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La langue française

Dictionnaire français : définition, citations, étymologie, illustrations, usage et bien plus.

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Aimer : définition de AIMER, verbe trans.

Table des matières

  • Définition de aimer – TLFi
  • Définition de aimer – Wiktionary
  • Étymologie de aimer
  • Conjugaisons de aimer
  • Images d’illustration de aimer
  • Évolution historique de l’usage du mot « aimer »
  • Citations contenant le mot « aimer »
  • Antonymes de aimer

Définition de aimer – TLFi

AIMER,  verbe transitif
[Le sujet désigne généralement une personne ou un être animé] Éprouver, par affinité naturelle ou élective, une forte attirance pour quelqu’un ou quelque chose.
I.− [L’obj. est un nom ou un pron.]
A.− Emploi transitif
1. [L’obj. désigne une personne ou un être assimilé à une personne; l’accent est mis sur le lien affectif]
a) [Le substantif correspondant est amour]
− [Avec une idée de lien moral et/ou spirituel]
♦ [L’obj. désigne des membres de la famille naturelle] Aimer ses parents, ses enfants :
1. Vous perdrez un père qui avait tâché de substituer la raison au sentiment, et qui ne vous en aimait pas moins; son esprit était véritablement dupe de son cœur, … G. Sénac de Meilhan, L’Émigré,1797, page 1836.
2. …dès que la raison vint à poindre, je me mis fort à t’aimer, ce qui dure encore. Maman était contente de cette union, de cette affection fraternelle, et te voyait avec charme sur mes genoux, enfant sur enfant, cœur sur cœur, comme à présent, les sentiments grandis seulement. M. de Guérin, Journal intime,1838, page 180.
3. Elle mourut en couches. Il en faillit mourir aussi… Mais la vue de l’enfant lui donna du courage : un petit être crispé qui geignait. Il l’aima d’un amour passionné et douloureux, d’un amour malade où restait le souvenir de la mort, mais où survivait quelque chose de son adoration pour la morte. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Petit, 1883, page 389.
4. Nous aimions beaucoup nos parents, mais il fallait toute notre indulgence pour leur pardonner des exigences aussi baroques que celle de vouloir nous imposer leurs amis, comme si les amis étaient quelque chose dont on pouvait hériter. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, page 300.
5. Il savait ce que sa mère pensait et qu’elle l’aimait en ce moment. Mais il savait aussi que ce n’est pas grand-chose que d’aimer un être ou du moins qu’un amour n’est jamais assez fort pour trouver sa propre expression. Ainsi, sa mère et lui s’aimeraient toujours dans le silence. Et elle mourrait à son tour, ou lui, sans que, pendant toute leur vie, ils pussent aller plus loin dans l’aveu de leur tendresse. A. Camus, La Peste,1947, page 1456.
♦ Par analogie [L’obj. désigne un être spirituel ou un être envisagé comme tel] Aimer Dieu, son prochain :
6. Ne craignez point de massacrer vos frères au nom du Dieu qui vous ordonne de les aimer; il n’y a point là de contradiction, hommes de peu de foi. C’est par amour que nous les tuons : nous en égorgerons cent mille; mais nous circoncirons les autres. D’ailleurs il y a une différence si prodigieuse entre des infidèles et des vrais croyans, qu’il n’est pas bien prouvé que ceux-là soient aussi des hommes. Ainsi parla l’imposture appuyée sur le fanatisme, insultant à la raison pour se soustraire à l’examen, divinisant l’absurdité par l’audace et semant les haines pour obtenir l’empire. É. Senancour, Rêveries,1799, page 130.
7. Mais à quoi servirait la foi des philosophes quand on est malheureux? Qu’attendre d’un être inaccessible [Dieu], si loin, si loin de l’homme qu’on ne peut pas l’aimer en l’adorant, et le cœur, cependant, veut aimer ce qu’il adore et adorer ce qu’il aime; ce qui s’est fait quand Dieu s’est fait chair, quand il a habité parmi nous. De cette condescendance infinie nous est venue notre foi confiante. E. de Guérin, Journal,1838, page 219.
8. « Avez-vous aimé quelqu’un ou quelque chose autant que Dieu? L’avez-vous aimé de toute votre âme, de tout votre cœur, de toute l’énergie de votre amour? » Sabot suait de l’effort de sa pensée. Il répondit : « Non. Oh non, m’sieu l’curé. J’aime l’bon Dieu autant que j’peux. Ça − oui − j’l’aime bien. Dire que j’aime point m’s’éfants, non : j’peux pas. Dire que s’il fallait choisir entre eux et l’bon Dieu, pour ça je n’dis pas ». G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Confession de Théodule Sabot, 1883, page 41.
9. Vous savez la fragilité de l’amour sexuel, que sa naissance dépend de la matité d’un teint, et sa mort d’une ride. Voyez donc le cœur du moine qui aime chaque pécheur et tout de suite, sans choisir ni se lasser! … J. Péladan, Le Vice suprême,1884, page 287.
10. À celui-là, il n’est pas difficile de croire que Dieu nous a aimés, et qu’il nous aime plus ardemment aujourd’hui qu’il nous broie. Pour les âmes moins généreuses, pour toutes celles qui subissent la tentation du désespoir, l’effort doit porter sur ce point de notre croyance : nous sommes aimés. Quel texte aiderait mieux leur méditation que la prière de Pascal Pour le bon usage des maladies? F. Mauriac, Journal 3,1940, page 283.
11. … − j’aurais voulu être un saint comme les saints des premiers temps. Depuis mon enfance, cette idée m’était familière que je serais l’ami de Dieu. J’aimais Dieu. J’ai aimé Dieu avant de le craindre. Maintenant, tout a changé. J. Green, Moïra,1950, page 191.
♦ Par extension [L’obj. désigne la communauté naturelle à laquelle on appartient, ou celui ou ce qui la symbolise] Aimer son pays, le souverain :
12. Témoignons un vrai patriotisme qui fera rougir celui des soi-disant libéraux, ces damnés intrigants, hein? Crois-tu que je n’aime pas mon pays? Je veux montrer aux libéraux, à mes ennemis, qu’aimer le roi, c’est aimer la France! H. de Balzac, César Birotteau,1837, page 10.
13. Paris, 8 décembre 1869. Mes malles encore pleines encombraient la salle à manger. J’étais assis devant une table chargée de ces bonnes choses que le pays de France produit pour les gourmets. Je mangeais d’un pâté de Chartres, qui seul ferait aimer la Patrie. A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, page 325.
14. … il les éleva [les mains] soudain en un geste dramatique. − Si la France périssait, déclara-t-il, ça serait comme qui dirait aussi pire pour le monde que si le soleil tombait. On fit silence. Tous ces hommes, même les plus durs, les plus taciturnes, aimaient la France. Il leur était resté à travers les siècles un mystérieux et tendre attachement pour leur pays d’origine, une clarté diffuse au fond de l’être, une vague nostalgie quotidienne qui trouvait rarement à s’exprimer mais qui tenait à eux comme leur foi tenace et comme leur langue encore naïvement belle. G. Roy, Bonheur d’occasion,1945, pp. 362-363.
15. … seul en face de la Russie, Staline la vit mystérieuse, plus forte et plus durable que toutes les théories et que tous les régimes. Il l’aima à sa manière. Elle-même l’accepta comme un tsar pour le temps d’une période terrible et supporta le Bolchevisme pour s’en servir comme d’un instrument. Rassembler les Slaves, écraser les Germaniques, s’étendre en Asie, accéder aux mers libres, c’étaient les rêves de la Patrie, ce furent les buts du despote. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, page 61.
− [Avec une idée de passion de nature affective ou physique] Aimer tel homme, telle femme :
16. M. de Staël est parfait pour moi. S’il sait vous voir comme il parle de vous, il sera un ange, mais cela ne fait pas que sa conversation m’enchante. Je l’aime de toute la puissance de ma raison. G. de Staël, Lettres inédites à Louis de Narbonne,1793, page 142.
17. Un homme de qualité se marie sans aimer sa femme, prend une fille d’Opéra, qu’il quitte en disant : « c’est comme ma femme »; prend une femme honnête pour varier, et quitte celle-ci en disant : « c’est comme une telle »; ainsi de suite. Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, page 104.
18. Mon amour, aime-moi. Sur l’herbe chaque soir, Au coucher du soleil, nous viendrons nous asseoir. Je te ferai ceci et cela pour te plaire. A. Chénier, Bucoliques,Aveux, propos et plaintes, 1794, page 146.
19. En possédant cette femme, Eugène s’aperçut que jusqu’alors il ne l’avait que désirée, il ne l’aima qu’au lendemain du bonheur : l’amour n’est peut-être que la reconnaissance du plaisir. H. de Balzac, Le Père Goriot,1835, page 277.
20. Tu prodigues des serments de fidélité à deux hommes eh bien, où est le si grand mal, si tu les aimes tous les deux? − C’est faux, bohémienne! Je te couperai la langue. − Charmante! Ce n’est pas ma langue qui a menti, c’est ta main; elle est trop jolie pour qu’on la coupe. Et en la lui baisant, la bohémienne ajouta : − Calme-toi. J’ai dit : deux hommes; il y a erreur. Soit, tu n’en aimes qu’un, tu trompes l’autre. L. Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, page 145.
21. Qu’ils racontent une anecdote, qu’ils rendent compte de ce qu’ils ont éprouvé, toujours le mot sale et physique, toujours la lettre, toujours la mort. Ils ne disent pas : cette femme m’a aimé; ils disent : j’ai eu cette femme; ils ne disent pas : j’aime; ils disent : j’ai envie; ils ne disent jamais : Dieu le veuille! ils disent partout : si je voulais! A. de Musset, La Confession d’un enfant du siècle,1836, page 318.
22. J’étais jaloux, très jaloux, ce qui prouve que je vous aimais. Je vous ai battue, ce qui le prouve davantage encore, et battue très fort, ce qui le démontre victorieusement. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Revanche, 1884, page 980.
23. … elle n’avait plus de lui que ces caresses d’habitude, données ainsi qu’une aumône aux femmes dont on se détache; et, comment l’aimer encore, quand il s’échappait de ses bras, qu’il montrait un air d’ennui dans les étreintes ardentes dont elle l’étouffait toujours? Comment l’aimer, si elle ne l’aimait pas de cette autre affection de chaque minute, en adoration devant lui, s’immolant sans cesse? É. Zola, L’Œuvre,1886, page 228.
24. … nous avons assez vécu tous les deux pour avoir appris que la désillusion est aussi une bonne condition de bonheur. Je vous aime, monsieur, d’un amour que des années de silence ont concentré, non affaibli. Pour des âmes comme les nôtres, l’amour ne va pas sans le devoir. Prenez-moi telle que je suis, pour une ressuscitée à la vie, décidée à la recommencer avec vous. E. Renan, Drames philosophiques,L’Abbesse de Jouarre, 1888, page 678.
25. … il n’y a pas de vices qui ne trouvent dans le grand monde des appuis complaisants, et l’on a vu bouleverser l’aménagement d’un château pour faire coucher une sœur près de sa sœur dès qu’on eut appris qu’elle ne l’aimait pas qu’en sœur. M. Proust, À la recherche du temps perdu,Sodome et Gomorrhe, 1922, page 716.
26. … en entendant M. de Charlus dire, de cette voix aiguë et avec ce sourire et ces gestes de bras : « Non, j’ai préféré sa voisine, la fraisette », on pouvait dire : « Tiens, il aime le sexe fort », avec la même certitude que celle qui permet de condamner, pour un juge, un criminel qui n’a pas avoué, pour un médecin, un paralytique général qui ne sait peut-être pas lui-même son mal, mais qui a fait telles fautes de prononciation d’où on peut déduire qu’il sera mort dans trois ans. M. Proust, À la recherche du temps perdu,Sodome et Gomorrhe, 1922p. 966.
27. … elle voulait détester Vidame, détester ses manières de faux aristocrate dédaigneux, sa suffisance et ses railleries parfois triviales. Elle ne l’aimait pas, elle ne l’aimerait jamais; il lui inspirait une secrète et inexplicable aversion. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, page 82.
28. Je voudrais te dire tous les vieux mots d’amour, les mots usés qui sont vrais une fois dans la vie d’un homme … si je te dis que je t’aime à la folie, c’est que c’est vrai, c’est que je deviens fou d’amour! E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, page 57.
− Emploi absolue [L’obj. est/n’est pas suggéré par le cont.] Être amoureux :
29. Lorsque je lis un roman, celui qui aime le plus vivement a toujours raison à mes yeux. G. Sénac de Meilhan, L’Émigré,1797, page 1657.
30. … le verbe est la parole par excellence, parce qu’il est l’expression exacte de l’être intelligent, et de toutes ses manières d’être, de pensée, de sentiment et d’action, et que nul autre que l’être intelligent ne peut dire, je veux, j’aime, j’agis, je suis. L.-G.-A. de Bonald, Législation primitive,t. 1, 1802, page 254.
31. … quoique la beauté soit beaucoup, ce n’est pas assez cependant pour inspirer un attachement durable. − Madame, répondit l’Archevêque, nous ne sommes point ici en Europe, où les femmes, libres dans leur choix, ont besoin de temps pour aimer et pour être aimées, parce qu’elles ne peuvent former que des liens exclusifs et indissolubles, que le bonheur de ces liens ne s’appuie que sur des vertus, et que les vertus ne se découvrent qu’avec l’aide du temps … MmeCottin, Mathilde,t. 1, 1805, page 128.
32. Qu’il aime peu, celui qui peut dire de quelles paroles s’est servie sa maîtresse pour lui avouer qu’elle l’aimait! A. de Musset, La Confession d’un enfant du siècle,1836, page 209.
33. Une aimable et belle étrangère qui est à Paris disait : « On n’aime plus. Que je serais donc heureuse d’être aimée comme les Français aiment leurs propriétés! » Ch.-A. Sainte-Beuve, Les Cahiers,1869, page 102.
34. … elle t’aime; elle t’aime passionnément, comme une femme chaste qui n’a jamais aimé. Quarante ans est un âge terrible pour les femmes honnêtes, quand elles ont des sens; elles deviennent folles et font des folies. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Une Passion, 1882, page 825.
35. … les hommes ne savent jamais comment il faut aimer. Rien ne les contente. Tout ce qu’ils savent, c’est rêver, imaginer de nouveaux devoirs, chercher de nouveaux pays et de nouvelles demeures. Tandis que nous, nous savons qu’il faut se dépêcher d’aimer, partager le même lit, se donner la main, craindre l’absence. A. Camus, Le Malentendu,1944, I, 4, page 127.
36. − Vous vous haïssez tous, cria-t-il d’une voix étranglée, puérile. Aimer, dans votre langue, ça veut dire « aide-moi à souffrir, souffre pour moi, souffrons ensemble ». Vous haïssez votre plaisir. Oui, vous haïssez votre corps d’une haine sournoise, oui, vous haïssez votre corps d’une haine sournoise, amère. G. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, page 969.
37. Du moment qu’on aime, on n’est pas libre. Mais ce n’est tout de même pas pareil d’aimer quelqu’un qui se croit des droits sur vous ou quelqu’un qui ne s’en croit aucun. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, page 448.
− En particulier Accomplir l’union sexuelle :
38. Jusqu’alors irréprochable, cette malheureuse enfant écouta les tentations auxquelles l’exposait plus que d’autres (qui la blâmeront trop vite peut-être) le milieu où son état la contraignait de vivre. Bref, elle fit une faute : − elle aima. Ce fut sa première faute; mais qui donc a sondé l’abîme où peut nous entraîner une première faute? Un jeune étudiant candide, beau, doué d’une âme artiste et passionnée, mais pauvre comme Job, un nommé Maxime, dont nous taisons le nom de famille, lui conta des douceurs et la mit à mal. Ph.-A.-M. de Villiers de L’Isle-Adam, Contes cruels, Les Demoiselles de Bienfilatre, 1883, page 12.
− Plus généralement (proverbe) Qui aime bien châtie bien .
Remarque 1. Le complément d’objet peut être remplacé par un adverbe (ailleurs = « quelqu’un d’autre ») : 39. … Octave ne passait plus devant la porte de Marie sans entrer, repris d’un singulier goût, d’un coup de passion, qu’il ne s’avouait même pas; il adorait Berthe, il la désirait follement, et, dans ce besoin de l’avoir, renaissait pour l’autre une tendresse infinie, un amour dont il n’avait jamais éprouvé la douceur, au temps de leur liaison. C’était un charme continuel à la regarder, à la toucher, des plaisanteries, des taquineries, les jeux de main d’un homme qui voudrait reprendre une femme, avec la secrète gêne d’aimer ailleurs. É. Zola, Pot-Bouille, 1882, page 260. ou une (locution) prép. Cf. M. Proust, À la recherche du temps perdu, La Prisonnière, 1922, page 92 : «Nous étions résignés à la souffrance, croyant aimer en dehors de nous…»
Remarque 2. Dans la langues class. ou littéraire, la personne aimée peut être désignée par le mot objet ou par le pron. ce : 40. Sans doute, c’est par l’amour que l’éternité peut être comprise; il confond toutes les notions du temps; il efface les idées de commencement et de fin; on croit avoir toujours aimé l’objet qu’on aime, tant il est difficile de concevoir qu’on ait pu vivre sans lui. G. de Staël, Corinne, t. 2, 1807, page 32. 41. … est-il quelque chose de plus amusant, de plus original que de payer sa propre femme? On n’aime bien, en amour illégitime, que ce qui coûte cher, très cher. Vous donnez à notre amour… légitime, un prix nouveau, une saveur de débauche, un ragoût de… polissonnerie en le tarifant comme un amour coté. G. de Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, Au bord du lit, 1883, page 901. 42. Il y a des moments où c’est trop et c’est trop et c’est trop et c’est assez, et je n’en puis plus, et je suis trop seule, arrachée, arrachée à ce que j’aime! Et je suis trop malheureuse, et je suis trop punie, et je prie de mourir, et j’ai peur de mourir, et je suis contente de mourir! P. Claudel, Partage de midi, 1949, III, page 1129.
b) [Avec une idée de choix et de désintéressement; le substantif correspondant est amitié] Aimer quelqu’un [comme un(e) ami(e)] :
43. … l’opinion est un peu comme les balances; elle hausse et baisse jusqu’à ce qu’elle ait trouvé le point juste de l’équilibre. Alors elle s’arrête, et laisse en repos l’intérêt et l’inquiétude de ceux qui nous aiment. Quand je dis « ceux », je crois pourtant que c’est « celui », et je me livre à penser que tu es distingué en sentiment pour moi. G. de Staël, Lettres de jeunesse,1786, pp. 78-79.
44. … cette année, au mois de septembre, à quatre heures du soir, par un temps gris et brumeux, j’ai embrassé pour le quitter un homme que j’aime de cette affection ardente et qui ne ressemble à nulle autre, allumée au fond de l’âme je ne sais par quelle étrange puissance réservée aux hommes de génie. M. Féli m’a mené dans la vie neuf mois durant, au bout desquels le fatal carrefour s’est rencontré. − L’habitude de vivre avec lui faisait que je ne prenais pas garde à ce qui se passait dans mon âme; mais depuis que je ne le vois plus, j’y ai trouvé comme un grand déchirement qui s’est fait au moment de la séparation. M. de Guérin, Journal intime,1833, page 180.
45. … et il faut toujours écrire, être toujours neuf, jeune, ingénieux, et achever mon histoire de la société moderne en action. Je puis vous dire ces choses à vous, qui êtes une vieille connaissance et qui m’aimez un peu, malgré l’isolement, les séparations et n[os] traverses, car n[ous] sommes deux vieux lutteurs et nous sommes liés par une estime réciproque. H. de Balzac, Correspondance,1839, page 643.
46. … Hubert dit, presque bas : − J’allais vous proposer une sorte de traité secret, demoiselle qui n’aimez personne. Car il doit être bien entendu que vous n’aimez personne. − C’est vrai, je n’aime personne, parce que j’aime tout le monde. Je pensais même à me faire inscrire au club des indifférents. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, page 190.
47. L’autre jour, un religieux que j’aime beaucoup m’appelle au téléphone et me dit : « Je veux vous rassurer au sujet de l’enfer. » J. Green, Journal,1949, page 246.
48. Un jour de décembre, sur les instances de Mmed’Houdetot et parce qu’il aimait encore son ami, Diderot s’était décidé à venir à l’ermitage pour consoler Jean-Jacques et le rendre à lui-même et pour savoir enfin la vérité de tous ces ragots qui lui revenaient. J. Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950, page 240.
− Emploi absolue :
49. Celui qui aime son amie ou son ami l’aime dans le présent et la révolution ne veut aimer qu’un homme qui n’est pas encore là. Aimer, d’une certaine manière, c’est tuer l’homme accompli qui doit naître par la révolution. Pour vivre un jour, en effet, il doit être, dès aujourd’hui, préféré à tout. Dans le règne des personnes, les hommes se lient d’affection; dans l’empire des choses, les hommes s’unissent par la délation. A. Camus, L’Homme révolté,1951, page 294.
c) Par analogie [Le sujet ou l’obj. désigne un animal vivant dans l’entourage d’une personne; substantif correspondant : attachement] Aimer son chien, le chien aime son maître :
50. L’aveugle, à qui tout pouvoit nuire, Étoit sans guide, sans soutien, Sans avoir même un pauvre chien Pour l’aimer et pour le conduire. J.-P.-C. de Florian, Fables,L’Aveugle et le paralytique, 1792, page 64.
51. Je viens de dire que j’aurais pu la tuer comme on assomme un chien qui désobéit! Je l’aimais en effet, un peu comme on aime un animal très rare, chien ou cheval, impossible à remplacer. C’était une bête admirable, une bête sensuelle, une bête à plaisir, qui avait un corps de femme. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Allouma, 1889, page 1325.
2. [L’obj. désigne une valeur, ou un être ou un obj., etc. auquel on attache une valeur; substantif correspondant : goût, prédilection pour]
a) [L’obj. désigne un élément mis en valeur dans un être ou dans un obj.]
− [Le complément d’objet est déterminé par un complément de nom ou un adjectif poss. ou dém.] Aimer le visage de quelqu’un, aimer son sourire :
52. Emmanuel scrutait le visage de Florentine et, au delà de ce visage qu’il aimait depuis si peu de temps, les quelques paroles, les quelques gestes qui résumaient la connaissance qu’il avait d’elle. G. Roy, Bonheur d’occasion,1945, page 418.
53. Elle n’était pas seule, et cet étudiant en droit qui ne voulait jamais la quitter se trouvait maintenant à ses côtés. Elle avait fini par l’accepter, bien qu’il fût un peu petit et qu’elle n’aimât pas beaucoup son rire avide et bref, ni ses yeux noirs trop saillants. Mais elle aimait son courage à vivre, qu’il partageait avec les Français de ce pays. Elle aimait aussi son air déconfit quand les événements, ou les hommes, trompaient son attente. A. Camus, L’Exil et le royaume,1957, page 1558.
Remarque L’exemple suiv. offre une combinaison de cette tournure et des tournures suiv. : «Je n’aime de vous ni votre visage, ni votre corps, ni votre présence…» (H. de Montherlant, Les Jeunes filles, 1936, page 10).
− [Le complément d’objet est accompagné d’un complément circ. indiquant le tout auquel appartient l’élément considéré]
♦ Aimer qqc. en (dans) quelqu’un :
54. … jamais le comte ne paraît trop vieux. Il a trente-sept ans; mais il n’a pas l’air de les avoir. On ne sait d’abord ce qu’on aime le plus en lui, ou de sa figure noble et élevée, ou de son esprit, qui est toujours agréable, … B.-J. de Krüdener, Valérie,1803, page 9.
55. … il est aisé de comprendre comment une femme qui s’est beaucoup occupée des lettres et des beaux-arts, peut aimer dans un homme des qualités et même des goûts qui diffèrent des siens. L’on est si souvent lassé de soi-même, qu’on ne peut être séduit par ce qui nous ressemble : … G. de Staël, Corinne,t. 3, 1807, page 91.
56. Ce sont d’autres raisons que des raisons d’esthétique qui ont fait la fortune des Rougon-Macquart : ce que goûte le public dans M. Zola, c’est beaucoup moins l’artiste que le descripteur sans vergogne. M. Daudet, par un rare privilège, plaît à tout le monde : mais pensez-vous que la foule et les « habiles » aiment en lui exactement les mêmes choses? J. Lemaître, Les Contemporains,1885, page 82.
57. … « Ma mère était ainsi, j’aimais en elle le même effacement et c’est elle que j’ai toujours voulu rejoindre. Il y a huit ans, je ne peux pas dire qu’elle soit morte. Elle s’est seulement effacée un peu plus que d’habitude, et, quand je me suis retourné, elle n’était plus là. » A. Camus, La Peste,1947, page 1444.
♦ Rare. Aimer quelqu’un en quelqu’un :
58. Est-ce s’avilir que vous tant supplier? Non : je n’aime en vous que vous-même, et à quelque excès que le sentiment soit porté quand il n’est accru, multiplié, que par lui-même, il reste encore honorable. G. de Staël, Lettres inédites à Louis de Narbonne,1794, page 249.
59. Moi qui m’interroge toujours avec soupçon sur les sentiments que j’inspire, je ne me demandai jamais qui Lewis aimait en moi : j’étais sûre que c’était moi. Il ne connaissait ni mon pays, ni mon langage, ni mes amis, ni mes soucis : rien que ma voix, mes yeux, ma peau; mais je n’avais pas d’autre vérité que cette peau, cette voix, ces yeux. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, page 328.
♦ Aimer qqc. dans qqc. :
60. … l’œuvre d’art, c’est à la fois l’objet exprimé et l’expression même, la traduction et l’interprétation de cet objet : mais quand l’objet est entièrement, absolument laid et plat, on est bien sûr alors que ce qu’on aime dans l’œuvre d’art, c’est l’art tout seul. L’art pur, l’art suprême n’existe que s’il s’exerce sur des laideurs et des platitudes. J. Lemaître, Les Contemporains,1885p. 317.
Remarque 1. À une époque récente, on rencontre aimer qqc. chez quelqu’un. Cf. M. Proust, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 816 : «il aime chez lui (…) un effort momentanément (…) fraternel»; J. Romains, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, page 120 : «Ce qu’elle aime chez un homme, c’est moins l’homme lui-même que l’ardeur ou la tendresse qu’il lui témoigne.»
Remarque 2. Plus rarement, les rapports sont inversés, le tout étant exprimé dans le complément d’objet et l’élément dans le complément circ. :
61. …affectant d’aimer Paris surtout dans ses verrues et le petit monde surtout dans ses vulgarités, il lui [à F. Coppée] est arrivé de « mettre en vers » (l’expression ne convient nulle part mieux) des sujets qui en vérité ne réclamaient point cet ornement et appelaient évidemment la prose. J. Lemaître, Les Contemporains,1885p. 106.
Remarque 3. Ce qu’on aime dans un être ou dans un obj. peut s’exprimer par un attribut de l’obj. :
62. Le conte est chez nous un genre national. Sous le nom de fabliau, puis de nouvelle, il est presque aussi vieux que notre littérature. C’est un goût de la race, qui aime les récits, mais qui est vive et légère et qui, si elle les supporte longs, les préfère parfois courts, et, si elle les aime émouvants, ne les dédaigne pas gaillards. J. Lemaître, Les Contemporains,1885p. 286.
Cet emploi est proche de celui où un complément circ. indique la situation (momentanée) où se trouve l’être aimé :
63. Notre ami M. d’Éprémesnil est à Paris en très bonne santé. Je ne sais pas s’il nous aime autant dans la prospérité que nous l’aimions dans son malheur. G. de Staël, Lettres de jeunesse,1788, page 263.
b) [L’obj. désigne une personne ou un inanimé valorisés]
− [Il désigne une chose concret] Aimer tel(s) tableau(x) :
64. Étant riche, je recherchais les meubles anciens et les vieux objets; et souvent je pensais aux mains inconnues qui avaient palpé ces choses, aux yeux qui les avaient admirées, aux cœurs qui les avaient aimées, car on aime les choses! G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Chevelure, 1884, page 936.
65. La lecture de Father and son d’Edmund Gosse est pour moi un plaisir exceptionnel, une sorte de redécouverte de tout un monde que j’avais entrevu dans Mark Rutherford qui, du reste, n’est pas tout à fait sans rapport avec le livre de Gosse. Que j’aime cette économie de mots, cette rigueur dans le choix de l’expression, ce souci perpétuel de dire vrai! Il y a au fond de cela une émotion qui sans cesse affleure et donne à ces phrases contenues et sévères une sorte de palpitation. J. Green, Journal,1949, page 295.
− [Il désigne une personne individuelle ou coll. en tant qu’elle représente une valeur; parfois iron. ou sarcastique] Aimer tel écrivain, tel chef, tel régime politique :
66. Je n’aime point Montaigne, bien qu’il ait une admirable sagacité et une imagination plus admirable encore. Il est trop indécis, trop indifférent pour la vérité. Il me repousse et m’indigne par l’universalité de son scepticisme. Ch.-J. de Chênedollé, Extraits du journal,1833, page 162.
67. Le tumulte de la chasse se rapprochait; les fourrés semblaient frémir, et tout à coup, brisant les branches, couvert de sang, secouant les chiens qui s’attachaient à lui, le sanglier passa. Alors le baron, poussant un rire de triomphe, cria : « Qui m’aime me suive! » et il disparut, dans les taillis, comme si la forêt l’eût englouti. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Un Coq chanta, 1882, page 811.
68. Tous parlèrent à la fois. Aucun n’aimait l’Empire. Le docteur Juillerat condamnait l’expédition du Mexique, l’abbé Mauduit blâmait la reconnaissance du royaume d’Italie. É. Zola, Pot-Bouille,1882, page 87.
69. Dans ce château de Lunéville, les nôtres furent humiliés. Ce palais ne me parlerait que de Stanislas, un prince bon et fin, je l’accorde, mais entouré de petites femmes et de petits abbés qui, par bel air, raillaient les choses locales et copiaient Versailles. La Lorraine, dit-on, l’aima; c’est qu’elle avait perdu toute conscience de soi-même; … M. Barrès, Un Homme libre,1889, page 119.
70. Moi, dans dix ans, je ferai terriblement ancien régime… passé bien entendu à la révolution, mieux : artisan de la révolution, mais ancien régime quand même… On n’a pas eu impunément vingt ans en 1928, été surréaliste, etc. Je serai ton Fouché. − Quelle horreur! − Non, j’aime bien Fouché. Corrompu mais efficace, hypocrite mais vrai avec lui-même. Et surtout éternellement irrespectueux : comme j’aime l’irrespect… Cela aussi fera très ancien régime… R. Vailland, Drôle de jeu,1945, page 98.
c) [L’obj. désigne une catégorie ou un type d’êtres ou de choses] Avoir ou manifester un goût prononcé pour …
− [L’obj. est un nom au pluriel] Aimer les enfants, les femmes, les livres :
71. … j’aime d’avance ceux qui souffrent. Ainsi, pour moi, votre mélancolie fut un charme, vos malheurs un attrait, et, du moment que vous avez déployé les agréments de votre esprit, toutes mes pensées se sont involontairement rattachées aux doux souvenirs que j’ai conservés de vous. H. de Balzac, Correspondance,1822, page 139.
72. Du temps de M. Bonderoi, l’ancien notaire, MmeBonderoi utilisait, dit-on, les clercs pour son service particulier. C’est une de ces respectables bourgeoises à vices secrets et à principes inflexibles, comme il en est beaucoup. Elle aimait les beaux garçons; quoi de plus naturel? N’aimons-nous pas les belles filles? G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Remplaçant, 1883, page 867.
73. Ils s’intéressent surtout au commerce et ils s’occupent d’abord, selon leur expression, de faire des affaires. Naturellement, ils ont du goût aussi pour les joies simples, ils aiment les femmes, le cinéma et les bains de mer. Mais, très raisonnablement, ils réservent ces plaisirs pour les samedis soirs et les dimanches, essayant les autres jours de la semaine, de gagner beaucoup d’argent. A. Camus, La Peste,1947, pp. 1217-1218.
74. Elle aimait les animaux, les fleurs, toutes les choses naturelles; le plus modeste bouquet la ravissait. A. Gide, Et nunc manet in te,1951, page 1142.
75. − Quand j’étais jeune, ça me semblait magique un livre. − Moi aussi j’aime les livres, dit Nadine vivement. Seulement il y en a déjà tant! à quoi ça sert d’en fabriquer un de plus? − On n’a pas tout à fait les mêmes choses à dire que les autres : on a sa vie à soi, ses rapports à soi avec les choses, avec les mots. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, page 92.
76. Mais a-t-on le temps, en ce monde, d’aimer les choses, de voir les choses de près, quand elles jouissent de leur petitesse. Une seule fois dans ma vie, j’ai vu un jeune lichen naître et s’étendre sur le mur. Quelle jeunesse, quelle vigueur à la gloire de la surface! G. Bachelard, La Poétique de l’espace,1957, page 152.
77. … rhétoricien, je n’aimais que les mots : je dresserais des cathédrales de paroles sous l’œil bleu du mot ciel. J.-P. Sartre, Les Mots,1964, page 152.
− [L’obj. est un singulier coll. ou à valeur de coll.] Aimer le peuple :
78. Je fis servir un rafraîchissement; Sara prit un air couvert. Cela me surprit! elle aime la pâtisserie. Rien n’était bon; elle rebutait tout, elle demandait à … partir. − « Vous ne voyez pas, » me dit tout bas la mère, « qu’elle attend de Lamontette ce soir? » N.-E. Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas,1796, page 180.
79. … d’Arrast dit qu’il était invité par des amis à la cérémonie de danses, dans les cases. « Ah, oui, dit le juge. Je suis content que vous y alliez. Vous verrez, on ne peut s’empêcher d’aimer notre peuple. » A. Camus, L’Exil et le royaume,1957, page 1671.
− Par analogie, didact. [Le sujet désigne une plante, l’obj. désigne une condition favorable à son développement] La vigne aime les pentes ensoleillées.
− Par analogie ou au figuré :
80. Ah! portons dans les bois ma triste inquiétude. Ô Camille! l’amour aime la solitude. A. Chénier, Élégies,Les amours, Camille, 1794, page 61.
81. Nous avons un lavoir, que tu n’as pas vu, à la Moulinasse, assez grand et plein d’eau, qui embellit cet enfoncement et attire les oiseaux qui aiment le frais pour chanter. E. de Guérin, Journal,1837, page 127.
82. Il pêcha à la ligne, sut distinguer les fonds qu’aime le goujon, ceux que préfère la carpe ou le gardon, les rives favorites de la brème et les diverses amorces qui tentent les divers poissons. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Bombard, 1884, page 973.
d) [L’obj. désigne une entité physique ou abstrait] Aimer la nature, l’art, l’argent :
83. Plusieurs gens de lettres croient aimer la gloire et n’aiment que la vanité. Ce sont deux choses bien différentes et même opposées; car l’une est une petite passion, l’autre en est une grande. Il y a, entre la vanité et la gloire, la différence qu’il y a entre un fat et un amant. Chamfort, Maximes et pensées,1794, page 72.
84. Ma mère est mieux, et cette grande cause de repos me ramène à vous qui êtes une si piquante raison d’aimer la vie. G. de Staël, Lettres diverses,1794, pp. 606-607.
85. Celui qui aime la laideur, dans un temps où mille chefs-d’œuvre peuvent avertir et redresser son goût, n’est pas loin d’aimer le vice; … F.-R. de Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, page 132.
86. … les Athéniens ne jouissaient pas de la campagne comme nous. La plupart ne vivaient guère aux champs, étaient de purs citadins, attachés aux pavés du Pnyx ou de l’Agora. Quant à leurs poètes quelques-uns aiment certes et décrivent la nature mais toujours leurs paysages sont courts et simples, même ceux de Théocrite : à peine un peu de mignardise chez Bion et chez quelques poètes de l’Anthologie. J. Lemaître, Les Contemporains,1885, page 146.
87. − Vous aimez donc bien le théâtre, mademoiselle? La jeune femme ferma les yeux à demi, fit un sourire et dit très bas : − On m’a fait lire une pièce italienne que l’on voudrait jouer à Paris et où reviennent sans cesse les mots de fiction et de réalité. Comment vous expliquer, Philippe, que la réalité, je ne la sens, je ne la comprends vraiment que sur la scène? G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, page 138.
88. Ah! continua-t-il, j’ai attendu la guerre avec joie et je l’accueille de même. Elle va déblayer le chemin. Pour cette parole-là, le premier imbécile venu me lapiderait, mais s’il savait s’interroger autrement qu’en s’attendrissant sur soi-même et ses petits malheurs, l’imbécile susdit saurait que, lui aussi, aime la guerre comme une fête sacrée… R. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, page 279.
89. Le païen aime la terre pour en jouir et s’y confiner. Le chrétien pour la rendre plus pure et tirer d’elle-même la force de s’en évader. P. Teilhard de Chardin, Le Milieu divin,1955, page 143.
90. Le professeur avait toujours joué, parmi nous, un rôle véritablement civique. Il était libéral et idéaliste; il aimait l’Occident, le progrès, la justice, et, en général, tout ce qui est élevé. A. Camus, Les Possédés,adapté de Dostoïevski, 1959, page 925.
B.− Emploi pronominal
1. Emploi réciproque. [Substantif correspondant : amour ou amitié]
a) [Avec une idée de lien moral ou spirituel] :
91. Mes frères, commençons par nous aimer; nous nous corrigerons ensuite, et nous nous perfectionnerons réciproquement, si toutefois l’amour ne nous perfectionne pas lui-même. L.-C. de Saint-Martin, L’Homme de désir,1790, page 102.
92. Elle voulait que Paul et Georges fussent toujours d’accord, parce que ce serait gentil de rester comme ça, tous les trois, en sachant qu’on s’aimait bien. É. Zola, Nana,1880, page 1189.
93. stépan. − Ce ne sont pas mes idées. Tu veux tout détruire, tu ne veux pas laisser pierre sur pierre. Moi, je voulais que tout le monde s’aime. pierre. − Pas besoin de s’aimer! il y aura la science. A. Camus, Les Possédés,adapté de Dostoïevski, 1959, pp. 993-994.
b) [Avec une idée de passion de nature affective ou physique] :
94. Quand on sait composer un philtre d’amour, on ne peut se tromper sur les doses. Après une expérience aussi positive, aussi frappante, pourquoi donc ne veux-tu pas donner ces philtres à ton maître et à Béatrix? − Êtes-vous bien sûre qu’ils s’aimeront réciproquement? − Je t’ai expliqué cela tant de fois! − Je le crois, mais je ne le comprends pas parfaitement. − Si tu le crois, que faut-il de plus? Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 3, 1795, pp. 172-173.
95. Viens, nous nous aimerons dans ces fiers paysages Comme s’aimaient jadis les belles et les sages, Comme Socrate aimait Aspasie aux seins nus, Comme Eschyle, le chantre immense, aimait Vénus, Dans l’extase sereine et sainte, dans l’ivresse, L’héroïsme, la joie et l’espoir; car la Grèce, Terre où dans le réel l’idéal se confond, Seule, a de ces amours, avec l’Olympe au fond. Voir Hugo, La Légende des siècles,t. 6, L’Amour, 1883, page 236.
96. Oh! l’éden immédiat des braves empirismes! Peigner ses fiers cheveux avec l’arête des Poissons qu’on lui offrit crus dans un paroxysme De dévouement! S’aimer sans serments, ni rabais, Oui, vivre pur d’habitudes et de programmes, Pacageant mes milieux, à travers et à tort, Choyant comme un beau chat ma chère petite âme, N’arriver qu’ivre-mort de moi-même à la mort! J. Laforgue, L’Imitation de Notre-Dame la Lune, Nobles et touchantes divagations, 1886, pp. 268-269.
97. Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lèvres sans le dire Cette rose ne l’interromps Qu’à verser un silence pire Jamais de chants ne lancent prompts Le scintillement du sourire Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lèvres sans le dire… S. Mallarmé, Poésies,Rondels, 1898, page 62.
98. Tu as le visage que tu avais quand nous revenions du football, l’hiver, tout rouges, crottés, suants et heureux et que nous nous moquions des filles ensemble. Le visage de cette nuit dans le dortoir où nous avons juré de nous aimer toujours et où nous nous sommes tailladé le bras pour échanger notre sang, avec un petit couteau rouillé. J. Anouilh, La Répétition,1950, III, page 75.
99. … si l’amour peut exister, si ce mot peut avoir du sens, que signifie-t-il d’autre que la connaissance mutuelle dans le silence, l’intimité, l’absence de honte? On ne s’aime pas quand on sait qu’on est nus. Et on sait qu’on est nus quand quelqu’un, au même moment, vous regarde. A. Camus, Requiem pour une nonne,adapté de W. Faulkner, 1956, page 876.
2. Emploi réfléchi [Substantif correspondant : amour de soi, amour-propre]
100. Si quelqu’un se dérobe à ses enchantements, Qu’est-ce enfin qu’un de moins dans ce peuple d’amants? On brigue ses regards, elle s’aime et s’admire, Et ne connaît d’amour que celui qu’elle inspire. A. Chénier, Élégies,Les Amours, 1794, page 85.
101. D’où vient à l’homme la plus durable des jouissances de son cœur, cette volupté de la mélancolie, ce charme plein de secrets, qui le fait vivre de ses douleurs et s’aimer encore dans le sentiment de sa ruine? É. de Senancour, Obermann,t. 1, 1840, page 93.
102. − Je vais te dire une chose idiote que tu ne comprendras pas. Je ne m’aime plus. Je ne peux pas vivre sans m’aimer. Depuis que je ne m’aime plus… c’est votre faute. Je vous déteste, je vous hais. − Tu te vantes, fit-elle avec une simplicité tragique. Essaie quand même. Hais-moi. La haine ne vaut pas grand-chose, mais enfin elle vaut mieux que rien. Dieu veuille qu’elle t’aide à vivre! G. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, page 966.
103. Il s’est aimé toujours, il s’aime, mais cet amour de soi n’est pas l’amour-propre. Il saisit seulement toutes occasions d’étendre et de renforcer le sentiment de son être. J. Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d’un esprit, 1952, page 308.
104. Faute de m’aimer assez, j’ai fui en avant; résultat : je m’aime encore moins, cette inexorable progression me disqualifie sans cesse à mes yeux : hier j’ai mal agi puisque c’était hier et je pressens aujourd’hui le jugement sévère que je porterai sur moi demain. J.-P. Sartre, Les Mots,1964, page 198.
3. Emploi passif. [Le verbe aimer est à l’infinitif complément des semi-auxil. faire ou laisser] Se faire, se laisser aimer. Faire en sorte, permettre qu’on soit aimé :
105. Pour Adolphe, il est toujours avec les ouvriers, il examine les mécaniques, n’est content que lorsqu’il les comprend, les imite quelquefois, et les brise plus souvent, saute au cou de son père quand celui-ci le gronde, et se fait aimer de chacun en faisant enrager tout le monde. MmeCottin, Claire d’Albe,1799, page 96.
106. Se laisser aimer, c’est aimer déjà. H. de Montherlant, Les Jeunes filles,1936, page 972.
II. [L’obj. est un syntagme verbal]
A.− [Un cas ambigu : l’obj. est un substantif d’action ou d’état] Aimer la marche, le repos :
107. J’aime cette prodigalité des richesses terrestres pour une autre vie, du temps pour l’éternité : assez de choses se font pour demain, assez de soins se prennent pour l’économie des affaires humaines. G. de Staël, Corinne,t. 2, 1807, page 159.
108. Moi, c’est d’instinct que j’adore Benjamin Constant (…). J’aime, quand MmeRécamier se refuse, le désespoir, la folie lucide de cet homme de désir qui n’aima jamais que soi, mais que « la contrariété rendait fou ». M. Barrès, Un Homme libre,1889, pp. 70-71.
109. Ah, comme j’aimais cette course matinale… « Plus vite, Piotr! Plus vite! » Le trotteur détalait, l’énorme derrière de Piotr dans ses vêtements rembourrés (plus un cocher était rembourré, plus il était élégant!), nous protégeait des monceaux de neige renvoyés par les sabots du cheval. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, page 281.
110. J’admire ce grand artiste, mais je n’aime pas cette façon qu’il a de nous dire : « Attention, je vais souffrir, et vous allez voir de quelle façon subtile. » J. Green, Journal,1949, page 305.
Remarque 1. Du point de vue formel, cette construction ressemble à celle qui a été mentionnée plus haut sous I A 2 d. 2. Elle est volontiers associée à la construction infinitif : 111. J’aime à bouleverser une bibliothèque, Fouiller un chroniqueur qu’on a laissé moisir, Déchiffrer un latin, quelque vieille ode grecque, Essayer un rondeau, peindre un ange à loisir; Puis surtout, d’un festin l’enivrante magie, L’impudeur effrontée assise en une orgie, Où s’affaisse mon corps sous le poids du plaisir. P. Borel, Rhapsodies, Adroit refus, 1831, page 36. − Ou remplacée par la construction doublement infinitif du type aimer voir quelqu’un + infinitif : 112. Mais qu’importe! Je voulais seulement dire que j’aimerais quelquefois te voir sourire. A. Camus, Le Malentendu, 1944, I, 1, page 117. − Ou par le syntagme substantif concret + prop. relative Cf. A. de Saint-Exupéry, Citadelle, 1944, page 517 : «j’aime les saisons qui reviennent».
B.− [L’obj. est un infinitif]
1. Usuel. [En construction dir.] :
113. … c’est justement cette imagination haineuse qui donne à ses livres leur saveur. Il [Huysmans] aime mépriser, il aime haïr, il aime surtout être dégoûté. J. Lemaître, Les Contemporains,1885, page 322.
114. georges. − Yvonne… Il aimerait te voir… Il a de la peine. J. Cocteau, Les Parents terribles,1938, page 215.
115. J’ai toujours aimé renseigner les passants dans la rue, leur donner du feu, prêter la main aux charrettes trop lourdes, pousser l’automobile en panne, acheter le journal de la salutiste, ou les fleurs de la vieille marchande dont je savais pourtant qu’elle les volait au cimetière Montparnasse. J’aimais aussi, ah, cela est plus difficile à dire, j’aimais faire l’aumône. A. Camus, La Chute,1956, page 1484.
2. [En construction indir.]
a) Moins fréq. Aimer à… :
116. Quittant sa forme, hélas! Non son âme première, Le beau narcisse en fleur, aux rives des ruisseaux Aime encore à se voir dans le cristal des eaux. A. Chénier, Bucoliques,Arbres, fleurs, herbes, 1794, page 243.
117. J’aimais à lire la Vie des Saints, ces beaux poèmes, ces dangereux romans, où l’humanité paraît si grande et si forte qu’on ne peut plus ensuite se baisser et regarder à terre les hommes tels qu’ils sont. G. Sand, Lélia,1833, page 195.
118. Encore une bonne quinzaine pourtant, et j’espère avoir fini mon chapitre! Ce qui me donnera du revif, j’aime à le croire! Et au bout de trois ou quatre mois, quand le dernier chapitre sera fait, j’en aurai encore (avec le second volume) pour six ou huit mois!!! G. Flaubert, Correspondance,1879, page 340.
119. Le commerce des âmes est la plus grande et la seule réalité. Voilà pourquoi j’aime à penser à ces bons prêtres qui furent mes premiers maîtres, à ces excellents marins, qui ne vécurent que du devoir; à la petite Noémi, qui mourut parce qu’elle était trop belle; à mon grand-père, qui ne voulut pas acheter de biens nationaux; au bonhomme Système, qui fut heureux puisqu’il eut son heure d’illusion. E. Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse,1883, page 126.
120. … un bon éditeur devrait aimer autant (plus peut-être) à payer qu’à gagner. Ph.-A.-M. de Villiers de L’Isle-Adam, Correspondance générale,1884, page 52.
121. J’écris ceci dans la vieille bibliothèque où j’aime à penser qu’Edgar Poe est venu lire et rêver quelquefois. J. Green, Journal,1937, page 89.
122. En aucune période de l’histoire contemporaine (…) ne s’est vérifiée l’opposition simpliste entre gouvernement et commerce, ni à plus forte raison celle que la polémique aime à imaginer entre la stérilité économique de l’État et la fécondité exclusive de l’entreprise privée. F. Perroux, L’Économie du XXesiècle,1964, page 448.
Remarque 1. Comme le montrent les exemple, la construction reste vivante avec un infinitif non suivi de complément d’objet ou dans les locution j’aime à croire, à penser que. 2. L’exemple 122 montre le verbe aimer affaibli en auxil. expr. de la répét. (aime à imaginer = « imagine souvent »).
b) Aimer de…
− Littéraire :
123. … il avait suspendu, sur le mur de son cabinet, tout contre le miroir et à hauteur de regard, un fort beau portrait du poète, devant lequel il aimait de tomber en rêverie. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, page 20.
− Familier :
124. amalric. − (…). Il est tout le temps à se promener d’un bout à l’autre du bateau en se frottant les mains! ysé. − Moi aussi, j’aime ça de marcher! Nous avons fait une grande promenade ensemble ce matin. L’heure la plus fraîche. C’est si bête de laisser le soleil se lever tout seul. P. Claudel, Partage de midi,1949, I, page 1068.
Remarque La prép. de est usuelle si l’infinitif est séparé du verbe aimer par la formule de mise en relief ce que… c’est. Cf. É. Bourdet, Le Sexe faible, 1931, page 388 : «Ce que j’aime, moi, ce n’est pas de recevoir, c’est de donner!»
C.− Fam. [L’obj. est une prop. circ. de temps, conj. quand] :
125. J’aimais bien quand elles venaient me voir. A. Daudet, Le Petit Chose,1868, page 196 (Sandf. t. 2, 1965, page 295).
126. nicole. − Je n’aime pas beaucoup quand ta mère me parle de cette façon-là : c’est mauvais signe. É. Bourdet, Le Sexe faible,1931, page 453.
Remarque 1. Lorsque est plus rare. Cf. F. Mauriac, Le Mystère Frontenac, 1933, page 62 : «J’aime bien lorsque les pins te dispensent de souffrir…» 2. Dans la langues familier comme dans le style plus soutenu, la conj. de temps est précédée d’un pron. complément d’objet du verbe aimer. Cf. G. de Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, Le Colporteur, 1893, page 1172 : «…elle n’aime pas ça quand je reviens dans la nuit boire un coup avec un ami». A. Gide, Journal, 1931, page 1031 : «Je l’aimais presque mieux quand il disait « l’autre ».» 3. Cette construction est d’ordin. remplacée, dans un style plus soutenu, par une construction doublement infinitif du type j’aime le voir, l’entendre + infinitif (exemple 113).
D.− [L’obj. est une prop. complétive, conj. que + subj.]
1. Rare. [Pour constater un fait] :
127. … j’avais toujours été choyée, entourée, estimée, j’aimais qu’on m’aimât; la sévérité de mon destin m’effraya. S. de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée,1958, page 188.
2. [Pour exprimer une appréciation] :
128. Je n’aime point qu’en s’élevant contre les religions on nie leur beauté, et l’on méconnaisse ou désavoue le bien qu’elles étaient destinées à faire. Ces hommes ont tort : le bien qui est fait en est-il moins un bien, pour être fait d’une manière contraire à leur pensée? É. de Senancour, Obermann,t. 2, 1840, page 31.
129. Alors, quand il fut parti, Maheu éclata à son tour : − Nom de Dieu! Ce qui n’est pas juste n’est pas juste. Moi, j’aime qu’on soit calme, parce que c’est la seule façon de s’entendre; mais, à la fin, ils vous rendraient enragés… É. Zola, Germinal,1885, page 1178.
130. la mère, plus bas. − Sans doute, il faudra le tuer. martha. − Vous dites cela d’une singulière façon… la mère. − Je suis lasse, en effet, et j’aimerais qu’au moins celui-là soit le dernier. Tuer est terriblement fatigant. Je me soucie peu de mourir devant la mer ou au centre de nos plaines, mais je voudrais bien qu’ensuite nous partions ensemble. A. Camus, Le Malentendu,1944, I, 1, pp. 118-119.
Remarque Dans les emplois B et D, le verbe aimer est fréquemment au cond.; son sens est alors voisin de « souhaiter ».
III.− Locutions et usages
A.− Aimer mieux.Préférer.
1. [L’obj. est un nom de chose ou de personne, ou un pron. neutre] :
131. J’aimerais mieux mardi pour le souper de Mmede Bouillé. Pourrais-tu faire cet arrangement et en prévenir Mmed’Hénin, à qui j’ai proposé jeudi? G. de Staël, Lettres de jeunesse,1789, page 266.
132. Il manœuvre. Il siffle, imperceptiblement : − Vous aimez mieux cette vieille fille que la paix de votre maison. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938, page 140.
− Fam. J’aime mieux ça (ça représente une phrase) :
133. − Mon petit chat, reprit Bordenave, dis donc de servir le café ici… j’aime mieux ça, à cause de ma jambe. É. Zola, Nana,1880, page 1184.
134. Je file décidément. J’aime mieux ça. Ce n’est pas quelques bredouilles que je dirai à MmeVigneron qui la consoleront. H. Becque, Les Corbeaux,1882, III, 5, page 179.
− Emploi absolue Si vous aimez mieux (sous-entendu : « telle autre façon de s’exprimer) » :
135. Le pylore est tout près du cardia, et conduit dans une espèce de cœcum, ou, si l’on aime mieux, dans un troisième estomac, qui est roulé sur lui-même un peu en spirale. C’est là qu’aboutissent les canaux hépathiques. G. Cuvier, Leçons d’anatomie comparée,t. 4, 1805, page 115.
136. Vers onze heures du soir, les femmes se retirèrent dans leurs chambres; les hommes restèrent à fumer en buvant, ou à boire en fumant, si vous aimez mieux. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Ma femme, 1882, page 668.
2. [L’obj. est un infinitif; fréquemment, dans la langues familier, un infinitif signifiant « dire », « avouer »] :
137. Tenez, cher ami, je ne puis pas arriver à vous dire quelque chose de sérieux; j’aime mieux l’avouer tout de suite. C’est ce prodigieux « vieux de la montagne » qui me prend tout mon pauvre reste de bonne volonté… Ph.-A.-M. de Villiers de L’Isle-Adam, Correspondance générale,1873, page 177.
138. « Eh bien, monsieur, j’aime mieux vous dire la chose tout de suite; oui, j’aime mieux : c’est rapport à lui que j’en ai sur le cœur. » G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Garde, 1884, page 980.
− [Avec une nuance de menace] :
139. Puisque c’est ça, tu me dois cent sous. Et tu as de la chance que je ne t’aimais pas pour de vrai, parce que j’aime mieux te dire que ça ne se passerait pas comme ça, que je t’aurais déjà filé une leçon de maintien. M. Aymé, Clérambard,1950, IV, 9, pp. 237-238.
− [Pour exprimer la peur] J’aime mieux ne pas y penser, le voir :
140. C’est qu’il y va de ma peau, et j’aime mieux ne pas y penser. Je suis courageuse quand je manque d’imagination, mais je ne peux pas me cacher que l’autre jour, encore une fois, ils ont failli m’avoir. Je suis faite pour le clandestin comme la tour Eiffel! E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, page 248.
3. [L’obj. est une prop. complément au subj.] :
141. Un mot d’amour de fille sur un homme : « Il a l’air gentilhomme, cet homme-là! Il me proposerait de me donner 40 000 francs ou de me faire un enfant, j’aimerais mieux qu’il me fasse un enfant! » E. et J. de Goncourt, Journal,nov. 1866, page 301.
142. − J’aime mieux évidemment, que tu ne lises pas certains Zola… Colette, La Maison de Claudine,1922, page 62.
Remarque 1. La locution aimer mieux sert de comparatif à la locution fréq. aimer bien; dans l’une et l’autre locution l’adverbe a perdu une partie de sa valeur pour n’être plus qu’un intensif du concept verbal; aux adverbe bien et mieux peut correspondre un superl. relative (le mieux) :
143. Elle glissa un regard vers Jean. Et des yeux, elle lui disait : « Lui aussi, tu vois, il me trouve de son goût. Y a pas que toi, mais c’est quand même toi que j’aime le mieux. » G. Roy, Bonheur d’occasion,1945, page 127.
Remarque 2. Mieux peut être déterminé par un adverbe intensif : j’aime beaucoup mieux…, j’aime bien mieux…, j’aime encore mieux…, j’aime infiniment mieux…, etc.
Remarque 3. Le complément de compar. mieux est normalement introd. par que, si ce complément est un nom ou un infinitif (ce dernier précédé de la prép. de) :
144. Peu importe le danger d’une opinion, si elle rend son auteur célèbre; et l’on aime mieux passer pour un fripon que pour un sot. F.-R. de Chateaubriand, Essai sur les Révolutions, t. 1, 1797, page 294.
145. Naturellement, elle avait sa fierté, elle ne demandait plus rien, aimait mieux manquer du nécessaire que de s’humilier sans résultat. É. Zola, Pot-Bouille,1882, page 233.
146. J’aime encore mieux l’enfer que le néant. L’enfer c’est la vie qui dure. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, page 101.
147. − Tu me jures que tu reviendras? Même si tu décidais de te battre? Même si ton ami te le conseillait? J’aime mieux tout que de ne pas te revoir. Tu me le jures? J.-P. Sartre, La Mort dans l’âme,1949, page 149.
− Si le verbe qui suit que est à une forme personnelle, il est généralement introd. par que si :
148. − Ça ne te ferait pas de peine? − Si, dit-elle d’une voix raisonnable. Ça me ferait de la peine, mais j’aimerais encore mieux ça que si tu étais prof à Castelnaudary. J.-P. Sartre, La Mort dans l’âme,1949p. 181.
B.− Emplois par litote
1. Aimer autant.Synonyme familier de aimer mieux :
149. bourdon. − C’est bien de vous-même et sans obéir à personne que vous avez décliné le mariage qui vous était offert? marie. − C’est de moi-même. Bourdon. − Très bien! Très bien!… J’aime autant cela du reste. H. Becque, Les Corbeaux,1882, IV, 6, pp. 227-228.
150. Hé bien, non, Monsieur le Curé, mille fois non! Dans ces conditions, j’aime autant que vous gardiez votre témoignage pour vous. G. Bernanos, Un Crime,1935, page 826.
2. Ne pas aimer.Détester :
151. Je n’aime pas cette façon de me forcer la main. Tu me traînes à cet acte. Tu commences, pour m’obliger à finir. Je n’aime pas cette façon de passer par-dessus mon hésitation. A. Camus, Le Malentendu,1944, II, 8, page 159.
152. − Voilà, fait le garçon d’une voix molle, votre ami Philippe vient de se fiche une balle dans la peau. Ça s’est passé à l’hôtel où j’habite, rapport qu’il y venait souvent, pour rencontrer des copains. J’ai entendu le coup de ma chambre, qu’est à l’étage. Il y avait un bout de papier sur la table, votre nom et l’adresse du restaurant. On a prévenu les camarades, mais en douce, à cause du patron de l’hôtel qui n’aime pas les histoires. G. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, page 946.
153. Le vrai est que son [de Jean-Jacques] ton était celui de ses amis, de ce petit groupe d’hommes parmi lesquels il vivait, de ce clan holbachique dont il fut avant de le mépriser, et on n’y aimait pas les tièdes. On y avait, dans tous les domaines, en horreur la médiocrité. On y allait toujours au bout de sa pensée. J. Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950, page 75.
154. − Je n’aime pas ces combines, disait Cyril. Mais si c’est le seul moyen pour t’épouser, je les adopte. F. Sagan, Bonjour tristesse,1954, page 108.
C.− Syntagmes usuels
1. Aimer + adverbe
a) [Intensité + quantité.] Aimer beaucoup, combien (antéposé au verbe), davantage, moins, ne pas … moins, de moins (plus) en moins (plus), (le) plus, (un) peu, que (antéposé), tout-à-fait, (ne pas) trop, ne pas … du tout …
b) [Intensité + qualité.] Aimer bien, entièrement, éperdument, exclusivement, extrêmement, faiblement, follement, fort(ement), furieusement, grandement, infiniment, passionnément, profondément, religieusement, sobrement, violemment, vivement …
c) [Qualité.] Aimer librement, physiquement, réellement, simplement, tendrement, véritablement, vraiment …
d) [Durée.] Aimer aujourd’hui, depuis longtemps, encore, instantanément, ne … plus, toujours …
2. Aimer + complément prép.
a) Prép. de (marquant la nature du sentiment). Aimer d’amour, de charité, d’instinct, de tendresse. −[Généralement avec un substantif déterminé par un adjectif] Aimer d’un amour éternel, exclusif, indigne, indéfinissable, physique, sincère, tranquille, confiant; d’une affection participant de l’habitude; d’une passion absolue, infinie, profonde; d’une étrange tendresse. − [Avec un substantif déterminé par l’adjectif indéf. tout] Aimer de tout cœur, de toute son âme, de tout son cœur, de tout son esprit (confer langues biblique); aimer du fond de son âme, de son cœur…
b) Prép. avec. Aimer avec excès, fureur, ivresse, (une véritable) passion, (une) violence (impossible à exprimer) …
c) Aimer à + substantif abstrait ou verbe à l’infinitifAimer à la folie, à l’adoration, à en perdre la tête …
d) Autres prép. ou locution prép. Aimer d’un point de vue strictement physique; aimer en toute générosité, en gens positifs; aimer jusqu’à la mort, jusqu’à la complicité de ses fautes, jusqu’à la fièvre; aimer par générosité; aimer par-dessus tout; aimer pour lui-même, pour son argent; aimer sans confiance… aimer comme un insensé, comme on peut …
e) Compl. circ. sans prép.Aimer un instant, un temps …
3. Substantif abstrait + de + aimer.Art d’aimer, besoin d’aimer, certitude d’aimer (ou d’être aimé), devoir d’aimer, façon(s) d’aimer, faculté d’aimer, impuissance d’aimer, joie d’aimer, manière d’aimer, pouvoir d’aimer, puissance d’aimer, volupté d’aimer, temps d’aimer …
D.− Termes fréquemment associés.
1. Aimer + (quasi-) synonymes
a) Assoc. les plus fréq. (par ordre décroissant). Aimer/estimer, chérir, aimer/adorer, aimer/admirer …
b) Autres assoc. Aimer/comprendre, aimer/combattre pour, aimer/cultiver, aimer/désirer, aimer/favoriser, aimer/goûter, aimer/plaire à, aimer/protéger, aimer/saisir, aimer/s’attacher à, aimer/s’amuser de, aimer/avoir du plaisir à, aimer/se rapprocher de.
2. Aimer + anton. Aimer/haïr, aimer/mépriser, aimer/s’irriter contre, faire aimer/éloigner …
Prononciation − 1. Forme phonétique : [eme], j’aime [ʒ ε:m]. On trouve également [εme], seul ou à côté de [eme], chez Barbeau-Rodhe 1930, Goug. 1969, Warn. 1968 (chez ce dernier avec la mention «sout.»). L’initiale reçoit une demi-longueur chez Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930. Pour Nyrop Phonét. 1951, page 74 l’alternance aime/aimer donne lieu, pour le phonème initial de aimer, «à un son intermédiaire entre [ε] et [e]», moins long que le [ε] de aime. Il n’interprète pas le fait en termes d’harmonisation vocalique, comme le fait Grammont Prononciation 1958, page 41. − Remarque Antérieurement à Passy 1914, les dictionnaires indiquent pour l’initiale de aimer le timbre [e], à l’exception de Nod. 1844, Littré et DG. Enq. : /e2m/. Conjug. parler. 2. Dérivé. et composés : aimable, aimablement, aimablerie, aimance, aimant, aimé, aimeur, aimoir; désaimer, réaimer.
Étymologie ET Histoire − 1. Fin ixes. « avoir du goût (pour qqc.) » (Eulalie, Éditions Förster et Koschwitz, 10 : La polle sempre n̄ amast lo dō menestrier); 1262-1268 aimer + infinitif « se plaire à » (Brunet Latin, Éditions Chabaille, 579 dans T.-L. : Li sages hom aime mieulx a estre sire que a sembler le); 2. mil. xies. « éprouver de l’amour (pour quelqu’un, ici pour Dieu) » (Alexis, 50 e, Éditions Paris : Plus aimet Deu que trestot son lignage); 3. 1160 « attacher du prix (à qqc.) » (Roman de Troie, Éditions Constans, 11226 dans T.-L. : jusqu’à poi, s’il n’a aïe, Porra petit preisier [var. amer] sa vie); av. 1181 « estimer (à une valeur déterminée) » (Jehan Le Nevelon, La Vengeance d’Alexemple, Éditions Schultz-Gora, 945, ibid. : Li mieudres n’ameroit son cors un seul denier), seulement en a. fr. Du latin amare qui présente les acceptions 1 dep. Plaute (Poen. ds TLL s.v., 1954, 47 : damnum, quod Mercurius minime amat : namque edepol lucrum amare nullum amatorem addecet); amare + infinitif (Hor., Carm., 1, 2, 50, ibid., 1956, 21 : hic ames dici pater atque princeps); 2 dep. Naveus, (Com., 37, ibid., 1951, 82 : nolo ego hanc adeo efflictim amare); avec notion d’estime dep. Ennius (Annal. frag., 269, ibid., 1952, 78 : spernitur orator bonus, horridus miles amatur). Mot de la langues littéraire remplacé dans les dial. par des locution du type avoir chier, tenir chier. L’hyp. d’une collision entre aimer (succédant à amer par généralisation des formes fortes) et esmer (< lat. aestimare) qui aurait entraîné un glissement sur aimer des sens de esmer, amené ainsi à disparaître (Gilliéron, Généalogie des mots qui désignent l’abeille, Bibl. H. Études, CCXXVI, page 267; hyp. reprise par J. Orr sur la base du m. fr. aimer chier dans Mél. Mario Roques, t. 1, 1951, pp. 217-227 et Three Studies in homonymics, Edinburgh, 1962), n’emporte pas pleinement la conviction, étant donné l’écart sém. notable entre aimer (même dans les cas précis où peut être notée une nuance d’estime, comme dans Rol., 306 et 635 et ceux où il est en relation avec prisier) et esmer, qui d’après les recensions dans Gdf. et T.-L. signifie avant tout « estimer » au sens matériel souvent suivi d’une indication numérique, jamais en relation avec le domaine des concepts, ni dans des syntagmes du type *esmer chier. (Meyer Lübke dans Lit. Blatt germ. rom. Philol., XI-XII, 382; C. A. Robson dans Fr. St., t. 8, pp. 57-58). Tout au plus 3 peut avoir subi l’infl. de l’a. fr. esmer (D. Griffin dans Language. Baltimore, t. 31, pp. 466-467).
Statistiques − Fréquence absolue litt. : 55 982. Fréquence relative litt. : xixes. : a) 79 320, b) 85 283; xxes. : a) 79 911, b) 76 646.
Bibliographie − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bonnaire 1835. − Bruant 1901. − Caput 1969. − Cohen 1946, page 8. − Darm. Vie 1932, pp. 10-11. − Dauzat Ling. fr. 1946, page 16. − Dup. 1961. − Esn. 1966. − Fér. 1768. − Foulq.-St-Jean 1962. − France 1907. − Giese (W.). Myosotis, ein Beispiel volkstümlicher Namengebung. Beitr. rom. Philol. 1966, t. 5, no1, page 170. − Gottsch. Redens. 1930, page 69, 139, 159, 179, 187, 191, 204, 255, 396. − Gramm. t. 1 1789. − Guizot 1864. − Hanse 1949. − Kold. 1902. − Laf. 1878. − Laf. Suppl. 1878. − Larch. 1880. − Lav. Diffic. 1846. − Le Roux 1752. − Martin (E.). Quand le verbe aimer, dans le sens de « prendre plaisir à », est suivi d’un infinitif, […]. Courrier (Le) de Vaugelas. 1872, no21, pp. 162-163. − Orr (J.). Le Français aimer. In : [Mélanges Roques (M.)]. Bade-Paris, 1950, t. 1, pp. 217-227 [Cr. Griffin (D.). Language. Baltimore. 1955, t. 31, page 466]. − Orr. (J.). Three studies in homonymics. Edinburgh, 1962, pp. 65-80. − Sardou 1878. − Sommer 1882. − Sur quelques néologismes d’un nouvel académicien. Intermédiaire (L’) des chercheurs et curieux. 1897, t. 35, no752, col. 139. − Synonyme 1818. − Thomas 1956. − Timm. 1892. − Vinc. 1910.


Définition de aimer – Wiktionary

Verbe

aimer e.me ou ɛ.me transitif direct 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’aimer)

  1. Ressentir un fort sentiment d’attirance pour quelqu’un ou quelque chose.
    • Vous aviez été mon nourrisson, car votre mère était morte en vous mettant au monde. De ce jour-là, moi, sœur de lait de votre mère, je vous aimai comme mon propre enfant. — (Alexandre Dumas, Les Deux Diane, 1847, chap.1)
    • Déjà, Jacques aimait Yasmina, follement, avec toute l’intensité débordante d’un premier amour chez un homme à la fois très sensuel et très rêveur en qui l’amour de la chair se spiritualisait, revêtait la forme d’une tendresse vraie… — (Isabelle Eberhardt, Yasmina,1902)
    • Ne plus s’aimer, c’est pire que de se haïr, car, on a beau dire, la mort est pire que la souffrance. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Un autre eût quitté une pareille femme, il l’eût tuée peut-être : moi, je me remis à l’aimer. Et je l’aimai d’autant plus violemment qu’elle était plus laide, plus hargneuse, plus ridicule que jamais. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Tête coupée)
  2. Se dit également en parlant des choses physiques ou morales.
    • Cette trahison se colore de grands mots. Aimer son pays c’est toujours, selon l’opinion régnante, aimer la gloire, la richesse, et le pouvoir. Cette vertu est un peu trop facile. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, p. 236)
    • Il devrait suffire de s’aimer soi-même pour éviter tout excès.
    • Cet homme s’aime trop pour aimer les autres.
    • Deux personnes qui s’aiment tendrement.
    • Ils s’aiment comme frères.
    • (Absolument) L’homme est fait pour connaître et pour aimer.
    • Le temps d’aimer.
  3. Avoir un goût plus ou moins vif pour certaines personnes, pour certains animaux, pour certaines choses.
    • Il aimait fort les chansons de table ; et en cela il n’est pas blâmable, car depuis qu’elles ne sont plus d’usage le Français a beaucoup perdu de sa gaîté. — (Jean-Baptiste-Joseph Boulliot, Biographie ardennaise ou Histoire des Ardennais, vol. 2, Paris, 1830, p. 13)
    • Aimer les enfants, la musique, la société des femmes.
    • Aimez-vous l’odeur de cette plante ?
    • J’aime beaucoup ce tableau.
    • Cet homme n’est pas difficile à nourrir, il aime tout.
  4. Apprécier, trouver agréable.
    • – Nom d’un chien ! – marmonna-t-il. – Je n’ai aucune sympathie pour les cadavres… J’aimerais mieux, ma foi, que l’individu fût vivant. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 331 de l’éd. de 1921)
    • Les dorades, qui aiment le gros temps, sautent autour du Firecrest qui fait route plein Sud. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Par goût ancien du scepticisme et de l’ironie, l’oncle Camille n’aimait point à être dupe, encore qu’il fût dévoué et même enclin à l’admiration. — (Robert Brasillach, La Conquérante, Sixième partie, ch. ier, Librairie Plon, 1943, p. 316)
  5. (Intransitif) (Réfléchi) Éprouver de l’amour pour soi-même.
  6. (Pronominal) Faire l’amour.
  7. (Pronominal) Se plaire, trouver plaisir.
    • Il s’aime à la campagne.
    • Je m’aimerais infiniment chez vous, dans votre société.
    • Les pigeons s’aiment où il y a de l’eau.
    • Les oliviers s’aiment dans les lieux sablonneux.
  8. (Internet) Montrer son soutien ou son approbation pour quelque chose, un site web, généralement en cliquant sur un bouton prévu à cet effet en forme de pouce levé ou avec la mention « J’aime ».


Étymologie de aimer

Du latin amāre, de même sens, devenu en ancien français amer. La forme aimer, analogique des formes toniques (j’)aim[e], (tu) aimes…, n’apparaîtra qu’en moyen français, et ne s’imposera qu’au XVIe siècle.


Conjugaisons de aimer

→ Voir les tables de conjugaisons du verbe aimer sur notre site de conjugaison.


Images d’illustration de aimer


Évolution historique de l’usage du mot « aimer »

Source : Google Ngram, application linguistique permettant d’observer l’évolution de la fréquence d’un ou de plusieurs mots ou groupe de mots à travers le temps dans les sources imprimées.


Citations contenant le mot « aimer »

“Bien aimer, c’est aimer follement.” – De André Suarès

“Pour aimer assez, il faut aimer trop !” – De Antoine de Rivarol

“Se laisser aimer, c’est aimer déjà. ” – De Henry de Montherlant

“Aimer savoir est humain, savoir aimer est divin.” – De Joseph Roux

“Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup ?” – De Albert Camus / Le mythe de Sisyphe

“Aimer est un verbe irréfléchi. ” – De Henri Jeanson

“Aimer, c’est connaître.” – De Roger Mondoloni / Onaga

“Souviens-toi d’aimer !” – De Abbé Pierre

“Aimer sans donner, est-ce aimer ? Aimer en souffrant, est-ce souffrir ?” – De Jacques d'Arnoux

“Savoir aimer, c’est ne pas aimer. Aimer, c’est ne pas savoir.” – De Marcel Jouhandeau / Algèbre des valeurs morales

“Trop aimer quelqu’un empêche d’aimer avec désintéressement. Aimer quelque chose empêche d’aimer toutes choses. Aimer rétrécit le coeur.” – De Roger Mondoloni / L’Aube du temps qui vient

“Pour être aimé, il faut aimer.” – De Proverbe français

“Quiconque doit aimer aime à première vue.” – De William Shakespeare / Comme il vous plaira

“Aimer, c’est ne plus comparer.” – De Bernard Grasset / Remarques sur l’action


Antonymes de aimer

  • abhorrer
  • abominer
  • détester
  • haïr
  • mépriser

Vous aimerez aussi...

Schizophycées : définition de SCHIZOPHYCÉES , , subst. fém. plur.
Idiopathie : définition de IDIOPATHIE, subst. fém.
Grugeoir : définition de GRUGEOIR , subst. masc.
Canope : définition de CANOPE, adj.
Constrictif : définition de CONSTRICTIF, IVE, adj. et subst. fém.
Provincialiser : définition de PROVINCIALISER , verbe trans.

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