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Lever

Définitions de « lever »

Trésor de la Langue Française informatisé

LEVER1, verbe

I. − Emploi trans.
A. − (Faire) bouger, déplacer quelque chose de bas en haut, faire passer ce qui était à l'horizontale ou penché à l'oblique ou à la verticale et (plus rare) inversement.
1. [L'obj. premier désigne un inanimé concr.]
a) Qqn lève qqc.
[L'obj. désigne une charge, un poids] Soulever. Lever un fardeau, une pierre. Machine très simple de l'ingénieur Savary, pour lever à bras d'hommes des pierres druidiques (Michelet, Journal,1835, p. 166).Caderousse se hâta de lever une trappe pratiquée dans le plancher même (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 310).Un instant il pensa à allumer du feu; mais il essaya vainement de lever le tablier rouillé de la cheminée (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 109).
[L'obj. désigne un outil, un objet domestique] Hausser. Lever la lampe (pour obtenir une orientation plus adéquate); lever la pioche (pour l'abattre ensuite avec plus de force). Quand elle levait son fléau, la poitrine tendait la chemise toujours au même endroit (Aymé, Jument,1933, p. 174).
MAR. Lever les accores, les épontilles, une garcette, les lofs. (Ds Littré). Lever l'ancre. La retirer du fond de la mer au moyen de son câble. Le vent ayant passé au sud, il leva l'ancre, et fit route au nord l'espace de deux jours (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 83).P. méton. Partir. Les transatlantiques lèvent l'ancre pour l'Europe à minuit, et la coutume veut que l'on accompagne ses amis jusqu'à leur cabine (Morand, New-York,1930, p. 200).P. métaph. Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre! Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons! (Baudel., Fl. du Mal,1861, p. 234).Lever les rames. Cesser de ramer en maintenant la rame horizontalement au-dessus de l'eau. (Dict. xixeet xxes.).
[L'obj. désigne ce qui sert à couvrir, à cacher] Relever. Lever la moustiquaire, le store. Il leva les persiennes de sa voiture, et se remit à dormir (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 289).Si chaud, que j'étais allé, vers une heure, pour lever les jalousies (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 968).Lever le voile. Au fig. À un de ces repas où chacun aime à se vanter, et que mes compagnons levaient hautement devant moi le voile de leurs amours (Nerval, Faust,1840, 2epart., p. 148).
THÉÂTRE, vieilli. Lever la toile. Faire apparaître la scène et commencer la pièce. Emploi pronom. La toile se leva. Coralie et Florine étaient en scène (Balzac, Illus. perdues,1839, p. 332).Synon. lever le rideau.J'entrai dans la salle (...) on venait de lever le rideau (Dumas père, Kean,1836, iii, 12, p. 152).
[L'obj. désigne un signe, un symbole]
Vieilli. Lever bannière. Placer sa bannière sur son château pour appeler ses vasseaux aux armes. On arrêta que le jour où le sire Jean de Heyle devait arriver, on lèverait tout à coup la bannière de Flandre, en criant : « Flandre au lion! (qui était le cri d'armes des comtes de Flandre)... » (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 318).
Au fig. Lever l'étendard, l'oriflamme. Se révolter. Le jour où Lucifer leva l'étendard contre le Tout-Puissant (Chateaubr., Natchez,1826, p. 143).Au temps où naquit Ravaillac (...) cette antique cité d'Angoulême (...) levait l'étendard catholique au-dessus d'une campagne huguenote (Tharaud, Trag. de Ravaillac,1913, p. 7).
Locutions
Lever boutique, lever ménage. ,,Commencer à tenir boutique, à tenir ménage`` (Ac. 1878). En 1800 un Toulousain nommé Cabot, jeune perruquier dévoré d'ambition, vint à Paris, et y leva boutique (Balzac, Comédiens,1846, p. 335).
Lever la paille. [P. allus. à l'ambre qui attire les pailles et les soulève] Être tout-à-fait supérieur, décisif. (Ds Ac. 1935, Lar. 19e-20e, Quillet 1965).
b) Qqn lève qqc. à, sur, contre qqn
[En signe d'hommage]
Lever sa casquette, son chapeau à qqn. Le saluer. Un paysan blanc [de neige] qui nous leva son bonnet de fourrure (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 123).
Lever sa coupe, son verre en l'honneur, à la santé de qqn. Lui porter un toast. Au repas, je levai mon verre en l'honneur de ce grand chef, à qui je portais, depuis toujours, une déférente amitié (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 114):
1. Ils devenaient terribles après le repas, quand ils avaient bu du vin! C'était une joie défendue sous peine de mort dans les armées puniques, et ils levaient leur coupe du côté de Carthage par dérision pour sa discipline. Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 70.
[Avec une intention agressive] Lever le bâton, le couteau, le fouet, la lance, le pistolet, le poignard contre, sur qqn. L'esclave leva l'épée, mais au lieu de frapper son maître, il se perça lui-même (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 326).Comme un Allemand levait sa crosse sur un camarade qui traînait la jambe, elle se précipita vers lui et se mit à l'accabler d'injures (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 36).
Lever la hache (de guerre) contre qqn (au fig.). Déclarer les hostilités ou y répondre. Si nous sommes enfin forcés à lever la hache, nous combattrons avec l'assurance de la victoire ou d'une mort sainte (Chateaubr., Natchez,1826, p. 142).Synon. déterrer la hache*; anton. enterrer la hache.
2. [L'obj. premier désigne une partie du corps]
Lever le(s) bras. Lever le bras (pour attirer l'attention). Il leva le bras pour faire signe qu'il voulait parler (Ambrière, Gdes vac.,1946p. 267).Lever les bras (injonction faite à quelqu'un pour contrôler le port d'arme). Il fallut faire le geste ignoble, lever les bras, subir la fouille provisoire (Ambrière, Gdes vac.,1946p. 28).Lever les bras pour + inf. (en geste de supplication).Et tous à genoux vers les tentes puniques, ils levaient leurs bras pour implorer grâce (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 133).Lever les bras au ciel (en geste de désespoir ou d'indignation). Quand il recevait, par mandat, le montant de ses droits d'auteur, il levait les bras au ciel en criant qu'on lui coupait la gorge (Sartre, Mots,1964, p. 32).
Lever le coude*.
Lever la crête (fam.). S'enorgueillir, fanfaronner. (Ds Littré, Lar. Lang. fr.).
Lever un/le doigt (pour attirer l'attention). En classe, il ne levait jamais le doigt, mais lorsqu'on l'interrogeait, la vérité parlait par sa bouche (Sartre, Mots,1964p. 188).Au fig. Ne pas lever le petit doigt pour qqn. Ne pas l'aider, ne rien faire pour lui. On nous plaint, mais on ne lèverait pas le petit doigt pour nous (Montherl., Port-Royal,1954, p. 1011).
Lever les épaules. Manifester son agacement, son mépris. Je levai les épaules avec impatience. − Ne te fâche pas, s'écria-t-elle (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 178).Synon. cour. hausser les épaules*.
Lever l'index. Manifester sa réprobation. Il leva l'index en l'air d'un ton menaçant (Proust, Prisonn.,1922, p. 227).
Lever la jambe (pop.). Danser. Tout le reste, femmes comme hommes, valsait, se saoulait, levait la jambe (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 234).En partic. ,,Danser le cancan`` (Larchey, Excentr. lang., 1865, p. 175).
Lever la main [Dans une vente publique pour manifester son désir d'acquérir un objet] Quelqu'un venait de lancer une surenchère; elle leva la main : − « Neuf cents francs! » (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 272).[En signe de serment] Prêtez serment... Ils lèvent tous la main, très lentement (Camus, Possédés,1959, 2epart., 12etabl., p. 1055).[Dans un tribunal avant de faire une déposition et de prêter serment] Levez la main droite. Vous jurez de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité? (Meilhac, Halévy, Boule,1875, III, 8, p. 109).Lever la main sur qqn pour + inf.S'apprêter à frapper quelqu'un. Laurent leva la main pour frapper Thérèse au visage (Zola, T. Raquin,1867, p. 194).
Lever les mains au ciel (en signe d'imploration). Les femmes gémissaient, levaient les mains au ciel, invoquaient la Sainte Vierge (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 119).
Lever le nez. Diriger son regard vers le haut, pour observer. Il arriva devant cette porte, leva le nez en l'air, regarda la maison, resta bouche bée (Huysmans, Marthe,1876, p. 77).
Lever le pied. Partir. Nous reçumes l'ordre, un matin, de lever le pied, et tout de suite on boucla le sac, on boutonna ses guêtres, et l'on sortit par la porte de Mannheim (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 52).Au fig., fam. Disparaître après une mauvaise action. Il a tapé la caisse des jeux de cinquante mille francs (...) Puis il a levé le pied (Bourget, Geôle,1923, p. 206).
Lever le pied. Ne plus appuyer le pied sur l'accélérateur, ralentir. Sans lever le pied. En laissant le pied sur l'accélérateur, sans ralentir. Il enfile les Champs-Élysées à tout berzingue. Il coupe l'avenue George V sans lever le pied (Simonin, Bazin, Voilà taxi!1935, p. 159).
Lever le poing. Manifester une menace, ou faire un signe de salut comme au temps du Front populaire. (Ds Lar. Lang. fr.).
Lever les sourcils. Manifester son étonnement. Elle leva les sourcils avec une expression d'étonnement (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 218).
Lever la tête. Au fig. Reprendre sa fierté. Voici que se dessine la fin du pire drame de notre histoire. Levons la tête! Serrons-nous fraternellement les uns contre les autres et marchons tous ensemble (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 126).
Lever le regard, la vue, les yeux sur qqn, vers qqc. Regarder quelqu'un, quelque chose avec attention. Je demandais rien pourtant. Rien que de le voir lever la vue sur moi, de temps à autre (Guèvremont, Survenant,1945, p. 260).
En partic.
Lever le cœur. Donner la nausée. Le cœur me/lui lève. Cela me lève le cœur; les immondices me lèvent le cœur. L'odeur des abatis lui faisait lever le cœur (Guèvremont, Survenant,1945p. 76).
Au fig. Provoquer le dégoût. Ces gens me lèvent le cœur. J'ai pris [chez le libraire] le Provincial à Paris, de Balzac : c'est à lever le cœur (Delacroix, Journal,1854, p. 251):
2. Elle se disait renseignée ainsi par un des plus intimes amis de notre maison. Je ne répondis rien, je ne pouvais rien répondre. Le cœur me levait de dégoût. Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 395.
Lever le cri (au fig., vieilli). Pousser le cri d'alarme convenu en cas de péril. (Ds Ac. Compl. 1842, Lar. Lang. fr.).
Lever la voix. Monter la voix à un diapason supérieur. Synon. élever la voix (v. élever1).Tant de morts et de pleurs, de cendres, de décombres, Qui contre vous lèvent la voix! (Chénier, Iambes,1794, p. 270).Au fig. lever la voix*.
B. − Faire sortir quelque chose ou quelqu'un d'un lieu en soulevant, en enlevant.
1. Ôter, retirer quelque chose ou quelqu'un de l'endroit où il se trouve.
a) Qqn lève qqc.Lever (synon. soulever) le couvercle de la soupière; lever (synon. relever) les lettres dans la boîte. Lever [synon. enlever] un appareil (chirurgical) (Ac.). Aucun effet toxique ne se produit quand on lève la ligature (G.-H. Rogerds Nouv. Traité Méd. fasc. 6 1925, p. 7).
Lever le corps. Acte officiel par lequel un corps est emporté du lieu où il se trouve (voie publique ou maison mortuaire) pour être exposé ou inhumé. Tout le clergé de l'église cathédrale, et les communautés religieuses de la ville, lui rendirent les derniers devoirs et vinrent lever le corps dans la chapelle du château (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 187).
Lever le masque (à qqn) (dans un bal pour le reconnaître). Au fig. Se montrer sous son vrai jour. Lorsque tout fut prêt pour l'exécution de l'horrible projet, les conjurés levèrent le masque (Marat, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 80).
Lever le miel. Prendre le miel des ruches. On levait le miel des abeilles. Jeuselou était là, avec le masque et les outils de Gaspard (Pourrat, Gaspard,1931, p. 94).
Lever la table. La débarrasser. Synon. lever le couvert.Il faut lever la table, Josette; mais vous laisserez la nappe (J. Humbert, Nouv. gloss. genev.,1852, p. 17).
Spécialement
DR. Lever les scellés. Retirer les scellés, en présence d'un officier de justice et des parties. (Ds Barr. 1974). On ne saurait lever des scellés qu'en présence de celui qui y est intéressé (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 448).Au fig. Supprimer les effets contraignants d'une mesure. Lever le décret, l'interdit, la sentence; faire lever l'écrou, l'exil de qqn. Est-ce là ce que tu trouves pour faire lever son ban? (Claudel, Euménides,1920, III, p. 970).
P. anal. Lever les consignes. À l'occasion de la Saint-Jacques, je lèverai toutes les punitions (H. Bazin, Vipère,1948, p. 176).
HORTIC.
Lever les guérets (vieilli). Donner le premier labour à une terre qui a reposé quelque temps. (Ds Ac. Compl. 1842, Littré, Rob.).
Lever (une fleur, un arbre) en motte. Enlever de terre avec les racines. (Ds Ac., Lar. Lang. fr.). Lever les oignons des tulipes. (Ds Ac. Compl. 1842, Littré).
PÊCHE. Lever les filets, les lignes. ,,Les retirer de l'eau pour prendre le poisson`` (Ac. 1935).
P. anal.
Lever le camp, les tentes, le siège. Plier bagage et s'en aller. Le 11, nous levâmes les tentes à la lueur de mille étoiles (...) nous descendîmes environ une heure les dernières collines (...) et nous entrâmes dans la plaine d'Acre (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 302).
Fam. On s'était dit qu' (...) une fois la tourmente conjurée, on lèverait le camp par une belle nuit... on transborderait notre matériel et on irait se faire voir ailleurs! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 534).
Lever un plan, des plans. Prendre les mesures nécessaires pour tracer le plan d'un lieu, le tracer. Synon. relever.Faire lever les cartes d'un pays. Le canal de l'est (...) se terminait (...) par deux glaciers : ces deux canaux ont été levés et portés sur le plan de la baie (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 160).
b) Qqn lève qqn
Lever la garde, la sentinelle. Retirer des soldats qui sont de garde, retirer un soldat qui est de faction. (Ds Ac., Littré).
Lever un enfant (vieilli). Emporter à l'hôpital, par autorité publique, un petit enfant exposé. (Ds Littré, Ac. 1878). Jamais n'y eut-il tant d'enfants « exposés » qu'en ces bons vieux temps. On les trouvait, on les « levait » − c'était le mot −, au matin, à la porte des églises, des nobles hôtels, des couvents (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 249).
2. Prendre une partie d'un tout.
COUT. Lever un habit. Prélever de quoi le faire dans une pièce de tissu. (Ds Ac. 1835, Besch. 1845, Guérin 1892).
CUIS. Lever une cuisse, une aile de poulet. Détacher de la carcasse une cuisse, une aile de poulet. (Ds Ac. 1835, Besch. 1845, Guérin 1892). Lever les filets d'un poisson. Lever la bande de chair le long de l'arête dorsale.
IMPR. Lever la lettre. Prendre les lettres les unes après les autres dans les cassetins et les arranger dans le composteur pour en former des mots et des lignes. (Ds Littré, Ac.). Un ouvrier lève bien la lettre lorsqu'il la prend dans la casse habilement et sans faux mouvement (Maire, Manuel biblioth.,1896, p. 355).
JEUX. Lever les cartes. Ramasser les cartes gagnées à la suite d'un coup (Ds Ac. 1878, Lar. Lang. fr.). V. également levée.
VÉN., vieilli. Lever le pied du cerf. ,,Le couper pour en faire honneur au maître de la chasse`` (Baudr. Chasses 1834).
3. Faire payer, percevoir une somme d'argent. Synon. prélever.Lever la dîme, la taille, une recette, un tribut. La province avait le droit de lever elle-même, et suivant la méthode qu'elle préférerait, une partie des impôts royaux (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 329).Désireuse de lever une sérieuse contribution pécuniaire sur ce bourgeois ingénu et riche... (Bourget, Tapin, Fille-mère, 1927, p. 183).
P. anal. Lever ses droits d'auteur. Il menait la vie puissante et dépensière des auteurs, des journalistes et des artistes; il levait très-bien ses droits d'auteur dans toutes les coulisses de Paris (Balzac, Prince Bohême,1840, p. 384).
ÉCON., FIN. Lever une somme d'argent, lever les titres. Prendre livraison, au moment de la liquidation, des titres achetés, et ce contre paiement de leur montant (d'apr. Banque 1963).
P. métaph. D'anciens Gaulois, pauvres esclaves, Un soir qu'autour d'eux tout dormait, Levaient la dîme sur les caves Du maître qui les opprimait (Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 140).Bonaparte levait sur nous des souffrances, comme un tribut qui lui était dû (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 472).
4. Faire cesser.
Lever la conférence. On convient de lever la séance et de reprendre plus tard le débat sur la base de projets écrits (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 105).
Au fig. Écarter. Le duc leva toutes les difficultés avec un seul mot : ordre de Sa Majesté (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 116).Sa volonté se heurtait à des obstacles qu'il m'appartenait de contribuer à lever (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 251):
3. Dans la fameuse scène du quatrième acte, Tartuffe, pour lever les derniers scrupules d'Elmire, résume, en ces mots que chacun sait, toute la moelle et tout l'élixir du casuisme accommodant... Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 221.
C. − Faire sortir un animal ou une personne du lieu où elle se trouve.
1. CHASSE. Qqn lève un animal (le plus souvent du gibier).
a) Trans. Lever un lièvre, une compagnie de perdreaux.
Au fig. Lever un lièvre. Soulever une question gênante. Quel lièvre allait-elle encore lever, cette femme ombrageuse, toujours prête à l'attaque? (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 29).
b) Causatif. Faire lever (le gibier). Le faire partir. Faire lever des bandes d'oiseaux, des vols de corbeaux. Un peu plus loin je fais lever une grande biche rousse, tachée de blanc. Puis quantité de pintades, que je rate ignominieusement (Gide, Voy. Congo,1927, p. 847).Je fis lever une vipère qui disparut dans un frou-frou de feuilles sèches (Jouve, Scène capit.,1935, p. 177).
2. P. anal., fam. Qqn lève qqn.Se mettre en quête d'une personne, la séduire. Le type du jeune homme actuel qui ne veut pas se contenter de sa position, qui veut tout, qui a levé une femme horriblement riche comme on lève une maîtresse (Goncourt, Journal,1868, p. 463).L'un d'eux « lève », comme on dit, un domino fort séduisant sous son masque (Léautaud, Théâtre M. Boissard,1926, p. 150).
Arg. Racoler. Lever un homme, une femme. ,,Se faire lever. Provoquer un homme et se faire emmener par lui`` (Macr. 1883).
D. − Faire sortir du lit. Lever un malade (en l'aidant à quitter son lit). Au petit jour seulement elle s'éveilla, et fit lever Gérard, qui croyait avoir assisté à un rêve (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 256).Lever un enfant. Retirer du lit un enfant et l'habiller. (Ds Lar. Lang. fr.).
Loc. verb. N'être pas bien levé. Être de mauvaise humeur. Le père Grabu, qui n'était pas bien levé tous les jours (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Cloch., 1886, p. 664).
E. − Enrôler, mobiliser, appeler aux armes. Lever une armée, des fantassins. L'évêque de Norwich (...) leva promptement deux mille lances des meilleurs chevaliers d'Angleterre, avec quatre mille archers (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 284).
II. − Emploi pronom.
A. − [P. oppos. à s'asseoir] Se mettre debout. Se lever pour accueillir qqn, pour prendre congé. Un vieillard, décoré de la croix de Saint-Louis, se leva et proposa la santé du roi Louis XVIII à ses convives (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 61).À cette phrase : « Les Turcs sont noyés », toute la salle se leva et applaudit (Maurois, Disraëli,1927, p. 286).Tout d'un coup des types se lèvent, puis d'autres, puis tout le monde se lève, on repart (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 205).
Loc. verb.
Se lever en pied*.
Se lever de table. Quitter la table pendant ou après un repas. Enfin, on se leva de table et on alla parler argent dans la chambre de M. Ligneul (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1937, p. 80).
Se lever comme un seul homme. [Pour un groupe] Se dresser tous ensemble. Toute l'assemblée se leva comme un seul homme, criant « oui! oui! » (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 256).
[En injonction exclam. dans les tribunaux] Accusé, levez-vous! Quelle parole, quel spectacle! (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 310).
P. anal. Prendre les armes, se révolter. Se lever en masse, en foule. Paris se levait. La chute de Bonaparte semblait s'ébaucher (Hugo, Hist. crime,1877, p. 68).Il est prouvé que, pas un jour, la Corse n'a cru à la défaite. Il est prouvé qu'elle n'attendait que l'occasion pour se lever, combattre et vaincre (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 535).
Se lever contre qqn, contre une ville, un pays. Bordeaux et la Gironde, Caen et la Normandie, Rennes et la Bretagne, se levèrent contre Paris et la Montagne (Sainte-Beuve, Prem. lundis, t. 1, 1869, p. 79).L'Italie indignée va se lever contre l'égorgeur couronné de Naples (Sand, Souv. de 1848,1876, p. 153).
Expr. [P. allus. à la Bible, Ezéchiel 37, 10] Leurs os se lèveront. Quand bien même tous les Flamands seraient morts, leurs os se lèveraient et s'assembleraient contre les Français (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 311).
B. − [P. oppos. à se coucher] Sortir du lit. Se lever de bonne heure, tard, tôt. Ce que le valet de chambre disait tous les matins à Saint-Simon : Levez-vous, Monsieur le duc, vous êtes né pour les grandes choses (Michelet, Journal,1843, p. 533).Toujours est-il que le lendemain de ce repas je ne pouvais plus me lever (Céline, Voyage,1932, p. 216):
4. Sa jeunesse et la force de sa constitution rendirent extrêmement rapides les progrès de sa convalescence; il fut en état de se lever au bout de cinq ou six jours. Genlis, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 310.
P. métaph. J'en conclus que l'envie et la haine se lèvent plus matin que la justice et l'amitié (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 235).Une voix nous dit, comme au paralytique de Capharnaüm : lève-toi et marche (...). Et la conscience accablée, la conscience stagnante, la conscience en panne se lève en effet, prend son bâton de pèlerin et se remet en route (Jankél., La Mauvaise conscience, Paris, éd. Montaigne, 1966, p. 211).
Expr. et proverbes
Paris appartient à ceux qui se lèvent tôt (Proverbes Dictons1980).
Ce n'est pas tout de se lever matin, il faut encore arriver à l'heure (Proverbes Dictons1980).
,,À beau se lever tard qui a bruit [réputation] de se lever matin. Les premières impressions qu'une personne donne d'elle-même sont difficiles à chasser`` (Proverbes Dictons 1980).
Se lever le derrière le premier, du mauvais pied, du pied gauche (fam.). Se lever le cul devant (pop.). Se lever de mauvaise humeur (d'apr. France 1907).
Ne pas se lever assez matin. Se laisser devancer. Alors elle me dicta ses conditions (...). Tu l'épouseras donc (...). Seulement, si ce monsieur a cru m'avoir, il ne s'est pas levé assez matin (Vialar, Bon Dieu,1953, p. 28).
C. − P. anal.
1. [Le subst. désigne un corps céleste ou ses manifestations] Commencer à paraître. Le jour, la lune se lève; regarder le soleil se lever. Du fond de ma calèche, je regardais se lever les étoiles (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 284).
P. métaph. Le siècle de Louis XIV se leva sur ce chaos littéraire, le vivifia de ses feux, et l'inonda de ses clartés (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 169).
2. [Le subst. désigne le vent, la mer] Commencer à souffler, à se soulever. Dans la nuit, la mer s'est levée, elle a roulé le canot, j'ai coulé (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1668).
P. allus. littér. Se livrant à sa fougue romantique, il jetterait volontiers le cri de René : « Levez-vous, orages désirés! » (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 369).
3. [Le subst. désigne le temps qu'il fait] S'éclaircir. Le temps un peu couvert se leva, le vent du haut chassa les nuages (Balzac, Début vie,1842, p. 360).
D. − Au fig. Apparaître, surgir. Les souvenirs se lèvent; la tristesse se lève en moi. L'image de Claire venait de se lever en lui, si forte qu'il craignit d'en délirer (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 222).Ce qu'il aime cet air qui dit plaine ma plaine Et dans ses yeux mi-clos se lèvent des palmiers (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 162).
III. − Emploi intrans. Qqc. lève.Aller vers le haut.
A. − [Le subst. désigne une semence, un plant, une céréale] Sortir de terre, pousser. L'avoine, le blé lève; les moissons qui lèvent. Elle [la graine] lève en quelques jours dans une terre en bon état et par une température douce (Gressent, Potager mod.,1863, p. 251).
P. métaph. Carrière a pour principe de ne rien précipiter (...). L'idée qu'il semble avoir abandonnée, toujours présente, lentement mûrit et lève à son heure (Séailles, E. Carrière,1911, p. 74).
Emploi pronom. Des idées nouvelles se lèvent. Des sentiments nouveaux sont en voie d'éclore (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 139).
B. − [Le subst. désigne une pâte, le plus souvent celle du pain] Fermenter, gonfler. Le pain lève. La pâte levait déjà, et les femmes se hâtaient (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 99).
P. métaph. Le pain lève La France Paris Toute une génération (Cendrars, Du monde entier, Hommage à G. Apollinaire, 1919, p. 252).
REM. 1.
Levade, subst. fém.a) Fossé servant à l'irrigation. (Ds Plais.-Caill. 1958). b) Hipp. ,,Mouvement par lequel un cavalier fait cabrer légèrement son cheval (les sabots à 50 cm du sol)`` (Dupré 1972).
2.
Lèvement, subst. masc.,hapax. Mouvement des yeux qui se lèvent. La vanité du maître blasé sur la pantomime enthousiaste, les spasmes, les lèvements d'yeux extatiques (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 167).
Prononc. et Orth. : [l(ə)ve], (il se) lève [lε:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xes. trans. « faire mouvoir de bas en haut » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 467 : levet sa man); b) ca 1155 mar. (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 11207 : ancres lever); 1585 (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, t. 2, p. 37 : lever l'ancre); c) 1832 lever le cœur « dégoûter » (Musset, Coupe, II, 3, p. 289); d) 1834 lever son verre (Id., Fantasio, I, 2, p. 182); 2. a) fin xes. réfl. « se mettre debout » (Passion, éd. citée, 117 : Christus Jesús den s'en leved); b) ca 1100 intrans. « sortir de son lit » (Roland, éd. J. Bédier, 163); ca 1165 pronom. (Troie, éd. L. Constans, 1577); c) ca 1100 part. prés. adj. soleill levant (Roland, 3098); ca 1150 intrans. « apparaître à l'horizon (soleil) » (Wace, St Nicolas, 1196 ds T.-L. 376); [1240 pronom. (Renart ds FEW t. 5, p. 276a)]; ca 1256 pronom. (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 12, 7); d) ca 1160 intrans. « se lever (orage) » (Eneas, 1507 ds T.-L. 378); ca 1170 intrans. « commencer à souffler (vent) » (Marie de France, Lais, Eliduc 817, éd. J. Rychner, p. 180); 1343 pronom. (Nic. de Verone, Pharsale, 2147, éd. H. Wahle ds Gdf. Compl., s.v. levant); e) 1640 pronom. « devenir plus clair (temps) » (Oudin Curiositez); 3. ca 1165 trans. « relever de façon à découvrir ce qui se trouve derrière ou dessous » (Troie, éd. citée, 1588); 4. a) ca 1170 chasse « faire sortir un animal de son gîte » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 118); fin xvie-début xviies. fig. lever un lièvre « soulever une difficulté » (Pasquier, Recherches de la France, p. 492); b) 1776 pop. « entraîner (quelqu'un) avec soi » (Anecdotes sur la Comtesse Du Barry, éd. O. Uzanne, Paris, 1880, p. 113 : lever une fille); 1861 « racoler » (Larch. [citant Monselet] : Tiens! Xavier qui vient d'être levé par Henriette); 5. a) ca 1200 « enlever, retirer » (Continuation Perceval, A 3468, éd. W. Roach, t. 3, 1, p. 219); b) 1263 « faire cesser » (Rutebeuf, Bataille des vices contre les vertus, 106 ds Œuvres, éd. E. Faral, t. 1, p. 309 : lever le siege); c) 1549 « faire disparaître, supprimer » (Est., s.v. trouble); d) 1564 lever le camp (Indice de la Bible : leverent leur camp de nuit); e) 1808 lever les lettres (Boiste, s.v. levée); 6. a) ca 1200 boulangerie (Continuation de Perceval, T 14573, éd. W. Roach, t. 1, p. 396 : levé pain); 1671 pronom. (Pomey : la pâte commence à se lever); 1680 intrans. (Rich.); b) 1225-30 pronom. « pousser (plante) » (G. de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 3349 : les fueilles [...] qui [...] se levoient); ca 1275 intrans. (Adenet Le Roi, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 38); 7. a) 1242 lesver « percevoir, faire payer » (Charte d'affr. de Montluçon, ap. Allier, Anc. Bourbonnais I, 404 ds Gdf., s.v. lieve); b) 1268 « appeler aux armes, mobiliser » (Claris et Laris, 14866 ds T.-L. 366); c) ca 1270 « couper, détacher (de la viande de gibier) » (Chace dou cerf, éd. G. Tilander, 360); d) 1680 jeux lever les cartes (Rich.); e) 1723 typogr. lever la lettre (Fertel, Imprimerie, p. 15); 8. 1596 cartogr. (Hulsius : lever le plan); 9. 1826 fin. lever l'effet (J. Bresson, De la liquidation des marchés à terme à la bourse de Paris, 3epart., 100 ds Quem. DDL t. 16); 1878 « prendre possession (d'un titre, d'une valeur cotée à la Bourse) » (Rigaud, Dict. jargon paris., p. 201). Du lat. levare « alléger, soulager; soulever, élever en l'air ». Fréq. abs. littér. : 18 587. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 20 775, b) 28 904; xxes. : a) 32 329, b) 26 393. Bbg. Chaillet (J.). Ét. de gramm. et de style. Paris, 1969, p. 199. - Pauli 1921, p. 53. - Quem. DDL t. 2, 16, 18. - Tracc. 1907, p. 152. - Vidos (B.). Archivum Romanicum. 1930, t. 14, pp. 150-151.

LEVER2, subst. masc.

A. − Action de lever, de déplacer quelque chose de bas en haut. Lever de l'ancre. Les sept familles de mouvements : le marcher, le grimper, le sauter, le lever, le porter, puis l'attaque et la défense (L'Œuvre,21 févr. 1941).
Lever du drapeau. Cérémonie patriotique au cours de laquelle le drapeau est hissé en haut d'un mât. Après le lever du drapeau [dans le chantier de jeunesse] le jus (L'Œuvre,9 févr. 1941).
THÉÂTRE. Lever du rideau. Moment où le rideau se lève, où la pièce va commencer. Au lever du rideau, la scène reste vide un moment et l'on entend des chœurs au loin (A. Daudet, Arlésienne,1872, II, 2etabl., 1, p. 385).P. méton. Lever de rideau. Petite pièce en un acte que l'on joue avant la pièce principale. Écrire des levers de rideau. Après un lever de rideau probablement insignifiant (...) deux actes de Phèdre avec MmeBerma (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 441).
B. − TOPOGR. Lever d'un plan. Action de tracer, d'établir un plan d'après les mesures prises par l'arpentage. Synon. levé.Lever hydrogéologique. ,,Prospection méthodique et relevé sur le terrain, complétés par la recherche en archives, de toutes données relatives aux conditions hydrogéologiques et aux eaux souterraines d'un territoire`` (Cast.-Margat 1977).
C. − Action de se lever. Lever du vent. Nous attendrons ici le reflux de la mer Et le lever du vent (Brizeux, Marie,1840, p. 84).
DR. Synon. de levé.Il m'enseigna le mécanisme du scrutin, de l'assis et du lever, la tactique des interruptions et des acclamations (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 339).
D. − Action de sortir du lit. Lever tardif; heure du lever. La sonnerie du clairon au réveil et au couvre-feu, une demi-heure avant notre lever, une demi-heure après notre coucher, encadrait la journée (Giraudoux, Simon,1926, p. 18).
Lever (du roi). Cérémonie à laquelle certains familiers et courtisans de la cour étaient admis. Petit lever, grand lever. Le talent de courtiser les gens, ou de les assommer, de se faire voir de temps en temps aux petits-levers de ces petits monarques (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 994).Absol. La faveur, la disgrâce, le lever, le débotter, voilà les phénomènes. Tout roule là-dessus (Courier, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1820, p. 30).
E. − Apparition d'un corps céleste à l'horizon ou dans un point du ciel. Lever de la lune, du soleil; lever des astres, des constellations, des planètes. Le soleil doit donc apparaître sur l'horizon de Mars longtemps avant son lever, et n'en disparaître que longtemps après son coucher (Bern. de St.-P., Harm. nat.,1814, p. 354).
P. métaph. Le lever de la raison, de la vérité. Non; l'habitude n'est pour rien dans mon amour, et c'est pour moi, chaque matin, un nouveau lever de soleil (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1843, p. 119).
P. anal. Lever du jour. Apparition du jour quand la terre a accompli la rotation qui lui permet, du côté de l'est, d'être située face au soleil :
... à Paris, le lever du jour est officiellement annoncé aux habitants par le cor de la gaite qui, du haut de l'une des tours du Châtelet, sonne pour avertir les bourgeois du guet que leur service prend fin et que leurs postes peuvent être relevés. Et la vie de la ville commence, aussi matinale que celle des coqs, dont le chant a, lui aussi, annoncé le retour de la lumière. Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 21.
Prononc. et Orth. : [l(ə)ve]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1175 « action de sortir du lit » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 5685); b) 1664 spéc. « moment où le roi recevait dans sa chambre, après son lever » (Mmede Sévigné, Corresp., 11 déc., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 73); 2. 1364 « apparition d'un astre à l'horizon » (Froissart, Le dit de la marguerite, 54 ds Dits et débats, éd. A. Fournier, 1979, p. 149); av. 1648 lever de l'aurore (Voiture, Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 2, p. 283, Elégie II); 3. a) 1798 théâtre lever du rideau « moment où le rideau se lève » (Guilbert de Pixerécourt, Victor, II, 1, p. 24); b) 1826 lever de rideau « petite pièce que l'on joue avant la pièce principale » (Man. des coulisses, in Fournel, Curiosités théâtrales, 336 [1859] ds Quem. DDL t. 2); 4. [1812 topogr. levée de plans (Mozin-Biber); v. aussi levé] 1840 lever des plans (Ac. Compl. 1842). Substantivation de lever1*. Fréq. abs. littér. : 52. Bbg. Quem. DDL t. 2.

Wiktionnaire

Nom commun - français

lever \lə.ve\ ou \lve\ masculin

  1. Action de se lever.
    • Levers et couchers du soleil, de la lune et des autres astres peuvent résulter respectivement d’une inflammation et d’une extinction. — (Épicure, Lettre à Pythoclès, traduction anonyme.)
    • Cette zone forestière correspond à la région humide des nuages qui ceignent les flancs du pic pendant la majeure partie de l’année et qui se dissipent généralement le soir pour reparaître peu après le lever du soleil. — (Frédéric Weisgerber, Huit jours à Ténériffe, dans la Revue générale des sciences pures et appliquées, Paris : Doin, 1905, volume 16, page 1041)
    • La nuit, il réparait son vieux fourgon qui pissait l’huile de partout, puis il partait avant le lever du jour pour Rungis. — (Margot D. Marguerite, La vieille dame qui ne voulait pas mourir avant de l'avoir refait, La Manufacture de livres - 12/21, 2017)
    • On participe au lever du roi, cérémonial qui est divisé en trois parties, le « petit lever », la « première entrée » et le « grand lever ». — (Étiquette à la cour de France)
    • Johnson lui-même siégeait au milieu d’une cour d’admirateurs qui lui faisaient une sorte de petit lever. — (Julien Green, Samuel Johnson, dans Suite anglaise, 1972, Le Livre de Poche, page 12)
  2. (Cartographie) Résultat du tracé d’un plan.
    • Un lever topographique ou cartographique.
  3. Action de lever le rideau au théâtre.
    • Au lever du rideau, la scène représente une place de village avec un banc.

Verbe - français

lever \lə.ve\ ou \lve\ voix active, transitif, 1er groupe (voir la conjugaison) (voix passive : être levé(e)s) (voix pronominale : se lever)

  1. Faire qu’une chose soit plus haut qu’elle n’était.
    • Depuis deux heures Rabalan travaillait avec acharnement. Son casse-pierres se levait et s’abaissait en un mouvement rythmique, sur les cailloux. — (Octave Mirbeau, Rabalan,)
    • A l’en croire, c’était lui qui dansait, qui levait la jambe, qui se dandinait, tellement il se donnait de mal pour communiquer à ces merveilleuses mais stupides créatures un peu du feu sacré dont il les prétendait dépourvues. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Levez la lampe plus haut.
    • Cet objet est si pesant qu’on ne saurait le lever de terre.
    • Lever la bonde d’un étang, la pale d’un moulin.
    • Lever la vanne d’une écluse.
    • Une femme qui lève son voile.
  2. Redresser une personne ou une chose qui était dans une position horizontale.
    • Lever un enfant sur ses pieds, un malade sur son séant.
    • Lever un pont-levis, une herse.
    • Lever l’abattant d’un meuble.
  3. (Figuré) Porter.
    • Je levais une belle toge blanche.
  4. (Par extension) Aider quelqu’un à sortir du lit et à s’habiller.
    • Son valet de chambre le lève, est allé le lever.
  5. (Chasse) Faire partir un gibier de son gîte, de sa cachette.
    • Sur le chemin du retour Djinn leva deux lapins et une outarde, que nous fléchâmes aussi, enrichissant notre tableau de chasse en le diversifiant. — (Laurent Sauphanor, Mona raconte Lisa, chez l'auteur/Iggybook, 2018)
  6. (Par extension) Réussir à séduire quelqu’un.
    • Un de mes amis leva un jour dans la rue, comme un perdreau, une fille ravissante d’une trentaine d’années – il en avait alors quarante – qui se donna à lui fougueusement et ne voulut ensuite accepter aucune rétribution. — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Au temps de Judas, Grasset, 1920, réédition Le Livre de Poche, page 348)
  7. Pour un ou une prostitué(e), réussir à convaincre un client.
    • Embêté par une vieille putain fardée qui s'était mis en tête de me lever. — (Jehan Rictus, Journal quotidien, cahier 143, 15 juillet 1930, page 149)
  8. (Figuré) (Familier) Être le premier à soulever une question embarrassante ou un fait dissimulé.
    • Ce journaliste venait de lever une sinistre affaire.
  9. (Figuré) (Familier) Ramasser au hasard.
    • Se finir avec un film X dans une chambre d’hôtel plutôt que de lever une pute… — (Le journal de Max, 2004).
  10. Ôter, enlever, retirer, écarter.
    • Le chirurgien a levé le premier appareil.
    • Lever le scellé ou les scellés. — Lever le couvercle d’une marmite.
  11. (Pêche) Retirer de l’eau
    • Lever des filets, des lignes.
  12. (Jardinage) Arracher, avec la portion de terre qui tient à leurs racines, afin de les transplanter, en parlant d’un arbre, d’une plante.
  13. (Figuré) Faire cesser, écarter, dissiper.
    • Le rachat de Red Hat doit donc jouer un grand rôle en levant les hésitations des entreprises, qui craindraient la nature propriétaire des clouds concurrents. — (Next INpact, IBM rachète Red Hat pour conquérir le cloud hybride, 29 octobre 2018 → lire en ligne)
  14. (Figuré) Révoquer.
    • Lever les défenses, la consigne.
    • Lever l’interdit, l’excommunication, une opposition.
    • La première répartition, en 2011, a été mise en pièces par le rachat de SFR par Numericable, qui a décidé de geler les déploiements fibre en 2014 pour moderniser son réseau câble, jugé équivalent. L'année suivante, l'Autorité de la concurrence a donc levé l'exclusivité de SFR sur ses communes câble abandonnées, soit environ 3 millions de lignes (10 % de celles attendues sur toute la France d'ici 2022), dont le déploiement revenait donc à Orange. — (Guénaël Pépin, L’État brandit fièrement des engagements flous sur la fibre, un nouvel observatoire 4G, Next INpact → lire en ligne)
  15. Couper une partie sur un tout, surtout en parlant des étoffes.
    • Lever sur la longueur de la toile de quoi faire les poignets des chemises.
  16. (Cuisine) Couper un membre ou quelque partie d’un animal qui sert à la nourriture.
    • Lever un aloyau.
    • Lever une épaule, un gigot de mouton.
    • Lever une cuisse, une aile de poulet.
    • les idées conçues, après boire, dans le cerveau de quelques-uns de ces Parisiens en apparence oisifs, mais qui livrent des batailles morales en vidant bouteille ou levant la cuisse d’un faisan, furent livrées, le lendemain de leur naissance cérébrale, à des Commis-Voyageurs […] — (Honoré de Balzac, L’Illustre Gaudissart, 1832)
  17. Percevoir, recueillir, rassembler, ramasser, emporter.
    • Lever les impôts, des impôts.
    • On lève un droit sur cette denrée.
    • Lever les rentes seigneuriales, la dîme.
  18. (En particulier) Emprunter des fonds.
    • Netflix a annoncé son souhait de lever 2 milliards de dollars de dettes sur les marchés dans les prochaines semaines. — (Next INpact, Netflix veut emprunter 2 milliards de dollars pour du contenu, 23 octobre 2018 → lire en ligne)
  19. (Militaire) Enrôler et armer.
    • Lever des soldats, une compagnie, un régiment, des troupes, une armée,
  20. (Droit) Se faire délivrer l’expédition d’un arrêt, d’une sentence, d’un acte.
    • Lever un acte chez un notaire.
  21. (Topographie) Mesurer pour tracer un plan.
    • Lever le plan d’un terrain, d’une propriété, d’une place.
  22. (Intransitif) Commencer à pousser et à sortir de terre, en parlant des plantes, des graines.
    • Les blés commencent à lever.
  23. (Intransitif) (Cuisine) Fermenter en parlant de la pâte.
    • Le levain fait lever la pâte.
    • La pâte commence à lever.
  24. (Pronominal) Se dresser, se mettre debout sur ses pieds.
    • Se lever de son siège.
    • Levez-vous de là, ce n’est pas votre place.
    • Les deux disciples ne construisent par un sanctuaire sur le lieu de leur expérience révélatrice. Ils veulent communiquer leur découverte et partager leur joie. Aussi leur premier geste consiste-t-il à « se lever ». Verbe peu banal puisqu'il s'agit d'un des deux verbes du Nouveau Testament qui disent la résurrection. — (Bruno Chenu, Disciples d'Emmaüs, Bayard, Paris, 2003, page 80)
    • Quand il entra, on se leva pour lui faire honneur.
  25. (Pronominal) Quitter une position assise pour partir, à table, au bureau, dans une assemblée.
    • Tout le monde se servit, même Tauno, qui se leva laborieusement du canapé et prit toute une poignée de grignoteries dans le sachet d’Irma. — (Minna Lindgren, Les Petits vieux d'Helsinki se couchent de bonne heure, traduit du finnois par Martin Carayol, Éditions Calmann-Lévy, 2016, chap. 6)
    • Se lever pour une proposition, contre une proposition, dans une assemblée délibérante, pour l’admission ou le rejet d’une proposition.
  26. (Pronominal) (Figuré) se soulever, s’insurger.
    • Pas une goutte de sang n’avait été versée ; l’empire s’était écroulé tout seul ; personne ne se leva pour le défendre, nul n’osa protester. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
  27. (Pronominal) (Absolument) Sortir du lit.
    • Madame C*** se levait ordinairement vers les cinq heures du matin pour aller se promener dans un petit bosquet au bout de son jardin. — (Anonyme, Thérèse philosophe, 1748)
    • Bakounine se levait tard, nous ne pouvions donc nous rendre chez lui que vers les dix heures. — (Debagori-Mokrievitch, Souvenirs sur Bakounine, traduits par Marie Stromberg, La Revue blanche, 1895)
    • Comme aux longs jours, on s’était couché tard pour se lever matin. — (Jean Rogissart, Mervale, Éditions Denoël, Paris, 1937, page 17)
  28. (Pronominal) Commencer à paraître sur l’horizon, en parlant du soleil et des astres.
    • Au même moment le soleil se couchait derrière les hautes montagnes pour se lever presque aussitôt, il incendia la côte Nord du Sund et colora d’un rose tendre et féerique la splendide ligne des glaciers de la rive Sud. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Je fus aidé par la clarté de la lune qui venait de se lever doucement sur le lagon à peine ridé entre les îles Tupua et Porapora. — (Alain Gerbault, À la poursuite du Soleil; t.1, de New-York à Tahiti, 1929)
  29. (Pronominal) (Par extension) Commencer à poindre, en parlant du jour.
    • Le jour se lève de bonne heure dans ce mois-ci.
  30. (Pronominal) (Par analogie) Commencer à souffler, en parlant du vent.
  31. (Pronominal) (Par analogie) Devenir moins maussade, en parlant du temps.
    • Sur toute l’Ardenne, le temps s’était levé. Le ciel était bleu éblouissant, la neige étincelait au soleil. — (Georges Blond, L’Agonie de l’Allemagne 1944-1945, Fayard, 1952, page 155)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

LEVER. (Je lève; nous levons.) v. tr.
Faire qu'une chose soit plus haut qu'elle n'était. Levez la lampe plus haut. Cet objet est si pesant qu'on ne saurait le lever de terre. Lever la bonde d'un étang, la pale d'un moulin. Lever la vanne d'une écluse. Lever la crémaillère d'un cran, de deux crans. Lever les glaces d'une voiture. Levez le pied de ce cheval. Lever la visière d'un casque. Une femme qui lève son voile. À la messe, le prêtre, après la consécration, lève l'hostie. Lever la tête. Il a la mauvaise habitude de lever les épaules en marchant. Lever les mains au ciel. Quand on prête serment devant un juge, il faut lever la main. Levez la main et dites la vérité. Aller partout tête levée, la tête levée, le front levé, Aller partout sans rien craindre, sans appréhender aucun reproche, aucun affront. Fig., Prendre quelqu'un au pied levé, Faire une demande à quelqu'un, sans lui donner le temps de la réflexion. Voter par assis et levé, Manifester son vote, dans une assemblée délibérante, en se levant ou en restant assis.

SE LEVER signifie Se dresser, se mettre debout sur ses pieds. Se lever de son siège. Levez-vous de là, ce n'est pas votre place. Quand il entra, on se leva pour lui faire honneur. Par analogie, Se lever de table, Quitter la table après ou pendant le repas. Se lever pour une proposition, contre une proposition, Se lever, dans une assemblée délibérante, pour l'admission ou le rejet d'une proposition. Lever la toile, le rideau, Lever la toile, le rideau qui cache le théâtre aux spectateurs. Lever les yeux au ciel, Tourner les yeux vers le ciel. Lever les yeux sur quelqu'un, Le regarder. Fig., Il n'ose pas lever les yeux, se dit de Quelqu'un qui, ayant quelque reproche à se faire, craint de voir et d'être vu. Fig., Lever les yeux sur..., Aspirer à, prétendre à. Il osa lever les yeux sur un trop beau parti. L'ambitieux osa lever les yeux jusque sur la couronne. Lever la main sur quelqu'un, Se mettre en état de le frapper. Ne pas lever la main, le doigt, le petit doigt, se dit pour Refuser de faire le moindre effort. Il ne lèverait pas le doigt pour vous obliger. Fam., Lever le pied, S'enfuir subitement et secrètement, pour cause de mauvaises affaires et par crainte de poursuites. Fam., Lever les épaules, Témoigner, en levant les épaules, du mécontentement ou du mépris. C'est à faire lever les épaules. Il n'y a rien à répondre à cela, il n'y a qu'à lever les épaules. On dit plus souvent Hausser les épaules. Fig., Lever la tête, S'enorgueillir, s'en faire accroire. Il commence à lever la tête et à vouloir faire l'important. Il signifie aussi Se montrer, paraître avec plus de hardiesse. Fig., Lever l'étendard, Se déclarer chef d'un parti, d'une faction. Lever l'étendard de la révolte. Lever l'étendard contre quelqu'un, Se déclarer ouvertement contre lui. Prov. et fig., Cela lève la paille, s'est dit d'une Chose singulière, extraordinaire ou décisive. Lever le cœur, Causer des nausées. Cette odeur est intolérable : elle lève le cœur, elle fait lever le cœur. On dit aussi au figuré Cela lève le cœur, Cela révolte, cela fait éprouver un grand mépris, un violent dégoût. On dit plus souvent dans les deux sens Soulever le cœur.

LEVER signifie aussi Redresser une personne ou une chose qui était dans une position horizontale. Lever un enfant sur ses pieds, un malade sur son séant. Lever un pont-levis, une herse. Lever l'abattant d'un meuble. Lever quelqu'un, L'aider à se lever et à s'habiller. Son valet de chambre le lève, est allé le lever. Absolument, Se lever, Sortir du lit. Il se lève de bon matin. Il se lève bien tard. Il se porte mieux, mais il ne se lève pas encore. Il n'est pas encore levé. Fig., Il faut se lever bien matin pour l'attraper, Il est très fin, très difficile à tromper. Intransitivement, Faire lever un lièvre, faire lever des perdrix, Faire partir un lièvre, faire partir des perdrix. On dit aussi Lever un lièvre, lever des perdrix. Fig. et fam., Lever le lièvre. Voyez LIÈVRE. Il signifie encore Ôter, enlever, retirer, écarter. Le chirurgien a levé le premier appareil. Lever le scellé ou les scellés. Lever le couvercle d'une marmite. Lever un corps, Procéder à l'enlèvement d'un corps mort par autorité publique. On trouva un homme tué dans la rue, et la justice envoya lever le corps. En termes de Jardinage, Lever un arbre, une plante en motte, Arracher un arbre, une plante, avec la portion de terre qui tient à leurs racines, afin de les transplanter. Fig., Lever le masque, Agir sans feinte après avoir tenu quelque temps une autre conduite pour donner le change. Il signifie aussi Se montrer tel qu'on est réellement. Cet hypocrite a enfin levé le masque. En termes de Marine, Lever l'ancre, Retirer l'ancre ou les ancres qu'on avait jetées pour arrêter le vaisseau. Toute la flotte leva l'ancre et mit à la voile. En termes de Pêche, Lever des filets, des lignes. En termes d'Imprimerie, Lever la lettre, Prendre les lettres les unes après les autres dans les cassetins et les arranger dans le composteur pour en former des mots et des lignes. Fig., Lever une difficulté, un empêchement, un obstacle, des doutes, un scrupule, Faire cesser une difficulté, un empêchement, écarter un obstacle, dissiper des doutes, un scrupule. Fig., Lever les défenses; lever l'interdit, l'excommunication; lever une opposition; lever la consigne, etc., Révoquer des défenses, un interdit, une excommunication, une opposition, une consigne, etc. Lever le siège d'une place, Retirer les troupes qui la tenaient assiégée. Lever le camp, en parlant d'une Armée, quitter l'emplacement de repos et se mettre en marche. Lever la garde, lever la sentinelle, Retirer des soldats qui sont de garde, retirer un soldat qui est en faction. On dit plutôt relever. Lever la séance, Déclarer que la séance est terminée, que les membres de l'assemblée doivent se séparer. La séance est levée. Le directeur de l'Académie a levé la séance en signé de deuil. En termes de jeu de Cartes, Lever les cartes, ou Lever la main, Faire la main, enlever les cartes jouées, celle que l'on avait étant supérieure. J'ai déjà levé deux mains, trois mains.

LEVER signifie aussi Couper une partie sur un tout. Il se dit principalement en parlant des Étoffes. Lever sur la longueur de la toile de quoi faire les poignets des chemises. Il se dit également en parlant des Animaux qui servent à la nourriture et dont on coupe un membre ou quelque partie. Lever un aloyau. Lever une épaule, un gigot de mouton. Lever une cuisse, une aile de poulet. Il signifie en outre Percevoir, recueillir, rassembler, ramasser, emporter. Lever les impôts, des impôts. On lève un droit sur cette denrée. On a dit de même autrefois Lever les rentes seigneuriales, la dîme. Lever des soldats, une compagnie, un régiment, des troupes, une armée, Enrôler des soldats, mettre des troupes sur pied, mettre une armée sur pied. En termes de Droit, Lever un arrêt, une sentence; lever un acte chez un notaire, S'en faire délivrer une expédition. Lever le plan d'un terrain, d'une propriété, d'une place, Prendre les mesures nécessaires pour tracer ce plan, le tracer.

LEVER est aussi intransitif et se dit des Plantes, des graines qui commencent à pousser et à sortir de terre. Les blés commencent à lever. Il se dit aussi de la Pâte qui fermente. Le levain fait lever la pâte. La pâte commence à lever.

SE LEVER se dit aussi du Soleil et des astres qui commencent à paraître sur l'horizon. Le soleil en tel mois se lève à telle heure. Le soleil est levé. La lune se lèvera bientôt. On dit dans ce sens Le jour se lève de bonne heure dans ce mois-ci. Par analogie, Le vent se lève, Il commence à souffler.

Littré (1872-1877)

LEVER (le-vé. La syllabe le prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je lève, je lèverai) v. a.
  • 1Placer dans une situation plus haute ce qui est étendu, pendant, etc. Levez cela davantage. On leva la poutre en l'air. Le succin frotté lève la paille. Cela est si pesant, qu'on ne saurait le lever de terre. Théodose, apprenant ces heureuses nouvelles, leva les mains au ciel, Fléchier, Hist. de Théod. III, 113. Déjà pour la saisir Calchas lève le bras, Racine, Iphig. V, 6. Et j'ai trop tôt vers toi [Neptune] levé mes mains cruelles [je t'ai trop tôt imploré], Racine, Phèdre, V, 5.

    Fig. …Quand le cœur, de ses ennuis pressé, Lève à peine le poids dont il est oppressé, Ducis, Oth. II, 1.

    Lever la main, lever le bâton, lever le sabre sur quelqu'un, se mettre en devoir de le frapper. Ce sera un homme fier et sauvage ; il lèvera la main contre tous et tous lèveront la main contre lui [Ismaël], Sacy, Bible, Genèse, XVI, 12. Quelque mauvais que soit un fils, peut-il lever la main sur son père ? Lesage, Diable boit. ch. 7, dans POUGENS. On m'avait toujours dit que ce fut un Thébain Qui leva sur son prince une coupable main, Voltaire, Œdipe, I, 3. Se pourrait-il qu'un frère, élevé dans mon sein, Pour mieux servir son roi, levât sur moi sa main ? Voltaire, Adél. du Guesclin. I, 3.

    Lever la main, la dresser en l'air dans l'acte de prêter serment. Levez la main, et prononcez le serment.

    Familièrement. J'en lèverais la main, j'en ferais serment. Il n'est rien plus certain, J'en lèverai le pied et, s'il le faut, la main, Legrand, Foire de St-Laurent, sc. 25.

    Jouer à lève-cul, jouer les uns après les autres en prenant la place de celui qui perd.

    Terme de fauconnerie. Voler à lève-cul, se dit de la manière de chasser de certains oiseaux, qui attendent le départ du gibier pour fondre dessus.

    Fig. Cela lève la paille, voy. PAILLE.

    Lever la toile, le rideau, retirer la toile, le rideau qui cache le théâtre aux spectateurs.

    Lever le menton à une jeune fille, lui passer familièrement la main sous le menton en forme de caresse.

    Fig. Lever le menton à quelqu'un, le protéger, l'aider en ses affaires, en ses entreprises (métaphore tirée de la natation, où, pour aider quelqu'un qui apprend à nager, on lui tient le menton).

    Dans un langage libre, lever la jupe à une femme, la trousser. Être souvent réduite à emprunter une jupe pour aller se la faire lever par un homme dégoûtant, Voltaire, Candide, 24.

  • 2Lever les yeux, les tourner en haut. Je lève, je baisse, je tourne, je roule les yeux, Bossuet, Élévat. sur myst. IV, 9.

    Lever les yeux au ciel, tourner les yeux vers le ciel, regarder le ciel. Le moment du prince n'était pas encore venu [de faire le Tellier chancelier] ; et le tranquille ministre, qui connaissait les dangereuses jalousies des cours et les sages tempéraments des conseils des rois, sut encore lever les yeux vers la divine Providence, dont les décrets éternels règlent tous ces mouvements, Bossuet, le Tellier. Ses yeux mal assurés N'osent lever au ciel leurs regards égarés, Racine, Andr. V, 8. Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes, Racine, Brit. II, 2.

    Absolument. Lever les yeux, regarder en face, cesser de tenir le regard fixé sur la terre. Mais levez donc les yeux quand je vous interroge, Boissy, Deh. tromp. II, 4.

    Fig. Il n'ose pas lever les yeux, se dit d'une personne qui craint de voir et d'être vue, ayant quelque reproche à se faire, ou seulement craignant de rire, de rougir, etc. La Puisieux s'en est épanoui la rate [d'une petite mortification de Mme de Gêvres] ; Mademoiselle [la fille du frère de Louis XIII] n'osait lever les yeux ; et moi, j'avais une mine qui ne valait rien, Sévigné, 13 mars 1671.

    En un autre sens. Ne pas lever les yeux, ne pas cesser de regarder. Il n'a pas levé les yeux de dessus son livre. Les Argiens surtout ne pouvaient lever les yeux de dessus celui qui avait entrepris cette guerre exprès pour eux, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. VIII, p. 319, dans POUGENS. Ce maudit Aldobrandin, qui ne levait presque pas les yeux de dessus elle, Lamotte, Magnifique, I, 3.

    Lever les yeux sur quelqu'un, le regarder. Peu de jours s'étaient écoulés et Lucile commençait à peine à lever ses timides regards sur son époux, Staël, Corinne, XIX, 1.

    Fig. Lever les yeux, être ému. La honteuse lâcheté de nos mœurs nous empêche de lever les yeux pour admirer le sublime de ces paroles : Aude, hospes, contemnere opes, Fénelon, Lettre à l'Académie, Sur les anciens et les modernes.

    Fig. Lever les yeux sur, aspirer à, prétendre à. Que sur Aménaïde il ait levé les yeux, Qu'il ait osé prétendre à s'unir avec elle ? Voltaire, Tancr. III, 1.

    Lever un œil présomptueux, téméraire sur…, être présomptueux, téméraire en quelque prétention. Je ne veux point lever un œil présomptueux Vers le voile sacré que vous jetez sur eux [des secrets], Voltaire, Brutus, III, 3.

    Familièrement. Lever le pied, s'en aller, s'enfuir. Il a eu peur, et a levé le pied. Lever le pied pour cause de mauvaises affaires.

    Lever les épaules, témoigner, en levant les épaules, du mécontentement ou du mépris. C'est à faire lever les épaules.

    Fig. et familièrement. Lever la crête, s'enorgueillir, s'en faire accroire. Il commence à lever la crête, à vouloir faire l'entendu.

    Lever la crête signifie aussi, se montrer, paraître avec plus de hardiesse.

    Fig. Lever la tête, le front, s'enorgueillir. Lève, Jérusalem, lève ta tête altière ; Regarde tous ces rois de ta gloire étonnés, Racine, Athal. III, 7. Messène, après quinze ans de guerres intestines, Lève un front moins timide, et sort de ses ruines, Voltaire, Mérope, I, 1. …Et la Ligue ennemie, Levant contre son prince un front séditieux, Nous confond dans sa rage et nous poursuit tous deux, Voltaire, Henr. I. Nous ne voyons dans aucun auteur, soit grec, soit latin, la moindre trace de cette secte ; elle ne commence à lever la tête que depuis la naissance du mahométisme, Diderot, Opin. des anc. phil. (arabes).

  • 3 Terme d'agriculture. Lever les guérets, donner le premier labour aux terres qui se reposent depuis quelque temps.
  • 4Redresser une personne ou une chose qui était couchée ou penchée. Lever un malade sur son séant. Lever un tonneau. Lever un pont-levis.

    Lever quelqu'un, l'aider à se lever et à s'habiller. Son valet de chambre le lève, l'aide à se lever. Il est paralytique, il faut le lever.

  • 5 Terme de chasse. Lever le lièvre, les perdrix, faire partir le lièvre, les perdrix.

    Fig. Il a levé le lièvre, il a le premier ouvert un avis, donné lieu à une question, à un débat, trouvé un expédient.

  • 6 Terme de marine. Lever l'ancre, arracher l'ancre du fond de la mer par le moyen de son câble.

    Lever l'ancre par les cheveux, la tirer du fond de la mer par son orin.

    Lever les accores, retirer les accores d'un navire dont la construction est achevée.

    Lever les épontilles, les faire tourner sur les charnières pour les fixer horizontalement, sous le pont supérieur.

    Lever les lofs, carguer en partie les points des basses voiles pour les dégager en les élevant au-dessus des bastingages, lorsqu'on vire de bord.

    Lever une garcette ou une bosse, démarrer cette garcette ou cette bosse de dessus le câble, le cordage, ou l'objet sur lequel elle est frappée.

    Lever un navire, en monter les couples dits de levée, c'est-à-dire les principaux couples.

    Lever rame, suspendre la nage en élevant au-dessus de l'eau les pales des rames, et en laissant les avirons dans la position horizontale et prêts à fonctionner de nouveau. Nous n'en étions qu'à une portée de mousquet quand je commandai à nos gens de lever rame et de prendre des pistolets et des mousquetons pour attendre nos ennemis, Villette-Mursay, (1677), dans JAL.

  • 7Ôter, enlever, écarter. Le chirurgien a levé le premier appareil. Lever le scellé. Lever une serrure. Lorsqu'il arriva pour dîner, le premier service était levé. En vain à lever tout les valets sont fort prompts, Et les ruisseaux de vin coulent aux environs, Boileau, Sat. III.

    Lever le masque, voy. MASQUE.

    Fig. Lever une difficulté, un empêchement, un obstacle, des doutes, un scrupule, les écarter. Il est des moyens sourds pour lever un obstacle, Corneille, Perthar. III, 3. Néron lui leva toutes sortes de défiances par ses caresses, Perrot D'Ablancourt, Tac. Annales, liv. XIV, dans RICHELET. …Je sais l'art de lever les scrupules, Molière, Tart. IV, 5. Quand vous seriez venue à bout de leur lever cette appréhension, Bossuet, Lett. abb. 54. Il peut y avoir des difficultés qui ne s'offrent point à mon esprit, mais nous les lèverons, Lesage, Diable boit. ch. 15, dans POUGENS.

    Lever les défenses ; lever l'interdit, l'excommunication ; lever une opposition ; lever la consigne, etc. ; révoquer des défenses, un interdit, une excommunication, une opposition, une consigne, etc. Il a été raisonnable que Dieu levât cette obligation fâcheuse, Pascal, Prov. X. Mes frères, réjouissons-nous : le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ a levé cette excommunication de la loi [défense d'entrer dans le saint des saints] ; écoutez l'apôtre saint Paul, qui vous dit qu'il a pénétré au-dedans du voile, Bossuet, Sermons, Ascension, 1. Les ambassadeurs lui déclarèrent (31 mars) que, si dans huit jours il ne posait les armes et s'il ne levait les censures, ils se retireraient, Duclos, Hist. Louis XI, Œuv. t. III, p. 217, dans POUGENS.

  • 8 Terme de jardinage. Lever de terre, ou, simplement, lever, retirer de terre des plantes, des oignons, lorsque la saison des fleurs est passée. Lever des tulipes, des renoncules.

    Lever un arbre, une plante en motte, arracher un arbre, une plante, avec la portion de terre qui tient aux racines, afin de les transplanter.

  • 9 Terme d'imprimerie. Lever la lettre, prendre les lettres les unes après les autres dans les cassetins, et les arranger dans le composteur pour en former des mots et des lignes.

    Lever la correction d'une épreuve, mettre dans le composteur toutes les lettres nécessaires pour cette opération

  • 10Lever le siége d'une place, retirer les troupes qui la tenaient assiégée.

    Fig. et familièrement. Lever le siége, s'en aller.

    Lever le camp, s'en aller en parlant d'une troupe. Cette armée a levé le camp.

    Ces troupes ont levé le piquet, elles se sont retirées avec quelque précipitation (locution qui vient des piquets qui fixent la tente et qu'on ôte pour s'en aller).

    Lever la garde, lever la sentinelle, retirer des soldats qui sont de garde, retirer un soldat qui est en faction.

    Terme de marine. Lever la chasse, cesser de poursuivre un bâtiment.

  • 11Lever la séance, déclarer que la séance est terminée, que les membres de l'assemblée doivent se séparer. Ma volonté ce soir une fois approuvée, Ma cour la connaîtra ; la séance est levée, Delavigne, Princ. Aur. IV, 1.

    Absolument. Il était près de huit heures quand le conseil leva, Saint-Simon, 166, 215. Demeurer en séance, quand la cour levait, était une indécence pour tout le parlement, Saint-Simon, 376, 85. Cet emploi a vieilli.

  • 12 Terme de trictrac. Lever, mettre sur la bande les dames, après les avoir toutes passées dans le jan de retour.

    Absolument. J'aurai levé avant vous.

    Au jeu de cartes, lever les cartes, ou lever la main, faire la main, enlever les cartes jouées, celle que l'on avait étant supérieure. J'ai déjà levé deux mains, trois mains. On dit aussi lever un pli.

  • 13Couper une partie sur un tout, en parlant d'animaux que l'on mange. Lever une épaule, un gigot de mouton. Lever une cuisse de poulet. Je jetai quelques regards nonchalants sur un poulet d'assez bonne mine, dont je levai nonchalamment aussi les deux ailes, Marivaux, Paysan parv. 3e part.

    Terme de vénerie. Lever le pied du cerf, le couper pour en faire honneur au maître de la chasse.

    Il se dit en parlant des étoffes. Ah ! ah ! monsieur le tailleur, voilà de mon étoffe du dernier habit que vous m'avez fait ; je la reconnais bien. - C'est que l'étoffe me sembla si belle, que j'en ai voulu lever un habit pour moi. - Oui, mais il ne fallait pas le lever avec le mien, Molière, Bourg. gent. II, 8. Je fus hier lever pour bien de l'argent d'étoffes chez Gautier, pour me faire belle en Provence, Sévigné, 27 mai 1672. Un habit d'un très beau velours bleu fut levé et fait à Salamanque, Lesage, Diabl. boit. ch. 18, dans POUGENS. J'étais allé, comme tu sais, lever des étoffes pour habiller mon monde, Legrand, les Paniers, sc. 7.

  • 14Recueillir. Lever les fruits d'une terre.

    Percevoir, faire rentrer, en parlant de taxes. Les rois ne levaient rien sur les terres qui étaient du partage des Francs, Montesquieu, Espr. XXX, 20. Ce ministre [Sully], aussi éclairé qu'intègre, trouva qu'en 1596 on levait cent cinquante millions sur le peuple pour en faire entrer environ trente dans le trésor royal, Voltaire, Mœurs, 174. Cette espèce de tribut qui, quoique difficile à lever, rend à l'État deux millions cinq cent mille livres, est perçu dans la rade d'Elseneur, Raynal, Hist. phil. XII, 32. Lui-même à table et sans suppôt Sur chaque muid levait un pot D'impôt, Béranger, Yvetot.

    On a dit de même autrefois : lever les dîmes, les rentes seigneuriales.

  • 15Enrôler pour le service militaire. Lever des troupes, une armée. J'ai fait lever des gens par des ordres secrets Qu'à vous suivre en tous lieux vous trouverez tout prêts, Corneille, Rodog. II, 3. Un des régiments qu'il fait lever en Bretagne, Sévigné, 503. Les rebelles s'étaient saisis des arsenaux et des magasins… il était encore plus aisé au roi de lever des soldats que de les armer, Bossuet, Reine d'Anglet. Le roi [Louis XI] employa les fonds de ces compagnies à lever un corps de Suisses ; c'est de ce temps-là qu'ils sont entrés au service de France, Duclos, Hist. de Louis XI, Œuv. t. III, p. 222. Tout prince qui lève trop de soldats peut ruiner ses voisins, mais il ruine sûrement son État, Voltaire, Dict. phil. Age.
  • 16Lever un corps, procéder, par autorité publique, à l'enlèvement d'un corps mort.

    Lever un corps saint, le tirer du tombeau avec cérémonie, pour l'exposer à la vénération des fidèles.

    Lever un enfant, faire emporter à l'hôpital, par autorité publique, un petit enfant exposé.

    Toutes ces locutions viennent de ce que, effectivement, on lève de terre le mort, le saint, l'enfant.

  • 17Lever un arrêt, une sentence, lever un acte chez un notaire, s'en faire délivrer une expédition.

    Prendre chez un dépositaire. Lever des titres. Lever cent kilos de tabac.

  • 18Lever le plan d'une place, de quelque lieu, prendre les mesures nécessaires pour tracer ce plan, et aussi le tracer. Des ingénieurs levaient des cartes dans tout l'empire, Voltaire, Russie, II, 6.
  • 19Lever boutique, lever ménage, commencer à tenir boutique, à tenir ménage, etc.
  • 20 Terme de manége. Lever un cheval à cabrioles, à pesades, à courbettes, manier un cheval à cabrioles, etc.

    Lever le devant, c'est la même chose que lever à courbettes.

  • 21 Terme de féodalité. Lever le cri, proférer le cri d'alarme.

    Lever bannière, exercer le droit d'un banneret, en mettant son étendard en girouette, pour appeler ses vassaux aux armes.

    Fig. Lever l'étendard. se déclarer chef d'un parti, d'une faction. Lever l'étendard de la révolte.

    Lever l'étendard contre quelqu'un, se déclarer ouvertement contre lui.

  • 22 V. n. Commencer à germer, en parlant des graines et des plantes. J'ai pris des glands germés auxquels j'ai coupé le tiers, la moitié, les trois quarts et même toute la radicule ; je les ai semés dans un jardin où je pouvais les observer à toute heure, ils ont tous levé, mais les plus mutilés ont levé les derniers, Buffon, Hist. nat. Introd. part. exp. Œuv. t. VIII, p. 382, dans POUGENS. L'erreur alors universelle que les grains doivent pourrir en terre pour lever, Voltaire, Philos. Sommaire hist. X.

    Fig. La semence de la vertu lève difficilement, Rousseau, Ém. I.

  • 23Éprouver le soulèvement qui accompagne la fermentation. La pâte commence à lever. Le levain fait lever la pâte.
  • 24Se lever, v. réfl. Être levé, porté en haut. À peine fûmes-nous au théâtre que la toile se leva. Je veux que ma main se lève, que mon bras s'étende, que ma tête, que mon corps se tourne, cela se fait, Bossuet, Élévat. sur myst. V, 3.
  • 25Se dresser, se mettre debout sur ses pieds. Il était étendu à terre, il se leva. Nous nous levons alors, et tous en même temps Poussons jusques au ciel mille cris éclatants, Corneille, Cid, IV, 3. Je me lèverai maintenant, dit le Seigneur, je signalerai ma grandeur, je ferai éclater ma puissance, Sacy, Bibl. Isaïe, XXXIII, 10. Lève-toi, m'a-t-il dit, prends ton chemin vers Suse, Racine, Esth. I, 1. Levons-nous, et lançons les derniers anathèmes, Prenons les droits du ciel, et chargeons-nous nous-mêmes Des justices de Dieu, Lamartine, Médit. I, 6.

    Quitter le siége sur lequel on était assis. Les vieillards étaient fort respectés en Égypte : les jeunes gens étaient obligés de se lever devant eux et de leur céder partout la place d'honneur, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 67, dans POUGENS. Telle était la vénération qu'on avait pour lui [Virgile] à Rome, qu'un jour, comme il vint à paraître au théâtre après qu'on y eut récité quelques-uns de ses vers, tout le peuple se leva avec des acclamations, Voltaire, Ess. poés. épiq. ch. 3.

    Se lever pour une proposition, contre une proposition, voter, en se levant, dans une assemblée délibérante, pour l'admission ou pour le rejet d'une proposition.

    Cesser une séance. Allez dire au sénat, Flavian, qu'il se lève ; Quoi qu'il ait commencé, je défends qu'il achève, Corneille, Tite et Bérén. V. 5.

    Se lever de table, quitter la table, après ou pendant le repas. Le prélat radouci veut se lever de table, Boileau, Lutr. I. Vous moquez-vous de moi ? vous lever au dessert ? Et, pour me planter là, sortir l'un après l'autre, Destouches, Phil. marié, IV, 3.

    Absolument. Se lever, sortir du lit. Vous avez caqueté dès le troisième jour, vous vous êtes levée dès le dixième, Sévigné, 108. Il [le roi de Prusse] se levait à cinq heures du matin en été, et à six en hiver, Voltaire, Mém. Volt.

    Terme de chasse. Avec suppression du pronom personnel, faire lever un lièvre, faire lever des perdrix, faire partir un lièvre, faire partir des perdrix. Pour me servir d'un terme de chasseur, c'est lui qui faisait lever le lièvre ; c'est moi qui le tuais, Picard, M. Musard, sc. 11.

  • 26Commencer à paraître sur l'horizon, en parlant du soleil, de la lune et des autres astres. Le soleil se lève à telle heure Les Égyptiens observaient quand Sirius se levait. [Ô lune] Astre ami du repos, des songes, du silence, Tu ne te lèves pas seulement pour les yeux, Lamartine, Harm. I, 10. Quand le tour du soleil ou commence ou s'achève, D'un œil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève, Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours, Lamartine, Médit. l'Isolement. Vénus se lève à l'horizon ; à mes pieds l'étoile amoureuse De sa lueur mystérieuse Blanchit les tapis de gazon, Lamartine, Médit. I, 4.

    On dit dans le même sens : le jour se lève. Maximin de retour Des pays reculés où se lève le jour, Rotrou, St Genest, I, 2. Tous les jours se levaient clairs et sereins pour eux, Racine, Phèdre, IV, 6.

    Fig. Une même lumière nous paraît partout : elle se lève sous les patriarches ; sous Moïse et sous les prophètes elle s'accroît, Bossuet, Hist. II, 6. La lumière du ciel se lèvera ici sur vous, Massillon, Prof. rel. Serm. 1. Un soleil plus serein se lève sur vos têtes, Voltaire, Œdipe, V, 6.

  • 27Commencer à se faire sentir, en parlant du vent, des brouillards, etc. Le vent favorable se lève, Fénelon, Tél. XXIII. Heureusement pour eux, il se leva du côté de la mer un brouillard épais qui couvrait tous les environs de la ville, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 503, dans POUGENS.

    On dit que le temps se lève, lorsqu'il se dégage des nuages qui interceptaient la vue du ciel, ou qu'il tend à s'embellir.

  • 28Être levé, perçu. Ces impôts se lèvent difficilement.

PROVERBES

Il faudra se lever bien matin pour l'attraper, se dit d'un homme fin, habile (voy. MATIN).

Il a beau se lever tard, qui a le bruit de se lever matin.

SYNONYME

1° LEVER, HAUSSER. La différence primitive est dans la situation de ce qu'on hausse ou lève. Hausser s'applique à ce qui est bas ; lever à ce qui est étendu. Ce tableau est trop bas, haussez-le. Cette planche est à terre, levez-la.

2° Lever un plan, faire un plan. Lever un plan et faire un plan sont deux opérations très distinctes. On lève un plan en travaillant sur le terrain, c'est-à-dire en prenant des angles et en mesurant des lignes, dont on écrit les dimensions dans un registre, afin de se ressouvenir pour faire le plan. Faire un plan, c'est tracer en petit sur du papier, sur du carton ou toute autre matière semblable, les angles et les lignes déterminées sur le terrain dont on a levé le plan.

HISTORIQUE

XIe s. Li empereres est par matin levet, Ch. de Rol. X. Granz est li chauz, si se leva la poudre, ib. CCXVI.

XIIe s. Pinabaux s'agenouille, et Tierris se leva, Ronc. 192. Lever [dresser] son tref [sa tente], ib. 8. [Ils font] Par les grans combes la poudrere lever, ib. 109. Et nostre lois levée [élevée] et essauciée, ib. 137. Cil qui le gardent en ont le cri levé [quand il s'enfuit], ib. 183. Lors se leva Judas, qui estoit apelez Machabé, en son lue [lieu], Machab. I, 3.

XIIIe s. Li pains ki est bien cuis et bien levés et fais d'un jor, Alebrand, f° 4. Et leur manderent que li empereres Alexis s'en estoit fuis, et qu'il avoient l'empereur Kirsac levé à seigneur, Villehardouin, LXXXIII. Lors par le commandement des princes et des barons se leva en piés Quenes de Bethune, Villehardouin, LXVII. Et li cris lieve en l'ost, et s'en issirent à desroi, Villehardouin, CXLII. Et nous commanderent [les barons] que nous vous en cheissions as piés [que nous nous jettassions à vos pieds], et que nous n'en leviessiemes devant vous que vous le nous ariés otroié, Villehardouin, XVI. Le coutel [elle] a saisi, si l'a amont levé, Berte, X. Après [se] leva la lune et bele et claire et pure, ib. XLII. Si malade qu'à peine jamais en levera, ib. LXXVII. Il m'avoient si durement levé le pied que je n'osoie parler encontre els, H. de Valenciennes, XXI. Et li venerres [le veneur] vet devant Sor un grant chaceor liart ; Atant ont levé un renart, Ren. 22026. Car, s'il fust jor, je me levasse, la Rose, 2512. Et quant il a ce dit, cil qui est apelés doit dire : je vos en lieve comme parjure [c'est-à-dire je fais lever le témoin qui s'était agenouillé pour jurer], Beaumanoir, LXIV, 9. Nus [nul] ne doit espouser… ne cele avoc qui il a levé [tenu sur les fonts] autrui enfant, Beaumanoir, XVIII, 8. Nus ne doit penre l'autrui coze, ne lever qu'il truist [ce qu'il trouve] hors de quemin commun, Beaumanoir, XXV, 21. Je ne li lerai pas lever les yssues [produits], Beaumanoir, XXXIV, 17. L'autre ier un jor jouer aloie Devers l'Auçoirrois Saint Germain, Plus matin que je ne soloie, Que ne lief pas volentiers main, Rutebeuf, 213. Et quant le devant dit rei a ce fait, le patriarche le lieve en piés, et le prent par la main destre, Ass. de Jérus. I, 30. Le roy donna journée l'endemain de la Saint-Barthelemy, à laquelle journée le saint cors fut levé, Joinville, 303.

XIVe s. Le pain doit estre de bon fourment, moianement cuit, et levé, ne viel ne nouvel, H. de Mondeville, f° 44, verso. Quant les feves se lievent hors de terre, Ménagier, II, 2.

XVe s. Adonc s'avisa le roi de France qu'il s'en iroit atout son ost devant Calais pour lever [faire lever] le siege, s'il pouvoit aucunement, Froissart, I, I, 316. Nous n'osons les yeux lever, Froissart, III, IV, 56. Et avant qu'il fust midy, le pont fut levé jusques à l'autre part de la riviere, Commines, I, 6. Les roys d'Angleterre ne levent jamais riens que leur domaine, si ce n'est pour ceste guerre de France, Commines, IV, 11. Car qui poure [pauvre] est et vuiz [vide, exempt] de villenie, Devant tous puet bien sa teste lever, Deschamps, Fais ce que dois. Là vint le cardinal d'Avignon, qui venoit en Bretagne pour lever [mettre en châsse] saint Vincent, Hist. d'Artus III, connest. de France, p. 790, dans LACURNE.

XVIe s. Leve le cœur, ouvre l'oreille, Peuple endurci, pour escouter, Marot, IV, 339. Les assemblées qui souvent se font aux provinces pour decider querelles, ou pour lever la gerbe, seroyent alors converties en douces et agreables contentions, Lanoue, 131. Cest ordre seroit aussi gardé, que six vingt chevaux, ou cent au moins, pourroyent lever enseigne, et former une compagnie, Lanoue, 237. Lorsqu'il leve des regimens d'Alemans, Lanoue, 282. Quand on seme force honneurs, on fait lever beaucoup de vertu, Lanoue, 608. Pour la prier de lever sur les saints fonts de baptesme la fille de Sa Majesté, Castelnau, 269. Esperant que par ce moyen il leveroit [ôterait] l'occasion aux François de plus passer en Italie, Du Bellay, M. 466. Grandgousier se leva de sus l'herbe, Rabelais, Garg. I, 6. Pour sa chemise [de Gargantua] feurent levées 900 aulnes de toile, Rabelais, ib. I, 8. Il me desplaist par trop de lever guerre, Rabelais, ib. I, 32. Il la leva de terre avecques le petit doigt, Rabelais, Pant. II, 7. Puys leva les yeulx on ciel, Rabelais, ib. III, 20. Ung pré, duquel faisant lever les fossez, toucharent les piocheurs, de leurs marres, ung grand tombeau de bronze, Rabelais, Garg. I, 1. À l'endroict du ciel où le soleil se leve, Montaigne, I, 238. Se lever de table, Montaigne, II, 242. Lever les yeulx de sa besongne, Montaigne, III, 73. Les subsides et impositions que levoient ses predecesseurs, Montaigne, III, 81. Quelque temps après il se leva à Rome une peste si violente, que les hommes en mouroient tout subitement, Amyot, Rom. 37. Il voulut que le temple de Saturne fust le tresor publique auquel on deposeroit tout l'argent qui se leveroit sur le peuple, Amyot, Publ. 22. Il se leva un petit vent, qui esleva le dessus seulement et le plus delié de celle terre pouldreuse, Amyot, Sertor. 24. Ilz sont aussi marris quand on les esveille, ou qu'on les lieve, comme sont ceulx qui sont fort espris de sommeil, Amyot, Anton. 93. Et pource que l'on ne trouvoit point les clefz, il feit venir des serruriers, et feit lever les serrures, Amyot, César, 46. Lever à six, manger à dix, souper à six, coucher à dix, font vivre l'homme dix fois dix, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 171.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. LEVER. Ajoutez :
29Dans le canton de Vaud, lever la vigne, l'attacher à l'échalas.
30 Terme de lapidaire. Retirer la pierre de dessus la roue, Chriten, Art du lapidaire, p. 82.
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Étymologie de « lever »

Du latin levare (« soulever »). Comparer l’occitan levar, le catalan llevar, l’espagnol llevar, le portugais levar, l’italien levare.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Génev. lever la table, la desservir ; provenç. levar ; espagn. llevar ; ital. levare ; du lat. levare, qui est le dénominatif actif de lĕvis, voulant dire d'abord alléger, puis delà, lever une chose en haut, la traiter comme une chose légère (voy. LÉGER).

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Phonétique du mot « lever »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
lever lœve

Fréquence d'apparition du mot « lever » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « lever »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « lever »

  • Mieux vaut avoir de la chance que se lever tôt.
    Proverbe gaélique
  • Se coucher de bonne heure et se lever matin procure santé, fortune et sagesse.
    George Washington
  • Le crépuscule d'un homme voit se lever l'aube d'un autre.
    Anonyme
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Il faut lever le couvercle de la marmite pour savoir ce qui bout dedans.
    Proverbe guadeloupéen
  • Voir lever le soleil, c'est un goût que tout le monde n'a pas ; plusieurs préfèrent que le soleil les voie lever.
    Rodolphe Töpffer — Voyages en zigzag
  • Coucher de poule et lever de corbeau Ecartent l'homme du tombeau.
    Proverbe franc-comtois
  • Vous devez rêver pour pouvoir vous lever le matin.
    Billy Wilder
  • Il est plus facile de lever une femme que de la laisser tomber.
    Georges Courteline
  • Le lever du soleil ne dure pas toute la matinée.
    George Harrison — All things must pass
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Traductions du mot « lever »

Langue Traduction
Anglais get up
Espagnol elevar
Italien alzarsi
Allemand aufstehen
Chinois 起床
Arabe يستيقظ
Portugais levante-se
Russe вставай
Japonais 起きる
Basque altxa zaitez
Corse arriza ti
Source : Google Translate API

Synonymes de « lever »

Source : synonymes de lever sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « lever »

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Nombre de points du mot lever au scrabble : 8 points

Lever

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