Saint-Gelais, 227. Homere premier sonna Et les rats et les grenouilles, Du Bellay, J. II, 37, verso. Au demourant, cette response ne sonne [signifie] non plus que feroit la mienne à qui s'enquerroit…, Montaigne, I, 214. Ce mot [bibat] sonne plus sortablement en la langue d'un gascon, qui change volontiers en v le b, Montaigne, II, 221. Il commanda aux trompettes qu'ilz sonnassent le son de la bataille, Amyot, Sylla, 62. Le flatteur ayant accoustumé de tousjours sonner une seule note, qui est de complaire, Amyot, Com. disc. le flatt. 21. Je fy sonner pour chiens : la trompe les assemble, Ronsard, 670. Quant aucun acquiert aucun heritage ou droit censé et reputé pour heritage, par contract de vente ou sonnant ou equipollant à vente…, Coust. gén. t. II, p. 640. J'ay veu un bon organiste, lequel, estant reprins des chanoines pour ne sonner rien qui vaille, disoit que le souffleur qu'on luy avoit baillé en estoit cause, Bouchet, Serées, III, p. 255, dans LACURNE. Pour pauvre personne guere on ne sonne, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 54.

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Étymologie de « sonner »

(Siècle à préciser) Du latin sonare.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, sonner ; saintong. souner ; bourguig. senai ; prov. et esp. sonar ; port. soar ; ital. sonare ; du lat. sonare, qui vient de sonus, son 3.

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Phonétique du mot « sonner »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sonner sɔne

Fréquence d'apparition du mot « sonner » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sonner »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sonner »

  • Les mauvais mots commencent par sonner faux, jusqu’à ce qu’ils émettent des ultrasons stridents.
    Sabri Louatah — le Monde des Livres, 16 janvier 2015
  • On ne peut sonner les cloches et aller à la procession.
    Proverbe français
  • Les jours sont faits pour sonner l'un après l'autre comme une volée de cloches. C'est le coeur de l'homme qui leur sert de battant. Si le coeur n'y est pas, les jours sont tristes.
    Louis Caron — La Corne de brume
  • Ce dernier a fait don du bois et de son savoir-faire pour que l’opération ne coûte pas un centime à la commune. La pièce refaite, l’élu a été rejoint par d’autres bénévoles pour remonter la pièce dans le clocher et assurer la sécurité du chantier. Il aura fallu environ un mois à la petite équipe pour que le projet se concrétise. Les travaux se sont achevés le 15 juillet 2020. Les riverains entendront donc à nouveau sonner la cloche lors des messes célébrées traditionnellement en mars et en juin.
    La cloche pourra à nouveau sonner près d'Aumale | Le Réveil de Neufchâtel
  • Le propre du téléphone, c'est de sonner à l'improviste.
    Robert Soulières — Le visiteur du soir
  • Ce qui, en français, a l'air de sonner bien traduit en russe peut être très vilain.
    Alexandre Soumarokov — Épître sur la langue russe
  • Trois titres seulement ont suffi au groupe MPR (Musique Populaire pour la Révolution) de s’afficher désormais comme le fer de lance d’un mouvement devenu orphelin depuis que Lexxus Legal a décidé d’embrasser une nouvelle carrière, politique. « Lobela ye Français », « Dollars » et « Tika biso to fanda », trois chansons du style rap folk soukous chanté en lingala parfois en français, le MPR vient de sonner véritablement une révolution dans la musique hip hop restée sans leader ni défenseur.
    mediacongo.net - Actualités - Le groupe MPR, une musique populaire pour sonner la Révolution !
  • C'est toujours une seconde avant de décrocher que le téléphone s'arrête de sonner.
    Raphaël Mezrahi — C'est toujours ou jamais... ou vice-versa
  • C'est ainsi, on ne tire pas sur son passé. Selon qu'on est le fils d'un garde-barrière ou d'une duchesse, quand on se penche sur l'histoire qu'on a vécue, on entend siffler des trains ou sonner des cors de chasse !
    Daniel Cordier — Entretien avec Pierre Assouline - Octobre 1989
  • L’heure de la reprise va sonner pour les joueurs du GBDH. Ce samedi matin au palais des sports, ils commenceront par effectuer des tests Covid-19 (PCR et biologie) tout comme le staff et le personnel administratif.
    Sport franc-comtois | Reprise de l’entraînement lundi pour le GBDH
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Traductions du mot « sonner »

Langue Traduction
Anglais ring
Espagnol anillo
Italien squillare
Allemand ring
Chinois
Arabe حلقة
Portugais anel
Russe кольцо
Japonais リング
Basque eraztuna
Corse anellu
Source : Google Translate API

Synonymes de « sonner »

Source : synonymes de sonner sur lebonsynonyme.fr

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Sonner

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