La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « marier »

Marier

Définitions de « marier »

Trésor de la Langue Française informatisé

MARIER, verbe trans.

I.
A. − [Relativement à l'institution du mariage]
1. [Le suj. désigne l'autorité (prêtre, officier d'état civil) validant le mariage; l'objet désigne les deux époux ou l'un d'entre eux] Unir un homme et une femme par les liens du mariage; consacrer, légaliser leur union. Personne ne connaît mon secret que le respectable abbé Pirard. J'irai chez lui; il nous mariera (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p. 441).Le sabotier avait poli son instruction religieuse et il se sentait capable de marier n'importe quel couple (...) sans se tromper dans les oraisons (Queffélec,Recteur,1944, p. 153):
1. ... il fut pris d'un malaise subit et obligé de sortir sur-le-champ. Pendant les dix minutes que dura son absence, la future fit des réflexions et s'en alla. En revenant, Guignon trouva le maire prêt à le marier, mais la femme avait disparu. Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 126.
Absol. [Le] Maire qui marie, et [le] prêtre qui unit au nom de Dieu (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Béc., 1885, p. 210).
À la forme passive. À dix [heures] , les époux monteraient en voiture pour se rendre au village voisin et y être mariés par l'officier de l'état civil; à midi aurait lieu la messe nuptiale (Ponson du Terr.,, Rocambole, t. 1, 1859p. 714).
À la forme factitive passive:
2. Elle était pénétrée pour moi d'une passion si sincère! Ne m'a-t-elle pas offert plus de dix fois de s'enfuir avec moi, si pauvre, et d'aller nous faire marier par un moine du Monte Cavi? Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 190.
[Le suj. reste imprécis] Henri: (...) On nous a mariés sans que nous nous connaissions, sans que nous nous aimions (Dumas père, Reine Margot, t. 2, 1845, i, 4, p. 32).On allait les marier à l'église et à la mairie. Ils n'avaient rien ni l'un ni l'autre (...) rien ne s'opposait à ce que la loi et la religion fussent satisfaites (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Béc., 1885p. 209).
2.
a) [Le suj. désigne la pers. ou la collectivité suscitant le mariage; l'obj. désigne l'un des époux] Donner un époux/une épouse à quelqu'un. Marier qqn selon son coeur, selon les convenances, de force, malgré lui; marier sa fille sans dot. On me maria, malgré mon aversion pour le mariage (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 363).V. déserter A 2 ex. de Sartre, Mots, 1964, p. 80:
3. ... son idée fixe, était de marier ce fils adoré, de le bien marier, de le marier d'une façon assez riche et assez brillante pour que ce mariage la vengeât et la payât (...) de toutes ses privations de femme et d'épouse. Goncourt,R. Mauperin,1864, p. 61.
[Avec compl. second.] Marier qqn à/avec qqn.Donner à quelqu'un un homme/une femme pour époux/époux une épouse à quelqu'un. Marier qqn selon son coeur, selon les convenances, de force, malgré lui; marier sa fille sans dot. On me maria, malgré mon aversion pour le mariage (Chateaubr.,Mém.,t.1, 1848, p.363).V. déserter A 2 ex. de Sartre, Mots, 1964, p.80:
P. plaisant. Marier qqn contre qqn.À quinze ans, ses parents la marièrent contre un colonel de vingt ans (Verlaine, Œuvres posth., t. 1, Hist. comme ça, 1896, p. 370).
[P. méton. du compl.] Quand je pense que vous étiez prête à marier ce garçon avec un sac d'écus! (Aymé,Cléramb.,1950, iii, 8, p. 174).
À la forme factitive. En 1650, son frère le fait marier, il lui donne à épouser Marguerite de Lampérière (Brasillach,Corneille,1938, p. 344).
Loc. verb. à sens passif. Se laisser marier par/à/avec qqn. Son mari, vraiment elle ne l'avait pas choisi du tout. Elle ne savait pas: elle s'était laissé marier par son père (A. France,Lys rouge,1894, p. 25).Elle s'était laissée marier docilement à un vieillard (Mauriac,Noeud vip.,1932, p. 122):
4. Elle n'avait pas de dot, pas d'espérances, aucun moyen d'être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué; et elle se laissa marier avec un petit commis du ministère de l'Instruction publique. Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Parure, 1884, p. 453.
Loc. À marier. Être bon(ne), difficile à marier. Elle n'est pas riche. Elle appartient à une famille moyenne. C'est une jeune fille comme on en trouve à la grosse, bonnes à marier, sans qualités et sans défauts apparents, dans la bourgeoisie ordinaire (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Lui? 1883, 1884, p. 852).
Avec valeur d'adj. Célibataire, libre. Demoiselle, jeune homme, veuf à marier. Il y a ici quatre jeunes personnes à marier, toutes assez riches, trois fort jolies (Constant,Journaux,1803, p. 30).Il s'aperçut qu'elle était jolie, et, comme il était à marier, il la prit pour femme (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 3, 1859, p. 32).Les garçons (...) fréquentent de préférence les veilles où se rendent les filles à marier (Menon, Lecotté,Vill. Fr., t. 2, 1954, p. 19).
b) P. anal.
LITT. Depuis deux jours, le vent des fleurs soufflait, la tiède brise qui fait éclore les fleurs et les marie (Arène,J. des Figues,1870, p. 51):
5. ... les amours des plantes ne sont pas également tranquilles; il en est d'orageuses, comme celles des hommes: il faut des tempêtes pour marier sur des hauteurs inaccessibles le cèdre du Liban au cèdre du Sinaï... Chateaubr.,Génie, t. 1, 1803, p. 208.
HIST. V. époux I B spéc.:
6. Lorsqu'autrefois ces galériens ramaient à bord du Bucentaure, on jetait sur leurs épaules flétries une tunique de pourpre pour les faire ressembler à des rois (...). Les forçats vénitiens mariaient le doge à la mer, et renouvelaient eux-mêmes avec l'esclavage leur union indissoluble. Chateaubr.,Mém., t. 4, 1848, p. 350.
3. [Le suj. désigne l'un des/les époux]
a) Pop. ou région. [Le suj. désigne l'un des époux; l'objet l'autre] Prendre quelqu'un pour époux/épouse. Synon. épouser.Dans le temps, ton beau-père était renommé pour connaître beaucoup de choses sur l'eau. Les puisatiers venaient un peu le toucher, avant de commencer à creuser (...). C'était avant que tu maries la Marguerite (Giono,Colline,1929, p. 81).Grand salaud! voleur de filles! moi je saurai bien t'obliger à reconnaître la vérité et aussi à marier une fille de dix-sept ans que tu as foutue enceinte (Aymé,Nain,1934, p. 35):
7. − J'la veux, mais, tu sais, j'la marierai bien, moi. Elle s'appelle Eudoxie Dumail. Avant j'pensais pas à l'épouser. Mais depuis que j'connais son nom de famille, i' m'semble que c'est changé, et j'marcherais bien. Barbusse,Feu,1916, p. 88.
Absol., région. Je les ai opposés en rien [mes enfants]. Ils ont marié comme ils ont voulu (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Boitelle, 1889, p. 271).
[Avec se explétif] Pop. Elle dit comme ça que c'est un morceau du pain cet homme là; que la femme qui se le mariera elle s'attrapera un bon niméro [numéro] (Musette,Cagayous chauffeur,1909, p. 164).
b) Emploi pronom. réciproque. [Le suj. désigne les deux époux] S'unir l'un à l'autre par les liens du mariage. [Les époux] peuvent (...) déclarer d'une manière générale qu'ils entendent se marier ou sous le régime de la communauté, ou sous le régime dotal (Code civil,1804, art. 1391, p. 253).Tous ces Italiens de qualité ont l'habitude de se marier entre eux, n'est-ce pas? demanda négligemment Danglars; ils aiment à associer leurs fortunes (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 101).Vous ne pouvez continuer à vivre ensemble, vous offensez Dieu et les hommes... Il faut vous marier (Zola,Pot-Bouille,1882, p. 359).
P. plaisant. Avoir des privautés. À partir de maintenant on est fiancé. En attendant les sacrements on se mariera un petit peu, de temps en temps (Aymé,Clérambard,1950, III, 7, p.170).
c) Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne l'un des époux] Contracter mariage. Phoebus de Châteaupers (...) fit une fin tragique, il se maria (Hugo,N.-D. Paris,1832, p. 566).Dans le milieu de Zaza, il fallait se marier ou entrer en religion (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 153).V. aimer ex. 17; aimé ex. 1; fatiguer I B 1 c ex. de Lemaitre, Contemp., 1885, p.314:
8. − «Mieux vaut se marier que de brûler», cita Joseph. David inclina la tête (...). Il y eut un silence, puis Joseph murmura: − Est-ce pour cela que tu te maries? − Je me marie parce que je suis... amoureux, fit David un peu gêné. Green,Moïra,1950, p. 187.
SYNT. Se marier devant Dieu, devant les hommes; se marier religieusement, civilement, légalement; se marier au pays, au village, en province, à l'étranger; se marier jeune, vieux, tard, vite; se marier de bonne heure; se marier avantageusement, convenablement, honorablement, richement; se marier à son gré, à regret, avec/sans le consentement de ses parents/de son père; se marier dans son monde; se marier par ambition, par amour, par convenance, par entraînement, par inclination, par intérêt, pour de l'argent, pour sa carrière, selon sa condition, selon les vues de son père; se marier une première, une seconde, plusieurs fois; penser, chercher, trouver, consentir, renoncer à se marier; avoir l'âge/être en âge, être pressé, être sur le point de se marier; refuser de se marier; jurer de ne jamais se marier.
[Avec compl. second.] Se marier à/avec qqn.Prendre quelqu'un pour époux/pour épouse. Elle se maria à un homme de son rang, sur le sol de l'émigration (Gozlan,Notaire,1836, p. 63).V. assouvissance ex. 1.
P. plaisant. Se marier contre qqn. Élisa la Rousse, ma passion, se marie à l'encontre de qui? Je l'ignore (Balzac,Corresp.,1821, p. 110).
4. [L'objet désigne des entités concrètes ou abstr.] Réunir par le mariage ce que possède en propre chacun des époux. Unir ces deux enfants, n'est-ce pas vouloir que deux vaisseaux en perdition essayent de se sauver l'un l'autre? Isolés, ils ont encore, chacun de son côté, chance de s'en tirer; ils sombrent à coup sûr, en mariant leurs fortunes (Sandeau,Mllede La Seiglière,1848, p. 270).Anne-Marie (...) l'entreprit sur le mariage de Zélie Messance et de M. de La Vernadelle. On mariait les propriétés qui iraient depuis la Dore jusqu'au mont de Grandrif (Pourrat,Gaspard,1930, p. 153):
9. Pécopin était fils du burgrave de Sonneck, et Bauldour était fille du sire de Falkenburg. L'un avait la forêt, l'autre avait la montagne. Or quoi de plus simple que de marier la montagne à la forêt? Les deux pères s'entendirent, et l'on fiança Bauldour à Pécopin. Hugo, Rhin,1842, p. 186.
B. − [Avec une indication de date, relativement à la cérémonie du mariage] Célébrer le mariage de quelqu'un, son mariage. Haviland, (...) marie son fils lundi (Goncourt,Journal,1895, p. 884).Le 10, j'irai en Touraine marier un ami (Martin du G.,Thib., Belle sais., 1923, p. 909).Nous avons décidé de nous marier à la fin de janvier. Cela me semble terriblement loin (Gide,École femmes,1929, p. 1267).
II. − Au fig.
A. − Accorder, associer, mêler intimement, harmonieusement (des entités concrètes ou abstraites).
1. [L'obj. désigne des entités de même nature] Un [jeune homme], petit et charmant (...) cherchait à marier des couleurs de soie, pour un étalage intérieur (Zola,Bonh. dames,1883, p.432).Je traversais des futaies où la lumière du matin (...) émondait les arbres, mariait ensemble les tiges diverses et composait des bouquets (Proust,Swann,1913, p. 424):
10. Comme nous nous plaisions à nous associer, à nous superposer, à nous fondre, à marier à chaque occasion et il y en avait beaucoup, nos espoirs, nos serments silencieux, nos fidélités! Arnoux,Roy. ombres,1954, p. 138.
SYNT. Marier des courbes, des formes, des nuances, des parfums, des styles; marier des accords, des sons, des timbres, des tons, des voix; marier des idées, des mots, des rimes; marier des destins, des esprits, des forces.
Emploi pronom. réciproque. Des chants qui se marient, qui se confondent, qui assoupissent les songes orageux du coeur (Nodier,Smarra,1821, p. 55).Seules, les volontés peuvent se marier ainsi, de manière à ne former, dans une coopération étroite, qu'une même chose, ut unum sint (Blondel,Action,1893, p. 413):
11. ... nos chevelures, la mienne plus rude et plus courte, se mariaient; nous nous taisions; le moindre cri faux, le moindre geste malencontreux eussent rompu l'enchantement instable. Arnoux,Roy. ombres,1954p. 94.
2. [L'obj.. désigne des entités complémentaires ou opposées] Marier qqc. et/à/avec qqc.Moi dont on avait déclaré les devoirs illisibles, ineptes, absurdes (...) je commençais, sans les faire trop crier, à marier le nom avec l'adjectif, le verbe avec son régime (Fabre,J. Savignac,1863, p. 17).Marier l'eau et le feu, le sel et le soufre. C'est ainsi qu'on fait sauter joyeusement les cornues (Gracq,Beau tén.,1945, p. 90).C'est une vaste entreprise que de marier dans les bassines de cuivre le sucre solide et pur à la molle pulpe des fruits (Beauvoir,Deux. sexe, t. 2, 1949, p.241).V. éclectisme ex. 2:
12. De tous les musiciens peut-être, celui qui a montré le plus d'esprit dans le talent de marier la musique avec les paroles c'est Mozart. Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 378.
SYNT. Marier le bois et la pierre, la foi et la raison, l'inspiration et l'ironie; marier le vert au rouge; marier la grâce à la vigueur, l'intelligence à l'amour; marier la misère avec la paresse.
Emploi pronom. réciproque. Un certain bon sens et l'enthousiasme ne se marient pas plus que le soleil et la glace, la liberté et un conquérant, Hume et le Tasse (Stendhal,Hist. peint. Ital., t. 1, 1817, p. 267).Certaines sensations où se marient le plaisir et l'horreur (Béguin,Âme romant.,1939, p. 222).
Emploi pronom. réfl.
Qqc. se marie à qqc.L'architecture légère des Arabes s'étoit mariée à l'architecture gothique (Chateaubr.,Avent. dern. Abenc.,1826, p. 250).Une grille de bois pourri, à moitié tombée de vétusté, mais à laquelle se mariaient à leur gré des plantes grimpantes (Balzac,E. Grandet,1834, p. 80):
13. ... il ne s'agit pas de plaquer une déclamation quelconque sur une musique quelconque (...); il s'agit de créer un genre nouveau, où des voix musicales se marient à des instruments apparentés à ces voix, et mêlent discrètement à leurs stances harmonieuses l'écho des rêveries et des plaintes de la musique. Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1177.
Qqc. se marie avec qqc.C'est une fort belle personne. Elle est grande, bien faite, ses cheveux blonds se marient bien avec l'éclat de son teint (Delécluze,Journal,1825, p. 106).
B. − Spécialement
1. AGRICULTURE
a) Marier les ruches. ,,Faire passer les abeilles d'une ruche à l'autre`` (Fén. 1970).
b) Marier la vigne. ,,Cultiver la vigne en hautains`` (Fén. 1970).
Littér. [P. allus. aux supports utilisés pour marier la vigne] :
14. Il faudrait marier l'industrie à l'agriculture comme on marie la vigne à l'ormeau. Toute usine serait campagnarde; tout ouvrier d'usine serait propriétaire d'un bien au soleil et cultiverait lui-même. Cette nouvelle Salente compenserait l'esprit remuant par l'esprit rassis. Alain,Propos,1922, p. 430.
2. IMPR. [Correspond à mariage C 1] ,,Imposer différents modèles dans un même chassis`` (Carabelli, [Lang. typogr.], s. d., p. 433).
3. MAR. Marier des cordages, des chaînes. Les lier ensemble par un lien (d'apr. Le Clère 1960).
REM. 1.
-marier, élém. de compos.V. démarier, remarier.
2.
Mariant, -ante, adj.,rare. Enclin, disposé au mariage (cf. Rougé, Folkl. Touraine, 1943, p. 205). Le docteur ajouta (...) que Madame de Chasteller était un fort bon parti, et il se mit à détailler tous ses biens. − Mon cher docteur, si j'étais d'humeur mariante, mon père a mieux que cela pour moi (Stendhal,L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 180).
3.
Marida, verbe pronom.,part. passé et subst. masc., arg. a) Emploi pronom. Se marier. Le fils de Léon le bougne s'est marida [à la mairie et l'église] hier (Pt Simonin ill.,1957, p. 591).b) Part. passé adj. Marié. Il avait été marida sept fois (Stollé,Contes, Barbe-Bleue, 1947, p. 1).Ces bics!... Y se croyaient tout permis. Emballaient les gonzesses sans même chercher à savoir si elles étaient maridas? (Le Breton,Rififi,1953, p. 43).c) Subst. masc. Mariage. Charles, lui, il me parle marida (Queneau,Zazie,1959, p. 180).
Prononc. et Orth.: [maʀje], (il) marie [maʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1145 trans. «donner quelqu'un en mariage» (Wace, Conception N. D., éd. W. R. Ashford, 691); b) 1176 id. «prendre pour femme» (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 3097), actuellement arch. ou provincialisme; c) apr. 1170 pronom. réfl. «contracter mariage» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 10290); ca 1220 pronom. réciproque «s'unir par le mariage» (Gautier de Coinci, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, II Chast. 10, 1100); 2. a) 1558 trans. «unir étroitement, intimement» (Du Bellay, Discours au Roy sur la trefre de l'an M.D.LV, éd. H. Chamard, 162); b)1672, 4 mai id. «allier deux choses ensemble, former un tout harmonieux» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 3, p. 53); 1789 [date de publ.] pronom. «s'unir, se fondre en un ensemble harmonieux» (J.-J. Rousseau, Confessions, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, IX, p. 439); c) spéc. 1690 vitic. marier des vignes avec des ormeaux (Fur.); 1770 marier la vigne (Delille, Georg., I ds Littré); 1752 marier des ruches (Trév.). Du lat. d'époque impériale maritare «donner en mariage; marier, unir des arbres à la vigne» lui-même dér. de maritus, v. mari. Fréq. abs. littér.: 3651. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4848, b) 7715; xxes.: a) 5343, b) 4041.
DÉR.
Mariable, adj.Qui est en âge, en état de se marier ou de l'être. Elle (...) était encore mariable, car elle n'avait pas dépassé de grand'chose la trentaine (Sand,Maîtres sonneurs,1853, p. 6).L'ancienne pécheresse (...) blanchie de la tête aux pieds (...) est aussi mariable que n'importe quelle autre fille (Gobineau,Nouv. asiat.,1876, p. 140).On me dit: «Mariez-vous», mais je ne suis pas mariable, si je n'aime pas infiniment (Montherl.,Lépreuses,1939, p. 1390). [maʀjabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1reattest. ca 1200 une meschine ja mariable (Dialogue Grégoire, 153, 19 ds T.-L.); de marier, suff. -able*. Fréq. abs. littér.: 13.

Wiktionnaire

Verbe - français

marier \ma.ʁje\ (voir la conjugaison) transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se marier)

  1. Unir deux personnes par le lien conjugal, selon les lois de l’État ou de la religion.
    • A peine majeur et par les soins de l’Ignacien, Laurent Tailhade fut marié à une hoberelle bretonne dont le terre à terre provincial et l'esprit façonné par les Pères étaient capables de couper les ailes au poète le mieux doué. — (Fernand Kolney, Laurent Tailhade: son œuvre, étude critique, Carnet-Critique, 1922, page 9)
  2. Arranger un mariage.
    • Ainsi donc on nous a mariés sans que nous nous connussions, sans que nous nous aimassions ; on nous a mariés sans nous consulter, nous qu’on mariait. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre II)
    • Ah! lorsque les filles s’intéressent aux marguerites, aux pleines lunes et aux quartiers, […], l’amour est proche, la chute n’est pas éloignée. Mais pour un homme seul, avec une diablesse de cet âge, que faire sinon la marier ? Et la marier, avec qui, bonne Vierge ? — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Pierre marie d'ailleurs ses demi-nièces Anna et Ekatérina aux ducs de Courlande et de Mecklembourg, renouant ainsi avec la lointaine politique kiévienne des mariages européens, et se conduit en Allemagne comme en terrain conquis. — (Alain Préchac, Histoire de la Russie avant 1917, Éditions Bordas, 1974, chap. 6)
  3. (Populaire) Épouser.
    • — Ouais, un garçon de mon frère Elzéar, qui avait marié une petite Bourglouis, de Kiskising. Vous avez dû connaître ça, vous, madame Chapdelaine ? — (Louis Hémon, Maria Chapdelaine, J.-A. LeFebvre, Montréal, 1916)
  4. (Pronominal) Contracter un mariage ; épouser.
    • Il est d’âge à se marier.
    • Quand vous marierez-vous ?
    • Il ne se mariera pas.
    • Et quand elle sera sortie de sa maison, et que s’en étant allée, elle se sera mariée à un autre mari; Si ce dernier mari la prend en haine, et lui donne par écrit la lettre de divorce, et la lui met en main, et la renvoie de sa maison, ou que ce dernier mari qui l’avait prise pour sa femme, meure ; Alors son premier mari qui l’avait renvoyée, ne pourra pas la reprendre pour sa femme, après avoir été cause qu'elle s’est souillée ; car c’est une abomination devant l’Éternel ; ainsi tu ne chargeras point de péché le pays que l’Éternel ton Dieu te donne en héritage. — (Deutéronome 24:2-4, version Martin, 1744)
    • — As-tu remarqué, continua-t-il sérieusement, qu’il y a deux catégories d’hommes qui ont la rage de se marier de bonne heure, quoique leur situation les mette dans l’impossibilité certaine soit de vivre avec leurs femmes, soit de les faire vivre : ce sont les marins et les gens qui n’ont pas le sou. — (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 189)
    • « Te rappelles-tu ce passage de saint Paul que je t’ai cité au sujet du mariage ? reprit David.
      – « Mieux vaut se marier que de brûler », cita Joseph.
      — (Julien Green, Moïra, 1950, réédition Le Livre de Poche, page 182)
  5. (Figuré) Réunir ; assembler, en parlant de personnes.
    • Vous verrez […] que nous serons côte à côte au festin. Quel singulier hasard, en vérité ! Depuis deux heures le sort nous marie — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre V)
  6. (Figuré) Allier deux choses ensemble ; les joindre l’une avec l’autre.
    • Le but de ce passage qui suit ordinairement une machine à étirage simple est de marier les bobines de poids différents pour arriver à un poids moyen. — (D. de Prat, Nouveau manuel complet de filature; 1re partie: Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)
  7. (En particulier) Assortir des couleurs, des saveurs, des sonorités, des odeurs ou des textures.
    • Le vert se marie bien avec l’orange.
    • …et quand elle rentrait dans la chambre surchauffée du poêle où se mariaient des odeurs complexes de tourteaux broyés et de racines cuites pour le lécher des vaches, Finaud la regardait d’un œil mi-interrogateur, mi-narquois. — (Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MARIER. v. tr.
Unir un homme et une femme par le lien conjugal, selon les lois de l'État, ou leur administrer le sacrement de mariage, en parlant de l'Officier de l'état civil ou du prêtre qui remplissent l'une ou l'autre de ces fonctions. L'adjoint les a mariés à défaut du maire. C'est le curé de la paroisse qui les a mariés. Un homme marié, une femme mariée. Le participe passé s'emploie comme nom. Un nouveau marié. Une nouvelle mariée. De nouveaux mariés. Nous sommes déjà de vieux mariés. Toilette de mariée. Robe, voile, bouquet de mariée. Il s'emploie absolument pour désigner la Personne, homme ou femme, qui se marie ou qui s'est mariée le jour même. Voilà le marié, la mariée. Fig. et fam., Se plaindre que la mariée est trop belle, Se plaindre d'une chose dont on devrait se louer. Il se dit aussi de Ceux qui font, qui arrangent un mariage, soit par autorité paternelle, soit par office d'amitié. Son père l'a marié avantageusement, l'a marié à la fille, avec la fille d'un de ses amis. Il a fort bien marié sa nièce. C'est un ami de son père qui l'a marié. Cette dame a la manie de marier tout le monde. Cette jeune fille est bonne à marier, Elle est en âge d'être mariée.

SE MARIER signifie Contracter un mariage. Il est d'âge à se marier. Quand vous marierez-vous? Il s'est marié richement. Il ne se mariera pas. Quand nous marierons-nous? Ils se sont mariés l'an dernier.

MARIER signifie, au figuré, Allier deux choses ensemble, les joindre l'une avec l'autre. Marier la vigne avec l'ormeau, à l'ormeau. Ces deux mots ne se marient pas bien. Sa voix se marie bien avec son instrument, à cet instrument, au son de cet instrument. Ce livre est d'une lecture agréable : le sérieux et la gaieté s'y marient heureusement. Marier des couleurs, Les assortir.

Littré (1872-1877)

MARIER (ma-ri-é), je mariais, nous mariions, vous mariiez ; que je marie, que nous mariions, que vous mariiez v. a.
  • 1Unir un homme et une femme par le mariage. Le maire, le curé les a mariés. Il dit, faisons le contrat ; on y consentit, et puis il dit : mais qui nous empêche de les marier demain ? Sévigné, 557. Le duc son père avait fondé dans ses terres de quoi marier tous les ans soixante filles, Bossuet, Anne de Gonz. Sous prétexte de conduire en Hollande la princesse royale, sa fille aînée, qui avait été mariée à Guillaume, prince d'Orange, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Il sera marié cette année, se dit, en plaisantant, d'une personne qui jette au plafond des choses qui s'y attachent. Se dit aussi d'une personne qui a le fond de la bouteille lorsqu'on lui verse à boire.

  • 2Il se dit de ceux qui font ou qui procurent mariage, soit par autorité paternelle, soit par office d'amitié. Son père l'a marié avantageusement. On cherche à marier ce jeune homme. Agnès : …Mariez-moi donc promptement, je vous prie. - Arnolphe : Si vous le souhaitez, je le souhaite aussi, Et pour vous marier on me revoit ici, Molière, Éc. des f. II, 6. Je crois, si je me l'étais mis en tête, que je marierais le Grand Turc avec la république de Venise, Molière, l'Avare, II, 6. Le roi se réjouit de tout cela et marie sa fille, en faisant des compliments comme un autre, Sévigné, 394. Si vous saviez, mon pauvre cousin, ce que c'est que de marier son fils, vous m'excuseriez d'avoir été si longtemps sans vous écrire, Sévigné, 4 déc. 1683.

    Cette fille est bonne à marier, elle est en âge de prendre mari.

  • 3 Fig. Allier deux choses ensemble, les joindre l'une avec l'autre. Les sens n'ont point de part à toutes mes ardeurs, Et ce beau feu ne veut marier que les cœurs, Molière, F. sav. IV, 2. Vous avez passé ce diantre de Rhône, si fier, si orgueilleux, si turbulent ; il faut le marier à la Durance ; ha, le bon ménage ! Sévigné, 470. Elle mariait le luth avec la voix et le spirituel avec la grossièreté, Sévigné, 4 mai 1672. Au pampre tu [France] peux marier Olive, épi, rose et laurier, Béranger, Vendanges.

    Marier la vigne, la cultiver sur hautains. Marier la vigne à l'ormeau. Je dirai sous quel signe Il faut ouvrir la terre et marier la vigne, Delille, Géorg. I.

    Marier des couleurs, les assortir.

    Terme de marine. Marier deux cordages, deux bouts de cordages, en opérer la jonction.

    Terme de chasse. Marier les pièces, c'est, en tendant les toiles ou panneaux pour prendre des animaux, joindre les pièces au moyen d'œillets et de bâtonnets faits exprès.

    Marier des ruches, faire passer les abeilles d'une ruche dans une autre.

  • 4 V. réfl. Se marier, en parlant d'un homme, prendre une femme, en parlant d'une femme, prendre un mari. Massinisse en un jour voit, aime et se marie, Mairet, Sophon. IV, 5. M. de Basville se marie à Mlle de Chalucel, Sévigné, 130. Alcippe, il est donc vrai, dans peu tu te maries, Boileau, Sat. X. Presque tous les hommes ont l'inclination de se marier ; il n'y a que la misère qui les en empêche, Fénelon, Tél. XI.

    Fig. Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie, Molière, F. sav. I, 1.

  • 5Se marier, se prendre réciproquement pour mari et femme. Ils se sont mariés l'an dernier. Ils mangeaient, ils buvaient, ils se mariaient ; c'étaient des occupations innocentes ; que sera-ce, quand en contentant nos impudiques désirs…, Bossuet, Mar.-Thér.
  • 6 Fig. Être uni, en parlant des choses. Sa voix se marie bien avec cet instrument, à cet instrument. Elle avait l'esprit très agréable ; la gaieté, l'étourderie et la naïveté s'y mariaient heureusement, Rousseau, Conf. IX.

REMARQUE

On a essayé d'établir une différence entre marier à et marier avec ; mais il n'y en a aucune.

HISTORIQUE

XIIe s. Droite est voirement, chier frere, nostre sente, et plus seure de [que] la voie des mariez, Saint Bernard, p. 567.

XIIIe s. Et eschei li roausmes à une siene sereur qui estoit en la tiere de Surie et estoit mariée à monsign. Guion de Lusinan, Chr. de Rains, 18. Après [ils] le marierent pour son cors honorer, Berte, III. Vous m'aviez mariée à un riche mari, Mais je sui mariée à Dieu qui n'a menti, ib. LIX.

XVe s. Et fit le roi de France seoir à table les deux mariés et les deux mariées, Froissart, II, II, 223. Combien que feu Simon Bradieu fu marié en femme dont il devoit estre content, Du Cange, maritare.

XVIe s. Ce grand Monmorency, le Nestor de la France, Qui sçait au bon conseil marier la vaillance, Du Bellay, J. III, 63, verso. Vous verrez aucune fois des hommes rebours de nature, qui rejettent au loing ceulx qui leur parlent de marier et engendrer enfans legitimes, Amyot, Solon, 10. La nouvelle mariée, Amyot, ib. 37. Souvent par gens mariez prestres et gens d'armes ne sont aymez, Génin, Récréat. t. II, p. 249. Incontinent qu'ils sont mariez, les oreilles leur pendent d'un pied, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 320. Dites toujours nenni, vous ne serez jamais marié, Leroux de Lincy, ib. p. 89. Qui loing se va marier sera trompé ou veut tromper, Leroux de Lincy, ib. Qui en haste se marie à loisir se repent, Leroux de Lincy, ib. p. 390. Qui mal se marie tost se marie, Leroux de Lincy, ib. p. 395. Qui tard se marie mal se marie, Leroux de Lincy, ib. 407.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « marier »

Provenç. et esp. maridar ; ital. maritare ; du lat. maritare, de maritus, mari.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(1145) Du latin maritare (« marier »), dérivé de marītus (« mari »). Se marier est attesté en 1170[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « marier »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
marier marje

Fréquence d'apparition du mot « marier » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « marier »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « marier »

  • Avis aux personnes sur le point de se marier : "N'en faites rien"
    Anton Tchekhov
  • S’enrôler ou se marier ne se doit point conseiller.
    Proverbe espagnol
  • Se marier c'est être aussi bien avec elle que si on était tout seul.
    Guy Bedos
  • On devrait se marier entre compagnons d’enfance.
    Alexandra David-Néel
  • Le futur du verbe se marier... - C'est divorcer.
    Nathalie Petrowski — Il restera toujours le Nebraska
  • Quand on veut vraiment se marier, on y arrive.
    Laurent Graff — Voyage, voyages
  • Qui veut se marier est sur la voie du repentir.
    Proverbe grec
  • Se marier : donner dans l'amour permis.
    Antoine Baudeau de Somaize — Dictionnaire des Précieuses
  • Il n'y a pas de bon âge pour se marier. Il faut être stupide pour avoir envie de se marier.
    Paroles d’enfant
  • Un homme doit-il se marier ? Quoi qu'il fasse, il se repentira.
    Socrate
Voir toutes les citations du mot « marier » →

Traductions du mot « marier »

Langue Traduction
Anglais marry
Espagnol casar
Italien sposare
Allemand heiraten
Chinois 结婚
Arabe الزواج
Portugais casar
Russe выйти замуж
Japonais 結婚する
Basque ezkontzeko
Corse sposa
Source : Google Translate API

Synonymes de « marier »

Source : synonymes de marier sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « marier »

Combien de points fait le mot marier au Scrabble ?

Nombre de points du mot marier au scrabble : 8 points

Marier

Retour au sommaire ➦