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Monnayer

Définitions de « monnayer »

Trésor de la Langue Française informatisé

MONNAYER, verbe trans.

A. − Transformer en pièces de monnaie. Monnayer un lingot d'or:
. Cette dépréciation (...) du métal d'argent a cette fâcheuse conséquence que les marchands de métaux précieux, les banquiers, les changeurs, ou même les simples spéculateurs bien avisés, ont un intérêt considérable à introduire en France des lingots d'argent, à les faire monnayer et à retirer à leur place de la monnaie d'or pour une valeur équivalente d'après le tarif légal, mais en réalité supérieure. Doc. hist. contemp., Leroy-Beaulieu, Journ. déb., 1876, p.139.
P. métaph. Je voudrais monnayer la sagesse, c'est-à-dire la frapper en maximes, en proverbes, en sentences faciles à retenir et à transmettre (Joubert, Pensées, t.1, 1824, p.95).
Absol. Frapper la monnaie d'une empreinte. L'art de monnayer. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Convertir en argent liquide. Monnayer un bon du Trésor. Ce jour-là, Diégo avait volé à son père une pièce d'or (...); il avait monnayé sans peine son trésor et il avait passé l'après-midi avec Nadine sur les montagnes russes de Luna Park (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.29).
Tirer un profit pécuniaire de quelque chose. Monnayer son talent. Insister sur mon émotion près de la grotte. Les cierges dans le soir qui tombe, les malades qui vont boire naïvement, sans honte. Malheureusement il y avait une odeur fade d'hôpital. Comme ils tiennent à vivre, comme ils monnayent leur foi. Toute la faiblesse humaine (Barrès, Cahiers, t.2, 1901, p.255).
Emploi pronom. passif. Les hommes qui ont tant de choses à exprimer en de belles oeuvres longtemps rêvées professent un certain mépris pour la conversation, commerce où l'esprit s'amoindrit en se moyennant (Balzac, Illus. perdues, 1839, p.173).
C. − Procéder à un échange, à un marché. Une longue peut être monnayée par 2 brèves (Reinach, Mus. gr., 1926, p.106).
Emploi pronom. passif. Tous les marchés s'y monnaient en billes d'agate, en timbres (Cocteau, Enfants, 1929, p.9).
Prononc. et Orth.: [mɔnεje], [-ne-], (il) -aye ou -aie [ ]. Ac. 1694-1798: -noyer, dep. 1835: -nayer. Delille (Éneide, 1804, p.XXXV), Balzac (Ressources de Quinola, 1842, prol. 2, p.160): -noyer. Étymol. et Hist. Ca 1135 part. passé adj. deniers moneez (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2261); 1174-76 munée «converti en monnaie» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 5670); 1260 monoier «convertir en monnaie» (Etienne Boileau, Livre des métiers, éd. G.-B. Depping, 2epartie, p.304); 1800 monnayer (Boiste, s.v. monnoyer); 1670 fig. monnoyer «argent de quelque chose, en tirer un profit pécuniaire» (Molière, Bourgeois gentilhomme, éd. R.Bray, I, 1, p.173); 1829 (Dumas père, Henri III, II, 4, p.153). Dér. de monnaie*; dés. -er; cf. le lat. médiév. monetare «convertir en monnaie» (805 ds Nierm.). Fréq. abs. littér.: 101.
DÉR. 1.
Monnayable, adj.Que l'on peut monnayer. a) Que l'on peut transformer en pièces de monnaies. Métaux monnayables. (Dict. xxes.). b) Que l'on peut convertir en argent liquide. Mon cher ami, je vous écris à la diable, empêché que j'ai été, ces jours-ci, par une succession de banquets officiels; et je vous remercie d'abord du chèque. Le dit papier a été monnayable immédiatement; j'ai tout de suite payé le pauvre libraire (environ dix-huit francs, comme vous le disiez) (Mallarmé, Corresp., 1879, p.162).c) Dont on peut tirer un profit pécuniaire. Pendant un certain temps, les politiciens n'avaient prétendu qu'à la domination des corps, − je veux dire des fortunes; − ils laissaient les âmes à peu près tranquilles, les âmes n'étant pas monnayables (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p.757). [mɔnεjabl̥]. 1resattest. a) 1879 «qui peut être transformé en monnaie (d'un chèque)» (Mallarmé, loc. cit.), b) 1886 fig. «dont on peut tirer une contrepartie» (Bloy, Désesp., p.169); de monnayer, suff. -able*. Au sens a cf. déjà le m. fr. monnayable (1365 Oresme, Traictie des monnoies, éd. L. Wolowski, p.24).
2.
Monnayeur, subst. masc.a) Ouvrier qui procède à la frappe des monnaies. L'art du monnayeur qui réduit les métaux à un titre connu, et qui les divise par pièces dont le poids est connu également, ajoute donc une quantité nouvelle à celles qui rendent les métaux précieux éminemment propres à servir de monnaie (Say, Écon. pol., 1832, p.247).V. faux-monnayeur.b) Personne qui monnaye, qui convertit en argent liquide toute espèce de biens. Je fis venir un de ces hommes estimés dans le pays, qui achètent les propriétés en bloc pour les revendre en détail, un de ces monnayeurs intelligents de la terre, et je lui dis: «vendez-moi de Milly ce qu'il faut pour faire cent mille francs», ou plutôt, comme dit au juif le marchand de Venise, dans Shakspeare: «vendez-moi un morceau de ma chair!» (Lamart., Confid., 1849, p.9).c) Technol. Dispositif d'un distributeur automatique de monnaie qui sélectionne les pièces suivant leurs épaisseurs, calibres, poids et alliages. Le monnayeur est constitué d'un sélecteur de pièces réglé selon l'épaisseur, le calibrage et le poids, voire même l'alliage des pièces (Industr. et techn., avr. 1974, no256, p.26 ds Clé Mots). [mɔnεjoe:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1694-1798: -noyeur; dep. 1835: -nayeur. 1resattest. 1332 monnoyeurs (Arr. du parlem. de Paris, ap. Vandenbroeck, Extr. des reg. des consaux tournais., p.338 ds Gdf. Compl.), 1530 monayeur (Palsgr., p.206b); de monnayer, suff. -eur2*. Cf. l'a. fr. monnier (1260 ds Gdf.), monoier (1296, ibid.) forme répertoriée − 1845 (Besch.: monnoyer). Fréq. abs. littér.: 73.

Wiktionnaire

Verbe - français

monnayer \mɔ.ne.je\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Convertir un métal en monnaie.
    • C’était là qu’il faisait garder, au fond d’un appartement secret, les grands coffres à triple serrure qui contenaient ses richesses en or monnayé, en vases et en bijoux précieux, […]. — (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 1er récit : Les quatre fils de Chlother Ier — Leur caractère — Leurs mariages — Histoire de Galeswinthe (561-568), 1833–1837)
    • On a monnayé de l’or, de l’argent pour plus d’un million.
  2. (Figuré) (Péjoratif) Donner une valeur vénale à une vertu humaine.
    • Et notre sueur, notre sang, sont monnayés pour payer les caprices de quelques-uns qui aiment le faste, les femmes et le cliquetis des armes! — (Chevalier Léopold de Sacher-Masoch; Le Legs de Caïn (Contes Galiciens), traduction anonyme de 1874)
  3. (Figuré) Demander une compensation pour un service rendu.
    • Il m’était pénible d’abandonner Pencroft, Herbert et Cyrus Smith en pleine bagarre, et il me parut juste de monnayer mon sacrifice.
      « Bon, dis-je. Je vais y aller tout de suite. Mais alors, donne-moi deux biscuits. »
      — (Marcel Pagnol, Le temps des secrets, 1960, collection Le Livre de Poche, pages 82-83)
  4. (En particulier) (Absolument) Frapper la monnaie d’une empreinte.
    • […] et Scarbo monnayait sourdement dans ma cave ducats et florins à coups de balancier. — (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MONNAYER. v. tr.
Convertir un métal en monnaie. On a monnayé de l'or, de l'argent pour plus d'un million. Figurément et dans un sens péjoratif, Cet artiste a monnayé son talent. Il signifie, plus particulièrement, Frapper la monnaie d'une empreinte. Absolument, Avant l'invention du balancier, on monnayait au marteau. Argent monnayé se dit par opposition à Argent ouvré ou brut. Payer en argent monnayé.

Littré (1872-1877)

MONNAYER (mo-nè-ié) v. a.

Il se conjugue comme payer.

  • 1Convertir un métal en monnaie. Monnayer des lingots d'or. [Dans une guerre de protestant à protestant] point de divinités topiques, ni de saints tutélaires à briser ou à monnayer ; point de reliques à jeter au vent, Analyse de Bayle, t. I, p. 32. Les Romains ne monnayèrent l'argent que cinq ans avant la première guerre punique, Pastoret, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. III, p. 295.
  • 2Donner l'empreinte à la monnaie. Ce balancier monnaye tous les jours tant de milliers de pièces d'or.

    Absolument. L'art de monnayer a fait de grands progrès. Avant l'adoption des coins gravés au burin, on monnayait à chaud le plus souvent, lorsqu'on ne moulait pas simplement les médailles, Mongez, Instit. Mém. acad. inscr. t. IX, p. 211.

HISTORIQUE

XIIe s. E bien seissante livres d'argent tut muneé, Th. le mart. 152.

XIIIe s. Moneés deniers, Fl. et Bl. 1142. Or et argent monneé et à monnoier, Liv. des mét. 304.

XIVe s. Les monnoiers auront, de monoier le cent des deniers d'or à l'aingnel, 12 deniers tournois, Ordonn. 25 sept. 1327.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « monnayer »

Monnaie ; wall. manoiî ; provenç. et espagn. monedar ; ital. monetare.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Dénominal de monnaie.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « monnayer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
monnayer mɔneje

Fréquence d'apparition du mot « monnayer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « monnayer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « monnayer »

  • Un tel élan de solidarité communautaire n'était pas imaginable sans le puissant parrainage franco-allemand. Mais, sans l'adhésion des pays récalcitrants - les fameux Etats frugaux - ou celle des opportunistes - Pologne ou Hongrie - qui cherchent à monnayer leur accord, il ne pouvait devenir réalité. On peut le regretter, mais ce sont les charmes du fédéralisme.
    Les Echos — L'écume des jours | Les Echos
  • Othman Garrido a en réalité été capturé en tentant de s’enfuir vers la ville d’Idlib, au Nord, où ont trouvé refuge de nombreux djihadistes en cavale. Après de longs mois de captivité, au cours desquels ses gardiens ont tenté de le monnayer, il a été livré la semaine dernière par un groupe armé syrien aux autorités turques. Ankara devrait maintenant l’extrader vers la France, en vertu du "protocole Cazeneuve" qui prévoit, en théorie, une coopération entre les services turcs et français.
    midilibre.fr — Un jihadiste à 100 000 dollars : les dessous de la capture du Montpelliérain Othman Garrido - midilibre.fr
  • Mohammed Kudus va maintenant monnayer son immense talent aux Pays-Bas. Ceci en faveur de son récent transfert vers l’Ajax Amsterdam. Une destination idéale pour Didi Dramani, l’entraineur des jeunes de son ancien club (FC Nordsjælland).
    Africa Top Sports — Mohammed Kudus : L’Ajax, un choix idéal selon un entraineur
  • “Non, ce n’est pas normal de monnayer ses services dans la République française, et ça n’est pas le motif d’une promotion comme ça l’a été pour M. Darmanin”.
    Le HuffPost — Faure sur Darmanin: "Non, ce n'est pas normal de monnayer ses services dans la République" | Le HuffPost

Traductions du mot « monnayer »

Langue Traduction
Anglais coin
Espagnol moneda
Italien moneta
Allemand münze
Chinois 硬币
Arabe عملة
Portugais moeda
Russe монета
Japonais コイン
Basque txanpon
Corse muneta
Source : Google Translate API

Synonymes de « monnayer »

Source : synonymes de monnayer sur lebonsynonyme.fr

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